[8,1340a] τιμιωτέρα δ´ αὐτῆς ἡ φύσις ἐστὶν
ἢ κατὰ τὴν εἰρημένην χρείαν, καὶ δεῖ μὴ μόνον τῆς κοινῆς ἡδονῆς
μετέχειν ἀπ´ αὐτῆς, ἧς ἔχουσι πάντες αἴσθησιν (ἔχει γὰρ ἡ μουσική τιν´
ἡδονὴν φυσικήν, διὸ πάσαις ἡλικίαις καὶ πᾶσιν ἤθεσιν ἡ χρῆσις αὐτῆς ἐστι
προσφιλής), ἀλλ´ ὁρᾶν εἴ πῃ καὶ πρὸς τὸ ἦθος συντείνει καὶ πρὸς τὴν ψυχήν.
Τοῦτο δ´ ἂν εἴη δῆλον, εἰ ποιοί τινες τὰ ἤθη γιγνόμεθα δι´ αὐτῆς.
§ 5. Ἀλλὰ μὴν ὅτι γιγνόμεθα ποιοί τινες, φανερὸν διὰ πολλῶν μὲν καὶ
ἑτέρων, οὐχ ἥκιστα δὲ καὶ διὰ τῶν Ὀλύμπου μελῶν· ταῦτα γὰρ ὁμολογουμένως
ποιεῖ τὰς ψυχὰς ἐνθουσιαστικάς, ὁ δ´ ἐνθουσιασμὸς τοῦ περὶ τὴν ψυχὴν ἤθους
πάθος ἐστίν. Ἔτι δὲ ἀκροώμενοι τῶν μιμήσεων γίγνονται πάντες συμπαθεῖς,
καὶ χωρὶς τῶν ῥυθμῶν καὶ τῶν μελῶν αὐτῶν.
§ 6. Ἐπεὶ δὲ συμβέβηκεν εἶναι τὴν μουσικὴν τῶν ἡδέων, τὴν δ´ ἀρετὴν περὶ
τὸ χαίρειν ὀρθῶς καὶ φιλεῖν καὶ μισεῖν, δεῖ δηλονότι μανθάνειν καὶ
συνεθίζεσθαι μηθὲν οὕτως ὡς τὸ κρίνειν ὀρθῶς καὶ τὸ χαίρειν τοῖς
ἐπιεικέσιν ἤθεσι καὶ ταῖς καλαῖς πράξεσιν· ἔστι δὲ ὁμοιώματα μάλιστα παρὰ
τὰς ἀληθινὰς φύσεις ἐν τοῖς ῥυθμοῖς καὶ τοῖς μέλεσιν ὀργῆς καὶ πραότητος,
ἔτι δ´ ἀνδρείας καὶ σωφροσύνης καὶ πάντων τῶν ἐναντίων τούτοις καὶ τῶν
ἄλλων ἠθῶν (δῆλον δὲ ἐκ τῶν ἔργων· μεταβάλλομεν γὰρ τὴν ψυχὴν ἀκροώμενοι
τοιούτων)· ὁ δ´ ἐν τοῖς ὁμοίοις ἐθισμὸς τοῦ λυπεῖσθαι καὶ χαίρειν ἐγγύς
ἐστι τῷ πρὸς τὴν ἀλήθειαν τὸν αὐτὸν ἔχειν τρόπον (οἷον εἴ τις χαίρει τὴν
εἰκόνα τινὸς θεώμενος μὴ δι´ ἄλλην αἰτίαν ἀλλὰ διὰ τὴν μορφὴν αὐτήν,
ἀναγκαῖον τούτῳ καὶ αὐτοῦ ἐκείνου τὴν θεωρίαν, οὗ τὴν εἰκόνα θεωρεῖ,
ἡδεῖαν εἶναι).
§ 7. Συμβέβηκε δὲ τῶν αἰσθητῶν ἐν μὲν τοῖς ἄλλοις μηδὲν ὑπάρχειν ὁμοίωμα
τοῖς ἤθεσιν, οἷον ἐν τοῖς ἁπτοῖς καὶ τοῖς γευστοῖς, ἀλλ´ ἐν τοῖς ὁρατοῖς
ἠρέμα (σχήματα γὰρ ἔστι τοιαῦτα, ἀλλ´ ἐπὶ μικρόν, καὶ οὐ πάντες τῆς
τοιαύτης αἰσθήσεως κοινωνοῦσιν· ἔτι δὲ οὐκ ἔστι ταῦτα ὁμοιώματα τῶν ἠθῶν,
ἀλλὰ σημεῖα μᾶλλον τὰ γιγνόμενα σχήματα καὶ χρώματα τῶν ἠθῶν, καὶ ταῦτ´
ἐστὶν ἐπίσημα ἐν τοῖς πάθεσιν· οὐ μὴν ἀλλ´ ὅσον διαφέρει καὶ περὶ τὴν
τούτων θεωρίαν, δεῖ μὴ τὰ Παύσωνος θεωρεῖν τοὺς νέους, ἀλλὰ τὰ Πολυγνώτου
κἂν εἴ τις ἄλλος τῶν γραφέων ἢ τῶν ἀγαλματοποιῶν ἐστιν ἠθικός),
§ 8. Ἐν δὲ τοῖς μέλεσιν αὐτοῖς ἔστι μιμήματα τῶν ἠθῶν (καὶ τοῦτ´ ἐστὶ
φανερόν· εὐθὺς γὰρ ἡ τῶν ἁρμονιῶν διέστηκε φύσις, ὥστε ἀκούοντας ἄλλως
διατίθεσθαι καὶ μὴ τὸν αὐτὸν ἔχειν τρόπον πρὸς ἑκάστην αὐτῶν, ἀλλὰ πρὸς
μὲν ἐνίας ὀδυρτικωτέρως καὶ συνεστηκότως μᾶλλον,
| [8,1340a] si la musique est véritablement si secondaire, et si l'on ne peut pas lui
assigner un plus noble objet que ce vulgaire emploi.
Ne doit-on lui demander que ce plaisir banal qu'elle excite chez tous les hommes ?
car on ne peut nier qu'elle ne provoque un plaisir tout physique, qui charme sans
distinction tous les âges, tous les caractères. Ou bien ne doit-on pas rechercher encore
si elle peut exercer quelque influence sur les coeurs, sur les âmes ? Il suffirait, pour en
démontrer la puissance morale, de prouver qu'elle peut modifier nos sentiments. § 5.
Or certainement elle les modifie. Qu'on voie l'impression produite sur les auditeurs
par les oeuvres de tant de musiciens, surtout par celles d'Olympus. Qui nierait
qu'elles enthousiasment les âmes ? Et qu'est-ce que l'enthousiasme, si ce n'est une
émotion toute morale ? Il suffit même, pour renouveler les vives impressions que
cette musique nous donne, de l'entendre répéter sans l'accompagnement ou sans les
paroles. § 6. La musique est donc une véritable jouissance ; et comme la vertu consiste
précisément à savoir jouir, aimer, haïr comme le veut la raison, il s'ensuit que rien ne
mérite mieux notre étude et nos soins que l'habitude de juger sainement des choses,
et de placer notre plaisir dans des sensations honnêtes et des actions vertueuses ; or
rien n'est plus puissant que le rythme et les chants de la musique, pour imiter aussi
réellement que possible la colère, la bonté, le courage, la sagesse même et tous ces
sentiments de l'âme, et aussi bien tous les sentiments opposés à ceux-là. Les faits
suffisent à démontrer combien le seul récit de choses de ce genre peut changer les
dispositions de l'âme; et lorsqu'en face de simples imitations, on se laisse prendre à la
douleur, à la joie, on est bien près de ressentir les mêmes affections en présence de la
réalité. Si, à l'aspect d'un portrait, on est ému de plaisir, rien qu'à regarder la forme
qu'on a sous les yeux, on sera certainement heureux de contempler la personne
même dont l'image avait d'abord charmé. § 7. Les autres sens, tels que le toucher et le
goût, ne produisent en rien des impressions morales ; le sens de la vue les rend avec
calme et par degrés, et les images qui sont l'objet de ce sens finissent peu à peu par
agir sur les spectateurs qui les contemplent. Mais ce n'est point là précisément une
imitation des affections morales ; ce n'est que le signe revêtu de la forme et de la
couleur qu'elles prennent, et s'arrêtant aux modifications toutes corporelles qui
révèlent la passion. Or, quelque importance qu'on attache à ces sensations de la vue,
on ne conseillera jamais à la jeunesse de contempler les ouvrages de Pauson, tandis
qu'on pourra lui recommander ceux de Polygnote, ou de tout autre peintre aussi
moral que lui. § 8. La musique, au contraire, est évidemment une imitation directe des
sensations morales. Dès que la nature des harmonies vient à varier, les impressions
des auditeurs changent avec chacune d'elles et les suivent. A une harmonie plaintive,
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