[10,440] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙA'.
Ἐν δὲ τῇ δευτέρᾳ ὁ αὐτὸς (440) Πολύβιος ἱστορεῖ Ἄγρωνα τὸν Ἰλλυριῶν βασιλέα
ἡσθέντα ἐπὶ τῷ νενικηκέναι τοὺς μέγα φρονοῦντας Αἰτωλοὺς πολυπότην ὄντα καὶ εἰς
μέθας καὶεὐωχίας τραπέντα πλευρίτιδι ληφθέντα ἀποθανεῖν. Ἐν δὲ τῇ ἐνάτῃ καὶ
εἰκοστῇ ὁ αὐτὸς Γενθίωνά φησι τὸν τῶν Ἰλλυριῶν βασιλέα διὰ τὴν πολυποσίαν πολλὰ
ποιεῖν ἀσελγῆ κατὰ τὸν βίον, νύκτωρ τε αἰεὶ καὶ μεθ´ ἡμέραν μεθύοντα.
Ἀποκτείναντα δὲ καὶ Πλεύρατον τὸν ἀδελφὸν γαμεῖν μέλλοντα τὴν Μονουνίου θυγατέρα
αὐτὸν γῆμαι τὴν παῖδα καὶ ὠμῶς χρῆσθαι τοῖς ἀρχομένοις.
(440b) Καὶ Δημήτριον δέ φησι, τὸν ἐκ τῆς Ῥώμης τὴν ὁμηρείαν διαφυγόντα, ἐν τῇ
τρίτῃ καὶ τριακοστῇ βασιλεύσαντα Σύρων πολυπότην ὄντα τὸ πλεῖστον τῆς ἡμέρας
μεθύσκεσθαι. Ὀροφέρνην τε ὀλίγον χρόνον Καππαδοκίας βασιλεύσαντα καὶ παριδόντα
τὰς πατρίους ἀγωγάς φησιν ἐν τῇ τριακοστῇ δευτέρᾳ εἰσαγαγεῖν τὴν Ἰακὴν καὶ
τεχνιτικὴν ἀσωτίαν.
Διόπερ ὁ θειότατος Πλάτων καλῶς νομοθετεῖ ἐν τῷ δευτέρῳ
«Τοὺς παῖδας μέχρι ἐτῶν ὀκτωκαίδεκα τὸ παράπαν οἴνου μὴ γεύεσθαι· (440c) οὐ γὰρ
χρὴ πῦρ ἐπὶ πῦρ ὀχετεύειν· οἴνου δὲ μετρίου γεύεσθαι μέχρι τριάκοντα ἐτῶν, μέθης
δὲ καὶ πολυοινίας τὸ παράπαν τὸν νέον ἀπέχεσθαι· τετταράκοντα δὲ ἐπιβαίνοντα
ἐτῶν ἐν τοῖς συσσιτίοις εὐωχηθέντα καλεῖν τούς τε ἄλλους θεοὺς καὶ δὴ καὶ
Διόνυσον παρακαλεῖν εἰς τὴν τῶν πρεσβυτῶν τελετὴν ἅμα καὶ παιδιάν, ἣν τοῖς
ἀνθρώποις ἐπίκουρον τῆς τοῦ γήρως αὐστηρότητος ἐδωρήσατο τὸν οἶνον φάρμακον,
ὥστε ἀνηβᾶν ἡμᾶς καὶ δυσθυμίας λήθην γίγνεσθαι.»
(440d) Καὶ ἑξῆς δέ φησι·
«Λόγος καὶ φήμη ὑπορρεῖ, ὡς ὁ θεὸς οὗτος ὑπὸ τῆς μητρυιᾶς Ἥρας διεφορήθη τῆς
ψυχῆς τὴν γνώμην· διὸ τάς τε βακχείας καὶ τὴν μανικὴν πᾶσαν ἐμβάλλει χορείαν
τιμωρούμενος, ὅθεν καὶ τὸν οἶνον ἐπὶ τοῦτ´ αὐτὸ δεδώρηται.»
Φάλαικος δ´ ἐν τοῖς ἐπιγράμμασι γυναῖκά τινα ἀναγράφει πολυπότιν Κλεὼ ὄνομα·
«Χρυσῷ τὸν κροκόεντα περιζώσασα χιτῶνα
τόνδε Διωνύσῳ δῶρον ἔδωκε Κλεώ,
οὕνεκα συμποσίοισι μετέπρεπεν· ἶσα δὲ πίνειν
(440e) οὔτις οἱ ἀνθρώπων ἤρισεν οὐδαμά πω.»
ὅτι δὲ φίλοινον τὸ τῶν γυναικῶν γένος κοινόν. Οὐκ ἀχαρίτως δὲ καὶ ὁ Ξέναρχος ἐν
τῷ Πεντάθλῳ γυναῖκά τινα παράγει φρικτότατον ὅρκον ὀμνύουσαν τόνδε·
«Ἐμοὶ γένοιτο σοῦ ζώσης, τέκνον,
ἐλευθέριον πιοῦσαν οἶνον ἀποθανεῖν.»
Παρὰ Ῥωμαίοις δέ, ὥς φησι Πολύβιος ἐν τῇ ἕκτῃ, ἀπείρηται γυναιξὶ πίνειν οἶνον·
τὸ δὲ καλούμενον πάσσον πίνουσι. Τοῦτο δὲ ποιεῖται μὲν ἐκ τῆς ἀσταφίδος καί ἐστι
παραπλήσιος πινόμενος τῷ Αἰγοσθενεῖ τῷ γλυκεῖ καὶ τῷ Κρητικῷ· (440f) διὸ πρὸς τὸ
κατεπεῖγον τοῦ δίψους χρῶνται αὐτῷ. Λαθεῖν δ´ ἐστὶν ἀδύνατον τὴν γυναῖκα πιοῦσαν
οἶνον· πρῶτον μὲν γὰρ οὐδ´ ἔχει οἴνου κυρείαν ἡ γυνή· πρὸς δὲ τούτοις φιλεῖν δεῖ
τοὺς συγγενεῖς τοὺς ἑαυτῆς καὶ τοὺς τοῦ ἀνδρὸς ἕως ἐξανεψιῶν καὶ τοῦτο ποιεῖν
καθ´ ἡμέραν, ὁπόταν ἴδῃ πρῶτον. Λοιπὸν ἀδήλου τῆς ἐντυχίας οὔσης τίσιν ἀπαντήσει
φυλάσσεται·
| [10,440] CHAPITRE XI.
Polybe nous apprend encore, liv. 2, (440) qu'Agron, roi d'Illyrie, tout joyeux
d'avoir vaincu les Étoliens, ce peuple si fier, se livra à la boisson selon son
inclination naturelle, aux plaisirs de la bonne chère, et qu'il mourut d'une
pleurésie. Le même dit, liv. 29, que Gention, autre roi des Illyriens,
s'abandonna pendant sa vie à des désordres affreux par son penchant pour
l'ivrognerie, passant les jours et les nuits à boire. Il tua Pleurate son frère,
qui devait épouser la fille de Ménunius, épousa lui-même cette jeune personne,
et régna sur ses sujets avec cruauté.
(440b) Il écrit aussi, liv. 33, que Démétrius s'étant retiré secrètement de
Rome, où il était en otage, régna sur la Syrie, où il se livra à la boisson,
pendant la plus grande partie du jour. Oropherne, qui régna peu de temps sur la
Cappadoce, selon le même historien, liv. 32, ayant perdu de vue les usages de
son pays, y introduisit la licence de l'Ionie, et les désordres des artisans de Bacchus.
Le divin Platon défend donc bien à propos, dans son second livre des
Lois, de faire même goûter du vin aux enfants (440c) jusqu'à l'âge de dix-huit
ans, parce qu'il ne faut pas donner de jour au feu. Il permet un peu de vin
depuis cet âge jusqu'à trente ans; mais il veut qu'un jeune homme se garde
absolument de prendre du vin jusqu'à s'enivrer. Lorsqu'il est arrivé au terme de
quarante ans, s'il se trouve à quelques festins, il invoquera les dieux ; mais
il adressera surtout ses prières à Bacchus, lui demandant d'être favorable à la
fête et aux amusements de la vieillesse ; en faveur de laquelle il a donné le
vin pour égayer l'austérité de cet âge, et comme un puissant moyen de nous
rajeunir à certain point; en outre, de faire oublier le chagrin.
(440d) Il dit plus loin : c'est une opinion généralement répandue que ce dieu
eut la cervelle troublée par sa belle-mère Junon. Voilà pourquoi il inspire une
fureur bachique, et toute espèce de danse extravagante. Il n'a donc fait présent
du vin que pour cet effet, et comme par vengeance.
Le poète Phalaeque parle ainsi d'une femme ivrognesse, qu'il nomme Cléo
dans ses Épigrammes :
«Cléo a donné à Bacchus sa robe de couleur de safran, à fonds d'or, dont elle
s'habillait habituellement, parce qu'elle a toujours pu se distinguer dans les
festins, (440e) et que personne, ni seul, ni secondé par d'autres, n'a pu tenir
contre elle le verre à la main.»
Or, on sait que les femmes ne haïssent pas le vin. Xénarque fait paraître fort
plaisamment sur la scène une femme qui fait le plus grand serment. Voici le
passage de son Pentathle :
«Puissé-je mourir de ton vivant, mon enfant, après avoir bu du vin libre, si, etc.»
Polybe dit, au livre 6, qu'il est défendu aux femmes romaines de boire du vin,
proprement dit ; mais qu'on leur permet le "passum", liqueur faite de raisins
presque secs, et semblable pour le goût au vin doux d'Egosthène, et à la
malvoisie. (440f) C'est donc avec ce vin qu'elles étanchent la soif lorsqu'elle
les presse; mais il est impossible qu'une femme romaine boive du vin sans qu'on
s'en aperçoive. D'abord elle n'a jamais le vin sous sa direction; ensuite, elle
doit baiser sur la bouche, et tous les jours, ses parents, ceux de son mari,
jusque même aux cousins, la première fois qu'elle les voit dans la journée. Il
ne lui reste donc d'autre parti à prendre que de s'en abstenir, ne sachant si
elle ne rencontrera pas quelqu'un d'entre eux.
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