[8,337] (337a) Εὖ εἰδὼς ὅτι θνητὸς ἔφυς σὸν θυμὸν ἄεξε,
τερπόμενος μύθοισι· φαγόντι σοι οὔτις ὄνησις.
Καὶ γὰρ ἐγὼ ῥάκος εἰμί, φαγὼν ὡς πλεῖστα καὶ ἡσθείς.
Ταῦτ´ ἔχω ὅσς´ ἔμαθον καὶ ἐφρόντισα καὶ μετὰ τούτων
ἔσθλ´ ἔπαθον· τὰ δὲ λοιπὰ καὶ ἡδέα πάντα λέλειπται.
Παγκάλως δὲ καὶ ὁ Τίμων ἔφη·
Πάντων μὲν πρώτιστα κακῶν ἐπιθυμίη ἐστί.
17. Κλέαρχος δὲ ἐν τοῖς περὶ παροιμιῶν καὶ διδάσκαλον τοῦ Ἀρχεστράτου γενέσθαι
φησὶν (337b) Τερψίωνα, ὃν καὶ πρῶτον Γαστρολογίαν γράψαντα διακελεύεσθαι τοῖς
μαθηταῖς τίνων ἀφεκτέον. Ἀπεσχεδιακέναι τε τὸν Τερψίωνα καὶ περὶ τῆς χελώνης
τάδε·
Ἢ κρῆ χελώνης δεῖ φαγεῖν ἢ μὴ φαγεῖν.
Ἄλλοι δ´ οὕτως λέγουσιν·
Ἢ δεῖ χελώνης κρέα φαγεῖν ἢ μὴ φαγεῖν.
18. Πόθεν δὲ ὑμῖν, ὦ σοφώτατοι, ἐπῆλθε καὶ ὁ ὀψολόγος Δωρίων, ὡς καὶ συγγραφεύς
τις γενόμενος; Ὃν ἐγὼ κρουματοποιὸν οἶδα ὀνομαζόμενον καὶ φίλιχθυν, συγγραφέα δὲ
οὔ. (337c) Ὡς μὲν οὖν κρουματοποιοῦ μνημονεύει Μάχων ὁ κωμῳδιοποιὸς οὕτως·
Ὁ κρουματοποιὸς Δωρίων ποτ´ εἰς Μυλῶν
ἐλθὼν κατάλυσιν οὐδαμοῦ μισθωσίμην
δυνάμενος εὑρεῖν ἐν τεμένει καθίσας τινί,
ὃ πρὸ τῶν πυλῶν ἦν κατὰ τύχην ἱδρυμένον,
ἰδών τ´ ἐκεῖ θύοντα τὸν νεωκόρον,
« Πρὸς τῆς Ἀθηνᾶς καὶ θεῶν, τίνος, φράσον,
ἐστὶν ὁ νεώς, βέλτιστε, φησίν, οὑτοσί; »
Ὃ δ´ εἶπεν αὐτῷ « Ζηνοποσειδῶνος, ξένε. »
Ὁ Δωρίων δὲ « Πῶς ἂν οὖν ἐνταῦθ´, ἔφη,
(337d) δύναιτο καταγωγεῖον ἐξευρεῖν τις, οὗ
καὶ τοὺς θεοὺς φάσκουσιν οἰκεῖν σύνδυο; »
Λυγκεὺς δ´ ὁ Σάμιος, ὁ Θεοφράστου μὲν μαθητής, Δούριδος δὲ ἀδελφὸς τοῦ τὰς
ἱστορίας γράψαντος καὶ τυραννήσαντος τῆς πατρίδος, ἐν τοῖς ἀποφθέγμασιν·
« Δωρίωνι τῷ αὐλητῇ φάσκοντός τινος ἀγαθὸν ἰχθὺν εἶναι βατίδα, « ὥσπερ ἂν εἴ
τις, ἔφη, ἑφθὸν τρίβωνα ἐσθίοι ».
(337e) Ἐπαινοῦντος δ´ ἄλλου τὰ τῶν θύννων ὑπογάστρια
« Καὶ μάλα, ἔφη· δεῖ μέντοι γε ἐσθίειν αὐτά, ὥσπερ ἐγὼ ἐσθίω. »
Εἰπόντος δὲ
« Πῶς; »
« Ἡδέως »
ἔφη. Τοὺς δὲ καράβους ἔφη τρία ἔχειν, διατριβὴν καὶ εὐωχίαν καὶ θεωρίαν. Ἐν
Κύπρῳ δὲ παρὰ Νικοκρέοντι δειπνῶν ἐπῄνεσε ποτήριόν τι. Καὶ ὁ Νικοκρέων ἔφη·
« Ἐὰν βούλῃ, ὁ αὐτὸς τεχνίτης ποιήσει σοι ἕτερον. »
« Σοί γε, ἔφη, ἐμοὶ δὲ τοῦτο δός, »
οὐκ ἀνοήτως γε τοῦτο φήσας ὁ αὐλητής· λόγος γὰρ παλαιὸς ὡς ὅτι
Ἀνδρὶ μὲν αὐλητῆρι θεοὶ νόον οὐκ ἐνέφυσαν,
(337f) ἀλλ´ ἅμα τῷ φυσῆν χὠ νόος ἐκπέταται. »
19. Ἡγήσανδρος δ´ ἐν τοῖς ὑπομνήμασι τάδε φησὶ περὶ αὐτοῦ·
« Δωρίων ὁ ὀψοφάγος τοῦ παιδὸς οὐκ ἀγοράσαντος ἰχθῦς μαστιγῶν αὐτὸν ἐκέλευεν τῶν
ἀρίστων ἰχθύων ὀνόματα λέγειν.
| [8,337] (337a) « Persuadé que tu es né mortel, perfectionne tes facultés
intellectuelles, en prenant plaisir aux sciences. Il ne te reste aucune utilité
d'avoir bien mangé. Pour moi, je suis un lâche qui ai beaucoup mangé, pris
beaucoup de plaisir; mais il ne me reste rien que ce que j'ai appris, que les
réflexions sensées que j'ai faites, et que le bien qui m'en est résulté;
quant à tous les autres plaisirs, ils ont disparu. »
Timon disait très sensément:
« Le premier de tous les maux est la cupidité. »
17. Cléarque dit, dans son ouvrage sur les Proverbes, qu'Archestrate eut pour
maître (337b) Terpsion, qui écrivit une gastrologie, et qui indiquait à ses
disciples de quels aliments il fallait qu'ils s'abstinssent. Ce Terpsion disait
aussi par manière de proverbe, au sujet de la tortue : « Ou en manger, ou n'en
pas manger. » Mais d'autres rapportent ainsi le propos :
« Il est agréable(46) de manger de la chair de tortue, ou de n'en pas manger. »
18. Chap. IV. Mais, Messieurs, comment vous est-il venu dans l'esprit de citer
Dorion comme écrivain culinaire, tandis que je sais qu'on l'a nommé comme joueur
d'instrument, et amateur de poisson, non pas comme écrivain. (337c) En effet,
Machon le rappelle comme musicien dans ce passage-ci :
« Le Kroumatopoios Dorion étant venu un jour à Mylon, et n'y trouvant pas à
loger pour de l'argent, alla s'asseoir dans un lieu consacré, qu'on avait bâti
par hasard devant les portes de la ville. Voyant ensuite le gardien du temple
faire un sacrifice : — Par Minerve, et par tous les dieux, lui dit-il,
apprenez-moi, mon cher, à qui ce lieu est consacré. — Cet homme lui répond :
Etranger, c'est à Zénoposeidon. Dorion lui répartit : Comment donc trouver
ici (337d) à loger, puisque les dieux habitent ici deux à deux? »
Lyncée de Samos, disciple de Théophraste, et frère de l'historien Duris, qui se
rendit tyran de sa patrie, rapporte ceci dans ses Apophtegmes : « Quelqu'un
disant à Dorion, La raie est un excellent poisson; Oui, répondit-il, c'est comme
si l'on mangeait un vieux manteau bouilli. » (337e) Un autre vantant les
bas-ventres des thons: — « Tu as raison, dit Dorion ; mais pour les trouver
bons, il faut les manger comme moi. — Comment, repartit l'autre? — Comment? avec délices. » Dorion disait qu'il y avait trois avantages dans la langouste ;
l'amusement, la bonne-chère, et de quoi contempler. Se trouvant en Chypre, à
la table de Nicocréon, il aperçut un gobelet dont il fit l'éloge : Eh! lui dit
Nicocréon, si tu en veux un autre, le même ouvrier te le fera. A vous,
repartit Dorion ; et en attendant, donnez-moi celui-ci. Cette réponse n’était
pas sotte pour un joueur de flûte, car on sait ce que dit le vieux proverbe :
« Les dieux n'ont pas soufflé d'âme dans le corps d'un joueur de flûte;
(337f) ou, pour mieux dire, un joueur de flûte la fait envoler lorsqu'il souille
dans son instrument. »
19. Voici ce qu'Hégésandre dit de Dorion, dans ses Commentaires : Dorion voyant
que son esclave ne lui avait pas acheté de poisson, le fit flageller, et lui
ordonna de dire les noms des meilleurs poissons.
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