[8,1339a] σημεῖον γὰρ οὐ μικρὸν ὅτι δύνανται τοῦτο
παρασκευάζειν, ἐν γὰρ τοῖς ὀλυμπιονίκαις δύο τις ἂν ἢ τρεῖς εὕροι τοὺς
αὐτοὺς νενικηκότας ἄνδρας τε καὶ παῖδας, διὰ τὸ νέους ἀσκοῦντας
ἀφαιρεῖσθαι τὴν δύναμιν ὑπὸ τῶν ἀναγκαίων γυμνασίων·
§ 7. Ὅταν δ´ ἀφ´ ἥβης ἔτη τρία πρὸς τοῖς ἄλλοις μαθήμασι γένωνται, τότε
ἁρμόττει καὶ τοῖς πόνοις καὶ ταῖς ἀναγκοφαγίαις καταλαμβάνειν τὴν ἐχομένην
ἡλικίαν· ἅμα γὰρ τῇ τε διανοίᾳ καὶ τῷ σώματι διαπονεῖν οὐ δεῖ, τοὐναντίον
γὰρ ἑκάτερος ἀπεργάζεσθαι πέφυκε τῶν πόνων, ἐμποδίζων ὁ μὲν τοῦ σώματος
πόνος τὴν διάνοιαν ὁ δὲ ταύτης τὸ σῶμα).
ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'.
§ 1. Περὶ δὲ μουσικῆς ἔνια μὲν διηπορήκαμεν τῷ λόγῳ καὶ πρότερον, καλῶς δ´
ἔχει καὶ νῦν ἀναλαβόντας αὐτὰ προαγαγεῖν, ἵνα ὥσπερ ἐνδόσιμον γένηται τοῖς
λόγοις οὓς ἄν τις εἴπειεν ἀποφαινόμενος περὶ αὐτῆς. Οὔτε γὰρ τίνα ἔχει
δύναμιν ῥᾴδιον περὶ αὐτῆς διελεῖν, οὔτε τίνος δεῖ χάριν μετέχειν αὐτῆς,
πότερον παιδιᾶς ἕνεκα καὶ ἀναπαύσεως, καθάπερ ὕπνου καὶ μέθης (ταῦτα γὰρ
καθ´ αὑτὰ μὲν οὐδὲ τῶν σπουδαίων, ἀλλ´ ἡδέα, καὶ ἅμα παύει μέριμναν, ὥς
φησιν Εὐριπίδης· διὸ καὶ τάττουσιν αὐτὴν καὶ χρῶνται πᾶσι τούτοις ὁμοίως,
ὕπνῳ καὶ μέθῃ καὶ μουσικῇ· τιθέασι δὲ καὶ τὴν ὄρχησιν ἐν τούτοις),
§ 4. Ἢ μᾶλλον οἰητέον πρὸς ἀρετήν τι τείνειν τὴν μουσικήν, ὡς δυναμένην,
καθάπερ ἡ γυμναστικὴ τὸ σῶμα ποιόν τι παρασκευάζει, καὶ τὴν μουσικὴν τὸ
ἦθος ποιόν τι ποιεῖν, ἐθίζουσαν δύνασθαι χαίρειν ὀρθῶς, ἢ πρὸς διαγωγήν τι
συμβάλλεται καὶ πρὸς φρόνησιν (καὶ γὰρ τοῦτο τρίτον θετέον τῶν εἰρημένων).
Ὅτι μὲν οὖν δεῖ τοὺς νέους μὴ παιδιᾶς ἕνεκα παιδεύειν, οὐκ ἄδηλον (οὐ γὰρ
παίζουσι μανθάνοντες· μετὰ λύπης γὰρ ἡ μάθησις)· ἀλλὰ μὴν οὐδὲ διαγωγήν γε
παισὶν ἁρμόττει καὶ ταῖς ἡλικίαις ἀποδιδόναι ταῖς τοιαύταις (οὐθενὶ γὰρ
ἀτελεῖ προσήκει τέλος).
§ 5. Ἀλλ´ ἴσως ἂν δόξειεν ἡ τῶν παίδων σπουδὴ παιδιᾶς εἶναι χάριν ἀνδράσι
γενομένοις καὶ τελειωθεῖσιν. Ἀλλ´ εἰ τοῦτ´ ἐστὶ τοιοῦτον, τίνος ἂν ἕνεκα
δέοι μανθάνειν αὐτούς, ἀλλὰ μή, καθάπερ οἱ τῶν Περσῶν καὶ Μήδων βασιλεῖς,
δι´ ἄλλων αὐτὸ ποιούντων μεταλαμβάνειν τῆς ἡδονῆς καὶ τῆς μαθήσεως; καὶ
γὰρ ἀναγκαῖον βέλτιον ἀπεργάζεσθαι τοὺς αὐτὸ τοῦτο πεποιημένους ἔργον καὶ
τέχνην τῶν τοσοῦτον χρόνον ἐπιμελουμένων ὅσον πρὸς μάθησιν μόνον. Εἰ δὲ
δεῖ τὰ τοιαῦτα διαπονεῖν αὐτούς, καὶ περὶ τὴν τῶν ὄψων πραγματείαν αὐτοὺς
ἂν δέοι παρασκευάζειν· ἀλλ´ ἄτοπον.
§ 6. Τὴν δ´ αὐτὴν ἀπορίαν ἔχει καὶ εἰ δύναται τὰ ἤθη βελτίω ποιεῖν· ταῦτα
γὰρ τί δεῖ μανθάνειν αὐτούς,
| [8,1339a] Le danger de ces fatigues prématurées est prouvé par un grave
témoignage : c'est à peine si, dans les fastes d'Olympie, deux ou trois vainqueurs,
couronnés dans leur enfance, ont plus tard remporté le prix dans l'âge mûr; les
exercices trop violents du premier âge leur avaient enlevé toute leur vigueur. § 7.
Trois années, au sortir de l'adolescence, seront donc consacrées à des études d'un
autre genre ; et alors on pourra, convenablement, soumettre les années qui suivront
aux rudes exercices et au régime le plus sévère. Ainsi, l'on évitera de fatiguer à la fois
le corps et l'esprit, dont les travaux produisent, dans l'ordre naturel des choses, des
effets tout contraires : les travaux du corps nuisent à l'esprit ; les travaux de l'esprit
sont funestes au corps.
CHAPITRE IV.
§ 1. Nous avons déjà émis sur la musique quelques principes dictés par la raison ;
nous croyons utile de reprendre cette discussion et de la pousser plus loin, afin de
fournir quelques directions aux recherches ultérieures que d'autres pourront faire sur
ce sujet. On est bien embarrassé de dire quelle en est la puissance, et quelle en est la
véritable utilité. N'est-elle qu'un jeu ? n'est-elle qu'un délassement ? tel que le
sommeil, les plaisirs de la table, passe-temps fort peu nobles en eux-mêmes sans
contredit, mais qui, comme l'a dit Euripide, "Nous plaisent aisément et charment nos soucis".
Doit-on mettre la musique au même niveau, et la prendre comme on prend du vin,
comme on se laisse aller à l'ivresse, comme on se livre à la danse ? Il y a des gens qui
n'en font pas une autre estime. § 4. Mais bien plutôt, la musique n'est-elle pas aussi un
des moyens d'arriver à la vertu ? Et ne peut-elle pas, de même que la gymnastique
influe sur les corps, elle aussi influer sur les âmes, en les accoutumant à un plaisir
noble et pur ? Enfin, en troisième lieu, avantage qu'il faut joindre à ces deux-là, en
contribuant au délassement de l'intelligence, ne contribue-t-elle pas aussi à la
perfectionner ? On conviendra sans peine qu'il ne faut point faire un jeu de
l'instruction qu'on donne aux enfants. On ne s'instruit pas en badinant ; et l'étude est
toujours pénible. Nous ajoutons que le loisir ne convient ni à l'enfance, ni aux années
qui la suivent : le loisir est le terme d'une carrière ; et un être incomplet ne doit point
s'arrêter. § 5. Si l'on dit que l'étude de la musique, dans l'enfance, peut avoir pour but
de préparer un jeu à l'âge viril, à l'âge mûr, à quoi bon acquérir personnellement ce
talent, et ne pas s'en remettre, pour son plaisir et son instruction, aux talents d'artistes
spéciaux, comme le font les rois des Perses et des Mèdes ? Les hommes de pratique,
qui se sont fait un art de ce travail, n'auront-ils pas toujours nécessairement une
exécution bien plus parfaite, que des hommes qui n'y ont donné que le temps
strictement indispensable pour le connaître ? Ou si chaque citoyen doit faire
personnellement ces longues et pénibles études, pourquoi n'apprendrait-il pas aussi
tous les secrets de la cuisine, éducation qui serait parfaitement absurde ?§ 6. La
même objection n'a pas moins de force si l'on suppose que la musique forme les
moeurs. Pourquoi, même dans ce cas, l'apprendre personnellement ?
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