[10,432] Σχεδὸν γὰρ ἄδηλον ὁποία νὺξ ἢ φῶς αὐτὸ γεννήσει. »
Κἀν τῷ αʹ δὲ τῶν Νόμων φησί·
«Μέθης δὲ αὐτῆς, ὥσπερ Λυδοὶ χρῶνται καὶ Πέρσαι καὶ Καρχηδόνιοι καὶ Κελτοὶ καὶ
Ἴβηρες καὶ Θρᾷκες καὶ τὰ τοιαῦτα γένη, καθάπερ ὑμεῖς, ὦ Λακεδαιμόνιοι, τὸ
παράπαν ἀπέχεσθε. Σκύθαι δὲ καὶ Θρᾷκες ἀκράτῳ παντάπασι χρώμενοι, γυναῖκές τε
καὶ πάντες αὐτοί, καὶ κατὰ τῶν ἱματίων καταχεόμενοι καλὸν καὶ εὔδαιμον
ἐπιτήδευμα ἐπιτηδεύειν νενομίκασι. Πέρσαι δὲ καὶ σφόδρα μὲν χρῶνται καὶ ταῖς
ἄλλαις τρυφαῖς, ἃς ὑμεῖς ἀποβάλλετε, ἐν τάξει δὲ μᾶλλον τούτων.»
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Η'.
(432b) Ἔπινον (οἱ) πολλοὶ καὶ ἄλφιτα ἐπιβάλλοντες τῷ οἴνῳ, ὡς ὁ Δελφὸς
Ἡγήσανδρος φησίν. Ἐπίνικος γοῦν, Μνησιπτολέμου ἀνάγνωσιν ποιησαμένου τῶν
ἱστοριῶν, ἐν αἷς ἐγέγραπτο ὡς Σέλευκος ἐπηλφίτωσε, γράψας δρᾶμα Μνησιπτόλεμον
καὶ κωμῳδῶν αὐτὸν καὶ περὶ τῆς πόσεως ταῖς ἐκείνου χρώμενος φωναῖς ἐποίησε
λέγοντα·
«Ἐπ´ ἀλφίτου πίνοντα τοῦ θέρους ποτὲ
(432c) ἰδὼν Σέλευκον ἡδέως τὸν βασιλέα
ἔγραψα καὶ παρέδειξα τοῖς πολλοῖς ὅτι
κἂν τὸ τυχὸν ᾖ πραγμάτιον ἢ σφόδρ´ εὐτελές,
σεμνὸν δύναται τοῦθ´ ἡ δύναμις ἡ ´μὴ ποιεῖν.
’Γέροντα Θάσιον τόν τε γῆς ἀπ´ Ἀτθίδος
ἑσμὸν μελίσσης τῆς ἀκραχόλου γλυκὺν
συγκυρκανήσας ἐν σκύφῳ χυτῆς λίθου,
Δήμητρος ἀκτῇ πᾶν γεφυρώσας ὑγρόν,
κατῃσίμωσα πῶμα, καύματος λύσιν.‘ »
Ὁ δ´ αὐτὸς ἱστορεῖ κἀν Θηράσι ταῖς νήσοις ἐπιπάττοντας λέκιθον ἀντὶ ἀλφίτου
πίνειν, (432d) καὶ λέγεσθαι ταύτην τὴν πόσιν καλλίονα τῆς ἐξ ἀλφίτων.
Προπόσεις δὲ τὰς γινομένας ἐν τοῖς συμποσίοις Λακεδαιμονίοις οὐκ ἦν ἔθος
ποιεῖν οὐδὲ φιλοτησίας διὰ τούτων πρὸς ἀλλήλους ποιεῖσθαι. Δηλοῖ δὲ ταῦτα
Κριτίας ἐν τοῖς ἐλεγείοις·
«Καὶ τόδ´ ἔθος Σπάρτῃ μελέτημά τε κείμενόν ἐστι
πίνειν τὴν αὐτὴν οἰνοφόρον κύλικα,
μηδ´ ἀποδωρεῖσθαι προπόσεις ὀνομαστὶ λέγοντα
(432e) μηδ´ ἐπὶ δεξιτερὰν χεῖρα κύκλῳ θιάσου ...
(ἄγγεα Λυδὴ χεὶρ εὗρ´ Ἀσιατογενὴς)
καὶ προπόσεις ὀρέγειν ἐπιδέξια καὶ προκαλεῖσθαι
ἐξονομακλήδην ᾧ προπιεῖν ἐθέλει.
Εἶτ´ ἀπὸ τοιούτων πόσεων γλώσσας τε λύουσιν
εἰς αἰσχροὺς μύθους σῶμά τ´ ἀμαυρότερον
τεύχουσιν· πρὸς δ´ ὄμματ´ ἀχλὺς ἀμβλωπὸς ἐφίζει·
λῆστις δ´ ἐκτήκει μνημοσύνην πραπίδων·
(432f) νοῦς δὲ παρέσφαλται· δμῶες δ´ ἀκόλαστον ἔχουσιν
ἦθος· ἐπεισπίπτει δ´ οἰκοτριβὴς δαπάνη.
Οἱ Λακεδαιμονίων δὲ κόροι πίνουσι τοσοῦτον
ὥστε φρέν´ εἰς ἱλαρὰν ἐλπίδα πάντας ἄγειν
εἴς τε φιλοφροσύνην γλῶσσαν μέτριόν τε γέλωτα.
Τοιαύτη δὲ πόσις σώματί τ´ ὠφέλιμος
γνώμῃ τε κτήσει τε· καλῶς δ´ εἰς ἔργ´ Ἀφροδίτης
πρός θ´ ὕπνον ἥρμοσται, τὸν καμάτων λιμένα,
| [10,432] car ils ignorent toujours quel nuit ou quel jour a été conçu l'enfant qui doit
naître d'eux.
Il dit encore dans ses Lois, liv. 11 :
«Lacédémoniens, autant vous vous gardez de vous enivrer, autant les Lydiens,
les Perses, les Carthaginois, les Celtes, les Ibériens, les Thraces et autres
peuples sont abandonnés à l'ivresse. Les Scythes et les Thraces boivent toujours
le vin pur, tant hommes que femmes, et en versent sur les habits des convives,
pensant faire quelque chose de bien beau, et se félicitent ainsi réciproquement,
en suivant avec zèle cet usage. Quant aux Perses, ils se livrent encore à
d'autres agréments voluptueux que vous rejetez sévèrement. »
CHAP. IX.
(432b) Mais nombre d'autres buvaient beaucoup plus modérément que
ceux-là, et jetaient de la farine dans leur vin, comme le dit Hégésandre de
Delphe. Mnésiptolémée avait fait un recueil de ses lectures historiques, et y
remarquait que le roi Séleucus y buvait du vin mêlé de farine. Epinicus en prit
occasion de faire une comédie du nom même de Mnésiptolémée qu'il y persifla, se
servant des mêmes termes que lui pour exprimer cette boisson. Il y dit donc :
(432c) «Voyant le roi Séleucus se régaler de vin enfariné, pendant un jour
d'été, je me suis mis à écrire, et j'ai montré que ce fait tout ordinaire, et si
peu important qu'il est, pouvait être présenté avec certaine noblesse par mon
talent poétique. Je mêlai donc, dans un gobelet de terre vitrifiée, du vieux vin
de Thase, un rayon savoureux de miel fait par l'abeille qui va paître sur les
fleurs du pays d'Attique; puis y délayant de la farine, je m'en préparai une
boisson lubréfiante pour dissiper l'ardeur de la soif.»
Le même rapporte que dans les îles Thérasies quelques-uns mêlent avec le vin un
jaune d'œuf au lieu de farine, (432d) et que cette boisson passe pour être plus
agréable que celle qui est à la farine.
Les Lacédémoniens ne connaissaient pas le verre de vin (proposis) qu'on
buvait à la ronde en se mettant à table, et ne se portaient pas de santé les uns
aux autres, le verre à la main. C'est ce que Critias fait voir dans ses Élégies.
«C'est un usage généralement observé à Sparte que tous boivent à table le vin
dans le même vaisseau où il est présenté. On n'y porte pas de santé en nommant
la personne à qui l'on boit, (432e) et l'on n'y fait pas circuler le verre à la
ronde parmi les convives, en allant à droite. Mais les Lydiens .... ont pour
usage de porter des santés en présentant les verres à droite, et de nommer celui
a qui ils veulent boire. Après avoir ainsi bu, ils donnent libre carrière à leur
langue sur des sujets obscènes, et s'énervent de plus en plus le corps; des
nuages obscurs se fixent sur leurs yeux; l'oubli leur fait perdre de vue les
égards qu'ils se doivent; (432f) leur esprit s'égare ; leurs serviteurs se
comportent avec insolence : enfin, ils se jettent dans des dépenses qui ruinent
leurs maisons. Les jeunes Lacédémoniens, au contraire, ne boivent qu'autant qu'il
faut pour que chacun d'entre eux quitte alors son bouclier, afin de se livrer à
la gaieté, aux charmes d'une aimable conversation, où jamais on ne rit
immodérément. C'est en buvant ainsi qu'on rend le vin utile au corps, à
l'esprit, et qu'on ménage sa fortune : on est en état d'avoir de la postérité,
et on s'abandonne avec avantage au sommeil, qui est comme le port du travail ;
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