[5,1305a] ἐπὶ τῆς δημοκρατίας ἣν κατέλυσε Θρασύμαχος. Σχεδὸν δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων
ἄν τις ἴδοι θεωρῶν τὰς μεταβολὰς τοῦτον ἐχούσας τὸν τρόπον. Ὁτὲ μὲν γάρ, ἵνα
χαρίζωνται, ἀδικοῦντες τοὺς γνωρίμους συνιστᾶσιν, ἢ τὰς οὐσίας ἀναδάστους
ποιοῦντες ἢ τὰς προσόδους ταῖς λειτουργίαις, ὁτὲ δὲ διαβάλλοντες, ἵν'
ἔχωσι δημεύειν τὰ κτήματα τῶν πλουσίων.
§ 4. Ἐπὶ δὲ τῶν ἀρχαίων, ὅτε γένοιτο ὁ αὐτὸς δημαγωγὸς καὶ στρατηγός, εἰς
τυραννίδα μετέβαλλον· σχεδὸν γὰρ οἱ πλεῖστοι τῶν ἀρχαίων τυράννων ἐκ
δημαγωγῶν γεγόνασιν. Αἴτιον δὲ τοῦ τότε μὲν γίγνεσθαι νῦν δὲ μή, ὅτι τότε
μὲν οἱ δημαγωγοὶ ἦσαν ἐκ τῶν στρατηγούντων (οὐ γάρ πω δεινοὶ ἦσαν λέγειν),
νῦν δὲ τῆς ῥητορικῆς ηὐξημένης οἱ δυνάμενοι λέγειν δημαγωγοῦσι μέν, δι'
ἀπειρίαν δὲ τῶν πολεμικῶν οὐκ ἐπιτίθενται, πλὴν εἴ που βραχύ τι γέγονε
τοιοῦτον.
§ 5. Ἐγίγνοντο δὲ τυραννίδες πρότερον μᾶλλον ἢ νῦν καὶ διὰ τὸ μεγάλας
ἀρχὰς ἐγχειρίζεσθαί τισιν, ὥσπερ ἐν Μιλήτῳ ἐκ τῆς πρυτανείας (πολλῶν γὰρ
ἦν καὶ μεγάλων κύριος ὁ πρύτανις). Ἔτι δὲ διὰ τὸ μὴ μεγάλας εἶναι τότε τὰς
πόλεις, ἀλλ' ἐπὶ τῶν ἀγρῶν οἰκεῖν τὸν δῆμον ἄσχολον ὄντα πρὸς τοῖς ἔργοις,
οἱ προστάται τοῦ δήμου, ὅτε πολεμικοὶ γένοιντο, τυραννίδι ἐπετίθεντο.
Πάντες δὲ τοῦτο ἔδρων ὑπὸ τοῦ δήμου πιστευθέντες, ἡ δὲ πίστις ἦν ἡ
ἀπέχθεια ἡ πρὸς τοὺς πλουσίους, οἷον Ἀθήνησί τε Πεισίστρατος στασιάσας
πρὸς τοὺς πεδιακούς, καὶ Θεαγένης ἐν Μεγάροις τῶν εὐπόρων τὰ κτήνη
ἀποσφάξας, λαβὼν παρὰ τὸν ποταμὸν ἐπινέμοντας, καὶ Διονύσιος κατηγορῶν
Δαφναίου καὶ τῶν πλουσίων ἠξιώθη τῆς τυραννίδος, διὰ τὴν ἔχθραν πιστευθεὶς
ὡς δημοτικὸς ὤν.
§ 6. Μεταβάλλουσι δὲ καὶ ἐκ τῆς πατρίας δημοκρατίας εἰς τὴν νεωτάτην· ὅπου
γὰρ αἱρεταὶ μὲν αἱ ἀρχαί, μὴ ἀπὸ τιμημάτων δέ, αἱρεῖται δὲ ὁ δῆμος,
δημαγωγοῦντες οἱ σπουδαρχιῶντες εἰς τοῦτο καθιστᾶσιν ὥστε κύριον εἶναι τὸν
δῆμον καὶ τῶν νόμων. Ἄκος δὲ τοῦ μὴ γίγνεσθαι ἢ τοῦ γίγνεσθαι ἧττον τὸ τὰς
φυλὰς φέρειν τοὺς ἄρχοντας, ἀλλὰ μὴ πάντα τὸν δῆμον.
§ 7. Τῶν μὲν οὖν δημοκρατιῶν αἱ μεταβολαὶ γίγνονται πᾶσαι σχεδὸν διὰ
ταύτας τὰς αἰτίας.
CHAPITRE V.
§ 1. Αἱ δ' ὀλιγαρχίαι μεταβάλλουσι διὰ δύο μάλιστα τρόπους τοὺς
φανερωτάτους, ἕνα μὲν ἐὰν ἀδικῶσι τὸ πλῆθος· πᾶς γὰρ ἱκανὸς γίνεται
προστάτης, μάλιστα δ' ὅταν ἐξ αὐτῆς συμβῇ τῆς ὀλιγαρχίας γίνεσθαι τὸν
ἡγεμόνα, καθάπερ ἐν Νάξῳ Λύγδαμις, ὃς καὶ ἐτυράννησεν ὕστερον τῶν Ναξίων.
| [5,1305a] le sort de la démocratie, que renversa Thrasymaque.
L'observation de bien d'autres faits encore démontre que la marche la plus
habituelle des révolutions dans la démocratie est celle-ci : tantôt les
démagogues, voulant se rendre agréables au peuple, arrivent à soulever les
classes supérieures de l'État par les injustices qu'ils commettent envers
elles, en demandant le partage des terres, et en les chargeant de toutes
les dépenses publiques; tantôt ils se contentent de la calomnie pour
obtenir la confiscation des grandes fortunes.
§ 4. Dans les temps reculés, quand le même personnage était démagogue et
général, le gouvernement se changeait promptement en tyrannie; et presque
tous les anciens tyrans ont commencé par être démagogues. Si ces
usurpations étaient alors beaucoup plus fréquentes que de nos jours, la
raison en est simple : à cette époque, il fallait sortir des rangs de
l'armée pour être démagogue ; car on ne savait point encore faire un
habile usage de la parole. Aujourd'hui, grâce au progrès de la rhétorique,
il suffit de savoir bien parler pour arriver à être chef du peuple; mais
les orateurs n'usurpent point, à cause de leur ignorance militaire; ou du
moins la chose est fort rare.
§ 5. Ce qui multipliait aussi les tyrannies dans ce temps plus que dans le
nôtre, c'est que l'on concentrait d'énormes pouvoirs dans une seule
magistrature : témoin le prytanée de Milet, où le magistrat revêtu de
cette fonction réunissait de si nombreuses et si puissantes attributions.
On peut ajouter encore qu'à cette époque les États étaient fort petits. Le
peuple, occupé aux champs par les travaux qui le nourrissaient, laissait
les chefs qu'il s'était donnés usurper la tyrannie, pour peu qu'ils
fussent d'habiles militaires. C'était toujours en gagnant la confiance du
peuple que tous arrivaient à leur but; et le moyen de la gagner, c'était
de se déclarer l'ennemi des riches. Voyez Pisistrate, à Athènes, quand il
excita la sédition contre les gens de la Plaine ; voyez Théagène, à
Mégare, après qu'il eut égorgé les troupeaux des riches, qu'il surprit sur
les bords du fleuve. En accusant Daphnaeus et les riches, Denys parvint à
se faire décerner la tyrannie. La haine qu'il avait vouée aux citoyens
opulents lui gagna la confiance du peuple, qui le prit pour son ami le
plus sincère.
§ 6. Parfois, une forme plus nouvelle de démocratie se substitue à
l'ancienne. Quand les emplois sont à l'élection populaire et sans aucune
condition de cens, les gens qui sont au pouvoir se font démagogues, et ils
appliquent tous leurs soins à rendre le peuple souverain absolu, même des
lois. Pour prévenir ce mal, ou du moins pour le rendre plus rare, on peut
faire voter les tribus séparément pour la nomination des magistrats, au
lieu de réunir le peuple en assemblée générale.
§ 7. Telles sont donc à peu près toutes les causes qui amènent des
révolutions dans les États démocratiques.
CHAPITRE V.
§ 1. Dans les oligarchies, les causes les plus apparentes de
bouleversement sont au nombre de deux : l'une, c'est l'oppression des
classes inférieures, qui acceptent alors le premier défenseur, quel qu'il
soit, qui se présenté à leur aide; l'autre, plus fréquente, c'est lorsque
le chef du mouvement sort des rangs mêmes de l'oligarchie. Tel fut, à
Naxos, Lygdumis, qui sut bientôt se faire le tyran de ses concitoyens.
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