[8,1340b] οἷον πρὸς τὴν μιξολυδιστὶ καλουμένην,
πρὸς δὲ τὰς μαλακωτέρως τὴν διάνοιαν, οἷον πρὸς τὰς ἀνειμένας,
μέσως δὲ καὶ καθεστηκότως μάλιστα πρὸς ἑτέραν, οἷον δοκεῖ
ποιεῖν ἡ δωριστὶ μόνη τῶν ἁρμονιῶν, ἐνθουσιαστικοὺς δ´ ἡ φρυγιστί.
§ 9. Ταῦτα γὰρ καλῶς λέγουσιν οἱ περὶ τὴν παιδείαν ταύτην πεφιλοσοφηκότες·
λαμβάνουσι γὰρ τὰ μαρτύρια τῶν λόγων ἐξ αὐτῶν τῶν ἔργων). Τὸν αὐτὸν δὲ
τρόπον ἔχει καὶ τὰ περὶ τοὺς ῥυθμούς (οἱ μὲν γὰρ ἦθος ἔχουσι στασιμώτερον
οἱ δὲ κινητικόν, καὶ τούτων οἱ μὲν φορτικωτέρας ἔχουσι τὰς κινήσεις οἱ δὲ
ἐλευθεριωτέρας). Ἐκ μὲν οὖν τούτων φανερὸν ὅτι δύναται ποιόν τι τὸ τῆς
ψυχῆς ἦθος ἡ μουσικὴ παρασκευάζειν, εἰ δὲ τοῦτο δύναται ποιεῖν, δῆλον ὅτι
προσακτέον καὶ παιδευτέον ἐν αὐτῇ τοὺς νέους.
§ 10. Ἔστι δὲ ἁρμόττουσα πρὸς τὴν φύσιν τὴν τηλικαύτην ἡ διδασκαλία τῆς
μουσικῆς· οἱ μὲν γὰρ νέοι διὰ τὴν ἡλικίαν ἀνήδυντον οὐθὲν ὑπομένουσιν
ἑκόντες, ἡ δὲ μουσικὴ φύσει τῶν ἡδυσμάτων ἐστίν. Καί τις ἔοικε συγγένεια
ταῖς ἁρμονίαις καὶ τοῖς ῥυθμοῖς εἶναι· διὸ πολλοί φασι τῶν σοφῶν οἱ μὲν
ἁρμονίαν εἶναι τὴν ψυχήν, οἱ δ´ ἔχειν ἁρμονίαν.
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛ'.
§ 1. Πότερον δὲ δεῖ μανθάνειν αὐτοὺς ᾄδοντάς τε καὶ χειρουργοῦντας ἢ μή,
καθάπερ ἠπορήθη πρότερον, νῦν λεκτέον οὐκ ἄδηλον δὴ ὅτι πολλὴν ἔχει
διαφορὰν πρὸς τὸ γίγνεσθαι ποιούς τινας, ἐάν τις αὐτὸς κοινωνῇ τῶν ἔργων·
ἓν γάρ τι τῶν ἀδυνάτων ἢ χαλεπῶν ἐστι μὴ κοινωνήσαντας τῶν ἔργων κριτὰς
γενέσθαι σπουδαίους. Ἅμα δὲ καὶ δεῖ τοὺς παῖδας ἔχειν τινὰ διατριβήν, καὶ
τὴν Ἀρχύτου πλαταγὴν οἴεσθαι γενέσθαι καλῶς, ἣν διδόασι τοῖς παιδίοις,
ὅπως χρώμενοι ταύτῃ μηδὲν καταγνύωσι τῶν κατὰ τὴν οἰκίαν· οὐ γὰρ δύναται
τὸ νέον ἡσυχάζειν. Αὕτη μὲν οὖν ἐστι τοῖς νηπίοις ἁρμόττουσα τῶν παιδίων,
ἡ δὲ παιδεία πλαταγὴ τοῖς μείζοσι τῶν νέων. Ὅτι μὲν οὖν παιδευτέον τὴν
μουσικὴν οὕτως ὥστε καὶ κοινωνεῖν τῶν ἔργων, φανερὸν ἐκ τῶν τοιούτων·
§ 2. Τὸ δὲ πρέπον καὶ τὸ μὴ πρέπον ταῖς ἡλικίαις οὐ χαλεπὸν διορίσαι, καὶ
λῦσαι πρὸς τοὺς φάσκοντας βάναυσον εἶναι τὴν ἐπιμέλειαν. Πρῶτον μὲν γάρ,
ἐπεὶ τοῦ κρίνειν χάριν μετέχειν δεῖ τῶν ἔργων, διὰ τοῦτο χρὴ νέους μὲν
ὄντας χρῆσθαι τοῖς ἔργοις, πρεσβυτέρους δὲ γενομένους τῶν μὲν ἔργων
ἀφεῖσθαι, δύνασθαι δὲ τὰ καλὰ κρίνειν καὶ χαίρειν ὀρθῶς διὰ τὴν μάθησιν
τὴν γενομένην ἐν τῇ νεότητι·
§ 3. Περὶ δὲ τῆς ἐπιτιμήσεως ἥν τινες ἐπιτιμῶσιν ὡς ποιούσης τῆς μουσικῆς
βαναύσους, οὐ χαλεπὸν λῦσαι σκεψαμένους μέχρι τε πόσου τῶν ἔργων
κοινωνητέον τοῖς πρὸς ἀρετὴν παιδευομένοις πολιτικήν,
| [8,1340b] comme celle du mode appelé mixolydien, l'âme s'attriste et se resserre ;
d'autres harmonies attendrissent le coeur, et celles-là sont les moins graves ; entre ces
extrêmes, une autre harmonie procure surtout à l'âme un calme parfait, et c'est le
mode dorien, qui semble seul donner cette impression ; le mode phrygien, au
contraire, nous transporte d'enthousiasme. § 9. Ces diverses qualités de l'harmonie
ont été bien comprises par les philosophes qui ont traité de cette partie de
l'éducation, et leur théorie ne s'appuie que sur le témoignage même des faits. Les
rythmes ne varient pas moins que les modes : les uns calment l'âme, les autres la
bouleversent; et les allures de ces derniers peuvent être ou plus vulgaires ou de
meilleur goût. Il est donc impossible, d'après tous ces faits, de ne pas reconnaître la
puissance morale de la musique ; et puisque cette puissance est bien réelle, il faut
nécessairement faire entrer aussi la musique dans l'éducation des enfants. § 10. Cette
étude même est en parfaite analogie avec les dispositions de cet âge, qui ne souffre
jamais patiemment ce qui lui cause de l'ennui, et la musique par sa nature n'en
apporte jamais. L'harmonie et le rythme semblent même des choses inhérentes à la
nature humaine ; et des sages n'ont pas craint de soutenir que l'âme n'était qu'une
harmonie, ou que tout au moins elle était harmonieuse.
CHAPITRE VI.
§ 1. Mais doit-on enseigner aux enfants à exécuter eux-mêmes la musique vocale et la
musique instrumentale, ou doit-on s'en abstenir ? C'est là une question que nous
avons posée plus haut, et nous y reviendrons ici. On ne peut nier que l'influence
morale de la musique ne soit nécessairement très différente, selon qu'on exécute
personnellement ou qu'on n'exécute pas ; car il est impossible, ou du moins fort
difficile, d'être en ce genre bon juge des choses qu'on ne pratique pas soi-même Il
faut en outre à l'enfance une occupation manuelle. La crécelle même d'Archytas
n'était pas mal inventée, puisqu'en occupant les mains des enfants, elle les empêchait
de rien briser dans la maison ; car l'enfance ne peut se tenir un seul instant en repos.
La crécelle est un jouet excellent pour le premier âge ; l'étude de la musique est la
crécelle de l'âge qui suit ; et ne serait-ce que par ce motif, il nous semble évident qu'il
faut enseigner aussi aux enfants à exécuter eux-mêmes la musique. § 2. Il est aisé
d'ailleurs de déterminer jusqu'où cette étude doit s'étendre selon les différents âges,
pour rester toujours convenable, et de repousser les objections qui prétendent que
c'est là une occupation qui ne peut faire que de vulgaires virtuoses. D'abord, puisque,
pour bien juger de cet art, il faut le pratiquer soi-même, j'en conclus qu'il faut que les
enfants apprennent à exécuter. Plus tard, ils pourront renoncer à ce travail personnel;
mais alors ils seront en état d'apprécier les belles choses et d'en jouir comme il faut,
grâce aux études de leur jeunesse. § 3. Quant au reproche qu'on adresse parfois à
l'exécution musicale, de réduire l'homme au rôle de simple artiste, il suffit, pour le
réfuter, de préciser ce qu'il convient de demander, en fait de talent d'exécution
musicale, à des hommes qu'on prétend former à la vertu politique,
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