[5,1312b] ἐὰν ἐναντία τις ᾖ πολιτεία κρείττων (τὸ μὲν γὰρ βούλεσθαι δῆλον
ὡς ὑπάρξει διὰ τὴν ἐναντιότητα τῆς προαιρέσεως· ἃ δὲ βούλονται,
δυνάμενοι πράττουσι πάντες), ἐναντίαι δ' αἱ πολιτεῖαι, δῆμος
μὲν τυραννίδι καθ' Ἡσίοδον ὡς κεραμεὺς κεραμεῖ ῖκαὶ γὰρ ἡ δημοκρατία ἡ
τελευταία τυραννίς ἐστινν, βασιλεία δὲ καὶ ἀριστοκρατία διὰ τὴν
ἐναντιότητα τῆς πολιτείας (διὸ Λακεδαιμόνιοι πλείστας κατέλυσαν τυραννίδας
καὶ Συρακούσιοι κατὰ τὸν χρόνον ὃν ἐπολιτεύοντο καλῶς)·
§ 19. ἕνα δ' ἐξ αὑτῆς, ὅταν οἱ μετέχοντες στασιάζωσιν, ὥσπερ ἡ τῶν περὶ
Γέλωνα καὶ νῦν ἡ τῶν περὶ Διονύσιον, ἡ μὲν Γέλωνος Θρασυβούλου τοῦ Ἱέρωνος
ἀδελφοῦ τὸν υἱὸν τοῦ Γέλωνος δημαγωγοῦντος καὶ πρὸς ἡδονὰς ὁρμῶντος, ἵν'
αὐτὸς ἄρχῃ, τῶν δὲ οἰκείων συστησάντων ἵνα μὴ ἡ τυραννὶς ὅλως καταλυθῇ
ἀλλὰ Θρασύβουλος, οἱ δὲ συστάντες αὐτῶν, ὡς καιρὸν ἔχοντες, ἐξέβαλον
ἅπαντας αὐτούς· Διονύσιον δὲ Δίων στρατεύσας, κηδεστὴς ὢν καὶ προσλαβὼν
τὸν δῆμον, ἐκεῖνον ἐκβαλὼν διεφθάρη.
§ 20. Δύο δὲ οὐσῶν αἰτιῶν δι' ἃς μάλιστ' ἐπιτίθενται ταῖς τυραννίσι,
μίσους καὶ καταφρονήσεως, θάτερον μὲν ἀεὶ τούτων ὑπάρχει τοῖς τυράννοις,
τὸ μῖσος, ἐκ δὲ τοῦ καταφρονεῖσθαι πολλαὶ γίνονται τῶν καταλύσεων. Σημεῖον
δέ· τῶν μὲν γὰρ κτησαμένων οἱ πλεῖστοι καὶ διεφύλαξαν τὰς ἀρχάς, οἱ δὲ
παραλαβόντες εὐθὺς ὡς εἰπεῖν ἀπολλύασι πάντες. Ἀπολαυστικῶς γὰρ ζῶντες
εὐκαταφρόνητοί τε γίνονται καὶ πολλοὺς καιροὺς παραδιδόασι τοῖς
ἐπιτιθεμένοις.
§ 21. Μόριον δέ τι τοῦ μίσους καὶ τὴν ὀργὴν δεῖ τιθέναι· τρόπον γάρ τινα
τῶν αὐτῶν αἰτία γίνεται πράξεων. Πολλάκις δὲ καὶ πρακτικώτερον τοῦ μίσους·
συντονώτερον γὰρ ἐπιτίθενται διὰ τὸ μὴ χρῆσθαι λογισμῷ τὸ πάθος (μάλιστα
δὲ συμβαίνει τοῖς θυμοῖς ἀκολουθεῖν διὰ τὴν ὕβριν, δι' ἣν αἰτίαν ἥ τε τῶν
Πεισιστρατιδῶν κατελύθη τυραννὶς καὶ πολλαὶ τῶν ἄλλων), ἀλλὰ μᾶλλον τὸ
μῖσος· ἡ μὲν γὰρ ὀργὴ μετὰ λύπης πάρεστιν, ὥστε οὐ ῥᾴδιον λογίζεσθαι, ἡ δ'
ἔχθρα ἄνευ λύπης.
Ὡς δὲ ἐν κεφαλαίοις εἰπεῖν, ὅσας αἰτίας εἰρήκαμεν τῆς τε ὀλιγαρχίας τῆς
ἀκράτου καὶ τελευταίας καὶ τῆς δημοκρατίας τῆς ἐσχάτης, τοσαύτας καὶ τῆς
τυραννίδος θετέον· καὶ γὰρ αὗται τυγχάνουσιν οὖσαι διαιρεταὶ τυραννίδες.
§ 22. Βασιλεία δ' ὑπὸ μὲν τῶν ἔξωθεν ἥκιστα φθείρεται, διὸ καὶ πολυχρόνιός
ἐστιν· ἐξ αὐτῆς δ' αἱ πλεῖσται φθοραὶ συμβαίνουσιν. Φθείρεται δὲ κατὰ δύο
τρόπους,
| [5,1312b] venant d'un État plus puissant qu'elle et constitué sur un principe
opposé. Il est clair que ce gouvernement voisin,
par l'opposition même de son principe, n'attend que le moment de l'attaque ;
et dès qu'on le peut, on fait toujours ce qu'on désire. Les États de
principes différents sont toujours ennemis entre eux : la démocratie, par
exemple, est l'ennemie de la tyrannie, tout autant que le potier peut
l'être du potier, comme dit Hésiode; ce qui n'empêche pas que la démagogie
poussée à son dernier terme ne soit aussi une véritable tyrannie. La
royauté et l'aristocratie sont ennemies par la différence même de leur
principe. Aussi, les Lacédémoniens avaient-ils pour système constant de
renverser les tyrannies, comme le firent aussi les Syracusains, tant
qu'ils furent régis par un bon gouvernement.
§ 19. La tyrannie trouve dans son propre sein une autre cause de ruine,
quand l'insurrection vient de ceux même qu'elle emploie. Témoin la chute
de la tyrannie fondée par Gélon; et de nos jours, celle de Denys.
Thrasybule, frère d'Hiéron, s'attachait à flatter toutes les folles
passions du fils que Gélon avait laissé, et le plongeait dans les plaisirs
pour régner sous son nom. Les familiers du jeune prince conspirèrent, non
pas tant pour renverser la tyrannie même, que pour supplanter Thrasybule ;
mais les associés qu'ils s'étaient donnés, saisirent cette favorable
occasion pour les chasser tous. Quant à Denys, ce fut Dion, son parent,
qui marcha contre lui et put, avant de mourir, expulser le tyran à l'aide
du peuple soulevé.
§ 20. Des deux sentiments qui causent le plus souvent les conspirations
contre les tyrannies, la haine et le mépris, les tyrans méritent toujours
au moins l'un, c'est la haine. Mais le mépris qu'ils inspirent amène
fréquemment leur chute. Ce qui le prouve bien, c'est que ceux qui ont
personnellement gagné le pouvoir ont su le conserver, et que ceux qui
l'ont reçu par héritage l'ont presque aussitôt perdu. Avilis par les
dérèglements de leur conduite, ils tombent aisément dans le mépris et
fournissent de nombreuses et excellentes occasions aux conspirateurs.
§ 21. On peut ranger aussi la colère dans la même classe que la haine ;
l'une et l'autre poussent à des actions toutes pareilles ; seulement la
colère est encore plus active que la haine, parce qu'elle conspire avec
d'autant plus d'ardeur que la passion ne réfléchit pas. C'est surtout le
ressentiment d'une insulte qui livre les coeurs aux emportements de la
colère : témoin la chute des Pisistratides et de tant d'autres. Cependant
la haine est plus redoutable. La colère est toujours accompagnée d'un
sentiment de douleur qui ne laisse pas de place à la prudence ; l'aversion
n'a point de douleur qui la trouble dans ses complots.
Pour nous résumer, nous dirons que toutes les causes de révolution
assignées par nous à l'oligarchie excessive et sans contrepoids, et à la
démagogie extrême, s'appliquent également à la tyrannie; car ces deux
formes de gouvernement sont de véritables tyrannies divisées entre
plusieurs mains.
§ 22. La royauté a beaucoup moins à redouter les dangers du dehors, et
c'est ce qui en garantit la durée. Mais c'est en elle-même qu'il faut
rechercher toutes les causes de sa ruine. On peut les réduire à deux :
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