[5,1312a] ὥσπερ Σαρδανάπαλλον ἰδών τις ξαίνοντα μετὰ τῶν γυναικῶν
νεἰ ἀληθῆ ταῦτα οἱ μυθολογοῦντες λέγουσιν· εἰ δὲ μὴ ἐπ' ἐκείνου,
ἀλλ' ἐπ' ἄλλου γε ἂν γένοιτο τοῦτο ἀληθέσσ, καὶ Διονυσίῳ τῷ ὑστέρῳ Δίων
ἐπέθετο διὰ τὸ καταφρονεῖν, ὁρῶν τούς τε πολίτας οὕτως ἔχοντας καὶ αὐτὸν
ἀεὶ μεθύοντα.
§ 15. Καὶ τῶν φίλων δέ τινες ἐπιτίθενται διὰ καταφρόνησιν· διὰ γὰρ τὸ
πιστεύεσθαι καταφρονοῦσιν ὡς λήσοντες. Καὶ οἱ οἰόμενοι δύνασθαι κατασχεῖν
τὴν ἀρχὴν τρόπον τινὰ διὰ τὸ καταφρονεῖν ἐπιτίθενται· ὡς δυνάμενοι γὰρ καὶ
καταφρονοῦντες τοῦ κινδύνου διὰ τὴν δύναμιν ἐπιχειροῦσι ῥᾳδίως, ὥσπερ οἱ
στρατηγοῦντες τοῖς μονάρχοις, οἷον Κῦρος Ἀστυάγει καὶ τοῦ βίου καταφρονῶν
καὶ τῆς δυνάμεως διὰ τὸ τὴν μὲν δύναμιν ἐξηργηκέναι αὐτὸν δὲ τρυφᾶν, καὶ
Σεύθης ὁ Θρᾷξ Ἀμαδόκῳ στρατηγὸς ὤν. Οἱ δὲ καὶ διὰ πλείω τούτων
ἐπιτίθενται, οἷον καὶ καταφρονοῦντες καὶ διὰ κέρδος, ὥσπερ Ἀριοβαρζάνῃ
Μιθριδάτης μάλιστα δὲ διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν ἐγχειροῦσιν οἱ τὴν φύσιν μὲν
θρασεῖς, τιμὴν δ' ἔχοντες πολεμικὴν παρὰ τοῖς μονάρχοις· ἀνδρεία γὰρ
δύναμιν ἔχουσα θράσος ἐστίν, δι' ἃς ἀμφοτέρας, ὡς ῥᾳδίως κρατήσοντες,
ποιοῦνται τὰς ἐπιθέσεις.
§ 16. Τῶν δὲ διὰ φιλοτιμίαν ἐπιτιθεμένων ἕτερος τρόπος ἔστι τῆς αἰτίας
παρὰ τοὺς εἰρημένους πρότερον. Οὐ γὰρ ὥσπερ ἔνιοι τοῖς τυράννοις
ἐπιχειροῦσιν ὁρῶντες κέρδη τε μεγάλα καὶ τιμὰς μεγάλας οὔσας αὐτοῖς, οὕτω
καὶ τῶν διὰ φιλοτιμίαν ἐπιτιθεμένων ἕκαστος προαιρεῖται κινδυνεύειν· ἀλλ'
ἐκεῖνοι μὲν διὰ τὴν εἰρημένην αἰτίαν, οὗτοι δ' ὥσπερ κἂν ἄλλης τινὸς
γενομένης πράξεως περιττῆς καὶ δι' ἣν ὀνομαστοὶ γίγνονται καὶ γνώριμοι
τοῖς ἄλλοις, οὕτω καὶ τοῖς μονάρχοις ἐγχειροῦσιν, οὐ κτήσασθαι βουλόμενοι
μοναρχίαν ἀλλὰ δόξαν.
§ 17. Οὐ μὴν ἀλλ' ἐλάχιστοί γε τὸν ἀριθμόν εἰσιν οἱ διὰ ταύτην τὴν αἰτίαν
ὁρμῶντες· ὑποκεῖσθαι γὰρ δεῖ τὸ τοῦ σωθῆναι μηδὲν φροντίζειν, ἂν μὴ μέλλῃ
κατασχήσειν τὴν πρᾶξιν. Οἷς ἀκολουθεῖν μὲν δεῖ τὴν Δίωνος ὑπόληψιν, οὐ
ῥᾴδιον δ' αὐτὴν ἐγγενέσθαι πολλοῖς· ἐκεῖνος γὰρ μετ' ὀλίγων ἐστράτευσεν
ἐπὶ Διονύσιον οὕτως ἔχειν φάσκων ὡς ὅποι περ ἂν δύνηται προελθεῖν, ἱκανὸν
αὑτῷ τοσοῦτον μετασχεῖν τῆς πράξεως, οἷον εἰ μικρὸν ἐπιβάντα τῆς γῆς εὐθὺς
συμβαίη τελευτῆσαι τοῦτον καλῶς ἔχειν αὑτῷ τὸν θάνατον.
§ 18. Φθείρεται δὲ τυραννὶς ἕνα μὲν τρόπον, ὥσπερ καὶ τῶν ἄλλων ἑκάστη
πολιτειῶν, ἔξωθεν,
| [5,1312a] Sardanapale fut tué par un de ses sujets qui, si
l'on en croit la tradition, l'avait vu tenant la quenouille au milieu de
ses femmes. En admettant que ce fait soit faux pour Sardanapale, il peut
certainement être vrai pour un autre. Dion ne conspira que par mépris
contre le Jeune Denys, en voyant que tous ses sujets en faisaient si peu
de cas, et qu'il était lui-même plongé dans une perpétuelle ivresse.
§ 15. C'est surtout par des motifs de cet ordre que se déterminent même
parfois les amis du tyran; la confiance dont ils jouissent auprès de lui
leur inspire le dédain, et l'espoir de cacher leurs complots.
Souvent, quand on se croit en position de saisir le pouvoir de quelque
manière que ce soit, il suffit de mépriser le tyran pour conspirer contre
lui; car lorsqu'on est puissant et que, poussé par la conscience de ses
forces, on dédaigne le danger, on se décide aisément à l'action. C'est
ainsi que bien souvent les généraux n'ont pas d'autres motifs pour
conspirer contre les rois qui les emploient. Par exemple, Cyrus renversa
Astyage, dont il méprisait la conduite et la puissance, et qui avait
renoncé à l'exercice personnel du pouvoir, pour se livrer à tous les excès
du plaisir. Seuthès le Thrace conspira de même contre Amodocus, dont il
était général. Plusieurs motifs de ce genre peuvent se réunir pour
déterminer les conspirations. Parfois, la cupidité se joint au mépris :
témoin la conspiration de Mithridate contre Ariobarzane. Ces sentiments
agissent surtout puissamment sur les hommes d'un caractère hardi, et qui
ont su obtenir près des monarques une haute fonction militaire. Le
courage, quand il est aidé de ressources puissantes, devient de l'audace ;
et, décidé par ces deux motifs, on conspire parce qu'on se croit à peu
près certain du succès.
§ 16. Les conspirations par désir de la gloire ont un tout autre caractère
que celles dont nous avons parlé jusqu'à présent. Elles n'ont pour mobiles
ni l'envie des richesses immenses, ni le désir des honneurs suprêmes que
le tyran possède et qui font si souvent conspirer contre lui. Ce n'est
point par des considérations de ce genre que l'homme ambitieux se risque
aux dangers d'un complot. Il laisse à d'autres les motifs vils et bas que
nous venons de rappeler; mais de même qu'il s'aventurerait dans toute
entreprise inutile, mais qui pourrait donner renom et célébrité, de même
il conspire contre le monarque, avide non de puissance mais de gloire.
§ 17. Les hommes de cette trempe sont excessivement rares, parce que de
telles résolutions supposent toujours un mépris absolu de sa propre vie,
dans le cas où l'entreprise viendrait à échouer. La seule pensée dont on
doive alors être animé est celle de Dion ; mais il est difficile qu'elle
puisse venir à bien des coeurs. Dion, quand il marcha contre Denys,
n'avait avec lui que quelques soldats, déclarant que, quel que fût
d'ailleurs le succès, c'en était assez pour lui d'avoir mis la main à
cette entreprise, et que mourût-il aussitôt en touchant la terre de
Sicile, sa mort serait toujours assez belle.
§ 18. La tyrannie peut être renversée, comme tout autre gouvernement,
par une attaque extérieure,
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