[8,1339b] ἀλλ´ οὐχ ἑτέρων ἀκούοντας ὀρθῶς τε χαίρειν καὶ δύνασθαι κρίνειν,
ὥσπερ οἱ Λάκωνες; ἐκεῖνοι γὰρ οὐ μανθάνοντες ὅμως δύνανται κρίνειν ὀρθῶς,
ὥς φασι, τὰ χρηστὰ καὶ τὰ μὴ χρηστὰ τῶν μελῶν. Ὁ δ´ αὐτὸς λόγος κἂν εἰ πρὸς
εὐημερίαν καὶ διαγωγὴν ἐλευθέριον χρηστέον αὐτῇ· τί δεῖ μανθάνειν αὐτούς,
ἀλλ´ οὐχ ἑτέρων χρωμένων ἀπολαύειν;
§ 7. Σκοπεῖν δ´ ἔξεστι τὴν ὑπόληψιν ἣν ἔχομεν περὶ τῶν θεῶν· οὐ γὰρ ὁ Ζεὺς
αὐτὸς ἀείδει καὶ κιθαρίζει τοῖς ποιηταῖς, ἀλλὰ καὶ βαναύσους καλοῦμεν τοὺς
τοιούτους καὶ τὸ πράττειν οὐκ ἀνδρὸς μὴ μεθύοντος ἢ παίζοντος.
§ 8. Ἀλλ´ ἴσως περὶ μὲν τούτων ὕστερον ἐπισκεπτέον·
ΚΕΦΑΚΑΙΟΝ Ε'.
§ 1. Ἡ δὲ πρώτη ζήτησίς ἐστι πότερον οὐ θετέον εἰς παιδείαν τὴν μουσικὴν ἢ
θετέον, καὶ τί δύναται τῶν διαπορηθέντων τριῶν, πότερον παιδείαν ἢ παιδιὰν
ἢ διαγωγήν. Εὐλόγως δ´ εἰς πάντα τάττεται καὶ φαίνεται μετέχειν. Ἤ τε γὰρ
παιδιὰ χάριν ἀναπαύσεώς ἐστι, τὴν δ´ ἀνάπαυσιν ἀναγκαῖον ἡδεῖαν εἶναι (τῆς
γὰρ διὰ τῶν πόνων λύπης ἰατρεία τίς ἐστιν), καὶ τὴν διαγωγὴν ὁμολογουμένως
δεῖ μὴ μόνον ἔχειν τὸ καλὸν ἀλλὰ καὶ τὴν ἡδονήν (τὸ γὰρ εὐδαιμονεῖν ἐξ
ἀμφοτέρων τούτων ἐστίν)· τὴν δὲ μουσικὴν πάντες εἶναί φαμεν τῶν ἡδίστων,
καὶ ψιλὴν οὖσαν καὶ μετὰ μελῳδίας
§ 2. Φησὶ γοῦν καὶ Μουσαῖος εἶναι 'Βροτοῖς ἥδιστον ἀείδειν'·
διὸ καὶ εἰς τὰς συνουσίας καὶ διαγωγὰς εὐλόγως παραλαμβάνουσιν αὐτὴν ὡς
δυναμένην εὐφραίνειν, ὥστε καὶ ἐντεῦθεν ἄν τις ὑπολάβοι παιδεύεσθαι δεῖν
αὐτὴν τοὺς νεωτέρους. Ὅσα γὰρ ἀβλαβῆ τῶν ἡδέων, οὐ μόνον ἁρμόττει πρὸς τὸ
τέλος ἀλλὰ καὶ πρὸς τὴν ἀνάπαυσιν· Ἐπεὶ δ´ ἐν μὲν τῷ τέλει συμβαίνει τοῖς
ἀνθρώποις ὀλιγάκις γίγνεσθαι, πολλάκις δὲ ἀναπαύονται καὶ χρῶνται ταῖς
παιδιαῖς οὐχ ὅσον ἐπὶ πλέον ἀλλὰ καὶ διὰ τὴν ἡδονήν, χρήσιμον ἂν εἴη
διαναπαύειν ἐν ταῖς ἀπὸ ταύτης ἡδοναῖς.
§ 3. Συμβέβηκε δὲ τοῖς ἀνθρώποις ποιεῖσθαι τὰς παιδιὰς τέλος· ἔχει γὰρ
ἴσως ἡδονήν τινα καὶ τὸ τέλος, ἀλλ´ οὐ τὴν τυχοῦσαν, ζητοῦντες δὲ ταύτην
λαμβάνουσιν ὡς ταύτην ἐκείνην, διὰ τὸ τῷ τέλει τῶν πράξεων ἔχειν ὁμοίωμά
τι. Τό τε γὰρ τέλος οὐθενὸς τῶν ἐσομένων χάριν αἱρετόν, καὶ αἱ τοιαῦται
τῶν ἡδονῶν οὐθενός εἰσι τῶν ἐσομένων ἕνεκεν, ἀλλὰ τῶν γεγονότων, οἷον
πόνων καὶ λύπης. Δι´ ἣν μὲν οὖν αἰτίαν ζητοῦσι τὴν εὐδαιμονίαν γίγνεσθαι
διὰ τούτων τῶν ἡδονῶν, ταύτην εἰκότως ἄν τις ὑπολάβοι τὴν αἰτίαν·
§ 4. Περὶ δὲ τοῦ κοινωνεῖν τῆς μουσικῆς, ὅτι οὐ διὰ ταύτην μόνην, ἀλλὰ
καὶ διὰ τὸ χρήσιμον εἶναι πρὸς τὰς ἀναπαύσεις, ὡς ἔοικεν. Οὐ μὴν ἀλλὰ
ζητητέον μή ποτε τοῦτο μὲν συμβέβηκε,
| [8,1339b] Ne pourra-t-on pas également en jouir convenablement et en bien juger, en
entendant les autres ? Les Spartiates ont adopté cette méthode, et sans avoir de science
personnelle, ils peuvent, assure-t-on, juger fort bien du mérite de la musique, et décider si
elle est bonne ou mauvaise. Même réponse, si l'on prétend que la musique est le vrai plaisir,
le vrai délassement des hommes libres. A quoi bon la savoir soi-même, et ne pas jouir
du talent d'autrui ? § 7. N'est-ce pas même là l'idée que nous nous faisons des dieux ?
Et les poètes nous ont-ils jamais montré Jupiter chantant et jouant de la lyre ? En un
mot, il y a quelque chose de servile à se faire soi-même un artiste de ce genre en
musique ; et un homme libre ne se permet cette licence que dans l'ivresse ou par
plaisanterie. § 8. Nous aurons peut-être à examiner plus tard la valeur de toutes ces
objections.
CHAPITRE V.
§ 1. En premier lieu, la musique doit-elle être comprise dans l'éducation, ou doit-on
l'en exclure ? Et qu'est-elle réellement dans la triple attribution qu'on lui donne ? une
science, un jeu, ou un simple passe-temps? On peut hésiter entre ces trois caractères
de la musique, car elle les présente également tous les trois. Le jeu n'a pour objet que
de délasser ; mais il faut aussi que le délassement soit agréable ; car il doit être un
remède aux soucis du travail. Il faut également qu'un passe-temps, tout honnête qu'il
est, soit en outre agréable ; car le bonheur n'est qu'à ces deux conditions ; et la
musique, tout le monde en convient, est un délicieux plaisir, isolée ou accompagnée
du chant. § 2. Musée l'a bien dit : ... "Le chant, vrai charme de la vie".
Aussi ne manque-t-on pas de la faire entrer dans toutes les réunions, dans tous les
divertissements, comme une véritable jouissance. Ce motif-là suffirait donc à lui seul
pour la faire admettre dans l'éducation. Tout ce qui procure des plaisirs innocents et
purs peut concourir au but de la vie, et surtout peut être un moyen de délassement.
Rarement l'homme atteint l'objet suprême de la vie; mais il a souvent besoin de repos
et de jeux ; et ne serait-ce que pour le simple plaisir qu'elle donne, ce serait encore
tirer bon parti de la musique que de la prendre comme un délassement. § 3. Les
hommes font parfois du plaisir le but capital de leur vie ; le but suprême quand
l'homme l'atteint, lui procure bien aussi, si l'on veut, du plaisir ; mais ce n'est pas le
plaisir qu'on rencontre à chaque pas ; en cherchant l'un on s'arrête à l'autre, que l'on
confond trop aisément avec ce qui doit être l'objet de tous nos efforts. Ce but essentiel
de la vie ne doit pas être recherché pour les biens qu'il peut donner ; et comme lui, les
plaisirs dont il s'agit ici sont recherchés, non point à cause des résultats qui les
doivent suivre, mais seulement à cause de ce qui les a précédés, c'est-à-dire, du
travail et des soucis. Voilà même sans doute pourquoi l'on pense trouver le véritable
bonheur dans ces plaisirs, qui cependant ne le donnent pas. § 4. Quant à cette opinion
commune qui recommande la culture de la musique, non pas pour elle seule, mais
comme un moyen fort utile de délassement, on peut se demander, tout en l'approuvant,
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