[8,4] Μυρίαι, ὡς ἔφαμεν, καὶ τῶν πράξεων καὶ τῶν βίων
διαφοραί. Ἔστι δέ τινα καὶ πολιτικὰ τῶν ἀλόγων, εἴπερ
πολιτείας ἴδιον, τὸ πρὸς ἓν πέρας κοινὸν συννεύειν τὴν
ἐνέργειαν τῶν καθ´ ἕκαστον, ὡς ἐπὶ τῶν μελισσῶν ἄν τις
ἴδοι. Καὶ γὰρ ἐκείνων κοινὴ μὲν ἡ οἴκησις, κοινὴ δὲ ἡ
πτῆσις, ἐργασία δὲ πάντων μία· καὶ τὸ μέγιστον, ὅτι
ὑπὸ βασιλεῖ καὶ ταξιάρχῳ τινὶ τῶν ἔργων ἅπτονται, οὐ
πρότερον καταδεχόμεναι ἐπὶ τοὺς λειμῶνας ἐλθεῖν, πρὶν
ἂν ἴδωσι κατάρξαντα τὸν βασιλέα τῆς πτήσεως. Καὶ ἔστιν
αὐταῖς οὐ χειροτονητὸς ὁ βασιλεὺς (πολλάκις γὰρ ἀκρισία
δήμου τὸν χείριστον εἰς ἀρχὴν προεστήσατο), οὐδὲ κληρωτὴν
ἔχων τὴν ἐξουσίαν (ἄλογοι γὰρ αἱ συντυχίαι τῶν κλήρων
ἐπὶ τὸν πάντων ἔσχατον πολλάκις τὸ κράτος φέρουσαι),
οὐδὲ ἐκ πατρικῆς διαδοχῆς τοῖς βασιλείοις ἐγκαθεζόμενος
(καὶ γὰρ καὶ οὗτοι ἀπαίδευτοι καὶ ἀμαθεῖς πάσης ἀρετῆς,
διὰ τρυφὴν καὶ κολακείαν, ὡς τὰ πολλὰ, γίνονται), ἀλλ´ ἐκ
φύσεως ἔχων τὸ κατὰ πάντων πρωτεῖον, καὶ μεγέθει διαφέρων
καὶ σχήματι καὶ τῇ τοῦ ἤθους πραότητι. Ἔστι μὲν
γὰρ κέντρον τῷ βασιλεῖ, ἀλλ´ οὐ χρῆται τούτῳ πρὸς ἄμυναν.
Νόμοι τινές εἰσιν οὗτοι τῆς φύσεως ἄγραφοι, ἀργοὺς εἶναι
πρὸς τιμωρίαν τοὺς τῶν μεγίστων δυναστειῶν ἐπιβαίνοντας.
Ἀλλὰ καὶ ταῖς μελίσσαις, ὅσαι ἂν μὴ ἀκολουθήσωσι τῷ
ὑποδείγματι τοῦ βασιλέως, ταχὺ μεταμέλει τῆς ἀβουλίας,
ὅτι τῇ πληγῇ τοῦ κέντρου ἐπαποθνήσκουσιν. Ἀκουέτωσαν
Χριστιανοὶ, οἷς πρόσταγμά ἐστι μηδενὶ κακὸν ἀντὶ κακοῦ
ἀποδιδόναι, ἀλλὰ νικᾶν ἐν τῷ ἀγαθῷ τὸ κακόν. Μίμησαι τῆς
μελίσσης τὸ ἰδιότροπον, ὅτι οὐδενὶ λυμαινομένη, οὐδὲ
καρπὸν ἀλλότριον διαφθείρουσα, τὰ κηρία συμπήγνυται.
Τὸν μὲν γὰρ κηρὸν ἀπὸ τῶν ἀνθῶν φανερῶς συναγείρει,
τὸ δὲ μέλι, τὴν δροσοειδῶς ἐνεσπαρμένην νοτίδα τοῖς
ἄνθεσιν, ἐπισπασαμένη τῷ στόματι, ταύτην ταῖς κοιλότησι
τῶν κηρίων ἐνίησιν. Ὅθεν καὶ ὑγρὸν παρὰ τὴν πρώτην
ἐστίν· εἶτα τῷ χρόνῳ συμπεφθὲν, πρὸς τὴν οἰκείαν σύστασιν καὶ ἡδονὴν ἐπανέρχεται. Καλῶν καὶ πρεπόντων
αὕτη τῶν ἐπαίνων παρὰ τῆς Παροιμίας τετύχηκε, σοφὴ
καὶ ἐργάτις ὀνομασθεῖσα· οὕτω μὲν φιλοπόνως τὴν τροφὴν
συναγείρουσα (Ἧς τοὺς πόνους, φησὶ, βασιλεῖς καὶ ἰδιῶται
πρὸς ὑγείαν προσφέρονται), οὕτω δὲ σοφῶς φιλοτεχνοῦσα
τὰς ἀποθήκας τοῦ μέλιτος (εἰς λεπτὸν γὰρ ὑμένα τὸν κηρὸν
διατείνασα, πυκνὰς καὶ συνεχεῖς ἀλλήλαις συνοικοδομεῖ τὰς
κοιλότητας), ὡς τὸ πυκνὸν τῆς τῶν μικροτάτων πρὸς
ἄλληλα δέσεως, ἔρεισμα γίνεσθαι τῷ παντί. Ἑκάστη γὰρ
φρεατία τῆς ἑτέρας ἔχεται, λεπτῷ πρὸς αὐτὴν διειργομένη
τε ὁμοῦ καὶ συναπτομένη τῷ διαφράγματι. Ἔπειτα διώροφοι
καὶ τριώροφοι αἱ σύριγγες αὗται ἀλλήλαις ἐπῳκοδόμηνται.
Ἐφυλάξατο γὰρ μίαν ποιῆσαι διαμπερὲς τὴν κοιλότητα,
ἵνα μὴ τῷ βάρει τὸ ὑγρὸν πρὸς τὸ ἐκτὸς διεκπίπτῃ. Κατάμαθε
πῶς τὰ τῆς γεωμετρίας εὑρέματα πάρεργά ἐστι τῆς
σοφωτάτης μελίσσης. Ἑξάγωνοι γὰρ πᾶσαι καὶ ἰσόπλευροι
τῶν κηρίων αἱ σύριγγες, οὐκ ἐπ´ εὐθείας ἀλλήλαις κατεπικείμεναι,
ἵνα μὴ κάμνωσιν οἱ πυθμένες τοῖς διακένοις
ἐφηρμοσμένοι· ἀλλ´ αἱ γωνίαι τῶν κάτωθεν ἑξαγώνων,
βάθρον καὶ ἔρεισμα τῶν ὑπερκειμένων εἰσὶν, ὡς ἀσφαλῶς
ὑπὲρ ἑαυτῶν μετεωρίζειν τὰ βάρη, καὶ ἰδιαζόντως ἑκάστῃ
κοιλότητι τὸ ὑγρὸν ἐγκατέχεσθαι.
| [8,4] Les actions et les manières de vivre forment, comme nous l'avons
dit, une infinité de différences. Quelques-uns de ces animaux ont un
véritable gouvernement, puisque le caractère propre d'une administration
est que tous les individus réunissent leurs forces pour un intérêt commun.
C'est ce qu'on voit dans les abeilles. Leur habitation est commune,
elles sortent en commun pour le même objet ; l'occupation de toutes est
la même ; et ce qu'il y a de principal, c'est que travaillant sous un roi et
sous un chef, elles n'osent point partir pour les prés avant qu'elles voient
le roi leur en donner l'exemple. Leur roi n'est pas élu par les suffrages du
peuple, parce que l'ignorance du peuple élève souvent à la principauté le
plus méchant homme ; il ne reçoit pas son autorité du sort, parce que le
caprice du sort confère souvent l'empire au dernier de tous ; il n'est pas
assis sur le trône par une succession héréditaire, parce que, trop
ordinairement, les enfants des rois, gâtés par la flatterie et corrompus par
les délices, sont destitués de lumières et de vertus : c'est la nature qui lui
donne le droit de commander à tous, étant distingué entre tous par sa
grandeur, par sa figure, par la douceur de son caractère.
Le roi a un aiguillon ; mais il ne s'en sert pas pour satisfaire sa
vengeance. C'est connue une loi de la nature, une loi non écrite, que plus
on est élevé à une grande puissance, moins on est prompt à se venger.
Les abeilles qui n'imitent point l'exemple du roi sont punies sur-le-champ
de leur témérité, puisqu'elles meurent en lançant leur aiguillon. Que les
chrétiens soient attentifs, eux à qui il est ordonné de ne point rendre le
mut pour le mal, mais de vaincre le mal par le bien (Rom. 12. 17 et 21).
Imitez le caractère propre de l'abeille, qui forme ses rayons sans nuire à
personne et sans piller le bien d'autrui. Elle recueille ouvertement la cire
sur les fleurs ; et pompant avec sa trompe le miel qui est répandu sur ces
mêmes fleurs comme une douce rosée, elle le dépose dans le creux des
rayons. Ce miel est d'abord liquide ; mais se formant avec le temps, il
prend enfin la consistance et la douceur qui lui sont propres. Le livre des
Proverbes donne à l'abeille la plus belle et la plus convenable des
louanges, en l'appelant habile et laborieuse (Prov. 6. 8). Autant elle
annonce d'activité en ramassant de toutes parts sa nourriture, activité
dont les princes et les particuliers recueillent les fruits salutaires ; autant
elles montrent d'art pour façonner et disposer les cellules de son miel. Ces
cellules, multipliées et contiguës les unes aux autres, sont faites d'une cire
étendue en membrane déliée. Elles sont faibles par elles-mêmes ; mais
liées ensemble, elles se soutiennent mutuellement. Chacune tient à une
autre par un petit mur mitoyen qui l'unit à elle et qui l'en sépare. Placées
les unes au-dessus des autres, elles forment plusieurs étages. Ce petit
animal se donne bien de garde de ne construire qu'un seul magasin dans
tout l’espace de peur que la liqueur précieuse ne le rompe par son poids et
ne se répande au-dehors. Voyez comment les inventions géométriques ne
sont que la copie du travail de l’industrieuse abeille. Les cellules des
rayons, toutes exagones et a côtes égaux, ne portent pas les unes sur les
autres en ligne droite, parce qu'alors les côtés non soutenus se
trouveraient fatigués ; mais les angles des exagones inférieurs sont le
fondement et la base des exagones supérieurs ; ils les aident à supporter
le poids qui est au-dessus d'eux, et à garder le trésor liquide contenu dans
leur enceinte.
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