[3,102] (102a) Ἐπικούρου δέ με
ὁρᾷς μαθητὴν ὄντα τοῦ σοφοῦ, παρ´ ᾧ
ἐν δύ´ ἔτεσιν καὶ μησὶν οὐχ ὅλοις δέκα
τάλαντ´ ἐγώ σοι κατεπύκνωσα τέτταρα.
{Β.} Τοῦτο δὲ τί ἐστιν, εἰπέ μοι. {Α.} Καθήγισα.
Μάγειρος ἦν κἀκεῖνος, οὐκ ᾔδει θεοί,
ποῖος μάγειρος. Ἡ φύσις πάσης τέχνης
ἀρχέγονόν ἐστ´, ἀρχέγονον, ὦλιτήριε.
Οὐκ ἔστιν οὐθὲν τοῦ πονεῖν σοφώτερον,
πᾶν τ´ εὐχερὲς τὸ πρᾶγμα τοῦ λόγου τριβὴν
(102b) ἔχοντι τούτου· πολλὰ γὰρ συμβάλλεται.
Διόπερ μάγειρον ὅταν ἴδῃς ἀγράμματον
μὴ Δημόκριτόν τε πάντα διανεγνωκότα,
μᾶλλον δὲ κατέχοντα (καταγέλα ὡς κενοῦ)
καὶ τὸν Ἐπικούρου κανόνα, μινθώσας ἄφες.
Ὡς ἐκ διατριβῆς τοῦτο δεῖ γὰρ εἰδέναι,
τίν´ ἔχει διαφορὰν πρῶτον, ὦ βέλτιστε σύ,
γλαυκίσκος ἐν χειμῶνι καὶ θέρει· πάλιν
(102c) ποῖος περὶ δύσιν Πλειάδος συνειδέναι
ἰχθὺς ὑπὸ τροπάς τ´ ἐστὶ χρησιμώτατος.
Αἱ μεταβολαὶ γὰρ αἵ τε κινήσεις, κακὸν
ἠλίβατον ἀνθρώποισιν, ἀλλοιώματα
ἐν ταῖς τροφαῖς ποιοῦσι, μανθάνεις; Τὸ δὲ
ληφθὲν καθ´ ὥραν ἀποδίδωσι τὴν χάριν.
Τίς παρακολουθεῖ ταῦτα; Τοιγαροῦν στρόφοι
καὶ πνευμάτια γινόμενα τὸν κεκλημένον
(102d) ἀσχημονεῖν ποιοῦσι. Παρὰ δ´ ἐμοὶ τρέφει
τὸ προσφερόμενον βρῶμα καὶ λεπτύνεται
ὀρθῶς τε διαπνεῖ. Τοιγαροῦν εἰς τοὺς πόρους
ὁ χυμὸς ὁμαλῶς πανταχοῦ συνίσταται.
Χυμός, λέγει Δημόκριτος, οὐδὲν πρᾶγμα· τὰ
γινόμενα ποιεῖ τὸν φαγόντ´ ἀρθριτικόν.
{Β.} Καὶ τῆς ἰατρικῆς τι μετέχειν μοι δοκεῖς.
{Α.} Καὶ πᾶς ὁ φύσεως ἐντός. Ἡ δ´ ἀπειρία
(102e) τῶν νῦν μαγείρων κατανόει πρὸς τῶν θεῶν
οἵα ´στίν. Ἅλμην ὅταν ἴδῃς ἐξ ἰχθύων
ὑπεναντίων αὑτοῖσι ποιοῦντας μίαν
καὶ σήσαμ´ ὑποτρίβοντας εἰς ταύτην, λαβὼν
ἕκαστον αὐτῶν κατὰ μέρος προσπαρδέτω.
{Β.} Ὥς μοι κεχάρισαι. {Α.} Τί γὰρ ἂν εὖ γένοιτ´ ἔτι
τῆς ἰδιότητος πρὸς ἑτέραν μεμιγμένης
καὶ συμπλεκομένης οὐχὶ συμφώνους ἁφάς;
(102f) Τὸ ταῦτα διορᾶν ἐστιν ἐμψύχου τέχνης,
οὐ τὸ διανίζειν λοπάδας οὐδ´ ὄζειν καπνοῦ.
Ἐγὼ γὰρ εἰς τοὐπτάνιον οὐκ εἰσέρχομαι,
ἀλλά τι θεωρῶ πλησίον καθήμενος,
ποιοῦσι δ´ ἑτέροισιν λέγω τὰς αἰτίας
καὶ τἀποβαῖνον « ὀξὺ τὸ περίκομμ´ ἄφες. »
{Β.} Ἁρμονικός, οὐ μάγειρος. {Α.} « Ἐπίτεινον τὸ πῦρ.
| [3,102] CHAP. XXII.
(102a) « A. Tu vois ici en moi un disciple du sage Épicure ; en deux ans et
moins de dix mois, comme je vous ai entassé quatre talents l'un sur l'autre! B.
Que veux-tu dire? Explique-toi? A. D'abord je te dirai qu'Épicure était
cuisinier : c'est ce que tu ignorais. B. Quel cuisinier, bons dieux! A. Mais,
incrédule que tu es, la nature n'est-elle pas le meilleur maître dans tous les
arts et y a-t-il rien qui instruise mieux que la pratique? D'ailleurs, c'était
une chose fort facile à un homme qui savait déjà par théorie tous les rapports
de l'art. (102b) Or, la théorie, en tout, est déjà un grand chemin de fait ;
ainsi, quand tu verras un cuisinier qui n'aura pas lu, ou qui ne connaîtra pas,
ou plutôt ne tiendra pas par cœur tous les écrits de Démocrite, moque-toi de lui
comme d'un ignorant : vas donc t'arranger avec quelque maître qui t'instruise
pertinemment du canon d'Epicure, afin que tu puisses dire: Je suis de son école.
Il faut, mon cher, savoir d'abord quelle est la différence que présente le
glaucisque en hiver et en été ; ensuite (102c) il ne faut pas ignorer quel est
le poisson le meilleur au coucher des pléiades et aux solstices ; car les
changements des saisons, et les mouvements des astres ont une terrible influence
sur les hommes, et produisent nombre d'altérations aux solstices. Comprends-tu
bien cela? Mais ce que l'on prend dans sa saison, fait toujours du bien. B.
Mais! qui est-ce qui observe tout cela? A. Eh, voilà justement pourquoi ces
coliques, ces flatuosités font d'un convive un homme fort indécent : (102d) à ma
cuisine, au contraire, l'aliment qu'on sert devient réellement aliment: il
digère bien, passe bien partout ; aussi le chyle qui en résulte, pénétrant dans
tous les pores, y acquiert, avec uniformité, la densité convenable à la
réparation des solides. B. Le chyle, dis-tu? te voilà vraiment un Démocrite! A.
N'importe comment cela s'opère : or, ce bon chyle rend l'esprit délié,
pénétrant. B. Eh! .... te voilà initié dans tous les mystères de l'art iatrique!
A. Oui, et autant qu'aucun autre dans les secrets de la nature. Mais vois, je
t'en conjure, (102e) quelle est l'ignorance de tous nos cuisiniers. Il te suffit
de considérer comment ils s'y prennent pour faire un plat de différents poissons,
dont la fumée n'exhale qu'une seule odeur, en y jetant du sésame trituré :
certes, qui par contre m'emploiera, prendra tous leurs ingrédients les uns après
les autres, et les jettera en leur pétant au nez. En effet, que peut-il résulter
de bon du mélange confus de choses qui ont des qualités si différentes, et
réunies par des liaisons si disparates? (102f) Or, le vrai esprit de l'art
consiste à bien distinguer toutes ces choses, et non à bien laver des plats, de
sorte qu'ils ne sentent pas la fumée. Pour moi, je ne me donne pas la peine
d'entrer dans ma cuisine, mais je m'assieds auprès, pour voir seulement ce qui
s'y passe, et ce sont d'autres qui travaillent. B. Et toi, que fais-tu donc? A.
Moi? je leur explique les causes, et ce qui ne tarde pas d'en résulter. Quitte
ce miroton, dis-je à l'un; fais aller le feu,
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