[2,6] Περὶ ἀδιαφορίας.
Τὸ συνημμένον ἀδιάφορον· ἡ κρίσις ἡ περὶ αὐτοῦ
οὐκ ἀδιάφορος, ἀλλ´ ἢ ἐπιστήμη ἢ δόξα ἢ ἀπάτη. οὕτως
τὸ ζῆν ἀδιάφορον, ἡ χρῆσις οὐκ ἀδιάφορος. μή ποτ´
οὖν, ὅταν εἴπῃ τις ὑμῖν ἀδιαφορεῖν καὶ ταῦτα, ἀμελεῖς
γίνεσθε, μήθ´ ὅταν εἰς ἐπιμέλειάν τις ὑμᾶς παρακαλῇ,
ταπεινοὶ καὶ τᾶς ὕλας τεθαυμακότες. καλὸν δὲ καὶ τὸ
εἰδέναι τὴν αὑτοῦ παρασκευὴν καὶ δύναμιν, ἵν´ ἐν οἷς
μὴ παρεσκεύασαι, ἡσυχίαν ἄγῃς μηδ´ ἀγανακτῇς, εἴ
τινες ἄλλοι πλεῖόν σου ἔχουσιν ἐν ἐκείνοις. καὶ γὰρ σὺ
ἐν συλλογισμοῖς πλεῖον ἀξιώσεις σεαυτὸν ἔχειν κἂν
ἀγανακτῶσιν ἐπὶ τούτῳ, παραμυθήσῃ αὐτούς· ‘ἐγὼ ἔμαθον,
ὑμεῖς δ´ οὔ’. οὕτως καί, ὅπου τινὸς χρεία τριβῆς,
μὴ ζήτει τὸ ἀπὸ τῆς χρείας περιγινόμενον, ἀλλ´ ἐκείνου
μὲν παραχώρει τοῖς περιτετριμμένοις, σοὶ δ´ ἀρκείτω
τὸ εὐσταθεῖν.
‘Ἄπελθε καὶ ἄσπασαι τὸν δεῖνα.’ ‘ἀσπάζομαι.’
‘πῶς;’ ‘οὐ ταπεινῶς.’ ‘ἀλλ´ ἐξεκλείσθης.’ ‘διὰ θυρίδος
γὰρ οὐκ ἔμαθον εἰσέρχεσθαι. ὅταν δὲ κεκλειμένην
εὕρω τὴν θύραν, ἀνάγκη μ´ ἢ ἀποχωρῆσαι ἢ διὰ τῆς
θυρίδος εἰσελθεῖν’. ‘ἀλλὰ καὶ λάλησον αὐτῷ.’ ‘λαλῶ.’
‘τίνα τρόπον;’ ‘οὐ ταπεινῶς.’ ‘ἀλλ´ οὐκ ἐπέτυχες.’ μὴ
γὰρ σὸν τοῦτο τὸ ἔργον ἦν; ἀλλ´ ἐκείνου. τί οὖν
ἀντιποιῇ τοῦ ἀλλοτρίου; ἀεὶ μεμνημένος ὅ τι σὸν καὶ
τί ἀλλότριον {καὶ} οὐ ταραχθήσῃ. διὰ τοῦτο καλῶς ὁ
Χρύσιππος λέγει ὅτι ‘μέχρις ἂν ἄδηλά μοι ᾖ τὰ
ἑξῆς, ἀεὶ τῶν εὐφυεστέρων ἔχομαι πρὸς τὸ τυγχάνειν τῶν
κατὰ φύσιν· αὐτὸς γάρ μ´ ὁ θεὸς
ἐποίησεν τούτων ἐκλεκτικόν. εἰ δέ γε ᾔδειν ὅτι
νοσεῖν μοι καθείμαρται νῦν, καὶ ὥρμων ἂν ἐπ´
αὐτό· καὶ γὰρ ὁ πούς, εἰ φρένας εἶχεν, ὥρμα ἂν
ἐπὶ τὸ πηλοῦσθαι.’
Ἐπεί τοι τίνος ἕνεκα γίνονται στάχυες; οὐχ ἵνα καὶ
ξηρανθῶσιν; ἀλλὰ ξηραίνονται μέν, οὐχ ἵνα δὲ καὶ
θερισθῶσιν; οὐ γὰρ ἀπόλυτοι γίνονται. εἰ οὖν αἴσθησιν εἶχον,
εὔχεσθαι αὐτοὺς ἔδει, ἵνα μὴ θερισθῶσιν μηδέποτε; τοῦτο δὲ
κατάρα ἐστὶν ἐπὶ σταχύων τὸ μηδέποτε θερισθῆναι.
οὕτως ἴστε ὅτι καὶ ἐπ´ ἀνθρώπων
κατάρα ἐστὶ τὸ μὴ ἀποθανεῖν· ὅμοιον τῷ μὴ πεπανθῆναι, μὴ
θερισθῆναι. ἡμεῖς δ´ ἐπειδὴ οἱ αὐτοί ἐσμεν,
ἅμα μὲν οὓς δεῖ θερισθῆναι, ἅμα δὲ καὶ αὐτῷ τούτῳ
παρακολουθοῦντες ὅτι θεριζόμεθα, διὰ τοῦτο ἀγανακτοῦμεν.
οὔτε γὰρ ἴσμεν τίνες ἐσμὲν οὔτε μεμελετήκαμεν
τὰ ἀνθρωπικὰ ὡς ἱππικοὶ τὰ ἱππικά. ἀλλὰ Χρυσάντας
μὲν παίειν μέλλων τὸν πολέμιον, ἐπειδὴ τῆς σάλπιγγος
ἤκουσεν ἀνακαλούσης, ἀνέσχεν· οὕτως προυργιαίτερον
ἔδοξεν αὐτῷ τὸ τοῦ στρατηγοῦ πρόσταγμα ἢ τὸ ἴδιον
ποιεῖν· ἡμῶν δ´ οὐδεὶς θέλει οὐδὲ τῆς ἀνάγκης καλούσης
εὐλύτως ὑπακοῦσαι αὐτῇ, ἀλλὰ κλάοντες καὶ στένοντες
πάσχομεν ἃ πάσχομεν καὶ περιστάσεις αὐτὰ καλοῦντες. ποίας
περιστάσεις, ἄνθρωπε; εἰ περιστάσεις
λέγεις τὰ περιεστηκότα, πάντα περιστάσεις εἰσίν· εἰ δ´
ὡς δύσκολα καλεῖς, ποίαν δυσκολίαν ἔχει τὸ γενόμενον
φθαρῆναι; τὸ δὲ φθεῖρον ἢ μάχαιρά ἐστιν ἢ τροχὸς ἢ
θάλασσα ἢ κεραμὶς ἢ τύραννος. τί σοι μέλει, ποίᾳ ὁδῷ
καταβῇς εἰς Ἅιδου; ἴσαι πᾶσαί εἰσιν. εἰ δὲ θέλεις ἀκοῦσαι
τἀληθῆ, συντομωτέρα ἣν πέμπει ὁ τύραννος. οὐδέποτ´ οὐδεὶς
τύραννος ἓξ μησίν τινα ἔσφαξεν,
πυρετὸς δὲ καὶ ἐνιαυτῷ πολλάκις. ψόφος ἐστὶ πάντα
ταῦτα καὶ κόμπος κενῶν ὀνομάτων.
‘Τῇ κεφαλῇ κινδυνεύω ἐπὶ Καίσαρος.’ ἐγὼ δ´ οὐ κινδυνεύω, ὃς
οἰκῶ ἐν Νικοπόλει, ὅπου σεισμοὶ τοσοῦτοι;
σὺ δ´ αὐτὸς ὅταν διαπλέῃς τὸν Ἀδρίαν, τί κινδυνεύεις;
οὐ τῇ κεφαλῇ; ‘ἀλλὰ καὶ τῇ ὑπολήψει κινδυνεύω.’ τῇ
σῇ; πῶς; τίς γάρ σε ἀναγκάσαι δύναται ὑπολαβεῖν τι
ὧν οὐ θέλεις; ἀλλὰ τῇ ἀλλοτρίᾳ; καὶ ποῖός ἐστι κίνδυνος σὸς
ἄλλους τὰ ψεύδη ὑπολαβεῖν; ‘ἀλλ´ ἐξορισθῆναι
κινδυνεύω.’ τί ἐστιν ἐξορισθῆναι; ἀλλαχοῦ εἶναι ἢ
ἐν Ῥώμῃ; ‘ναί. τί οὖν; ἂν εἰς Γύαρα πεμφθῶ;’ ἄν σοι
ποιῇ, ἀπελεύσῃ· εἰ δὲ μή, ἔχεις ποῦ ἀντὶ Γυάρων ἀπέλθῃς,
ὅπου κἀκεῖνος ἐλεύσεται, ἄν τε θέλῃ ἄν τε μή, ὁ
πέμπων σε εἰς Γύαρα. τί λοιπὸν ὡς ἐπὶ μεγάλα ἀνέρχῃ;
μικρότερά ἐστι τῆς παρασκευῆς, ἵν´ εἴπῃ νέος εὐφυὴς
ὅτι ‘οὐκ ἦν τοσούτου τοσούτων μὲν ἀκηκοέναι, τοσαῦτα
δὲ γεγραφέναι, τοσούτῳ δὲ χρόνῳ παρακεκαθικέναι γεροντίῳ
οὐ πολλοῦ ἀξίῳ’. μόνον ἐκείνης τῆς διαιρέσεως
μέμνησο, καθ´ ἣν διορίζεται τὰ σὰ καὶ οὐ τὰ σά. μή
ποτ´ ἀντιποιήσῃ τινὸς τῶν ἀλλοτρίων. βῆμα καὶ φυλακὴ
τόπος ἐστὶν ἑκάτερον, ὁ μὲν ὑψηλός, ὁ δὲ ταπεινός· ἡ
προαίρεσις δ´ ἴση, ἂν ἴσην αὐτὴν ἐν
ἑκατέρῳ φυλάξαι θέλῃς, δύναται φυλαχθῆναι. καὶ τότ´
ἐσόμεθα ζηλωταὶ Σωκράτους, ὅταν ἐν φυλακῇ δυνώμεθα
παιᾶνας γράφειν. μέχρι δὲ νῦν ὡς ἔχομεν, ὅρα εἰ
ἠνεσχόμεθ´ ἂν ἐν τῇ φυλακῇ ἄλλου τινὸς ἡμῖν λέγοντος
‘θέλεις ἀναγνῶ σοι παιᾶνας’; ‘τί μοι πράγματα παρέχεις; οὐκ
οἶδας τὰ ἔχοντά με κακά; ἐν τούτοις γάρ μοι ἔστιν - ’ ἐν τίσιν οὖν;
‘ἀποθνῄσκειν μέλλω.’ ἄνθρωποι δ´ ἄλλοι ἀθάνατοι ἔσονται;
| [2,6] CHAPITRE VI : Des choses indifférentes.
La proposition conjonctive est en elle-même indifférente, mais le jugement
à porter sûr elle n'est pas indifférent, car il sera de la science, une
simple conjecture ou une erreur. De même la vie est chose indifférente,
mais notre façon de vivre ne l'est pas. N'allez donc pas vous mettre à
tout négliger, parce qu'on vous aura dit que la vie elle-même est chose
indifférente ; mais n'allez pas non plus, parce qu'on vous aura exhorté à
l'attention, vous abaisser à tomber en admiration devant les choses
extérieures.
Il est bon aussi de connaître ce que l'on a appris et ce que l'on sait,
afin de se tenir tranquille dans les choses qu'on n'a pas apprises, et de
ne pas s'indigner d'y voir quelques autres mieux réussir que vous. Tu
revendiqueras pour toi la supériorité dans les syllogismes ; et, si l'on
s'en fâche, tu diras aux gens pour les calmer : Je les ai étudiés, et
vous, non. De même dans tout ce qui demande qu'on s'y soit exercé, ne
prétends pas avoir ce que l'exercice donne seul ; laisse l'avantage à ceux
qui se sont exercés, et contente-toi de ton calme.
— Va saluer un tel. — De quelle façon? —Sans faire de bassesse. — Je n'ai
pas pu entrer, car je n'ai pas appris à passer par la fenêtre; et,
trouvant sa porte fermée, il m'a fallu me retirer ou passer par la
fenêtre. —Parle-lui pourtant. — Je lui parlerai; mais de quelle façon?
—Sans faire de bassesse. Voilà que tu n'as pas réussi ; mais ce n'était
pas là ton affaire; c'était la sienne. Pourquoi prétendrais-tu à ce qui
n'est pas à toi? Souviens-toi toujours de ce qui est à toi et de ce qui
n'est pas à toi, et tu ne te déconcerteras de rien. Aussi Chrysippe a-t-il
raison de dire : Tant que j'ignore ce qui doit suivre, je choisis toujours
ce qui est le plus propre à me faire vivre suivant la nature ; car c'est
Dieu lui-même qui m'a fait pour choisir ainsi. Mais, si je savais qu'il
est dans ma destinée d'être malade, j'irais de moi-même vers la maladie.
Le pied, en effet, s'il était intelligent, irait de lui-même dans la boue.
Pourquoi naissent les épis? N'est-ce pas pour durcir? Et pourquoi
durcissent-ils, si ce n'est pour être coupés? car ils ne sont pas isolés
dans la nature. S'ils avaient la pensée, devraient-ils donc souhaiter de
n'être jamais coupés? Ce serait chez les épis un désir impie, que celui de
n'être jamais coupés. Sachons qu'à leur exemple c'est dans l'homme un
désir impie, que celui de ne jamais mourir. Il est ce que serait le
souhait de ne jamais mûrir, de ne jamais être coupé. Mais nous, parce que
nous sommes de nature tout à la fois à être coupés et à comprendre que
l'on nous coupe, nous nous indignons que ce soit. C'est que nous ne savons
pas ce que nous sommes, et que nous n'avons pas étudié la nature de
l'homme, autant que les maîtres d'équitation ont étudié la nature du
cheval. Chrysante allait frapper un ennemi; il entendit la trompette
sonner la retraite; il s'arrêta; il crut en effet qu'il valait mieux obéir
à son général que d'agir pour son propre compte. Mais aucun de nous ne
veut, quand la nécessité l'appelle, s'y conformer sans difficulté : c'est
en pleurant, c'est en gémissant, que nous subissons ce que nous subissons
; et c'est en criant contre les circonstances! Hommes, pourquoi criez-vous
contre les circonstances? Si nous crions contre elles par cela seul
qu'elles existent, nous aurons toujours à crier. Si nous crions parce
qu'elles sont déplorables, qu'y a-t-il de déplorable à ce que périsse ce
qui est né? Ce qui nous fait périr, c'est une épée, une roue, la mer, une
tuile, un tyran. Que t'importe la voie par laquelle tu descendras dans
l'enfer. Toutes se valent. Et, si tu peux écouter la vérité, la voie par
laquelle vous expédie le tyran est encore la plus courte. Jamais un tyran
n'a mis six mois à tuer un homme, et la fièvre y met souvent une année. Il
n'y a dans tout cela que du bruit et un étalage de mots vides de sens.
— Je suis en danger de perdre la vie par le fait de César. — Eh bien!
est-ce que je ne cours pas de dangers, moi qui habite Nicopolis, où il y a
tant de tremblements de terre? Et toi-même, quand tu traverses
l'Adriatique, n'es-tu pas en danger, et en danger pour ta vie? — Ce sont
mes opinions qui sont en danger! — Les tiennes? Comment cela se peut-il?
Qu'est-ce qui pourrait te contraindre à croire ce que tu ne veux pas
croire? Sont-ce celles des autres? Et quel danger y a-t-il pour toi dans
l'erreur des autres? — Je suis en danger d'être exilé. — Qu'est-ce qu'être
exilé? Est-ce être ailleurs qu'à Rome? — Oui. Et que faire si je suis
envoyé à Gyaros? — S'il est dans ton intérêt d'y aller, tu iras; si non,
tu as où aller à la place de Gyaros ; tu peux aller dans un lieu où celui
qui t'envoie à Gyaros, ira lui aussi, qu'il le veuille où non. Pourquoi
alors partir pour l'exil comme pour un grand malheur? C'est une bien
petite épreuve après tant de préparations! Un jeune homme d'un beau
naturel dirait à son sujet : Ce n'était pas la peine de tant apprendre, ni
de tant écrire, ni de rester si longtemps assis chez un petit vieillard
qui n'avait pas grande valeur! Souviens-toi seulement de la distinction
entre ce qui est à toi et ce qui n'est pas à toi, et ne prétends jamais à
ce qui est aux mains des autres. La tribune et la prison sont des endroits
différents : l'une est en haut, l'autre est en bas; mais ton jugement et
ta volonté peuvent rester les mêmes dans l'une ou dans l'autre, si tu le
veux. Nous serons des émules de Socrate, quand nous pourrons dans la
prison écrire des Péans. Mais, tels que nous sommes dans le moment,
crois-tu que nous pourrions seulement supporter dans la prison quelqu'un
qui nous dirait : Veux-tu que je te lise des Péans! — Que viens-tu
m'ennuyer? Lui dirions-nous. Ne sais-tu pas quel est mon malheur? Est-ce
avec lui que je puis t'écouter! — Et quel est-il donc? — Je dois mourir. —
Est-ce que les autres hommes seront immortels?
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