[10,433] πρὸς τὴν τερπνοτάτην τε θεῶν θνητοῖς Ὑγίειαν,
καὶ τὴν Εὐσεβίης γείτονα Σωφροσύνην.»
Ἑξῆς τε πάλιν φησίν·
«Αἱ γὰρ ὑπὲρ τὸ μέτρον κυλίκων προπόσεις παραχρῆμα
τέρψασαι λυποῦς´ εἰς τὸν ἅπαντα χρόνον.
(433b) Ἡ Λακεδαιμονίων δὲ δίαιθ´ ὁμαλῶς διάκειται,
ἔσθειν καὶ πίνειν σύμμετρα πρὸς τὸ φρονεῖν
καὶ τὸ πονεῖν εἶναι δυνατούς· οὔκ ἐστ´ ἀπότακτος
ἡμέρα οἰνῶσαι σῶμ´ ἀμέτροισι πότοις.»
Φίλοινος δ´ ἐστὶν ὁ πρὸς οἶνον ἕτοιμος, φιλοπότης δὲ ὁ πρὸς πότους,
κωθωνιστὴς δὲ ὁ μέχρι μέθης. Πλεῖστον δὲ ἔπινε τῶν μὲν ἡρώων Νέστωρ ὁ τριγέρων·
φανερῶς γὰρ αὐτὸς προσέκειτο τῶν ἄλλων μᾶλλον τῷ οἴνῳ καὶ τοῦ Ἀγαμέμνονος αὐτοῦ,
ὃν ὡς πολυπότην ἐπιπλήσσει ὁ Ἀχιλλεύς. Ὁ δὲ Νέστωρ καὶ τῆς μεγίστης μάχης
ἐνεστηκυίας οὐκ ἀπέχεται (καὶ) τοῦ πίνειν. (433c) Φησὶ γοῦν Ὅμηρος·
«Νέστορα δ´ οὐκ ἔλαθεν ἰαχὴ πίνοντά περ ἔμπης.»
Καὶ μόνου δὲ τούτου τῶν ἡρώων τὸ ποτήριον ἡρμήνευκεν, ὡς τὴν Ἀχιλλέως ἀσπίδα.
Ἐστρατεύετο γὰρ μετ´ αὐτοῦ καθάπερ καὶ τῆς ἀσπίδος ἐκείνης, ἧς φησιν ὁ Ἕκτωρ καὶ
μέχρι οὐρανοῦ ἥκειν τὸ κλέος. Οὐκ ἂν ἁμάρτοι δέ τις καὶ τὸ ποτήριον αὐτοῦ λέγων
φιάλην Ἄρεως κατὰ τὸν Ἀντιφάνους Καινέα, ἐν ᾧ λέγεται οὕτως·
«Εἶτ´ ἤδη δὸς φιάλην (τὸ ὅπλον) Ἄρεως,
κατὰ Τιμόθεον, ξυστόν τε βέλος. »
Ἀλλὰ μὴν καὶ διὰ τὴν φιλοποσίαν ὁ Νέστωρ (433d) καὶ παρ´ Ἀχιλλέως φιάλην
λαμβάνει δῶρον ἐν τῷ ἐπὶ Πατρόκλῳ ἐπιτελουμένῳ ἀγῶνι, οὐχ ὅτι καὶ οὐχὶ τῷ
νικηθέντι ἔδωκε δέπας ὁ Ἀχιλλεύς (τοῖς γὰρ φιλοπόταις οὐ παρέπεται τὸ νικᾶν διὰ
τὸ ῥᾴθυμον) ἢ ὅτι διὰ δίψαν μάλιστα λείπονται οἱ πύκται διὰ τὸ βαρεῖσθαι τὰς
χεῖρας ἀνατείνοντες. Ὁ δὲ Εὔμηλος λαμβάνει θώρακα δραμὼν ἆθλον ἐπισφαλῶς καὶ
ἀμυχθείς, ἀσφαλείας ὅπλον.
(433e) Τῆς δὲ δίψης οὐδέν ἐστι πολυποθητότερον. Διόπερ καὶ τὸ Ἄργος
πολυδίψιον ὁ ποιητὴς ἔφη, τὸ πολυπόθητον διὰ τὸν χρόνον. Τὸ δίψος γὰρ πᾶσιν
ἰσχυρὰν ἐπιθυμίαν ἐμποιεῖ τῆς περιττῆς ἀπολαύσεως. Διὸ καὶ ὁ Σοφοκλῆς φησι·
«Διψῶντι γάρ τοι πάντα προσφέρων σοφὰ
οὐκ ἂν πλέον τέρψειας ἢ πιεῖν διδούς.»
Καὶ ὁ Ἀρχίλοχος·
«Μάχης δὲ τῆς σῆς, ὥστε διψέων πιεῖν,
ὣς ἐρέω.»
(433f) Καὶ τῶν τραγικῶν δέ τις ἔφη·
«Ἴσχειν κελεύω χεῖρα διψῶσαν φόνου.»
Καὶ Ἀνακρέων·
«Φίλη γὰρ εἶς ξείνοις· ἔασον δέ με διψῶντα πιεῖν.»
Καὶ Ξενοφῶν δ´ ἐν τῷ τρίτῳ τῆς Παιδείας ποιεῖ τὸν Κῦρον τάδε λέγοντα·
«Ἐγὼ ὑμῖν διψῶ χαρίσασθαι.»
Πλάτων δ´ ἐν τῇ Πολιτείᾳ·
«Ὅταν οἶμαι δημοκρατουμένη πόλις ἐλευθερίας διψήσασα κακῶν οἰνοχόων
προστατούντων τύχῃ καὶ πορρωτέρω τοῦ δέοντος ἀκράτου μεθυσθῇ.»
| [10,433] enfin, le vin fortifie alors la santé, ce précieux présent que les dieux
font aux mortels, et l'on n'oublie pas la sagesse qui est toujours voisine de la piété.»
Il dit encore :
«La boisson poussée outre mesure, en saluant les convives, ne fait d'abord
plaisir que pour affliger le reste de la vie. (433b) Mais la manière de vivre
des Lacédémoniens est toujours uniforme : c'est boire, manger publiquement avec
modération ; être toujours en état de travailler. N'est-ce pas au contraire un
dérèglement que de se surcharger le corps de vin pendant le jour!»
On appelle g-philoinos, en grec, celui qui aime le vin; g-philopotehs celui qui
se plaît à boire, et g-kohthohnistehs, celui qui se met souvent en débauche avec le
vin. Nestor, trois fois vieux, comme on dit, était celui qui buvait le plus des
héros : car il était plus que tout autre adonné au vin, sans excepter même
Agamemnon, à qui Achille reproche de boire immodérément. A la veille même du
combat le plus sanglant, Nestor ne s'abstenait pas de boire. (433c) C'est ce
qu'Homère fait entendre dans ce vers:
«Le cri tumultueux des combattants fut entendu de Nestor, tout occupé qu'il
était à boire.»
C'est même de Nestor seul que le poète a décrit le vase à boire; comme Achille
est le seul dont il ait commenté le bouclier. En effet, Nestor ne quittait pas
son vase dans les expéditions militaires, comme Achille ne paraissait pas sans
son bouclier, «dont la gloire, disait Hector, brillait jusqu'au ciel.» Ce ne
serait même pas se tromper que d'appeler ce vase de Nestor la coupe de Mars,
selon le Cénée d'Antiphane, qui s'y exprime ainsi :
«Il demanda tout craintif la coupe, arme de Mars, selon Timothée, et le javelot
bien poli.»
Comme Nestor aimait le vin, (433d) Achille lui fit présent d'une coupe aux jeux
des funérailles de Patrocle, mais non qu'il y eût remporté quelque chose;
d'ailleurs, Achille n'a-t-il pas aussi donné une coupe au pugil qui avait été
vaincu, soit parce qu'il aimait à boire, car la victoire n'accompagne pas les
buveurs, vu le relâchement total que leur cause le vin ; soit parce qu'il avait
soif : or, c'est surtout la soif qui devient préjudiciable à ces gens, en leur
abattant les bras lorsqu'ils veulent les porter contre leur adversaire. D'un
autre côté, Eumèle reçut pour prix une cuirasse, arme faite pour la sûreté, car
il avait fait une chute dangereuse en courant, et s'en était tiré avec peine.
(433e) J'observerai qu'il n'y a pas de désir plus pressant que celui de
la soif; c'est pourquoi Homère appelle Argos Polydipsion, voulant marquer
l'ardent désir que les Grecs avaient de revoir cette ville depuis longtemps, car
la soif prise généralement pour désir, donne généralement la plus grande envie
de jouir de la chose désirée. C'est ce qui fit dire à Sophocle :
«Quelques sages réflexions que vous produisiez à celui qui a soif, vous ne lui
en ferez pas plus de plaisir si vous ne lui donnez pas à boire.»
Archiloque a dit:
«J'ai autant d'envie d'en venir aux mains avec toi, qu'un homme pressé par la
soif désire de boire.»
Et Anacréon:
«Car tu aimes les étrangers; permets-moi donc de boire à ma soif.»
Un des poètes tragiques a dit au sens figuré.
«Je t'ordonne d'arrêter ta main altérée de sang.»
Xénophon, dans sa Cyropédie, liv. 3, fait ainsi parler Cyrus :
«J'ai soif (je brûle d'envie) de vous accorder cette faveur.»
Platon dit, dans sa République (liv. 8) :
«Il me semble que quand une ville républicaine à soif de (désire ardemment ) la
liberté, si par hasard elle n'a que de mauvais échansons pour la régler, et
qu'elle boive beaucoup plus de vin pur qu'il ne lui en faut, etc.»
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