[6,15] Φησὶ γοῦν ὁ Δημοχάρης ἐν τῇ πρώτῃ καὶ εἰκοστῇ γράφων·
«Ἐπανελθόντα δὲ τὸν Δημήτριον ἀπὸ τῆς Λευκάδος καὶ Κερκύρας (253c) εἰς τὰς
Ἀθήνας οἱ Ἀθηναῖοι ἐδέχοντο οὐ μόνον θυμιῶντες καὶ στεφανοῦντες καὶ
οἰνοχοοῦντες, ἀλλὰ καὶ προσοδιακοὶ χοροὶ καὶ ἰθύφαλλοι μετ´ ὀρχήσεως καὶ ᾠδῆς
ἀπήντων αὐτῷ καὶ ἐφιστάμενοι κατὰ τοὺς ὄχλους ᾖδον ὀρχούμενοι καὶ ἐπᾴδοντες ὡς
εἴη μόνος θεὸς ἀληθινός, οἱ δ´ ἄλλοι καθεύδουσιν ἢ ἀποδημοῦσιν ἢ οὐκ εἰσίν,
γεγονὼς δ´ εἴη ἐκ Ποσειδῶνος καὶ Ἀφροδίτης, τῷ δὲ κάλλει διάφορος (253d) καὶ τῇ
πρὸς πάντας φιλανθρωπίᾳ κοινός. Δεόμενοι δ´ αὐτοῦ ἱκέτευον, φησί, καὶ
προσηύχοντο.»
63. Ὁ μὲν οὖν Δημοχάρης τοσαῦτα εἴρηκε περὶ τῆς Ἀθηναίων κολακείας· Δοῦρις δ´ ὁ
Σάμιος ἐν τῇ δευτέρᾳ καὶ εἰκοστῇ τῶν ἱστοριῶν καὶ αὐτὸν τὸν ἰθύφαλλον ---.
- - -.
Ὡς οἱ μέγιστοι τῶν θεῶν καὶ φίλτατοι
τῇ πόλει πάρεισιν·
ἐνταῦθα γὰρ Δήμητρα καὶ Δημήτριον
ἅμα παρῆγ´ ὁ καιρός.
Χἠ μὲν τὰ σεμνὰ τῆς Κόρης μυστήρια
ἔρχεθ´ ἵνα ποιήσῃ,
ὁ δ´ ἱλαρός, ὥσπερ τὸν θεὸν δεῖ, καὶ καλὸς
καὶ γελῶν πάρεστι.
Σεμνόν τι φαίνεθ´, οἱ φίλοι πάντες κύκλῳ,
ἐν μέσοισι δ´ αὐτός,
(253e) ὅμοιος ὥσπερ οἱ φίλοι μὲν ἀστέρες,
ἥλιος δ´ ἐκεῖνος.
Ὦ τοῦ κρατίστου παῖ Ποσειδῶνος θεοῦ,
χαῖρε, κἀφροδίτης.
Ἄλλοι μὲν ἢ μακρὰν γὰρ ἀπέχουσιν θεοὶ
ἢ οὐκ ἔχουσιν ὦτα
ἢ οὐκ εἰσὶν ἢ οὐ προσέχουσιν ἡμῖν οὐδὲ ἕν,
σὲ δὲ παρόνθ´ ὁρῶμεν,
οὐ ξύλινον οὐδὲ λίθινον, ἀλλ´ ἀληθινόν.
Εὐχόμεσθα δή σοι·
πρῶτον μὲν εἰρήνην ποίησον, φίλτατε·
κύριος γὰρ εἶ σύ.
Τὴν δ´ οὐχὶ Θηβῶν, ἀλλ´ ὅλης τῆς Ἑλλάδος
Σφίγγα περικρατοῦσαν,
Αἰτωλὸς ὅστις ἐπὶ πέτρας καθήμενος,
ὥσπερ ἡ παλαιά,
τὰ σώμαθ´ ἡμῶν πάντ´ ἀναρπάσας φέρει,
(253f) κοὐκ ἔχω μάχεσθαι·
Αἰτωλικὸν γὰρ ἁρπάσαι τὰ τῶν πέλας,
νῦν δὲ καὶ τὰ πόρρω·
μάλιστα μὲν δὴ σχόλασον αὐτός· εἰ δὲ μή,
Οἰδίπουν τιν´ εὑρέ,
τὴν Σφίγγα ταύτην ὅστις ἢ κατακρημνιεῖ
ἢ σποδὸν ποιήσει.
| [6,15] Chap. XV.
Voici donc ce que Démocharès écrit à ce sujet, dans son liv. 21:
«Démétrius, revenant de Leucade et de Corfou (253c) à Athènes, le peuple de cette
ville-ci le reçut, non seulement avec des parfums brûlants sur des autels,
lui présentant des couronnes, et faisant des libations; on alla même au-devant
de lui avec des prosodies, des chœurs, des ithyphalles qui dansaient en suivant
les chants. Ils s'arrêtaient par intervalles, au milieu de la foule, dansaient,
répondaient aux chants, en faisant leur partie, publiant que Démétrius était
seul vrai dieu; que les autres divinités dormaient, ou étaient en voyage, ou
n'existaient réellement pas. On faisait Démétrius fils de Neptune et de Vénus ;
on lui donnait la plus éclatante beauté : (253d) il était le bienfaiteur général
des hommes : on lui adressait des prières, des supplications et des vœux.
63. Voilà ce que Démocharès dit de la flatterie des Athéniens; et Djuris a
rapporté l'hymne ithyphallique, dans le liv. 22 de ses histoires. Le voici.
Hymne ithyphallique.
«Oui, les plus grands des dieux et les plus favorables se présentent à cette
ville-ci. L'instant propice y montre ensemble et Cérès et Démétrius. Quant
à Cérès, elle y vient pour célébrer les redoutables mystères de Proserpine ;
mais la joie qui convient aux dieux, la beauté, brillent sur le visage de
Démétrius, et il s'avance avec un doux sourire, au milieu du cercle que forment
ses amis, d'un air grave et respectueux, (253e) et semblables à des astres
qui se rangent autour de lui avec affection, comme autour du soleil dont il est
ici l'image. O fils du puissant Neptune et de Vénus, salut à toi! les
autres dieux, ou sont éloignés de nous, ou n'entendent rien, ou ne sont
pas, ou ne font aucune attention à nous. Mais toi, nous te contemplons, présent
parmi nous, non comme un dieu de pierre, ni de bois, mais comme la véritable
divinité! Nous te présentons nos vœux. D'abord, toi que nous chérissons,
procure-nous la paix! cela dépend de ta puissance ; ensuite arrête surtout
ce Sphinx qui maîtrise impérieusement, non Thèbes, mais toute la Grèce ; (253f)
cet Étolien, dis-je, qui, retranché sur sa roche, comme l'ancien Sphinx, fond
impétueusement sur nos corps, et les emporte sans que nous puissions le
combattre. L'Étolien, accoutumé à piller ses voisins, se jette actuellement sur
les provinces éloignées. Si donc tu ne l'arrêtes pas, trouve au moins un Œdipe
qui l'oblige à se précipiter, ou le réduise à mourir de faim.»
|