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[28] 28.1
Εἰ μὲν τὸ σῶμά σού τις ἐπέτρεπε τῷ ἀπαντήσαντι, ἠγανάκτεις ἄν· ὅτι δὲ σὺ τὴν
γνώμην τὴν σεαυτοῦ ἐπιτρέπεις τῷ τυχόντι, ἵνα, ἐὰν λοιδορήσηταί σοι, ταραχθῇ
ἐκείνη καὶ συγχυθῇ, οὐκ αἰσχύνῃ τούτου ἕνεκα;
| [28] Si on confiait ton corps au premier venu, tu serais indigné ; et toi,
quand tu confies ton âme au premier venu, pour qu’il la trouble et la
bouleverse par ses injures, tu n’en as pas de honte ?
| [29] 29.1
Ἑκάστου ἔργου σκόπει τὰ καθηγούμενα καὶ τὰ ἀκόλουθα αὐτοῦ καὶ οὕτως ἔρχου ἐπ'
αὐτό. εἰ δὲ μή, τὴν μὲν πρώτην προθύμως ἥξεις ἅτε μηδὲν τῶν ἑξῆς ἐντεθυμημένος,
ὕστερον δὲ ἀναφανέντων δυσχερῶν τινων αἰσχρῶς ἀποστήσῃ.
29.2
θέλεις Ὀλύμπια νικῆσαι; κἀγώ, νὴ τοὺς θεούς· κομψὸν γάρ ἐστιν. ἀλλὰ σκόπει τὰ
καθηγούμενα καὶ τὰ ἀκόλουθα καὶ οὕτως ἅπτου τοῦ ἔργου. δεῖ σ' εὐτακτεῖν,
ἀναγκοτροφεῖν, ἀπέχεσθαι πεμμάτων, γυμνάζεσθαι πρὸς ἀνάγκην, ἐν ὥρᾳ
τεταγμένῃ, ἐν καύματι, ἐν ψύχει, μὴ ψυχρὸν πίνειν, μὴ οἶνον, ὡς ἔτυχεν, ἁπλῶς ὡς
ἰατρῷ παραδεδωκέναι σεαυτὸν τῷ ἐπιστάτῃ, εἶτα ἐν τῷ ἀγῶνι παρορύσσεσθαι, ἔστι δὲ
ὅτε χεῖρα ἐκβαλεῖν, σφυρὸν στρέψαι, πολλὴν ἁφὴν καταπιεῖν, ἔσθ' ὅτε μαστιγωθῆναι
καὶ μετὰ τούτων πάντων νικηθῆναι.
29.3
ταῦτα ἐπισκεψάμενος, ἂν ἔτι θέλῃς, ἔρχου ἐπὶ τὸ ἀθλεῖν. εἰ δὲ μή, ὡς τὰ παιδία
ἀναστραφήσῃ, ἃ νῦν μὲν παλαιστὰς παίζει, νῦν δὲ μονομάχους, νῦν δὲ σαλπίζει, εἶτα
τραγῳδεῖ· οὕτω καὶ σὺ νῦν μὲν ἀθλητής, νῦν δὲ μονομάχος, εἶτα ῥήτωρ, εἶτα
φιλόσοφος, ὅλῃ δὲ τῇ ψυχῇ οὐδέν· ἀλλ' ὡς πίθηκος πᾶσαν θέαν, ἣν ἂν ἴδῃς, μιμῇ καὶ
ἄλλο ἐξ ἄλλου σοι ἀρέσκει. οὐ γὰρ μετὰ σκέψεως ἦλθες ἐπί τι οὐδὲ περιοδεύσας, ἀλλ'
εἰκῇ καὶ κατὰ ψυχρὰν ἐπιθυμίαν.
29.4
οὕτω θεασάμενοί τινες φιλόσοφον καὶ ἀκούσαντες οὕτω τινὸς λέγοντος, ὡς Εὐφράτης
λέγει (καίτοι τίς οὕτω δύναται εἰπεῖν, ὡς ἐκεῖνος;), θέλουσι καὶ αὐτοὶ φιλοσοφεῖν.
29.5
ἄνθρωπε, πρῶτον ἐπίσκεψαι, ὁποῖόν ἐστι τὸ πρᾶγμα· εἶτα καὶ τὴν σεαυτοῦ φύσιν
κατάμαθε, εἰ δύνασαι βαστάσαι. πένταθλος εἶναι βούλει ἢ παλαιστής; ἴδε σεαυτοῦ
τοὺς βραχίονας, τοὺς μηρούς, τὴν ὀσφὺν κατάμαθε.
29.6
ἄλλος γὰρ πρὸς ἄλλο πέφυκε. δοκεῖς, ὅτι ταῦτα ποιῶν ὡσαύτως δύνασαι ἐσθίειν,
ὡσαύτως πίνειν, ὁμοίως ὀρέγεσθαι, ὁμοίως δυσαρεστεῖν; ἀγρυπνῆσαι δεῖ, πονῆσαι,
ἀπὸ τῶν οἰκείων ἀπελθεῖν, ὑπὸ παιδαρίου καταφρονηθῆναι, ὑπὸ τῶν ἀπαντώντων
καταγελασθῆναι, ἐν παντὶ ἧττον ἔχειν, ἐν τιμῇ, ἐν ἀρχῇ, ἐν δίκῃ, ἐν πραγματίῳ παντί.
29.7
ταῦτα ἐπίσκεψαι. εἰ θέλεις ἀντικαταλλάξασθαι τούτων ἀπάθειαν, ἐλευθερίαν,
ἀταραξίαν· εἰ δὲ μή, μὴ προσάγαγε. μὴ ὡς τὰ παιδία νῦν φιλόσοφος, ὕστερον δὲ
τελώνης, εἶτα ῥήτωρ, εἶτα ἐπίτροπος Καίσαρος. ταῦτα οὐ συμφωνεῖ. ἕνα σε δεῖ
ἄνθρωπον ἢ ἀγαθὸν ἢ κακὸν εἶναι· ἢ τὸ ἡγεμονικόν σε δεῖ ἐξεργάζεσθαι τὸ σαυτοῦ ἢ
τὸ ἐκτὸς ἢ περὶ τὰ ἔσω φιλοτεχνεῖν ἢ περὶ τὰ ἔξω· τοῦτ' ἔστιν ἢ φιλοσόφου τάξιν
ἐπέχειν ἢ ἰδιώτου.
| [29] 1. Dans toute affaire, examine bien les antécédents et les
conséquents, et alors entreprends. Sinon, tu seras d’abord plein de feu,
parce que tu n’as pas réfléchi à l’enchaînement des choses ; et plus tard,
quand quelques difficultés se produiront, tu renonceras honteusement. 2.
Tu veux être vainqueur aux jeux olympiques ? Et moi aussi, de par
les dieux ; car c’est une belle chose. Mais examine bien les
antécédents et les conséquents, et alors entreprends. Il faut obéir à une
discipline, manger de force, t’abstenir de gâteau, faire des
exercices forcés, à des heures réglées, par le chaud, par le froid, ne
boire ni eau fraîche ni vin indifféremment, en un mot, te mettre entre les
mains du dresseur comme entre celles d’un médecin ; puis, dans l’arène, il
faut creuser des fosses, quelquefois se démettre un bras, se donner
une entorse, avaler force poussière, quelquefois être fouetté, et
avec tout cela être vaincu. 3. Quand tu auras bien pesé tout cela, si tu
persistes, fais-toi athlète. Sinon, tu seras comme les petits enfants qui
jouent tantôt au lutteur, tantôt au gladiateur, qui tantôt sonnent de la
trompette, tantôt déclament ; de même, tu seras tantôt athlète, tantôt
gladiateur, puis rhéteur, ensuite philosophe, et jamais rien du fond de
l’âme ; tu imiteras comme un singe tout ce que tu verras faite, et chaque
chose te plaira à son tour. C’est qu’avant d’entreprendre tu n’as pas bien
examiné, retourné la chose sous toutes ses faces ; tu vas au hasard et
sans désirer vivement. 4. C’est ainsi que certaines gens pour avoir vu un
philosophe, pour avoir entendu parler comme parle Euphrate (et
pourtant qui peut parler comme Euphrate ?), veulent aussi être
philosophes. 5. Mais, pauvre homme, examine d’abord ce que c’est que
d’être philosophe ; ensuite étudie ta propre nature, pour voir si tu es de
force. Tu veux être pentathle ou lutteur ? Considère tes bras, tes
cuisses, examine tes reins. L’un est doué pour une chose, l’autre pour une
autre. 6. Crois-tu qu’en te faisant philosophe tu peux manger et boire de
la même manière, avoir les mêmes désirs, les mêmes aversions ? Il
faut veiller, peiner, te séparer des tiens, t’exposer au mépris d’un petit
esclave, aux risées des passants, avoir le dessous partout, en honneurs,
en dignités, devant les juges, enfin en toute chose. 7. Pèse bien tout
cela. Maintenant si tu tiens à avoir en échange l’impassibilité, la
liberté, le calme, c’est bien ; sinon, retire-toi. Ne fais pas comme les
enfants ; ne sois pas maintenant philosophe, ensuite percepteur, puis
rhéteur, puis procurateur de César. Tout cela ne saurait
s’accorder. Il faut que tu sois un, ou vertueux ou vicieux ; il faut
cultiver ou ton âme ou les choses du dehors, t’appliquer ou aux choses
intérieures ou aux choses extérieures, c’est-à-dire, rester ou philosophe
ou non philosophe.
| [30] 30.1
Τὰ καθήκοντα ὡς ἐπίπαν ταῖς σχέσεσι παραμετρεῖται. πατήρ ἐστιν· ὑπαγορεύεται
ἐπιμελεῖσθαι, παραχωρεῖν ἁπάντων, ἀνέχεσθαι λοιδοροῦντος, παίοντος. ‘ἀλλὰ πατὴρ
κακός ἐστι’. μή τι οὖν πρὸς ἀγαθὸν πατέρα φύσει ᾠκειώθης; ἀλλὰ πρὸς πατέρα. ‘ὁ
ἀδελφὸς ἀδικεῖ.’ τήρει τοιγαροῦν τὴν τάξιν τὴν σεαυτοῦ πρὸς αὐτὸν μηδὲ σκόπει, τί
ἐκεῖνος ποιεῖ, ἀλλὰ τί σοὶ ποιήσαντι κατὰ φύσιν ἡ σὴ ἕξει προαίρεσις· σὲ γὰρ ἄλλος οὐ
βλάψει, ἂν μὴ σὺ θέλῃς· τότε δὲ ἔσῃ βεβλαμμένος, ὅταν ὑπολάβῃς βλάπτεσθαι. οὕτως
οὖν ἀπὸ τοῦ γείτονος, ἀπὸ τοῦ πολίτου, ἀπὸ τοῦ στρατηγοῦ τὸ καθῆκον εὑρήσεις, ἐὰν
τὰς σχέσεις ἐθίζῃ θεωρεῖν.
| [30] Pour faire son office, il faut se régler ordinairement sur les rapports de
corrélation. C’est ton père ; il t’est prescrit d’en prendre soin, de lui
céder en tout, de supporter ses injures, ses coups. — « Mais c’est un
mauvais père. » — Est-ce avec un bon père que la nature t’a mis en rapport
intime ? C’est avec un père. — « Mon frère me fait tort. » — Eh bien,
alors observe les rapports qui sont établis entre toi et lui ; ne t’occupe
pas de ce qu’il fait, mais de ce que tu dois faire pour que ta volonté
soit dans un état conforme à la nature : un autre ne te nuira pas, si tu
ne veux pas ; mais on t’aura nui, si tu juges qu’on te nuit. De même avec
les autres : si tu prends l’habitude de considérer les rapports de
corrélation qui sont entre toi et un autre en tant que voisin, concitoyen,
préteur, tu trouveras quel est ton office.
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