[5,1304b] οἷον οἱ πλούσιοι καὶ ὁ δῆμος, μέσον δ' ᾖ μηθὲν ἢ μικρὸν πάμπαν· ἂν
γὰρ πολὺ ὑπερέχῃ ὁποτερονοῦν τῶν μερῶν, πρὸς τὸ φανερῶς κρεῖττον τὸ λοιπὸν
οὐ θέλει κινδυνεύειν. Διὸ καὶ οἱ κατ' ἀρετὴν διαφέροντες οὐ ποιοῦσι στάσιν
ὡς εἰπεῖν· ὀλίγοι γὰρ γίγνονται πρὸς πολλούς. Καθόλου μὲν οὖν περὶ πάσας
τὰς πολιτείας αἱ ἀρχαὶ καὶ αἰτίαι τῶν στάσεων καὶ τῶν μεταβολῶν τοῦτον
ἔχουσι τὸν τρόπον.
§ 8. Κινοῦσι δὲ τὰς πολιτείας ὁτὲ μὲν διὰ βίας ὁτὲ δὲ δι' ἀπάτης, διὰ βίας
μὲν ἢ εὐθὺς ἐξ ἀρχῆς ἢ ὕστερον ἀναγκάζοντες. Καὶ γὰρ ἡ ἀπάτη διττή. Ὁτὲ
μὲν γὰρ ἐξαπατήσαντες τὸ πρῶτον ἑκόντων μεταβάλλουσι τὴν πολιτείαν, εἶθ'
ὕστερον βίᾳ κατέχουσιν ἀκόντων, οἷον ἐπὶ τῶν Τετρακοσίων τὸν δῆμον
ἐξηπάτησαν φάσκοντες τὸν βασιλέα χρήματα παρέξειν πρὸς τὸν πόλεμον τὸν
πρὸς Λακεδαιμονίους, ψευσάμενοι δὲ κατέχειν ἐπειρῶντο τὴν πολιτείαν· ὁτὲ
δὲ ἐξ ἀρχῆς τε πείσαντες καὶ ὕστερον πάλιν πεισθέντων ἑκόντων ἄρχουσιν
αὐτῶν.
§ 9. Ἁπλῶς μὲν οὖν περὶ πάσας τὰς πολιτείας ἐκ τῶν εἰρημένων συμβέβηκε
γίνεσθαι τὰς μεταβολάς.
CHAPITRE IV.
§ 1. Καθ' ἕκαστον δ' εἶδος πολιτείας ἐκ τούτων μερίζοντας τὰ συμβαίνοντα
δεῖ θεωρεῖν. Αἱ μὲν οὖν δημοκρατίαι μάλιστα μεταβάλλουσι διὰ τὴν τῶν
δημαγωγῶν ἀσέλγειαν· τὰ μὲν γὰρ ἰδίᾳ συκοφαντοῦντες τοὺς τὰς οὐσίας
ἔχοντας συστρέφουσιν αὐτούς (συνάγει γὰρ καὶ τοὺς ἐχθίστους ὁ κοινὸς
φόβος), τὰ δὲ κοινῇ τὸ πλῆθος ἐπάγοντες. Καὶ τοῦτο ἐπὶ πολλῶν ἄν τις ἴδοι
γιγνόμενον οὕτω.
§ 2. Καὶ γὰρ ἐν Κῷ ἡ δημοκρατία μετέβαλε πονηρῶν ἐγγενομένων δημαγωγῶν (οἱ
γὰρ γνώριμοι συνέστησαν)· καὶ ἐν Ῥόδῳ· μισθοφοράν τε γὰρ οἱ δημαγωγοὶ
ἐπόριζον, καὶ ἐκώλυον ἀποδιδόναι τὰ ὀφειλόμενα τοῖς τριηράρχοις, οἱ δὲ διὰ
τὰς ἐπιφερομένας δίκας ἠναγκάσθησαν συστάντες καταλῦσαι τὸν δῆμον.
Κατελύθη δὲ καὶ ἐν Ἡρακλείᾳ ὁ δῆμος μετὰ τὸν ἀποικισμὸν εὐθὺς διὰ τοὺς
δημαγωγούς· ἀδικούμενοι γὰρ ὑπ' αὐτῶν οἱ γνώριμοι ἐξέπιπτον, ἔπειτα
ἀθροισθέντες οἱ ἐκπίπτοντες καὶ κατελθόντες κατέλυσαν τὸν δῆμον.
§ 3. Παραπλησίως δὲ καὶ ἡ ἐν Μεγάροις κατελύθη δημοκρατία· οἱ γὰρ
δημαγωγοί, ἵνα χρήματα ἔχωσι δημεύειν, ἐξέβαλον πολλοὺς τῶν γνωρίμων, ἕως
πολλοὺς ἐποίησαν τοὺς φεύγοντας, οἱ δὲ κατιόντες ἐνίκησαν μαχόμενοι τὸν
δῆμον καὶ κατέστησαν τὴν ὀλιγαρχίαν. Συνέβη δὲ ταὐτὸν καὶ περὶ Κύμην
| [5,1304b] entre les riches et les pauvres, par exemple, lorsqu'il n'y a point du
tout entre eux de classe moyenne, ou que du moins cette classe est trop peu
nombreuse. Mais du moment qu'une des deux parties a une supériorité
incontestable et parfaitement évidente, l'autre se garde d'affronter
inutilement le danger de la lutte. Et voilà encore pourquoi les citoyens
distingués par leur mérite n'excitent jamais pour ainsi dire de sédition;
il sont toujours dans une excessive minorité relativement à la masse.
Telles sont en général toutes les causes à peu près, et toutes les
circonstances de désordres et de révolution dans les divers systèmes de
gouvernement.
§ 8. Les révolutions procèdent tantôt par la violence, tantôt par la ruse.
La violence peut agir tout d'abord et à l'improviste ; ou bien
l'oppression peut ne venir que longtemps après; car la ruse peut agir
aussi de deux façons : d'abord, par des promesses mensongères, elle fait
consentir le peuple à la révolution, et n'a recours que plus tard à la
force pour la maintenir contre sa résistance. A Athènes, les Quatre-Cents
trompèrent le peuple, en lui persuadant que le Grand Roi fournirait à
l'État les moyens de continuer la guerre contre Sparte; et cette fraude
leur ayant réussi, ils essayèrent de garder le pouvoir à leur profit. En
second lieu, la seule persuasion suffit quelquefois à la ruse, pour
conserver la puissance, du consentement de ceux qui obéissent, comme elle
lui a suffi pour l'acquérir.
§ 9. Nous pouvons dire qu'en général les causes que nous avons indiquées
amènent des révolutions dans les gouvernements de tous genres.
CHAPITRE IV.
§ 1. Recherchons maintenant à quelles espèces de gouvernements s'applique
spécialement chacune de ces causes, d'après les divisions que nous venons
de faire.
Dans la démocratie, les révolutions naissent avant tout de la turbulence
des démagogues. Pour ce qui concerne les particuliers, ils contraignent
par leurs dénonciations perpétuelles les riches eux-mêmes à se réunir pour
conspirer; car la communauté de crainte rapproche les gens les plus
ennemis. Dans les affaires publiques, c'est la foule qu'ils poussent au
soulèvement. On peut se convaincre que les choses se sont mille fois
passées ainsi.
§ 2. A Cos, les excès des démagogues ont amené la chute de la démocratie,
en forçant les principaux citoyens à se coaliser contre elle. A Rhodes,
les démagogues, qui administraient les fonds destinés à la solde,
empêchèrent de payer le prêt qui était dû aux commandants des galères; et
ceux-ci, pour se soustraire à des vexations juridiques, n'eurent d'autre
ressource que de conspirer et de renverser le gouvernement populaire. A
Héraclée, peu de temps après la colonisation, les démagogues amenèrent
aussi la destruction de la démocratie. Par leurs injustices, ils avaient
contraint les citoyens puissants à quitter la ville; mais les exilés se
réunirent, et, revenant contre le peuple, ils lui arrachèrent tout son
pouvoir.
§ 3. La démocratie de Mégare fut anéantie de la même façon à peu près. Les
démagogues, pour se créer de larges confiscations, firent bannir plusieurs
des principaux citoyens, ce qui augmenta en peu de temps le nombre des
exilés; ils revinrent bientôt, et, après avoir défait le peuple en bataille rangée,
ils établirent un gouvernement oligarchique. Tel fut aussi, à Cume,
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