[10,418] {Β.} Πόλλ´ ἐσθίουσιν, ὡς ἐπασκούντων τρόπος.
{Α.} Ποδαποὶ γάρ εἰσιν οἱ ξένοι; {Β.} Βοιώτιοι.»
Ἐκ τούτων εἰκός ἐστι καὶ Ἐρατοσθένη ἐν ταῖς ἐπιστολαῖς Πρεπέλαον φῆσαι
ἐρωτηθέντα τί αὐτῷ δοκοῦσιν εἶναι Βοιωτοὶ εἰπεῖν· τί γὰρ ἄλλο ἢ τοιαῦτα ἐλάλουν,
οἷα ἂν καὶ τὰ ἀγγεῖα φωνὴν λαβόντα, ὁπόσον ἕκαστος χωρεῖ.
Πολύβιος δ´ ὁ Μεγαλοπολίτης ἐν τῇ εἰκοστῇ τῶν ἱστοριῶν φησιν (418b) ὡς Βοιωτοὶ
μεγίστην δόξαν λαβόντες κατὰ τὰ Λευκτρικὰ κατὰ μικρὸν ἀνέπεσον ταῖς ψυχαῖς καὶ
ὁρμήσαντες ἐπ´ εὐωχίας καὶ μέθας διέθεντο καὶ κοινωνεῖα τοῖς φίλοις. Πολλοὶ δὲ
καὶ τῶν ἐχόντων γενεὰς ἀπεμέριζον τοῖς συσσιτίοις τὸ πλέον μέρος τῆς οὐσίας,
ὥστε πολλοὺς εἶναι Βοιωτῶν οἷς ὑπῆρχε δεῖπνα τοῦ μηνὸς πλείω τῶν εἰς τὸν μῆνα
διατεταγμένων ἡμερῶν. Διόπερ Μεγαρεῖς μισήσαντες αὐτῶν τὴν τοιαύτην κατάστασιν
ἀπένευσαν εἰς τοὺς Ἀχαιούς.
Καὶ Φαρσάλιοι δὲ κωμῳδοῦνται ὡς πολυφάγοι. Μνησίμαχος γοῦν ἐν Φιλίππῳ φησί·
«Τῶν Φαρσαλίων
(418c) ἥκει τις, ἵνα καὶ τὰς τραπέζας καταφάγῃ;
{Β.} Οὐδεὶς πάρεστιν. {Α.} Εὖ γε δρῶντες. Ἆρά που
ὀπτὴν κατεσθίουσι πόλιν Ἀχαικήν;»
Ὅτι δὲ καὶ πάντες Θετταλοὶ ὡς πολυφάγοι διεβάλλοντο Κράτης φησὶν ἐν Λαμίᾳ·
«Ἔπη τριπήχη Θετταλικῶς τετμημένα.»
Τοῦτο δ´ εἶπεν ὡς τῶν Θετταλῶν μεγάλα κρέα τεμνόντων. Φιλέταιρος δ´ ἐν
Λαμπαδηφόροις·
«Καὶ χειροβαρὲς σαρκὸς ὑείας Θετταλότμητον κρέας.»
Ἔλεγον δὲ καὶ Θετταλικὴν ἔνθεσιν τὴν μεγάλην. Ἕρμιππος Μοίραις·
(418d) «Ὁ Ζεὺς δὲ τούτων οὐδὲν ἐνθυμούμενος
μύων ξυνέπλαττε Θετταλικήν τιν´ ἔνθεσιν.»
Ταῦτα δὲ καπανικὰ εἴρηκεν Ἀριστοφάνης ἐν Ταγηνισταῖς·
«Τί πρὸς τὰ Λυδῶν δεῖπνα καὶ τὰ Θετταλῶν;
τὰ Θετταλικὰ μὲν πολὺ καπανικώτερα.»
Οἷον τὰ ἁμαξιαῖα· Θετταλοὶ γὰρ τὰς ἀπήνας καπάνας ἔλεγον. Ξέναρχος Σκύθαις·
(418e) «Ἑπτὰ δὲ καπάνας ἔτρεφον εἰς Ὀλύμπια.
{Β.} Τί λέγεις; καπάνας; πῶς; {Α.} Καπάνας Θετταλοὶ
πάντες καλοῦσι τὰς ἀπήνας. {Β.} Μανθάνω.»
Αἰγυπτίους δὲ Ἑκαταῖος ἀρτοφάγους φησὶν εἶναι κυλλήστιας ἐσθίοντας, τὰς δὲ
κριθὰς εἰς ποτὸν καταλέοντας. Διὰ ταῦτα καὶ Ἄλεξις ἐν τῷ περὶ αὐταρκείας ἔφη
μετρίᾳ τροφῇ κεχρῆσθαι τὸν Βόκχοριν καὶ τὸν πατέρα αὐτοῦ Νεόχαβιν. Καὶ Πυθαγόρας
δ´ ὁ Σάμιος μετρίᾳ τροφῇ ἐχρῆτο, ὡς ἱστορεῖ Λύκων ὁ Ἰασεὺς ἐν τῷ περὶ
Πυθαγορείου βίου. Οὐκ ἀπείχετο δὲ ἐμψύχων, (418f) ὡς Ἀριστόξενος εἴρηκεν.
Ἀπολλόδωρος δὲ ὁ ἀριθμητικὸς καὶ θῦσαί φησιν αὐτὸν ἑκατόμβην ἐπὶ τῷ εὑρηκέναι
ὅτι τριγώνου ὀρθογωνίου ἡ τὴν ὀρθὴν γωνίαν ὑποτείνουσα ἴσον δύναται ταῖς
περιεχούσαις·
«Ἡνίκα Πυθαγόρης τὸ περικλεὲς εὕρετο γράμμα,
κλεινὸς ἐφ´ ᾧ κλεινὴν ἤγαγε βουθυσίην.»
| [10,418] B. Ils mangent en aussi grande quantité que ceux qui font un état de ces
exercices. A. Mais de quel pays sont-ils? B. Ils sont Béotiens.»
D'après ces détails, on voit qu'Ératosthène était bien fondé dans la réponse
qu'il fit un jour à Pempèle. Celui-ci lui demandait ce qu'il pensait des
Béotiens. Ce que j'en sais, répondit Ératosthène, est qu'ils parlent entre eux
comme parleraient des urnes auxquelles on donnerait la faculté de s'exprimer :
Nous contenons chacun de tant de mesures.
Polybe de Mégalopolis rapporte, liv. 20 de ses Histoires, (418b) que les
Béotiens, après s'être illustrés à la journée de Leuctre, perdirent peu-à-peu
leur grandeur d'âme, et que se livrant au plaisir de la bonne chère et du vin,
ils établirent même par testament des coteries, chacun en faveur de leurs amis ;
de sorte que nombre d'entre eux, quoique laissant de la postérité, disposèrent
de la plus grande partie de leur bien pour ces Banquets ; qu'ainsi plusieurs
Béotiens avaient plus de goûters à leur service qu'il n'y avait de jours par
mois. C'est pourquoi les Mégariens, détestant cet état des choses, se
tournèrent du côté des Achéens.
Les comiques ont aussi traduit les Pharsaliens sur la scène, comme des
gens très voraces. Mnésimachus dit à ce sujet dans son Philippe :
«A. Serait-il venu quelque Pharsalien (418c) pour avaler tous ces mets? B. Non
; pas un. A. Fort bien. B. Sans doute qu'ils dévorent par pièces la république
des Achéens qu'ils ont fait griller.»
Les Thessaliens n'étaient pas moins le sujet de la raillerie des comiques, à
cause de leur voracité; c'est ce que Cratès indique dans sa Lamie :
«Des mots coupés à la Thessalienne, longs de trois coudées.»
Il parle ainsi d'après l'usage des Thessaliens, qui coupaient les viandes par
gros morceaux. Philétaire dit dans ses Lampadephores (ou Portes-torches) :
«Un morceau de porc coupé à la Thessalienne, qui eût chargé la main.»
On disait aussi une bouchée thessalienne pour grande ou grosse. Hermippe écrit
dans ses Parques :
(418d) «Jupiter dédaignant ces morceaux, se fit pour lui une bouchée thessalienne.»
Aristophane s'est servi du mot capanique pour rendre la même idée, dans ses
Tagénistes :
«Qu'est-ce que cela, en comparaison des repas des Lydiens et des Thessaliens ?
mais ceux des Thessaliens sont encore plus capaniques.»
L'auteur dit capaniques pour capables d'emplir, ou de charger un chariot, ou
char, car les Thessaliens nomment capane, chariot, ce que l'on appelle
vulgairement apenee. C'est ce qu'on voit dans les Scythes de Xénarque.
(418e) «A. Ils entretenaient sept chars (capanas) pour les courses d'Olympie.
B. Que dis-tu ? A. Eh ! les Thessaliens n'appellent-ils pas les chars capanes ?
B. Oui : j'entends.»
Selon Hécatée, les Égyptiens étaient artophages (mangeurs de pain),
mangeaient des kyllastes, et moulaient de l'orge pour faire leur boisson. Voilà
pourquoi Alexis dit, dans son ouvrage sur la Frugalité, que Bocchoris et son
père Néochabis étaient l'un et l'autre fort sobres. Pythagore de Samos mangeait
aussi très modérément, selon ce que dit Lycon d'Iasse dans son ouvrage
concernant Pythagore. Cependant il ne s'abstenait pas de manger de la viande,
(418f) si l'on en croit Aristoxène. Appollodore l'arithméticien rapporte que ce
philosophe offrit même une hécatombe, pour avoir trouvé que l'hypoténuse,
opposée à l'angle droit d'un triangle rectangle, donne un carré égal à celui des
deux autres côtés de ce même triangle.
«Lorsque le célèbre Pythagore trouva ce fameux problème pour lequel il fit ce
mémorable sacrifice de bœufs.»
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