[8,346] Ὀψοφάγος εἰμί. Τοῦτο δ´ ἐστὶ τῆς τέχνης
(346a) θεμέλιος ἡμῖν· προσπεπονθέναι τι δεῖ
τὸν μὴ τὰ παραδοθέντα λυμανούμενον.
Ὁ πεφροντικὼς αὑτοῦ γὰρ οὐκ ἔσται κακός.
Ἔπειτ´ ἐπὰν ᾖ καθαρὰ τᾀσθητήρια,
οὐκ ἂν διαμάρτοις. Ἕψε καὶ γεύου πυκνά.
Ἅλας οὐκ ἔχει· προσένεγκ´. Ἔτ´ ἐπιδεῖταί τινος
ἑτέρου· πάλιν γεύου σύ, μέχρι ἂν ἡδὺς ᾖ,
ὥσπερ λύραν ἐπίτειν´, ἕως ἂν ἁρμόσῃ.
Εἶθ´ ὁπόταν ἤδη πάντα συμφωνεῖν δοκῇ,
(346b) εἴσαγε διὰ πασῶν νικολαίδας μυκόνιος.
Πρὸς τούτοις τοῖς ὀψοφάγοις, ἄνδρες ἑταῖροι, οἶδα καὶ τὸν παρ´ Ἠλείοις τιμώμενον
Ὀψοφάγον Ἀπόλλωνα. Μνημονεύει δὲ αὐτοῦ Πολέμων ἐν τῇ πρὸς Ἄτταλον ἐπιστολῇ. Οἶδα δὲ καὶ τὴν ἐν τῇ Πισάτιδι γραφὴν ἀνακειμένην (346c) ἐν τῷ τῆς Ἀλφειώσας
Ἀρτέμιδος ἱερῷ (Κλεάνθους δ´ ἐστὶ τοῦ Κορινθίου), ἐν ᾗ Ποσειδῶν πεποίηται θύννον
τῷ Διὶ προσφέρων ὠδίνοντι, ὡς ἱστορεῖ Δημήτριος ἐν ὀγδόῳ Τρωικοῦ διακόσμου.
37. Καὶ τοσαῦτα μέν, ἔφη ὁ Δημόκριτος, καὶ αὐτὸς ὑμῖν προσοψωνήσας οὐκ
ὀψοφαγήσων παρῆλθον διὰ τὸν πάντα ἄριστον Οὐλπιανόν, ὃς διὰ τὰ Σύρων πάτρια καὶ
ἡμᾶς τῶν ἰχθύων ἀπεστέρησεν ἕτερ´ ἐκ Συρίας παρεισφέρων. Καίτοι γε Ἀντίπατρος ὁ
Ταρσεὺς ὁ ἀπὸ τῆς στοᾶς ἐν τετάρτῳ περὶ δεισιδαιμονίας λέγεσθαί φησι πρός τινων
(346d) ὅτι Γάτις ἡ τῶν Σύρων βασίλισσα οὕτως ἦν ὀψοφάγος ὥστε κηρῦξαι ἄτερ
Γάτιδος μηδένα ἰχθὺν ἐσθίειν· ὑπ´ ἀγνοίας δὲ τοὺς πολλοὺς αὐτὴν μὲν Ἀταργάτιν
ὀνομάζειν, ἰχθύων δὲ ἀπέχεσθαι. Μνασέας δ´ ἐν δευτέρῳ περὶ Ἀσίας φησὶν οὕτως·
« Ἐμοὶ μὲν ἡ Ἀταργάτις δοκεῖ χαλεπὴ βασίλισσα γεγονέναι καὶ τῶν λαῶν σκληρῶς
ἐπεστατηκέναι, ὥστε καὶ ἀπονομίσαι αὐτοῖς ἰχθὺν μὴ ἐσθίειν, ἀλλὰ πρὸς αὐτὴν
ἀναφέρειν διὰ τὸ ἀρέσαι αὐτῇ τὸ βρῶμα. Καὶ διὰ τόδε νόμιμον ἔτι διαμένειν, ἐπὰν
εὔξωνται τῇ θεῷ, (346e) ἰχθῦς ἀργυροῦς ἢ χρυσοῦς ἀνατιθέναι· τοὺς δὲ ἱερεῖς
πᾶσαν ἡμέραν τῇ θεῷ ἀληθινοὺς ἰχθῦς ἐπὶ τὴν τράπεζαν ὀψοποιησαμένους
παρατιθέναι, ἑφθούς τε ὁμοίως καὶ ὀπτούς, οὓς δὴ αὐτοὶ καταναλίσκουσιν οἱ τῆς
θεοῦ ἱερεῖς. »
Καὶ μικρὸν προελθὼν πάλιν φησίν·
« Ἡ δέ γε Ἀταργάτις, ὥσπερ Ξάνθος λέγει ὁ Λυδός, ὑπὸ Μόψου τοῦ Λυδοῦ ἁλοῦσα
κατεποντίσθη μετὰ Ἰχθύος τοῦ υἱοῦ ἐν τῇ περὶ Ἀσκάλωνα λίμνῃ διὰ τὴν ὕβριν καὶ
ὑπὸ τῶν ἰχθύων κατεβρώθη. »
38. (346f) Τάχα δὲ καὶ ὑμεῖς, ἄνδρες φίλοι, ἑκόντες παρελίπετε ὡς ἱερόν τινα
ἰχθὺν τὸν παρ´ Ἐφίππῳ τῷ κωμῳδιοποιῷ, ὅν φησι τῷ Γηρυόνῃ σκευάζεσθαι ἐν τῷ
ὁμωνύμῳ δράματι διὰ τούτων λέγων·
Τούτῳ δ´ ὁπόταν ναέται χώρας
ἰχθύν τιν´ ἕλως´ οὐχ ἡμέριον,
τῆς περικλύστου δ´ ἁλίας Κρήτης
μείζω μεγέθει, λοπάς ἐστ´ αὐτῷ
δυνατὴ τούτους χωρεῖν ἑκατόν.
| [8,346] « Je suis opsophage, et c'est la base de mon métier. (346a) Il faut en effet que
celui qui ne veut pas gâter ce qu'il sert, aime un peu ce qu'il y a de
friand, car s'il joint à cela de l'intelligence, il fera tout bien. Lorsqu'une
fois on a ce goût délicat, on ne peut plus se tromper: par exemple, faites
bouillir doucement votre bonne chère. Il n'y a pas de sel? mettez-en. Il manque
quelque chose? goûtez encore, de manière que tout soit dans un aussi juste
rapport que les cordes d'une lyre que vous tendriez au point d'en rendre les
sons agréables. Quant tout sera ainsi bien proportionné, (346b) faites entrer,
dans cet accord parfait, des Myconiennes, et elles pourront effacer les
charmes des Laïs. »
Chap. VIII. Outre tous ces opsophages, je sais qu'Apollon était adoré en Elide
sous le nom d’Opsophage; c'est Polémon qui le rappelle dans sa lettre à
Attalus. Je n'ignore pas non plus qu'il y a dans le territoire de Pise un
tableau, ouvrage de Cléanthe de Corinthe, lequel représente Neptune offrant un
thon à Jupiter accouchant. Ce tableau est suspendu (346c) dans un temple de
Diane Alpheioose, comme le rapporte Démétrius dans le liv. 8 de l’Armement
de Troie.
37. Après vous avoir régalé de tous ces plats de poisson, je ne suis pas venu,
dit Démocrite, pour en manger moi-même, à cause de l'excellent Ulpien qui, guidé
par les anciens usages de sa Syrie, voulait nous priver de poissons, nous
proposant toute autre chose par son envie continuelle de disputer.
Antipatre de Tarse, philosophe stoïcien, rapporte, au liv. 4 de son Traité sur la
Superstition, que selon quelques-uns, (346d) Gatis, reine de Syrie, était si
passionnée pour le poisson, qu'elle fit défendre par un héraut de manger du
poisson (ater gatidos) sans Gatis, et que plusieurs par ignorance l'ont appelée
Atergatis, s’abstenant d'ailleurs de manger du poisson ; mais Mnaséas dit,
dans son second livre de l’Asie : « Pour moi, Atergatis me paraît avoir été une
méchante reine qui gouverna ses peuples avec dureté, jusqu'à leur interdire
l'usage du poisson, voulant qu'on lui apportât ce qu'on en prendrait, parce que
ce mets lui plaisait. Voilà pourquoi il est encore une loi qui ordonne
d'offrir (346e) des poissons d'or et d'argent lorsqu'on va prier la déesse.
Quant aux prêtres, ils lui présentent tous les jours de vrais poissons sur une
table, après les avoir assaisonnés, tant bouillis que rôtis, et ils les mangent
ensuite.
Le même dit un peu plus loin, sur le rapport de Xanthus de Lydie, que cette
Atergatis, ayant été prise par Mopsus le Lydien, fut jetée et noyée dans le lac
d'Ascalon, avec Ichthys (poisson) son fils, à cause de ses mauvais traitements,
et dévorée par les poissons.
38. (346f) Mais, Messieurs, vous avez peut-être omis exprès, comme poisson
sacré, celui dont parle Ephippus le comique, et qu'on préparait pour Géryon,
selon ce qu'il dit, dans sa pièce de même nom.
« A. Lorsque les habitants de la contrée ont pris un poisson pour lui, non un
poisson tel qu'on en voit tous les jours, mais plus grand que Crète (baigné
de tous côtés par la mer), il y a une marmite qui peut contenir cent
|