[8,1] Καὶ εἶπεν ὁ Θεὸς, ἐξαγαγέτω ἡ γῆ ψυχὴν ζῶσαν κατὰ
γένος, τετράποδα καὶ ἑρπετὰ καὶ θηρία κατὰ γένος. Καὶ
ἐγένετο οὕτως. Ἦλθε τὸ πρόσταγμα ὁδῷ βαδίζον, καὶ
ἀπέλαβε καὶ ἡ γῆ τὸν ἴδιον κόσμον. Ἐκεῖ, Ἐξαγαγέτω τὰ
ὕδατα ἑρπετὰ ψυχῶν ζωσῶν· ὧδε, Ἐξαγαγέτω ἡ γῆ
ψυχὴν ζῶσαν. Ἔμψυχος ἄρα ἡ γῆ; καὶ χώραν ἔχουσιν οἱ
ματαιόφρονες Μανιχαῖοι, ψυχὴν ἐντιθέντες τῇ γῇ; Οὐκ
ἐπειδὴ εἶπεν, Ἐξαγαγέτω, τὸ ἐναποκείμενον αὐτῇ προήνεγκεν,
ἀλλ´ ὁ δοὺς τὸ πρόσταγμα, καὶ τὴν τοῦ ἐξαγαγεῖν αὐτῇ
δύναμιν ἐχαρίσατο. Οὔτε γὰρ ὅτε ἤκουσεν ἡ γῆ, Βλαστησάτω
βοτάνην χόρτου καὶ ξύλον κάρπιμον, κεκρυμμένον
ἔχουσα τὸν χόρτον ἐξήνεγκεν· οὐδὲ τὸν φοίνικα, ἢ τὴν δρῦν,
ἢ τὴν κυπάρισσον κάτω που ἐν ταῖς λαγόσιν ἑαυτῆς ἀποκεκρυμμένα
ἀνῆκε πρὸς τὴν ἐπιφάνειαν· ἀλλ´ ὁ θεῖος λόγος
φύσις ἐστὶ τῶν γινομένων. Βλαστησάτω ἡ γῆ· οὐχ
ὅπερ ἔχει προβαλλέτω, ἀλλ´ ὃ μὴ ἔχει κτησάσθω, Θεοῦ
δωρουμένου τῆς ἐνεργείας τὴν δύναμιν. Οὕτω καὶ νῦν,
Ἐξαγαγέτω ἡ γῆ ψυχὴν, οὐ τὴν ἐναποκειμένην, ἀλλὰ
τὴν δεδομένην αὐτῇ παρὰ τοῦ Θεοῦ διὰ τῆς ἐπιταγῆς.
Ἔπειτα καὶ εἰς τὸ ἐναντίον αὐτοῖς ὁ λόγος περιτραπήσεται.
Εἰ γὰρ ἐξήνεγκεν ἡ γῆ τὴν ψυχὴν, ἐρήμην ἑαυτὴν κατέλιπε
τῆς ψυχῆς. Ἀλλ´ ἐκείνων μὲν τὸ βδελυκτὸν αὐτόθεν γνώριμον.
Διὰ τί μέντοι τὰ μὲν ὕδατα ἑρπετὰ ψυχῶν ζωσῶν ἐξαγαγεῖν
προσετάχθη, ἡ δὲ γῆ ψυχὴν ζῶσαν; Λογιζόμεθα
τοίνυν, ὅτι τῶν μὲν νηκτῶν ἡ φύσις ἀτελεστέρας πως δοκεῖ
ζωῆς μετέχειν, διὰ τὸ ἐν τῇ παχύτητι τοῦ ὕδατος διαιτᾶσθαι.
Καὶ γὰρ ἀκοὴ παρ´ ἐκείνοις βαρεῖα, καὶ ὁρῶσιν ἀμβλὺ διὰ
τοῦ ὕδατος βλέποντες, καὶ οὔτε τις μνήμη παρ´ ἐκείνοις,
οὔτε φαντασία, οὔτε τοῦ συνήθους ἐπίγνωσις. Διὰ τοῦτο
οἱονεὶ ἐνδείκνυται ὁ λόγος, ὅτι ἡ σαρκικὴ ζωὴ τοῖς ἐνύδροις
καθηγεῖται τῶν ψυχικῶν κινημάτων· ἐπὶ δὲ τῶν χερσαίων,
ὡς τελειοτέρας αὐτῶν οὔσης τῆς ζωῆς, ἡ ψυχὴ τὴν
ἡγεμονίαν ἐπιτέτραπται πᾶσαν. Αἵ τε γὰρ αἰσθήσεις μᾶλλον
τετράνωνται· καὶ ὀξεῖαι μὲν τῶν παρόντων αἱ ἀντιλήψεις·
ἀκριβεῖς δὲ μνῆμαι τῶν παρελθόντων παρὰ τοῖς πλείστοις
τῶν τετραπόδων. Διὰ τοῦτο, ὡς ἔοικεν, ἐπὶ μὲν τῶν ἐνύδρων
σώματα ἐκτίσθη ἐψυχωμένα (ἑρπετὰ γὰρ ψυχῶν ζωσῶν
ἐκ τῶν ὑδάτων παρήχθη), ἐπὶ δὲ τῶν χερσαίων ψυχὴ
σώματα οἰκονομοῦσα προσετάχθη γενέσθαι, ὡς πλέον τι
τῆς ζωτικῆς δυνάμεως τῶν ἐπὶ γῆς διαιτωμένων μετειληφότων.
Ἄλογα μὲν γὰρ, καὶ τὰ χερσαῖα· ἀλλ´ ὅμως
ἕκαστον τῇ ἐκ τῆς φύσεως φωνῇ πολλὰ τῶν κατὰ ψυχὴν
παθημάτων διασημαίνει. Καὶ γὰρ καὶ χαρὰν καὶ λύπην,
καὶ τὴν τοῦ συνήθους ἐπίγνωσιν, καὶ τροφῆς ἔνδειαν, καὶ
χωρισμὸν τῶν συννόμων, καὶ μυρία πάθη τῷ φθόγγῳ
παραδηλοῖ. Τὰ δὲ ἔνυδρα οὐ μόνον ἄφωνα, ἀλλὰ καὶ ἀνήμερα,
καὶ ἀδίδακτα, καὶ πρὸς πᾶσαν βίου κοινωνίαν ἀνθρώποις
ἀμεταχείριστα. Ἔγνω βοῦς τὸν κτησάμενον καὶ ὄνος τὴν
φάντην τοῦ κυρίου αὐτοῦ· ἰχθὺς δὲ οὐκ ἂν ἐπιγνοίη τὸν
τρέφοντα. Οἶδε τὴν συνήθη φωνὴν ὁ ὄνος. Οἶδεν ὁδὸν ἣν
πολλάκις ἐβάδισε· καί που καὶ ὁδηγὸς ἐνίοτε ἀποσφαλέντι
γίνεται τῷ ἀνθρώπῳ. Τὸ δὲ ὀξυήκοον τοῦ ζῴου οὐδὲ ἄλλο τι
ἔχειν λέγεται τῶν χερσαίων. Τὸ δὲ τῶν καμήλων μνησίκακον,
καὶ βαρύμηνι, καὶ διαρκὲς πρὸς ὀργὴν, τί ἂν μιμήσασθαι
τῶν θαλαττίων δύναιτο; Πάλαι ποτὲ πληγεῖσα κάμηλος,
μακρῷ χρόνῳ ταμιευσαμένη τὴν μῆνιν, ἐπειδὰν εὐκαιρίας
λάβηται, τὸ κακὸν ἀντιδίδωσιν. Ἀκούσατε, οἱ βαρύθυμοι, οἱ
τὴν μνησικακίαν ὡς ἀρετὴν ἐπιτηδεύοντες, τίνι ἐστὲ ἐμφερεῖς,
ὅταν τὴν κατὰ τοῦ πλησίον λύπην, ὥσπερ τινὰ σπινθῆρα
κεκρυμμένον ἐν σποδιᾷ, μέχρι τοσούτου φυλάσσετε, ἕως
ἂν ὕλης λαβόμενοι, οἷον φλόγα τινὰ τὸν θυμὸν ἀνακαύσητε.
| [8,1] ET Dieu dit : Que la terre produise une âme vivante, selon l'espèce
(c'est-à-dire, des animaux vivants, selon leur espèce),
des animaux domestiques, des reptiles, des
bêtes sauvages, selon leur espèce; et cela se fit ainsi. L'ordre du
Seigneur se fait entendre en avançant toujours, et la terre reçoit
l’ornement qui lui est propre. Que les eaux produisent des reptiles animés,
avait-il dit d'abord. Que la terre, dit-il ici, produise une âme vivante. Est-ce
que la terre est animée? et la folie des Manichéens, qui donnent
une âme à la terre, aurait-elle lieu? Parce qu’on lui a dit : Qu’elle
produise, ce n'est pas qu'elle ait produit ce qui était en elle mais le Dieu
qui lui a donné l'ordre, lui a donné en même temps la vertu de produire.
En effet, parce qu'il a été dit à la terre : Qu’elle produise de l'herbe verte
et des arbres fruitiers, il ne s'ensuit pas qu'elle ait produit l'herbe cachée
dans son sein, ni qu'elle ait fait paraître sur sa surface le palmier, le
chêne, le cyprès, cachés dans ses entrailles; mais la parole divine est le
principe naturel des choses créées. Que la terre produise, c'est-à-dire, non
pas : Qu'elle produise ce qu'elle a; mais : Qu'elle acquière ce quelle n'a
pas, Dieu lui donnant la vertu d'agir et de produire. Ainsi à présent : Que
la terre produise une âme, non une âme qui soit en elle, mais une âme qui
lui soit donnée par l’ordre de Dieu. Ajoutez que nous tournerons contre les
hérétiques leurs propres paroles. Car si la terre a produit une âme, elle
s’est donc laissée elle-même dépourvue d'une âme. Mais voici de quoi
confondre leur opinion perverse. Pourquoi les eaux ont-elles reçu l'ordre
de produire des reptiles animés,
et la terre une âme vivante ? Remarquons que par leur nature les
animaux nageurs semblent n'avoir qu'une vie imparfaite, parce qu'ils
vivent dans l'élément épais de l'eau. Leur ouïe est grossière; leur vue est
émoussée, n'ayant que l'eau à travers laquelle ils regardent; ils n'ont ni
mémoire, ni imagination, ni sentiment de l’habitude. Aussi l'Ecriture
faisait entendre que, dans les animaux aquatiques, une vie
charnelle préside à leurs mouvements vitaux; au lieu que, dans les
animaux terrestres, dont la vie est plus parfaite, une âme est chargée du
gouvernement de toute la machine. La plupart des quadrupèdes ont des
sens plus actifs; ils saisissent vivement le présent, ils se rappellent
exactement le passé. Il semble donc que les animaux aquatiques ont été
créés avec des corps animés, puisque des reptiles animés ont été produits
par les eaux; tandis que pour les animaux terrestres une âme a été
chargée de gouverner les corps, ces animaux ayant reçu une plus grande
portion de faculté vitale. Ils sont sans doute eux-mêmes dépourvus de
raison ; mais cependant chacun d'eux, par une voix qu'il a reçue de la
nature, manifeste des affections spirituelles. Il annonce par un cri naturel,
la joie, la tristesse, le sentiment de l'habitude, le besoin de nourriture, la
peine d'être séparé de ceux avec lesquels il paît l'herbe, et mille autres
affections. Les animaux aquatiques, non seulement sont muets, mais
encore incapables d'être apprivoisés, d'être instruits, d'être formés à
aucune société avec l'homme. Le boeuf reconnaît celui auquel il
appartient, et l'âne l'étable de son maître (Is. 1. 3); le poisson ne
pourrait reconnaître celui qui le nourrit. L'âne reconnaît la voix à laquelle il
est accoutumé, il reconnaît le chemin par où il a
souvent marché, quelquefois même il remet dans sa route l'homme qui
s'égare. On prétend que la subtilité de l'ouie de cet animal est supérieure à
celle de tous les animaux terrestres. Quel être vivant dans la mer pourrait
imiter cette propriété du chameau, de se souvenir du mal qu'on lui a fait,
et d'en conserver un ressentiment profond? Le chameau frappé en garde
long temps le ressentiment dans son coeur, et il s'en venge lorsqu'il en
trouve l'occasion. Ecoutez, ô vous qui êtes vindicatifs, qui pratiquez la
vengeance comme une vertu, apprenez à qui vous êtes semblables,
lorsqu'ayant à vous plaindre de votre prochain, vous gardez cette peine
au-dedans de vous-même, comme une étincelle cachée sous la cendre,
jusqu'à ce que l'occasion s'offre de laisser enflammer votre colère et de
faire éclater votre vengeance.
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