[8,359] Παππία, βούλει δραμὼν
(359a) εἰς τὴν ἀγορὰν κἆτ´ ἀγοράσαι μοι; {Β.} Φράζε τί.
{Α.} Ἰχθῦς φρονοῦντας, ὦ πάτερ· μή μοι βρέφη.
{Β.} Οὐκ οἶσθ´ ὁτιὴ τἀργύριόν ἐστ´ ἰσάργυρον;
58. Ἥδιστος δ´ ἐστὶ καὶ ὁ παρὰ τῷ αὐτῷ ποιητῇ ἐν τοῖς Ὀβελιαφόροις νεανίσκος
κατασμικρύνων ἅπαντα τὰ περὶ τὴν ὀψωνίαν καὶ λέγων ὧδε·
Ἀλλ´ ἀγόρασον εὐτελῶς·
ἅπαν γὰρ ἱκανόν ἐστι. {Β.} Φράζε, δέσποτα.
{Α.} Μὴ πολυτελῶς, ἀλλὰ καθαρείως, ὅ τι ἂν ᾖ,
(359b) ὁσίας ἕνεκ´· ἀρκεῖ τευθίδια, σηπίδια·
κἂν κάραβός τις ᾖ λαβεῖν, εἷς ἀρκέσει
ἢ δύ´ ἐπὶ τὴν τράπεζαν· ἐγχελύδια
Θήβηθεν ἐνίοτ´ ἔρχεται· τούτων λαβέ.
Ἀλεκτρυόνιον, φάττιον, περδίκιον,
τοιαῦτα. Δασύπους ἄν τις εἰσέλθῃ, φέρε.
{Β.} Ὡς μικρολόγος εἶ. {Α.} Σὺ δέ γε λίαν πολυτελής·
πάντως κρέ´ ἡμῖν ἔστι. {Β.} Πότερ´ ἔπεμψέ τις;
{Α.} Οὔκ, ἀλλ´ ἔθυσεν ἡ γυνή· τὸ μοσχίον
τὸ τῆς Κορώνης αὔριον δειπνήσομεν.
(359c) Ὁ δὲ παρὰ Μνησιμάχῳ ἐν τῷ ὁμωνύμῳ δράματι Δύσκολος φιλάργυρος ὢν σφόδρα
πρὸς τὸν ἀσωτευόμενον νεανίσκον φησίν·
Ἀλλ´ ἀντιβολῶ ς´, ἐπίταττέ μοι μὴ πόλλ´ ἄγαν
μηδ´ ἄγρια λίαν μηδ´ ἐπηργυρωμένα,
μέτρια δέ, τῷ θείῳ σεαυτοῦ. {Β.} Πῶς ἔτι
μετριώτερ´, ὦ δαιμόνι´; {Α.} Ὅπως; Σύντεμνε καὶ
ἐπεξαπάτα με· τοὺς μὲν ἰχθῦς μοι κάλει
(359d) ἰχθύδι´· ὄψον δ´ ἂν λέγῃς ἕτερον, κάλει
ὀψάριον. Ἥδιον γὰρ ἀπολοῦμαι πολύ.
59. Ἐπεὶ δὲ κατὰ θεὸν ἐν τοῖς προκειμένοις, φίλτατε Οὐλπιανέ, ἢ ὑμεῖς,
γραμματικῶν παῖδες, εἴπατέ μοι τίνι ἐννοίᾳ ὁ Ἔφιππος ἐν τοῖς προειρημένοις ἔφη·
Τὸ μοσχίον
τὸ τῆς Κορώνης αὔριον δειπνήσομεν.
Ἐγὼ γὰρ οἴομαι ἱστορίαν τινὰ εἶναι καὶ ποθῶ μαθεῖν ».
Καὶ ὁ Πλούταρχος ἔφη Ῥοδιακὴν εἶναι λεγομένην ἱστορίαν, ἣν ἐπὶ τοῦ παρόντος
ἀποστοματίζειν οὐ δύνασθαι (359e) τῷ πάνυ πρὸ πολλοῦ ἐντετυχηκέναι τῷ ταῦτα
περιέχοντι βιβλίῳ.
« Οἶδα δὲ Φοίνικα τὸν Κολοφώνιον ἰαμβοποιὸν μνημονεύοντά τινων ἀνδρῶν ὡς
ἀγειρόντων τῇ κορώνῃ, καὶ λέγοντα ταῦτα·
Ἐσθλοί, κορώνῃ χεῖρα πρόσδοτε κριθέων
τῇ παιδὶ τἀπόλλωνος ἢ λέκος πυρῶν
ἢ ἄρτον ἢ ἤμαιθον ἢ ὅ τι τις χρῄζει·
δότ´, ὦγαθοί, τι τῶν ἕκαστος ἐν χερσὶν
ἔχει κορώνῃ· χἄλα λήψεται χόνδρον·
(359f) φιλεῖ γὰρ αὕτη πάγχυ ταῦτα δαίνυσθαι·
ὁ νῦν ἅλας δοὺς αὖθι κηρίον δώσει.
Ὦ παῖ, θύρην ἄγκλινε· πλοῦτος ἤκουσε,
καὶ τῇ κορώνῃ παρθένος φέρει σῦκα.
Θεοί, γένοιτο πάντ´ ἄμεμπτος ἡ κούρη
κἀφνειὸν ἄνδρα κὠνομαστὸν ἐξεύροι·
καὶ τῷ γέροντι πατρὶ κοῦρον εἰς χεῖρας
καὶ μητρὶ κούρην εἰς τὰ γοῦνα κατθείη,
| [8,359] « A. Papia, veux-tu courir (359a) au marché m'acheter quelque chose? B. Dites ce que vous voulez. A. Papia, je veux des poissons qui soient en âge de raison,
non des enfants à la mamelle. B. Mais ne savez-vous donc pas que pour
acheter de l'argent en lingot, il en faut auparavant de monnayé. »
58. On voit, dans les Crieurs d'oublies du même poète, un jeune homme badiner
assez agréablement sur tous ces achats de cuisine, dont il ne parle qu'en
diminutif, pour en marquer son mépris.
«A. --- Mais achète bon marché, car il y a de tout suffisamment. B.
Dites ce que vous voulez. A. Je ne veux point de choses de grand appareil,
(359b) mais que tout soit bien arrangé, et qu'il y en ait assez; comme de petits
calmars, de petites sèches. S'il se trouve une langouste, prends-là ; elle
suffira. Quelques petites anguilles sur la table ne déplaisent pas : Thébé vient
quelquefois avec un petit coq, un petit ramier, une petite perdrix; dis-lui de
t'en donner, et autres choses semblables. Si quelqu'un se présente avec un
lièvre, apporte-le moi. B. Mais, que vous êtes serré aujourd'hui! A. Et
toi, large à la dépense : Nous avons déjà ici différentes viandes. B. Est-ce que
quelqu'un nous en a envoyé? A. Point du tout ; mais ma femme vient de sacrifier
le petit veau de la Koroone. B. Oh! nous souperons donc demain. »
(359c) Mnésimachus introduit sur la scène son Morose, (personnage avare, dont la
pièce porte le nom), parlant ainsi à un jeune dissipateur :
« A. Mais, je t'en conjure, prescris-moi tout ce que tu voudras, pourvu que ce
ne soit pas trop difficile, ni trop coûteux; enfin, ne sois pas trop exigeant ;
car tu sais que je suis ton oncle. B. Comment, mon cher oncle, faut-il donc
s'exprimer avec vous, pour n'être pas trop exigeant? A. Comment! diminue
l'étendue de tes termes, et trompe-moi ainsi. Au lieu de dire un poisson,
demande (359d) un petit poisson ; au lieu d'un plat de poisson, dis un petit
plat : et je verrai la mort venir avec moins de peine! »
59. Eh! bien cher Ulpien, puisque le hasard nous a fait tomber sur le passage
rapporté ci-devant, expliquez-nous donc vous autres enfants des grammairiens, en
quel sens Éphippe a pu dire:
« Le petit veau de la Koroone ; nous souperons demain. »
J'entrevois dans ce passage quelque anecdote que je voudrais bien connaître.
C'est, dit Plutarque, une anecdote rhodienne; mais que je ne puis vous détailler
sur-le-champ, (359e) parce qu'il y a longtemps que le livre où elle est ne m'est
tombé dans les mains. Je sais cependant que Phénix de Colophone, poète iambique,
a parlé de certains hommes qui faisaient une quête pour la koroone ou corneille,
en disant ces vers :
« Braves gens, donnez une poignée d'orge à la Corneille, fille d'Apollon, ou une
ration de bled, ou un pain, ou une obole, ou ce dont vous pouvez disposer.
Donnez a la Corneille de ce que chacun possède ; elle recevra même un grain de
sel, (359f) car elle aime beaucoup à s'en régaler. Celle-ci qui donne
aujourd'hui du sel, donnera la seconde fois un rayon de miel. Enfant, ou valet,
ouvre la porte; Plutus nous a déjà écouté favorablement. Mais voici une fille
qui apporte des figues à la Corneille. Puisse cette jeune fille être
parfaite en tout, et trouver un mari riche et renommé. Qu'elle porte dans
les mains de son père, devenu vieux, un garçon, et pose sur les genoux de sa
mère une fille,
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