[2,3] (39c) Ὁ δὲ ποιήσας τὸ εἰς Κρατῖνον ἐπίγραμμά φησιν·
« Οἶνός τοι χαρίεντι πέλει μέγας ἵππος ἀοιδῷ,
ὕδωρ δὲ πίνων χρηστὸν οὐδὲν ἂν τέκοις. »
Ταῦτ´ ἔλεγεν, Διόνυσε, καὶ ἔπνεεν οὐχ ἑνὸς ἀσκοῦ
Κρατῖνος, ἀλλὰ παντὸς ὠδώδει πίθου.
Τοιγάρ οἱ στεφάνων δόμος ἔβρυεν, εἶχε δὲ κιττῷ
μέτωπον οἷα καὶ σὺ κεκροκωμένον.
Πολέμων φησὶν ἐν Μουνυχίᾳ ἥρωα Ἀκρατοπότην τιμᾶσθαι, παρὰ δὲ Σπαρτιάταις Μάττωνα
καὶ Κεράωνα ἥρωας ὑπό τινων μαγείρων ἱδρῦσθαι ἐν τοῖς φειδιτίοις. (39d) Τιμᾶται
δὲ καὶ ἐν Ἀχαίᾳ Δειπνεὺς ἀπὸ τῶν δείπνων σχὼν τὴν προσηγορίαν.
Ἐκ τροφῆς ξηρᾶς
« Οὔτ´ ἂν σκώμματα γένοιτο, οὔτ´ αὐτοσχέδια ποιήματα, »
ἀλλὰ μὴν οὐδὲ κόμπος οὐδὲ ψυχῆς ἀλαζονεία. καλῶς οὖν ἐν τῷ
« Πῆ ἔβαν εὐχωλαὶ ἃς ἐν Λήμνῳ ἠγοράασθε, ἔσθοντες κρέα πολλὰ καὶ πίνοντες οἴνου
κρατῆρας ἐπιστεφέας »
ἐπεσημήνατο ὁ γραμματικὸς Ἀρίσταρχος περιγράφων τὸν στίχον, ὃς περὶ κρεωφαγίας
αὐχεῖν ποιεῖ τοὺς Ἕλληνας. (39e) Οὐ γὰρ ἀπὸ πάσης εὐθυμίας καὶ πληρώσεως τὸ
καυχᾶσθαι καὶ σκώπτειν καὶ γελοιάζειν, ἀπὸ δὲ τῆς ἀλλοιούσης τὴν γνώμην καὶ πρὸς
τὸ ψευδὲς τρεπούσης, ἣ γίνεται κατὰ τὴν μέθην.
10. Διὸ Βακχυλίδης φησί·
Γλυκεῖ´ ἀνάγκα
σευομένα κυλίκων θάλπησι θυμόν·
Κύπριδος δ´ ἐλπὶς διαιθύσσει φρένας
ἀμμιγνυμένα Διονυσίοισι δώροις.
(39f) Ἀνδράσι δ´ ὑψοτάτω πέμπει μερίμνας·
αὐτίκα μὲν πόλεων κρήδεμνα λύει,
πᾶσι δ´ ἀνθρώποις μοναρχήσειν δοκεῖ.
Χρυσῷ δ´ ἐλέφαντί τε μαρμαίρουσιν οἶκοι·
πυροφόροι δὲ κατ´ αἰγλήεντα . . .
Νῆες ἄγουσιν ἀπ´ Αἰγύπτου μέγιστον
πλοῦτον· ὣς πίνοντος ὁρμαίνει κέαρ.
(40a) Σοφοκλῆς δέ φησι·
.. Τὸ μεθύειν πημονῆς λυτήριον.
Οἱ δ´ ἄλλοι ποιηταί φασι τὸν
« Οἶνον ἐύφρονα καρπὸν ἀρούρης. »
Καὶ ὁ τῶν ποιητῶν δὲ βασιλεὺς τὸν Ὀδυσσέα παράγει λέγοντα·
« Ὃς δέ κ´ ἀνὴρ οἴνοιο κορεσσάμενος καὶ ἐδωδῆς πανημέριος πολεμίζῃ, θαρσαλέον νύ
οἱ ἦτορ »
καὶ τὰ ἑξῆς.
11. Ὅτι Σιμωνίδης τὴν αὐτὴν ἀρχὴν τίθησιν οἴνου καὶ μουσικῆς. Ἀπὸ μέθης καὶ ἡ
τῆς κωμῳδίας καὶ ἡ τῆς τραγῳδίας εὕρεσις ἐν Ἰκαρίῳ τῆς Ἀττικῆς εὑρέθη, (40d) καὶ
κατ´ αὐτὸν τὸν τῆς τρύγης καιρόν· ἀφ´ οὗ δὴ καὶ τρυγῳδία τὸ πρῶτον ἐκλήθη ἡ
κωμῳδία.
Τὴν παυσίλυπον ἄμπελον δοῦναι βροτοῖς.
Οἴνου δὲ μηκέτ´ ὄντος οὐκ ἔστιν Κύπρις
οὐδ´ ἄλλο τερπνὸν οὐδὲν ἀνθρώποις ἔτι,
Εὐριπίδης ἐν Βάκχαις φησί. Καὶ Ἀστυδάμας δέ φησι·
Θνητοῖσι τὴν ἀκεσφόρον
(40c) λύπης ἔφηνεν οἰνομήτορ´ ἄμπελον. —
Συνεχῶς μὲν γὰρ ἐμπιπλάμενος ἀμελὴς γίνεται
ἄνθρωπος, ὑποπίνων δὲ πάνυ φροντιστικός,
Ἀντιφάνης φησίν.
Οὐ μεθύω τὴν φρόνησιν, ἀλλὰ τὸ τοιοῦτον μόνον,
τὸ διορίζεσθαι βεβαίως τῷ στόματι τὰ γράμματα,
φησὶν Ἄλεξις.
Σέλευκος δέ φησι τὸ παλαιὸν οὐκ εἶναι ἔθος οὔτ´ οἶνον ἐπὶ πλεῖον οὔτ´ ἄλλην
ἡδυπάθειαν προσφέρεσθαι, μὴ θεῶν ἕνεκα τοῦτο δρῶντας. Διὸ καὶ θοίνας καὶ θαλείας
(καὶ μέθας) ὠνόμαζον· τὰς μὲν ὅτι διὰ θεοὺς οἰνοῦσθαι δεῖν ὑπελάμβανον, τὰς δ´
ὅτι θεῶν χάριν ἡλίζοντο καὶ συνῄεσαν. (40d) Τοῦτο γάρ ἐστι τὸ
« Δαῖτα θάλειαν. »
Τὸ δὲ μεθύειν φησὶν Ἀριστοτέλης τὸ μετὰ τὸ θύειν αὐτῷ χρῆσθαι.
12. Θεοῖσι μικρὰ θύοντας τέλη,
τῶν βουθυτούντων ὄντας εὐσεβεστέρους,
Εὐριπίδης φησί. Καὶ σημαίνει ὧδε τὸ τέλος τὴν θυσίαν. Καὶ Ὅμηρος·
Οὐ γὰρ ἔγωγέ τί φημι τέλος χαριέστερον εἶναι
ἢ ὅταν εὐφροσύνη μὲν ἔχῃ κατὰ δῆμον ἅπαντα.
Τελετάς τε καλοῦμεν τὰς ἔτι μείζους καὶ μετά τινος μυστικῆς παραδόσεως ἑορτὰς
(40e) τῶν εἰς αὐτὰς δαπανημάτων ἕνεκα. Τελεῖν γὰρ τὸ δαπανᾶν καὶ πολυτελεῖς οἱ
πολλὰ ἀναλίσκοντες καὶ εὐτελεῖς οἱ ὀλίγα. φησὶν Ἄλεξις·
Τοὺς εὐτυχοῦντας ἐπιφανῶς
δεῖ ζῆν φανεράν τε τὴν δόσιν τὴν τοῦ θεοῦ
ποιεῖν· ὁ γὰρ θεὸς δεδωκὼς τἀγαθὰ
ὧν μὲν πεποίηκεν οἴεται χάριν τινὰ
ἔχειν ἑαυτῷ· τοὺς ἀποκρυπτομένους δὲ καὶ
πράττειν μετρίως φάσκοντας ἀχαρίστους ὁρῶν
(40f) ἀνελευθέρως τε ζῶντας ἐπὶ καιροῦ τινος
λαβὼν ἀφείλεθ´ ὅσα δεδωκὼς ἦν πάλαι.
| [2,3] (39c) CHAP. III. Celui qui a fait l'épigramme sur Cratinus, y parle ainsi :
« Pour un poète qui veut plaire, le vin est un Pégase merveilleux : mais si vous
buvez de l’eau, vous ne produirez rien de bon. C'est ainsi, Bacchus, que parlait
Cratinus; et son haleine n'exhalait pas la vapeur d'un broc, mais celle de tout
un tonneau. Toute sa maison était pleine de couronnes: il avait aussi, comme
toi, le front couronné de lierre --- »
Selon Polémon, l’on révérait à Munichie un héros nommé Akratopote: quelques
cuisiniers avaient même dressé à Sparte, dans le phédites, des statues aux deux
héros Matton et Céraon. (39d) On honore le dieu Deipnée en Achaïe, ainsi
nommé du mot deipnon, qui signifie souper ou repas ---.
Un repas sec ne fournit jamais de railleries fines, ni d'impromptus en vers, ni
de sentiments élevés, ni certaine bonne opinion de soi-même. C’est donc avec
raison qu'Aristarque le grammairien, voulait qu'on retranchât une partie de vers
de ce passage d'Homère :
« Que sont devenues ces bravades que nous faisions, disant que nous étions les
plus vaillants des hommes? ces discours, dis-je, pleins de jactance, tenus dans
l’île de Lemnos, lorsque nous mangions toutes sortes de viandes, vidant des
verres pleins jusqu'aux bords? »
Ce vers est celui qui concerne les bravades faites en mangeant des viandes:
or, selon Aristarque, tout contentement d'esprit et toute satiété, (39e) ne
produisent pas de jactance, de raillerie, ni de badinage; c'est ce qui arrive à
des gens dont l'esprit, troublé par l'ivresse, suit l'illusion du mensonge.
10. Bacchylide a dit :
« La douce nécessité de boire met à peine en train, qu'elle calme la colère
de Vénus, L'espérance, jointe aux dons délicieux de Bacchus, donne une secousse
agréable à l'âme, (39f) chasse au plus loin les soucis de l'homme, et dès
l'instant il renverse les remparts des villes, devient le monarque de toute la
terre : l'or, l'ivoire brillent dans sa maison; des vaisseaux chargés de blé
lui amènent d'Egypte d'immenses richesses sur l'onde blanchissante, tant le
plaisir lui agite le cœur lorsqu'il boit --- »
(40a) Sophocle a dit : « L'ivresse est le remède de tous les maux. »
Les autres poètes ont appelé le vin : « Le fruit réjouissant de la terre. »
Quant au prince des poètes, il fait dire à Ulysse :
« Un guerrier qui a suffisamment bu et mangé, peut combattre toute la journée
contre l'ennemi ; son cœur affermi est plein de hardiesse, etc. ..»
11. C’est à l'ivresse qu'on doit l'invention de la Tragédie et de la Comédie;
elles furent imaginées l’une et l'autre à Icarie, bourgade de l'Attique,
pendant les vendanges. C’est pourquoi la comédie eut d'abord le nom de
trygoodie, ou chant de vendanges ---
Euripide a dit dans ses Bacchantes :
« La vigne a été donnée à l'homme pour calmer (40c) ses peines : plus de vin,
plus d'amour, plus de plaisir pour les hommes. »
Astydamas dit aussi :
« Il a montré la vigne, mère du vin, aux mortels, comme le remède de leurs
peines --- »
Car, comme dit Antiphane,
« L'homme qui a toujours une bonne dose de vin, n'a pas de soucis; celui qui ne
fait qu'en goûter est toujours rêveur --- »
On lit dans Alexis,
« Je ne mets jamais ma raison dans la cuve ; mais je bois tant que je puis
encore bien articuler les mots (ou bien distinguer les lettres d'un livre) ---»
Seleucus nous dit, que l'usage de l'antiquité était de ne pas faire
d'extraordinaire de vin, ni de tout autre plaisir, à moins que ce ne fût en
l'honneur des Dieux.
On se servait alors des expressions thoinee, thalia, methee, parce qu'on
supposait que c'était en l'honneur des dieux qu'il fallait faire couler le vin,
et parce qu'on s'assemblait à un festin pour les Dieux, (40d) ce qu'on exprimait
par daita thaleian. Quant au mot methyein, Aristote dit qu'il signifie
proprement boire après le sacrifice.
12. « Ceux qui présentent aux dieux de petites offrandes, leur marquent plus
de piété que ceux qui immolent un bœuf. »
Observez que dans ce passage, le mot telos, offrande, est pris pour thysia,
sacrifice. Homère l’a employé dans ce sens :
« Pour moi, je dis qu'il n'y a point de sacrifice, telos, plus agréable que
quand la joie s'empare de tout le peuple.»
Nous appelons telètes, les grandes fêtes qui se célèbrent avec des cérémonies
mystérieuses, (40e) vu les grandes dépenses qu'elles exigent : car telein
signifie dépenser, dapanan. Polyteleis se dit de ceux qui dépensent beaucoup, et
euteleis, de ceux qui dépensent peu.
Alexis dit des gens fortunés :
« Il faut que ceux qui ont de la fortune vivent dans la splendeur, et qu'ils se
fassent honneur de ce que Dieu leur a donné. Il regarde cela comme le témoignage
de la reconnaissance qu'on a des biens qu'il a départis. Mais quand il voit des
gens qui les cachent, (40f) disant qu'ils n'ont que bien justement de quoi
vivre, et qui conséquemment se traitent avec une épargne sordide, il leur ôte
bientôt, comme à des gens indignes de ces faveurs, ce qu'il leur avait donné ---»
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