[5,1313a] ἕνα μὲν στασιασάντων τῶν μετεχόντων τῆς βασιλείας, ἄλλον δὲ
τρόπον τυραννικώτερον πειρωμένων διοικεῖν, ὅταν εἶναι κύριοι πλειόνων
ἀξιῶσι καὶ παρὰ τὸν νόμον. Οὐ γίγνονται δ' ἔτι βασιλεῖαι νῦν, ἀλλ' ἄν περ
γίγνωνται, μοναρχίαι, τυραννίδες μᾶλλον, διὰ τὸ τὴν βασιλείαν ἑκούσιον μὲν
ἀρχὴν εἶναι, μειζόνων δὲ κυρίαν, πολλοὺς δ' εἶναι τοὺς ὁμοίους, καὶ μηδένα
διαφέροντα τοσοῦτον ὥστε ἀπαρτίζειν πρὸς τὸ μέγεθος καὶ τὸ ἀξίωμα τῆς
ἀρχῆς. Ὥστε διὰ μὲν τοῦτο ἑκόντες οὐχ ὑπομένουσιν· ἂν δὲ δι' ἀπάτης ἄρξῃ
τις ἢ βίας, ἤδη δοκεῖ τοῦτο εἶναι τυραννίς.
§ 23. Ἐν δὲ ταῖς κατὰ γένος βασιλείαις τιθέναι δεῖ τῆς φθορᾶς αἰτίαν πρὸς
ταῖς εἰρημέναις καὶ τὸ γίνεσθαι πολλοὺς εὐκαταφρονήτους, καὶ τὸ δύναμιν μὴ
κεκτημένους τυραννικὴν ἀλλὰ βασιλικὴν τιμὴν ὑβρίζειν· ῥᾳδία γὰρ ἐγίνετο ἡ
κατάλυσις· μὴ βουλομένων γὰρ εὐθὺς οὐκ ἔσται βασιλεύς, ἀλλὰ τύραννος καὶ
μὴ βουλομένων.
§ 24. Φθείρονται μὲν οὖν αἱ μοναρχίαι διὰ ταύτας καὶ τοιαύτας ἑτέρας αἰτίας.
CHAPITRE IX.
§ 1. Σῴζονται δὲ δῆλον ὡς ἁπλῶς μὲν εἰπεῖν ἐκ τῶν ἐναντίων, ὡς δὲ καθ'
ἕκαστον τῷ τὰς μὲν βασιλείας ἄγειν ἐπὶ τὸ μετριώτερον. Ὅσῳ γὰρ ἂν
ἐλαττόνων ὦσι κύριοι, πλείω χρόνον ἀναγκαῖον μένειν πᾶσαν τὴν ἀρχήν· αὐτοί
τε γὰρ ἧττον γίγνονται δεσποτικοὶ καὶ τοῖς ἤθεσιν ἴσοι μᾶλλον, καὶ ὑπὸ τῶν
ἀρχομένων φθονοῦνται ἧττον. Διὰ γὰρ τοῦτο καὶ ἡ περὶ Μολοττοὺς πολὺν
χρόνον βασιλεία διέμεινεν, καὶ ἡ Λακεδαιμονίων διὰ τὸ ἐξ ἀρχῆς τε εἰς δύο
μέρη διαιρεθῆναι τὴν ἀρχήν, καὶ πάλιν Θεοπόμπου μετριάσαντος τοῖς τε
ἄλλοις καὶ τὴν τῶν ἐφόρων ἀρχὴν ἐπικαταστήσαντος· τῆς γὰρ δυνάμεως ἀφελὼν
ηὔξησε τῷ χρόνῳ τὴν βασιλείαν, ὥστε τρόπον τινὰ ἐποίησεν οὐκ ἐλάττον ἀλλὰ
μείζον αὐτήν. Ὅπερ καὶ πρὸς τὴν γυναῖκα ἀποκρίνασθαί φασιν αὐτόν, εἰποῦσαν
εἰ μηδὲν αἰσχύνεται τὴν βασιλείαν ἐλάττω παραδιδοὺς τοῖς υἱέσιν ἢ παρὰ τοῦ
πατρὸς παρέλαβεν· οὐ δῆτα φάναι· παραδίδωμι γὰρ πολυχρονιωτέραν.
§ 2. Αἱ δὲ τυραννίδες σῴζονται κατὰ δύο τρόπους τοὺς ἐναντιωτάτους, ὧν
ἅτερός ἐστιν ὁ παραδεδομένος καὶ καθ' ὃν διοικοῦσιν οἱ πλεῖστοι τῶν
τυράννων τὴν ἀρχήν. Τούτων δὲ τὰ πολλά φασι καταστῆσαι Περίανδρον τὸν
Κορίνθιον· πολλὰ δὲ καὶ παρὰ τῆς Περσῶν ἀρχῆς ἔστι τοιαῦτα λαβεῖν. Ἔστι δὲ
τά τε πάλαι λεχθέντα πρὸς σωτηρίαν, ὡς οἷόν τε, τῆς τυραννίδος, τὸ τοὺς
ὑπερέχοντας κολούειν καὶ τοὺς φρονηματίας ἀναιρεῖν, καὶ μήτε συσσίτια ἐᾶν
μήτε ἑταιρίαν μήτε παιδείαν μήτε ἄλλο μηθὲν τοιοῦτον,
| [5,1313a] l'une est la conjuration des agents qu'elle emploie; l'autre est sa
tendance au despotisme, quand les rois prétendent accroître leur
puissance, même aux dépens des lois. On ne voit guère de nos jours se
former encore des royautés; et celles qui s'élèvent sont bien plutôt des
monarchies absolues et des tyrannies que des royautés. C'est qu'en effet
la véritable royauté est un pouvoir librement consenti, et jouissant
seulement de prérogatives supérieures. Mais comme aujourd'hui les citoyens
se valent en général, et qu'aucun n'a une supériorité tellement grande
qu'il puisse exclusivement prétendre à une aussi haute position dans
l'État, il s'ensuit qu'on ne donne plus son assentiment à une royauté, et
que, si quelqu'un prétend régner par la fourbe ou par la violence, on le
regarde aussitôt comme un tyran.
§ 23. Dans les royautés héréditaires, il faut ajouter cette cause de ruine
toute spéciale, à savoir que la plupart de ces rois par héritage
deviennent bien vite méprisables, et qu'on ne leur pardonne point un excès
de pouvoir, attendu qu'ils possèdent non pas une autorité tyrannique,
mais une simple dignité royale. La royauté est très facile à renverser;
car il n'y a plus de roi du moment qu'on ne veut plus en avoir ; le tyran,
au contraire, s'impose malgré la volonté générale.
§ 24. Telles sont pour les monarchies les principales causes de ruine; je
n'en énumère point quelques autres qui se rapprochent de celles-là.
CHAPITRE IX.
§ 1. En général, les États monarchiques doivent évidemment se conserver
par des causes opposées à toutes celles dont nous venons de parler,
suivant la nature spéciale de chacun d'eux. La royauté, par exemple, se
maintient par la modération. Moins ses attributions souveraines sont
étendues, plus elle a de chances de durer dans toute son intégrité. Le roi
songe moins alors à se faire despote ; il respecte plus dans toutes ses
actions l'égalité commune; et les sujets de leur côté sont moins enclins à
lui porter envie. Voilà ce qui explique la durée si longue de la royauté
chez les Molosses. Chez les Lacédémoniens, elle n'a tant vécu que parce
que, dès l'origine, le pouvoir fut partagé entre deux personnes; et que
plus tard, Théopompe le tempéra par plusieurs institutions, sans compter
le contre-poids qu'il lui donna dans l'établissement de l'Éphorie. En
affaiblissant la puissance de la royauté, il lui assura plus de durée; il
l'agrandit donc en quelque sorte, loin de la réduire; et il avait bien
raison de répondre à sa femme, qui lui demandait s'il n'avait pas honte de
transmettre à ses fils la royauté moins puissante qu'il ne l'avait reçue
de ses ancêtres : « Non, » sans doute; car je la leur laisse beaucoup plus
durable. »
§ 2. Quant aux tyrannies, elles se maintiennent de deux manières
absolument opposées. La première est bien connue, et elle est mise en
usage par presque tous les tyrans. C'est à Périandre de Corinthe qu'on
fait honneur de toutes ces maximes politiques dont la monarchie des Perses
peut offrir aussi bon nombre d'exemples. Déjà nous avons indiqué
quelques-uns des moyens que la tyrannie emploie pour conserver sa
puissance, autant que cela est possible. Réprimer toute supériorité qui
s'élève ; se défaire des gens de coeur ; défendre les repas communs et les
associations; interdire l'instruction et tout ce qui tient aux lumières,
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