[5,1305b] § 2. Ἔχει δὲ καὶ ἡ ἐξ ἄλλων ἀρχὴ στάσεως διαφοράς. Ὁτὲ μὲν γὰρ ἐξ
αὐτῶν τῶν εὐπόρων, οὐ τῶν ὄντων δ' ἐν ταῖς ἀρχαῖς, γίγνεται κατάλυσις,
ὅταν ὀλίγοι σφόδρα ὦσιν οἱ ἐν ταῖς τιμαῖς, οἷον ἐν Μασσαλίᾳ καὶ ἐν Ἴστρῳ
καὶ ἐν Ἡρακλείᾳ καὶ ἐν ἄλλαις πόλεσι συμβέβηκεν· οἱ γὰρ μὴ μετέχοντες τῶν
ἀρχῶν ἐκίνουν, ἕως μετέλαβον οἱ πρεσβύτεροι πρότερον τῶν ἀδελφῶν, ὕστερον
δ' οἱ νεώτεροι πάλιν· οὐ γὰρ ἄρχουσιν ἐνιαχοῦ μὲν ἅμα πατήρ τε καὶ υἱός,
ἐνιαχοῦ δὲ ὁ πρεσβύτερος καὶ ὁ νεώτερος ἀδελφός· καὶ ἔνθα μὲν πολιτικωτέρα
ἐγένετο ἡ ὀλιγαρχία, ἐν Ἴστρῳ δ' εἰς δῆμον ἀπετελεύτησεν, ἐν Ἡρακλείᾳ δ'
ἐξ ἐλαττόνων εἰς ἑξακοσίους ἦλθεν·
§ 3. μετέβαλε δὲ καὶ ἐν Κνίδῳ ἡ ὀλιγαρχία στασιασάντων τῶν γνωρίμων αὐτῶν
πρὸς αὑτοὺς διὰ τὸ ὀλίγους μετέχειν καί, καθάπερ εἴρηται, εἰ πατήρ, υἱὸν
μὴ μετέχειν, μηδ' εἰ πλείους ἀδελφοί, ἀλλ' ἢ τὸν πρεσβύτατον· ἐπιλαβόμενος
γὰρ στασιαζόντων ὁ δῆμος, καὶ λαβὼν προστάτην ἐκ τῶν γνωρίμων, ἐπιθέμενος
ἐκράτησεν, ἀσθενὲς γὰρ τὸ στασιάζον· καὶ ἐν Ἐρυθραῖς δὲ ἐπὶ τῆς τῶν
Βασιλιδῶν ὀλιγαρχίας ἐν τοῖς ἀρχαίοις χρόνοις, καίπερ καλῶς ἐπιμελομένων
τῶν ἐν τῇ πολιτείᾳ, ὅμως διὰ τὸ ὑπ' ὀλίγων ἄρχεσθαι ἀγανακτῶν ὁ δῆμος
μετέβαλε τὴν πολιτείαν.
§ 4. Κινοῦνται δ' αἱ ὀλιγαρχίαι ἐξ αὑτῶν καὶ διὰ φιλονεικίαν δημαγωγούντων
(ἡ δημαγωγία δὲ διττή, ἡ μὲν ἐν αὐτοῖς τοῖς ὀλίγοισἐγγίγνεται γὰρ
δημαγωγὸς κἂν πάνυ ὀλίγοι ὦσιν, οἷον ἐν τοῖς Τριάκοντα Ἀθήνησιν οἱ περὶ
Χαρικλέα ἴσχυσαν τοὺς Τριάκοντα δημαγωγοῦντες, καὶ ἐν τοῖς Τετρακοσίοις οἱ
περὶ Φρύνιχον τὸν αὐτὸν τρόπον).
§ 5. ἡ δ' ὅταν τὸν ὄχλον δημαγωγῶσιν οἱ ἐν τῇ ὀλιγαρχίᾳ ὄντες, οἷον ἐν
Λαρίσῃ οἱ πολιτοφύλακες διὰ τὸ αἱρεῖσθαι αὐτοὺς τὸν ὄχλον ἐδημαγώγουν, καὶ
ἐν ὅσαις ὀλιγαρχίαις οὐχ οὗτοι αἱροῦνται τὰς ἀρχὰς ἐξ ὧν οἱ ἄρχοντές
εἰσιν, ἀλλ' αἱ μὲν ἀρχαὶ ἐκ τιμημάτων μεγάλων εἰσὶν ἢ ἑταιριῶν, αἱροῦνται
δ' οἱ ὁπλῖται ἢ ὁ δῆμος, ὅπερ ἐν Ἀβύδῳ συνέβαινεν, καὶ ὅπου τὰ δικαστήρια
μὴ ἐκ τοῦ πολιτεύματός ἐστι (δημαγωγοῦντες γὰρ πρὸς τὰς κρίσεις
μεταβάλλουσι τὴν πολιτείαν, ὅπερ καὶ ἐν Ἡρακλείᾳ ἐγένετο τῇ ἐν τῷ Πόντῳ
§ 6. ἔτι δ' ὅταν ἔνιοι εἰς ἐλάττους ἕλκωσι τὴν ὀλιγαρχίαν· οἱ γὰρ τὸ ἴσον
ζητοῦντες ἀναγκάζονται βοηθὸν ἐπαγαγέσθαι τὸν δῆμον). Γίνονται δὲ
μεταβολαὶ τῆς ὀλιγαρχίας καὶ ὅταν ἀναλώσωσι τὰ ἴδια ζῶντες ἀσελγῶς· καὶ
γὰρ οἱ τοιοῦτοι καινοτομεῖν ζητοῦσι, καὶ ἢ τυραννίδι ἐπιτίθενται αὐτοὶ ἢ
κατασκευάζουσιν ἕτερον
| [5,1305b] § 2. Quant aux causes extérieures qui renversent l'oligarchie, elles
peuvent être fort diverses. Parfois, les oligarques eux-mêmes, mais non
pas ceux qui sont au pouvoir, poussent au changement, lorsque la direction
des affaires est concentrée dans un très petit nombre de mains, comme à
Marseille, à Istros, à Héraclée et dans plusieurs autres États. Ceux qui
étaient exclus du gouvernement s'agitèrent jusqu'à ce qu'ils obtinssent la
jouissance simultanée du pouvoir, d'abord pour le père et l'aîné des
frères, ensuite pour tous les frères plus jeunes. Dans quelques États, en
effet, la loi défend au père et aux fils d'être en même temps magistrats;
ailleurs, les deux frères, l'un plus jeune, l'autre plus âgé, sont soumis
à la même exclusion. A Marseille, l'oligarchie devint plus républicaine ;
à Istros, elle finit par se changer en démocratie. A Héraclée, le corps
des oligarques dut s'étendre jusqu'à comprendre six cents membres.
§ 3. A Cnide, la révolution sortit d'une sédition excitée par les riches
eux-mêmes dans leur propre sein ; le pouvoir y était restreint à quelques
citoyens; le père, comme je viens de le dire, ne pouvait siéger en même
temps que son fils, et parmi les frères, l'aîné seul pouvait occuper des
fonctions publiques. Le peuple mit à profit la discorde des riches, et se
choisissant un chef parmi eux, il sut bientôt s'emparer du pouvoir après
sa victoire; car la discorde rend toujours bien faible le parti qu'elle
divise. A Érythrée, sous l'antique oligarchie des Basilides, malgré toute
la sollicitude réelle des chefs du gouvernement, dont la seule faute était
d'être en petit nombre, le peuple, indigné de la servitude, renversa
l'oligarchie.
§ 4. Parmi les causes de révolutions que les oligarchies portent dans leur
propre sein, il faut compter même la turbulence des oligarques, qui se
font démagogues; car l'oligarchie a aussi ses démagogues, et ils peuvent y
être des deux sortes. D'abord, le démagogue peut se rencontrer parmi les
oligarques eux-mêmes, quelque peu nombreux qu'ils soient : ainsi à
Athènes, Chariclès fut bien certainement un démagogue parmi les Trente; et
Phrynichus joua le même rôle parmi les Quatre-Cents.
§ 5. Ou bien les membres de l'oligarchie se font les chefs des classes
inférieures : ainsi à Larisse, les Gardiens de la cité se firent les
flatteurs du peuple, qui avait droit de les nommer. C'est le sort de
toutes les oligarchies où les membres du gouvernement n'ont pas le pouvoir
exclusif de nommer à toutes les fonctions publiques, mais où ces
fonctions, tout en restant le privilège des grandes fortunes et de
quelques coteries, sont cependant soumises à l'élection des guerriers ou
du peuple. On peut voir, par exemple, la révolution d'Abydos. C'est le
danger qui menace aussi les oligarchies où les tribunaux ne sont pas
formés des membres mêmes du gouvernement ; car alors l'importance des
arrêts judiciaires fait qu'on courtise le peuple et qu'on bouleverse la
constitution, comme à Héraclée du Pont.
§ 6. Enfin c'est ce qui arrive lorsque l'oligarchie cherche à se trop
concentrer ; ceux des oligarques qui réclament l'égalité pour eux sont
forcés d'appeler le peuple à leur aide.
Une autre cause de révolution pour les oligarchies peut naître de
l'inconduite des oligarques, dilapidant leur fortune personnelle par des
excès. Une fois ruinés, il ne songent plus qu'à une révolution ; et alors,
ou bien ils se saisissent de la tyrannie pour eux-mêmes, ou bien ils la
préparent pour d'autres,
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