[8,1341a] καὶ ποίων μελῶν καὶ ποίων ῥυθμῶν κοινωνητέον, ἔτι δὲ ἐν ποίοις
ὀργάνοις τὴν μάθησιν ποιητέον, καὶ γὰρ τοῦτο διαφέρειν εἰκός. Ἐν τούτοις γὰρ
ἡ λύσις ἐστὶ τῆς ἐπιτιμήσεως· οὐδὲν γὰρ κωλύει τρόπους τινὰς τῆς μουσικῆς
ἀπεργάζεσθαι τὸ λεχθέν.
§ 4. Φανερὸν τοίνυν ὅτι δεῖ τὴν μάθησιν αὐτῆς μήτε ἐμποδίζειν πρὸς τὰς
ὕστερον πράξεις, μήτε τὸ σῶμα ποιεῖν βάναυσον καὶ ἄχρηστον πρὸς τὰς
πολεμικὰς καὶ πολιτικὰς ἀσκήσεις, πρὸς μὲν τὰς μαθήσεις ἤδη, πρὸς δὲ τὰς
χρήσεις ὕστερον. Συμβαίνοι δ´ ἂν περὶ τὴν μάθησιν, εἰ μήτε τὰ πρὸς τοὺς
ἀγῶνας τοὺς τεχνικοὺς συντείνοντα διαπονοῖεν, μήτε τὰ θαυμάσια καὶ περιττὰ
τῶν ἔργων, ἃ νῦν ἐλήλυθεν εἰς τοὺς ἀγῶνας ἐκ δὲ τῶν ἀγώνων εἰς τὴν
παιδείαν, ἀλλὰ τὰ μὴ τοιαῦτα μέχρι περ ἂν δύνωνται χαίρειν τοῖς καλοῖς
μέλεσι καὶ ῥυθμοῖς, καὶ μὴ μόνον τῷ κοινῷ τῆς μουσικῆς, ὥσπερ καὶ τῶν
ἄλλων ἔνια ζῴων, ἔτι δὲ καὶ πλῆθος ἀνδραπόδων καὶ παιδίων.
§ 5. Δῆλον δὲ ἐκ τούτων καὶ ποίοις ὀργάνοις χρηστέον. Οὔτε γὰρ αὐλοὺς εἰς
παιδείαν ἀκτέον οὔτ´ ἄλλο τι τεχνικὸν ὄργανον, οἷον κιθάραν κἂν εἴ τι
τοιοῦτον ἕτερον ἔστιν, ἀλλ´ ὅσα ποιήσει τούτων ἀκροατὰς ἀγαθοὺς ἢ τῆς
μουσικῆς παιδείας ἢ τῆς ἄλλης· ἔτι δὲ οὐκ ἔστιν ὁ αὐλὸς ἠθικὸν ἀλλὰ μᾶλλον
ὀργιαστικόν, ὥστε πρὸς τοὺς τοιούτους αὐτῷ καιροὺς χρηστέον ἐν οἷς ἡ
θεωρία κάθαρσιν μᾶλλον δύναται ἢ μάθησιν. Προσθῶμεν δὲ ὅτι συμβέβηκεν
ἐναντίον αὐτῷ πρὸς παιδείαν καὶ τὸ κωλύειν τῷ λόγῳ χρῆσθαι τὴν αὔλησιν.
διὸ καλῶς ἀπεδοκίμασαν οἱ πρότερον αὐτοῦ τὴν χρῆσιν ἐκ τῶν νέων καὶ τῶν
ἐλευθέρων, Καίπερ χρησάμενοι τὸ πρῶτον αὐτῷ.
§ 6. Σχολαστικώτεροι γὰρ γιγνόμενοι διὰ τὰς εὐπορίας καὶ μεγαλοψυχότεροι
πρὸς τὴν ἀρετήν, ἔτι τε καὶ πρότερον καὶ μετὰ τὰ Μηδικὰ φρονηματισθέντες
ἐκ τῶν ἔργων, πάσης ἥπτοντο μαθήσεως, οὐδὲν διακρίνοντες ἀλλ´
ἐπιζητοῦντες. Διὸ καὶ τὴν αὐλητικὴν ἤγαγον πρὸς τὰς μαθήσεις. Καὶ γὰρ ἐν
Λακεδαίμονί τις χορηγὸς αὐτὸς ηὔλησε τῷ χορῷ, καὶ περὶ Ἀθήνας οὕτως
ἐπεχωρίασεν ὥστε σχεδὸν οἱ πολλοὶ τῶν ἐλευθέρων μετεῖχον αὐτῆς· δῆλον δὲ
ἐκ τοῦ πίνακος ὃν ἀνέθηκε Θράσιππος Ἐκφαντίδῃ χορηγήσας.
§ 7. Ὕστερον δ´ ἀπεδοκιμάσθη διὰ τῆς πείρας αὐτῆς, βέλτιον δυναμένων
κρίνειν τὸ πρὸς ἀρετὴν καὶ τὸ μὴ πρὸς ἀρετὴν συντεῖνον· ὁμοίως δὲ καὶ
πολλὰ τῶν ὀργάνων τῶν ἀρχαίων, οἷον πηκτίδες καὶ βάρβιτοι καὶ τὰ πρὸς
ἡδονὴν συντείνοντα τοῖς ἀκούουσι τῶν χρωμένων, ἑπτάγωνα καὶ τρίγωνα καὶ
σαμβῦκαι,
| [8,1341a] quels chants et quels rythmes on doit leur apprendre, et quels instruments on doit
leur faire étudier. Toutes ces distinctions sont fort importantes, puisque c'est en les faisant
qu'on peut répondre à ce prétendu reproche; car je ne nie point que certaine
musique ne puisse entraîner les abus qu'on signale. § 4. Il faut donc évidemment
reconnaître que l'étude de la musique ne doit nuire en rien à la carrière ultérieure de
ceux qui l'apprennent, et qu'elle ne doit point dégrader le corps, et le rendre
incapable des fatigues de la guerre ou des occupations politiques; enfin qu'elle ne
doit empêcher ni la pratique actuelle des exercices du corps, ni, plus tard,
l'acquisition des connaissances sérieuses. Pour que l'étude de la musique soit
véritablement ce qu'elle doit être, on ne doit prétendre, ni à faire des élèves pour les
concours solennels d'artistes, ni à enseigner aux enfants ces vains prodiges
d'exécution qui de nos jours se sont introduits d'abord dans les concerts, et qui ont
passé de là dans l'éducation commune. De ces finesses de l'art, on ne doit prendre
que ce qu'il en faut pour sentir toute la beauté des rythmes et des chants, et avoir de
la musique un sentiment plus complet que ce sentiment vulgaire qu'elle fait éprouver
même à quelques espèces d'animaux, aussi bien qu'à la foule des esclaves et des
enfants. § 5. Les mêmes principes servent à régler le choix des instruments dans
l'éducation. Il faut proscrire la flûte et les instruments qui ne sont qu'à l'usage des
artistes, comme la cithare, et ceux qui s'en rapprochent; il ne faut admettre que les
instruments propres à former l'oreille et à développer généralement l'intelligence. La
flûte, d'ailleurs, n'est pas un instrument moral ; elle n'est bonne qu'à exciter les
passions, et l'on doit en limiter l'usage aux circonstances où l'on a pour but de
corriger plutôt que d'instruire. Ajoutons qu'un autre des inconvénients de la flûte,
sous le rapport de l'éducation, c'est d'empêcher la parole pendant qu'on l'étudie. Ce
n'est donc pas à tort que, depuis longtemps, on y a renoncé pour les enfants et pour
les hommes libres, bien que, dans l'origine, on la leur fît apprendre. § 6. Dès que nos
pères purent goûter les douceurs du loisir par suite de la prospérité, ils se livrèrent
avec une magnanime ardeur à la vertu ; tout fiers de leurs exploits passés, et surtout
de leurs succès depuis la guerre Médique, ils cultivèrent toutes les sciences avec plus
de passion que de discernement, et ils élevèrent même l'art de la flûte à la dignité
d'une science. On vit à Lacédémone un chorège donner, le ton au choeur en jouant
lui-même de la flûte ; et ce goût devint si national à Athènes, qu'il n'était pas
d'homme libre qui n'apprît cet art. C'est ce que prouve assez le tableau que Thrasippe
consacra aux dieux, quand il fit les frais d'une des comédies d'Ecphantidès. § 7. Mais
l'expérience fit bientôt rejeter la flûte, quand on jugea mieux de ce qui peut, en
musique, contribuer ou nuire à la vertu. On bannit aussi plusieurs des anciens
instruments, les pectides, les barbitons, et ceux qui n'excitent dans les auditeurs que
des idées de volupté, les heptagones, les trigones et les sambuques,
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