[8,343] ὡς οὐ βιωτόν ἐστιν οὐδ´ ἀνασχετὸν
τῆς μὲν θαλάττης ἀντιποιεῖσθαί τινας
(343a) ὑμῶν ἀναλίσκειν τε πολλὰ χρήματα,
ὄψου δὲ μηδὲν --- Εἰσπλεῖν μηδὲ γρῦ.
Τί οὖν ὄφελος τῶν νησιάρχων; Ἔστι δὴ
νόμῳ κατακλεῖσαι τοῦτο, παραπομπὴν ποιεῖν
τῶν ἰχθύων. Νυνδὶ Μάτων συνήρπακεν
τοὺς ἁλιέας, καὶ δὴ Διογείτων νὴ Δία
ἅπαντας ἀναπέπεικεν ὡς αὑτὸν φέρειν,
κοὐ δημοτικόν γε τοῦτο δρᾷ τοσαῦτα φλῶν.
Γάμοι δ´ ἐκεῖνοι καὶ πότοι νεανικοὶ ἦσαν ---
(343b) Εὔφρων δὲ ἐν Μούσαις·
Φοινικίδης δ´ ὡς εἶδεν ἐν πλήθει νέων
μεστὴν ζέουσαν λοπάδα Νηρείων τέκνων,
ἐπίσχετ´ ὀργῇ χεῖρας ἠρεθισμένας·
« Τίς φησιν εἶναι δεινὸς ἐκ κοινοῦ φαγεῖν;
Τίς ἐκ μέσου τὰ θερμὰ δεινὸς ἁρπάσαι;
Ποῦ Κόρυδος ἢ Φυρόμαχος ἢ Νείλου βία;
Ἴτω πρὸς ἡμᾶς, καὶ τάχ´ ἂν οὐδὲν μεταλάβοι. »
30. (343c) Τῆς αὐτῆς ἰδέας καὶ Μελάνθιος ἦν ὁ τῆς τραγῳδίας ποιητής· ἔγραψε δὲ
καὶ ἐλεγεῖα. Κωμῳδοῦσι δ´ αὐτὸν ἐπὶ ὀψοφαγίᾳ Λεύκων ἐν Φράτερσιν, Ἀριστοφάνης ἐν
Εἰρήνῃ, Φερεκράτης ἐν Πετάλῃ. Ἐν δὲ τοῖς Ἰχθύσιν Ἄρχιππος τῷ δράματι ὡς ὀψοφάγον
δήσας παραδίδωσι τοῖς ἰχθύσιν ἀντιβρωθησόμενον. Ἀλλὰ μὴν καὶ Ἀρίστιππος ὁ
Σωκρατικὸς ὀψοφάγος ἦν· ὅστις καὶ ὑπὸ Πλάτωνός ποτε ὀνειδιζόμενος ἐπὶ τῇ
ὀψοφαγίᾳ, ὥς φησι Σωτίων καὶ (343d) Ἡγήσανδρος, ... Γράφει δὲ οὕτως ὁ Δελφός·
« Ἀρίστιππος Πλάτωνος ἐπιτιμήσαντος αὐτῷ διότι πολλοὺς ἰχθῦς ἠγόρασε, δυεῖν
ὀβολοῖν ἔφησεν ἐωνῆσθαι. Τοῦ δὲ Πλάτωνος εἰπόντος διότι καὶ αὐτὸς ἂν ἠγόρασα
τοσούτου, »ὁρᾷς οὖν, εἶπεν, ὦ Πλάτων, ὅτι οὐκ ἐγὼ ὀψοφάγος, ἀλλὰ σὺ φιλάργυρος.»
Ἀντιφάνης δ´ ἐν Αὐλητρίδι ἢ Διδύμαις Φοινικίδην τινὰ ἐπ´ ὀψοφαγίᾳ κωμῳδῶν φησιν·
Ὁ μὲν Μενέλαος ἐπολέμης´ ἔτη δέκα
τοῖς Τρωσὶ διὰ γυναῖκα τὴν ὄψιν καλήν,
Φοινικίδης δὲ Ταυρέᾳ δι´ ἔγχελυν.
31. (343e) Δημοσθένης δ´ ὁ ῥήτωρ Φιλοκράτην, ἐπειδὴ ἐκ τοῦ προδοτικοῦ χρυσίου
πόρνας καὶ ἰχθῦς ἠγόραζεν, εἰς ἀσέλγειαν καὶ ὀψοφαγίαν λοιδορεῖ. Διοκλῆς δὲ ὁ
ὀψοφάγος, ὥς φησιν Ἡγήσανδρος, πυθομένου τινὸς αὐτοῦ πότερος χρηστότερος ἰχθύς,
γόγγρος ἢ λάβραξ,
« Ὃ μὲν ἑφθός, ἔφη, ὃ δὲ ὀπτός. »
Ὀψοφάγος δ´ ἦν καὶ Λεοντεὺς ὁ Ἀργεῖος τραγῳδός, Ἀθηνίωνος μὲν μαθητής, οἰκέτης
δὲ γενόμενος Ἰόβα τοῦ Μαυρουσίων βασιλέως, ὥς φησιν Ἀμάραντος ἐν τοῖς περὶ
σκηνῆς, γεγραφέναι φάσκων εἰς αὐτὸν τόδε τὸ ἐπίγραμμα τὸν Ἰόβαν, ὅτε κακῶς τὴν
Ὑψιπύλην ὑπεκρίνατο·
Μή με Λεοντῆος τραγικοῦ κεναρηφαγον ηχος
λεύσσων Ὑψιπύλης ἐς κακὸν ἦτορ ὅρα.
Ἤμην γάρ ποτ´ ἐγὼ Βάκχῳ φίλος, οὐδέ τιν´ ὧδε
γῆρυν χρυσολόβοις οὔασιν ἠγάσατο.
| [8,343] Non, il n'y a plus moyen de vivre! cela est insoutenable!
Quoi! quelques-uns d'entre vous accapareront la mer, emploieront
pour cela des sommes immenses, (343a) et il ne nous viendra pas seulement
l'apparence d'un poisson? De quoi nous sert-il donc d'avoir l'empire des îles?
Oui, on doit arrêter ce désordre par une loi, et faire abonder le poisson au
marché. Mais, au contraire, Matron s'empare de tous nos pêcheurs, et Diogiton,
juste ciel! leur persuade de porter toute leur capture chez lui. Assurément ce
n'est pas agir en républicain, que d'avaler tant de provisions. On dirait que ce
sont des noces continuelles, et c'est à qui dépensera le plus à ces repas. »
(343b) Euphanès dit, dans ses Muses :
« Phénicide voyant au milieu d'une troupe de jeunes gens une casserole
bouillante, remplie d’enfants de Nérée, retint cependant ses mains; quoique tout
en colère, il fut près de les lâcher dessus. Quel homme! s'écria-t-il, toujours
prêt à vivre sur le commun. Quel homme fait à enlever d'une marmite les morceaux
tout bouillants? Où sont, dis-je, Corydus, Phyromachus, le redoutable Cœlus!
Oui, que l'un ou l'autre vienne ici ; peut-être n'aurait-il rien. »
30. (343c) Mélanthe le poète tragique, qui a aussi fait des élégies, était du
même goût. Leucon dans ses Confrères, Aristophane dans sa Paix, Phérécrate dans
sa Pétale, l'ont traduit sur la scène comme grand mangeur de poisson. Archippus,
dans ses Poissons, lie Mélanthe, comme ichthyophage, et le jette aux poissons
pour en être dévoré. Mais Aristippe, disciple de Socrate, en faisait aussi un
délice. Hégésandre (343d) et Sotion rapportent que Platon lui en fit même un
reproche ; mais voici ce que cet écrivain de Delphes dit à ce sujet : « Platon,
blâmant Aristippe de ce qu'il avait acheté beaucoup de poisson, celui-ci lui
répondit : Je n'en ai acheté que pour deux oboles. Platon lui répliquant : Et
pourquoi en as-tu acheté pour ce prix-là? Vois-tu, Platon, repartit
Aristippe, que ce n'est pas moi qui suis blâmable d'aimer le poisson, mais bien
toi qui l’es d'aimer l'argent.
Antiphane se moque, dans sa Joueuse de Flûte, ou ses Jumelles, d'un Phénicide,
comme passionné pour le poisson :
« Ménélas fit la guerre, pendant dix ans, aux Troyens, à cause d'une belle femme
; et Phénicide, à Tauréas, pour une anguille. »
31. (343f) Démosthène, l'orateur, censura publiquement Philocrate comme
débauché, et grand mangeur de poisson, lui reprochant même d'avoir acheté des
filles de joie, et des poissons avec l'argent qu'il avait reçu pour prix de sa
trahison. Dioclès ne l'aimait pas moins, selon le rapport d'Hégésandre.
Quelqu'un lui demandant lequel valait mieux du congre ou du labrax (loups de
mer). L'un bouilli, l'autre rôti, répondit-il. Leonteus d'Argos, acteur
tragique, et disciple d'Athénion, était aussi du même goût. Amaranthus rapporte,
dans son Traité du Théâtre, que ce Leonteus était attaché à la personne de Juba,
roi de Mauritanie, et que ce prince fit sur lui cette épigramme badine, parce
qu'il avait mal représenté Hypsipyle.
« En considérant la voix de Leonteus le tragique et mangeur d'artichauts, ne
prends pas garde s'il a mal rendu le rôle d'Hypsipyle. J'ai fait jadis les
agréments de Bacchus, qui n'admire le gosier de personne (comme Midas) avec des
oreilles d'or.
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