[5,1303b] καὶ Συρακούσιοι μετὰ τὰ τυραννικὰ 1303b τοὺς ξένους καὶ τοὺς μισθοφόρους
πολίτας ποιησάμενοι ἐστασίασαν καὶ εἰς μάχην ἦλθον· καὶ Ἀμφιπολῖται δεξάμενοι
Χαλκιδέων ἐποίκους ἐξέπεσον ὑπὸ τούτων οἱ πλεῖστοι αὐτῶν. Στασιάζουσι δ' ἐν μὲν
ταῖς ὀλιγαρχίαις οἱ πολλοὶ ὡς ἀδικούμενοι, ὅτι οὐ μετέχουσι τῶν ἴσων, καθάπερ
εἴρηται πρότερον, ἴσοι ὄντες, ἐν δὲ ταῖς δημοκρατίαις οἱ γνώριμοι, ὅτι
μετέχουσι τῶν ἴσων οὐκ ἴσοι ὄντες.
§ 12. Στασιάζουσι δὲ ἐνίοτε αἱ πόλεις καὶ διὰ τοὺς τόπους, ὅταν μὴ εὐφυῶς
ἔχῃ ἡ χώρα πρὸς τὸ μίαν εἶναι πόλιν, οἷον ἐν Κλαζομεναῖς οἱ ἐπὶ Χύτρῳ πρὸς
τοὺς ἐν νήσῳ, καὶ Κολοφώνιοι καὶ Νοτιεῖς· καὶ Ἀθήνησιν οὐχ ὁμοίως εἰσὶν
ἀλλὰ μᾶλλον δημοτικοὶ οἱ τὸν Πειραιᾶ οἰκοῦντες τῶν τὸ ἄστυ. Ὥσπερ γὰρ ἐν
τοῖς πολέμοις αἱ διαβάσεις τῶν ὀχετῶν, καὶ τῶν πάνυ σμικρῶν, διασπῶσι τὰς
φάλαγγας, οὕτως ἔοικε πᾶσα διαφορὰ ποιεῖν διάστασιν. Μεγίστη μὲν οὖν ἴσως
διάστασις ἀρετὴ καὶ μοχθηρία, εἶτα πλοῦτος καὶ πενία, καὶ οὕτως δὴ ἑτέρα
ἑτέρας μᾶλλον, ὧν μία καὶ ἡ εἰρημένη ἐστί.
CHAPITRE III.
§ 1. Γίγνονται μὲν οὖν αἱ στάσεις οὐ περὶ μικρῶν ἀλλ' ἐκ μικρῶν,
στασιάζουσι δὲ περὶ μεγάλων. Μάλιστα δὲ καὶ αἱ μικραὶ ἰσχύουσιν, ὅταν ἐν
τοῖς κυρίοις γένωνται, οἷον συνέβη καὶ ἐν Συρακούσαις ἐν τοῖς ἀρχαίοις
χρόνοις. Μετέβαλε γὰρ ἡ πολιτεία ἐκ δύο νεανίσκων στασιασάντων τῶν ἐν ταῖς
ἀρχαῖς ὄντων, περὶ ἐρωτικὴν αἰτίαν. Θατέρου γὰρ ἀποδημοῦντος ἅτερος ὤν τὸν
ἐρώμενον αὐτοῦ ὑπεποιήσατο, πάλιν δ' ἐκεῖνος τούτῳ χαλεπήνας τὴν γυναῖκα
αὐτοῦ ἀνέπεισεν ὡς αὑτὸν ἐλθεῖν· ὅθεν προσλαμβάνοντες τοὺς ἐν τῷ
πολιτεύματι διεστασίασαν πάντας.
§ 2. Διόπερ ἀρχομένων εὐλαβεῖσθαι δεῖ τῶν τοιούτων, καὶ διαλύειν τὰς τῶν
ἡγεμόνων καὶ δυναμένων στάσεις· ἐν ἀρχῇ γὰρ γίνεται τὸ ἁμάρτημα, ἡ δ' ἀρχὴ
λέγεται ἥμισυ εἶναι παντός, ὥστε καὶ τὸ ἐν αὐτῇ μικρὸν ἁμάρτημα ἀνάλογόν
ἐστι πρὸς τὰ ἐν τοῖς ἄλλοις μέρεσιν. Ὅλως δὲ αἱ τῶν γνωρίμων στάσεις
συναπολαύειν ποιοῦσι καὶ τὴν ὅλην πόλιν, οἷον ἐν Ἑστιαίᾳ συνέβη μετὰ τὰ
Μηδικά, δύο ἀδελφῶν περὶ τῆς πατρῴας νομῆς διενεχθέντων· ὁ μὲν γὰρ
ἀπορώτερος, ὡς οὐκ ἀποφαίνοντος τὴν οὐσίαν οὐδὲ τὸν θησαυρὸν ὃν εὗρεν ὁ
πατήρ, προσηγάγετο τοὺς δημοτικούς, ὁ δ' ἕτερος ἔχων οὐσίαν πολλὴν τοὺς
εὐπόρους.
§ 3. Καὶ ἐν Δελφοῖς ἐκ κηδείας γενομένης διαφορᾶς ἀρχὴ πασῶν ἐγένετο τῶν
στάσεων τῶν ὕστερον·
| [5,1303b] A Syracuse, la discorde civile alla jusqu'au combat,
parce que, après le renversement de la tyrannie, on avait fait
citoyens les étrangers et les soldats mercenaires. A Amphipolis,
l'hospitalité donnée à des colons de Chalcis devint fatale à la majorité
des citoyens, qui se virent chasser de leur territoire.
Dans les oligarchies, c'est la multitude qui s'insurge, parce qu'elle se
prétend, comme je l'ai déjà dit, lésée par l'inégalité politique, et
qu'elle se croit des droits à l'égalité. Dans les démocraties, ce sont les
hautes classes qui se soulèvent, parce qu'elles n'ont que des droits
égaux, malgré leur inégalité.
§ 12. La position topographique suffit quelquefois à elle seule pour
provoquer une révolution ; par exemple, quand la distribution même du sol
empêche que la ville n'ait une véritable unité. Ainsi, voyez à Clazomène
l'inimitié des habitants du Chytre et des habitants de l'Île; voyez les
Colophoniens, les Notiens. A Athènes, il y a dissemblance entre les
opinions politiques dés diverses parties de la ville; et les habitants du
Pirée sont plus démocrates que ceux de la cité. Dans un combat, il suffit
de quelques fossés à franchir et des moindres obstacles pour rompre les
phalanges; dans l'État, toute démarcation suffit pour y porter la
discorde. Mais le plus puissant motif de désaccord, c'est la vertu d'une
part et le vice de l'autre ; la richesse et la pauvreté ne viennent
qu'après; puis enfin bien d'autres causes plus ou moins influentes, et
parmi elles, la cause toute physique dont je viens de parler.
CHAPITRE III.
§ I. Les objets réels des révolutions sont toujours très importants, bien
que l'occasion en puisse être futile ; on n'a jamais recours à une
révolution que pour des motifs sérieux. Les plus petites choses, quand
elles touchent les maîtres de l'État, sont peut-être celles qui ont la
plus haute gravité. On peut voir ce qui arriva jadis à Syracuse. La
constitution fut changée pour une querelle d'amour, qui poussa deux jeunes
gens en place à l'insurrection. L'un d'eux fit un voyage ; l'autre, durant
son absence, sut gagner l'affection du jeune homme que son collègue
aimait. A son retour, celui-ci, pour se venger, parvint à séduire la femme
de son rival ; et tous deux, engageant dans leur querelle les membres du
gouvernement, causèrent une sédition.
§ 2. Il faut donc, dès l'origine, veiller avec soin sur ces sortes de
querelles particulières, et les apaiser dès qu'elles s'élèvent entre les
principaux et les plus puissants de l'État. Tout le mal est au début ; car
le proverbe est bien sage : « Chose commencée est à demi faite. » Aussi,
en toute chose, la faute la plus légère, quand elle est à la base,
reparaît proportionnellement dans toutes les autres parties. En général,
les divisions qui éclatent entre les principaux citoyens s'étendent à
l'État entier, qui finit bientôt par y prendre part. Hestiée nous en
fournit un exemple, peu après la guerre Médique. Deux frères se
disputaient l'héritage paternel ; le plus pauvre prétendait que son frère
avait caché l'argent et le trésor trouvé par leur père ; ils engagèrent
dans leur dispute, celui-ci tous les gens du peuple, celui-là, dont la
fortune était considérable, tous les gens riches de la cité.
§ 3. A Delphes, une querelle à l'occasion d'un mariage causa les troubles
qui durèrent si longtemps.
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