[5,1303a] ὧν πολλάκις λανθάνει τι αὐξανόμενον, οἷον τὸ τῶν ἀπόρων πλῆθος
ἐν ταῖς δημοκρατίαις καὶ πολιτείαις.
§ 8. Συμβαίνει δ' ἐνίοτε τοῦτο καὶ διὰ τύχας, οἷον ἐν Τάραντι ἡττηθέντων
καὶ ἀπολομένων πολλῶν γνωρίμων ὑπὸ τῶν Ἰαπύγων μικρὸν ὕστερον τῶν Μηδικῶν
δημοκρατία ἐγένετο ἐκ πολιτείας, καὶ ἐν Ἄργει τῶν ἐν τῇ ἑβδόμῃ ἀπολομένων
ὑπὸ Κλεομένους τοῦ Λάκωνος ἠναγκάσθησαν παραδέξασθαι τῶν περιοίκων τινάς,
καὶ ἐν Ἀθήναις ἀτυχούντων πεζῇ οἱ γνώριμοι ἐλάττους ἐγένοντο διὰ τὸ ἐκ
καταλόγου στρατεύεσθαι ὑπὸ τὸν Λακωνικὸν πόλεμον. Συμβαίνει δὲ τοῦτο καὶ
ἐν ταῖς δημοκρατίαις, ἧττον δέ· πλειόνων γὰρ τῶν εὐπόρων γινομένων ἢ τῶν
οὐσιῶν αὐξανομένων μεταβάλλουσιν εἰς ὀλιγαρχίας καὶ δυναστείας.
§ 9. Μεταβάλλουσι δ' αἱ πολιτεῖαι καὶ ἄνευ στάσεως διά τε τὰς ἐριθείας,
ὥσπερ ἐν Ἡραίᾳ (ἐξ αἱρετῶν γὰρ διὰ τοῦτο ἐποίησαν κληρωτάς, ὅτι ᾑροῦντο
τοὺς ἐριθευομένους), καὶ δι' ὀλιγωρίαν, ὅταν ἐάσωσιν εἰς τὰς ἀρχὰς τὰς
κυρίας παριέναι τοὺς μὴ τῇ πολιτείᾳ φίλους, ὥσπερ ἐν Ὠρεῷ κατελύθη ἡ
ὀλιγαρχία τῶν ἀρχόντων γενομένου Ἡρακλεοδώρου, ὃς ἐξ ὀλιγαρχίας πολιτείαν
καὶ δημοκρατίαν κατεσκεύασεν. Ἔτι διὰ τὸ παρὰ μικρόν. Λέγω δὲ παρὰ μικρόν,
ὅτι πολλάκις λανθάνει μεγάλη γινομένη μετάβασις τῶν νομίμων, ὅταν παρορῶσι
τὸ μικρόν, ὥσπερ ἐν Ἀμβρακίᾳ μικρὸν ἦν τὸ τίμημα, τέλος δ' ἀπ' οὐθενὸς
ἦρχον, ὡς ἔγγιον ἢ μηθὲν διαφέρον τοῦ μηθὲν τὸ μικρόν.
§ 10. Στασιωτικὸν δὲ καὶ τὸ μὴ ὁμόφυλον, ἕως ἂν συμπνεύσῃ· ὥσπερ γὰρ οὐδ'
ἐκ τοῦ τυχόντος πλήθους πόλις γίγνεται, οὕτως οὐδ' ἐν τῷ τυχόντι χρόνῳ·
διὸ ὅσοι ἤδη συνοίκους ἐδέξαντο ἢ ἐποίκους, οἱ πλεῖστοι διεστασίασαν· οἷον
Τροιζηνίοις Ἀχαιοὶ συνῴκησαν Σύβαριν, εἶτα πλείους οἱ Ἀχαιοὶ γενόμενοι
ἐξέβαλον τοὺς Τροιζηνίους, ὅθεν τὸ ἄγος συνέβη τοῖς Συβαρίταις· καὶ ἐν
Θουρίοις Συβαρῖται τοῖς συνοικήσασιν (πλεονεκτεῖν γὰρ ἀξιοῦντες ὡς
σφετέρας τῆς χώρας ἐξέπεσον)· καὶ Βυζαντίοις οἱ ἔποικοι ἐπιβουλεύοντες
φωραθέντες ἐξέπεσον διὰ μάχης·
§ 11. καὶ Ἀντισσαῖοι τοὺς Χίων φυγάδας εἰσδεξάμενοι διὰ μάχης ἐξέβαλον·
Ζαγκλαῖοι δὲ Σαμίους ὑποδεξάμενοι ἐξέπεσον αὐτοί· καὶ Ἀπολλωνιᾶται οἱ ἐν
τῷ Εὐξείνῳ πόντῳ ἐποίκους ἐπαγαγόμενοι ἐστασίασαν·
| [5,1303a] dont quelques-unes prennent souvent, en secret un développement
dangereux : par exemple, la classe des pauvres dans les démocraties et les
républiques.
§ 8. Il arrive même quelquefois que ce sont des circonstances toutes
fortuites qui amènent ce résultat. A Tarente, la majorité des citoyens
distingués ayant été tués dans un combat contre les Japyges, la démagogie
remplaça la république; c'était peu de temps après la guerre Médique.
Argos, après la bataille du Sept, où Cléomène le Spartiate avait détruit
l'armée Argienne, fut forcée d'accorder le droit de cité à des serfs. A
Athènes, les classes distinguées perdirent de leur puissance, parce
qu'elles durent servir à leur tour dans l'infanterie, après les pertes
qu'avait éprouvées cette arme dans les guerres contre Lacédémone. Les
révolutions de ce genre sont plus rares dans la démocratie que dans tous
les autres gouvernements; toutefois, quand le nombre des riches s'accroît
et que les fortunes s'augmentent, la démocratie peut dégénérer en
oligarchie, soit tempérée, soit violente.
§ 9. Dans les républiques, la brigue suffit pour amener, même sans
mouvement tumultueux, le changement de la constitution. A Hérée, par
exemple, on abandonna la voie de l'élection pour celle du sort, parce que
la première n'avait jamais amené que des intrigants au pouvoir.
La négligence aussi peut causer des révolutions, lorsqu'on la pousse
jusqu'à laisser tomber le pouvoir aux mains d'hommes ennemis de l'État. A
Orée, l'oligarchie fut renversée par cela seul qu'Héracléodore avait été
élevé au rang des magistrats; il substitua la république et la démocratie
au système oligarchique.
Quelquefois la révolution s'accomplit par suite des plus petits
changements; et je veux dire par là que les lois peuvent subir une
altération capitale par un fait qu'on regarde comme sans importance, et
qu'on aperçoit à peine. A Ambracie, par exemple, le cens d'abord était
fort léger; à la fin on l'abolit entièrement, sous prétexte qu'un cens
aussi faible ne différait pas, ou du moins différait fort peu, de
l'absence totale de cens.
§ 10. La diversité d'origine peut aussi produire des révolutions jusqu'à
ce que le mélange des races soit complet; car l'État ne peut pas plus se
former du premier peuple venu, qu'il ne se forme dans une circonstance
quelconque. Le plus souvent, ces changements politiques ont été causés par
l'admission au droit de cité d'étrangers domiciliés dès longtemps, ou
nouveaux arrivants. Les Achéens s'étaient réunis aux Trézéniens pour
fonder Sybaris; mais étant bientôt devenus les plus nombreux, ils
chassèrent les autres, crime que plus tard les Sybarites durent expier.
Les Sybarites ne furent pas, du reste, mieux traités par leurs compagnons
de colonie à Thurium; ils se firent chasser, parce qu'ils prétendaient
s'emparer de la meilleure partie du territoire, comme si elle leur eût
appartenu en propre. A Byzance, les colons nouvellement arrivés dressèrent
un guet-apens aux citoyens; mais ils furent battus et forcés de se retirer.
§ 11. Les Antisséens, après avoir reçu les exilés de Chios, durent s'en
délivrer par une bataille. Les Zancléens furent expulsés de leur propre
ville par les Samiens, qu'ils y avaient accueillis. Apollonie du
Pont-Euxin eut à subir une sédition pour avoir accordé à des colons
étrangers le droit de cité.
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