[5,1308a] ἐξελέγχεται γὰρ ὑπὸ τῶν ἔργων (ποῖα δὲ λέγομεν τῶν πολιτειῶν
σοφίσματα, πρότερον εἴρηται).
§ 3. Ἔτι δ' ὁρᾶν ὅτι ἔνιαι μένουσιν οὐ μόνον ἀριστοκρατίαι ἀλλὰ καὶ
ὀλιγαρχίαι οὐ διὰ τὸ ἀσφαλεῖς εἶναι τὰς πολιτείας, ἀλλὰ διὰ τὸ εὖ χρῆσθαι
τοὺς ἐν ταῖς ἀρχαῖς γινομένους καὶ τοῖς ἔξω τῆς πολιτείας καὶ τοῖς ἐν τῷ
πολιτεύματι, τοὺς μὲν μὴ μετέχοντας τῷ μὴ ἀδικεῖν καὶ τῷ τοὺς ἡγεμονικοὺς
αὐτῶν εἰσάγειν εἰς τὴν πολιτείαν καὶ τοὺς μὲν φιλοτίμους μὴ ἀδικεῖν εἰς
ἀτιμίαν τοὺς δὲ πολλοὺς εἰς κέρδος, πρὸς αὑτοὺς δὲ καὶ τοὺς μετέχοντας τῷ
χρῆσθαι ἀλλήλοις δημοτικῶς. Ὃ γὰρ ἐπὶ τοῦ πλήθους ζητοῦσιν οἱ δημοτικοί,
τὸ ἴσον, τοῦτ' ἐπὶ τῶν ὁμοίων οὐ μόνον δίκαιον ἀλλὰ καὶ συμφέρον ἐστίν.
§ 4. Διὸ ἐὰν πλείους ὦσιν ἐν τῷ πολιτεύματι, πολλὰ συμφέρει τῶν δημοτικῶν
νομοθετημάτων, οἷον τὸ ἑξαμήνους τὰς ἀρχὰς εἶναι, ἵνα πάντες οἱ ὅμοιοι
μετέχωσιν· ἔστι γὰρ ὥσπερ δῆμος ἤδη οἱ ὅμοιοι (διὸ καὶ ἐν τούτοις
ἐγγίγνονται δημαγωγοὶ πολλάκις, ὥσπερ εἴρηται πρότερον), ἔπειθ' ἧττον εἰς
δυναστείας ἐμπίπτουσιν αἱ ὀλιγαρχίαι καὶ ἀριστοκρατίαι (οὐ γὰρ ὁμοίως
ῥᾴδιον κακουργῆσαι ὀλίγον χρόνον ἄρχοντας καὶ πολύν, ἐπεὶ διὰ τοῦτο ἐν
ταῖς ὀλιγαρχίαις καὶ δημοκρατίαις γίγνονται τυραννίδες· ἢ γὰρ οἱ μέγιστοι
ἐν ἑκατέρᾳ ἐπιτίθενται τυραννίδι, ἔνθα μὲν οἱ δημαγωγοὶ ἔνθα δ' οἱ
δυνάσται, ἢ οἱ τὰς μεγίστας ἔχοντες ἀρχάς, ὅταν πολὺν χρόνον ἄρχωσιν).
§ 5. Σῴζονται δ' αἱ πολιτεῖαι οὐ μόνον διὰ τὸ πόρρω εἶναι τῶν
διαφθειρόντων, ἀλλ' ἐνίοτε καὶ διὰ τὸ ἐγγύς· φοβούμενοι γὰρ διὰ χειρῶν
ἔχουσι μᾶλλον τὴν πολιτείαν. Ὥστε δεῖ τοὺς τῆς πολιτείας φροντίζοντας
φόβους παρασκευάζειν, ἵνα φυλάττωσι καὶ μὴ καταλύωσιν ὥσπερ νυκτερινὴν
φυλακὴν τὴν τῆς πολιτείας τήρησιν, καὶ τὸ πόρρω ἐγγὺς ποιεῖν. Ἔτι τὰς τῶν
γνωρίμων φιλονεικίας καὶ στάσεις καὶ διὰ τῶν νόμων πειρᾶσθαι δεῖ
φυλάττειν, καὶ τοὺς ἔξω τῆς φιλονεικίας ὄντας πρὶν παρειληφέναι καὶ
αὐτούς, ὡς τὸ ἐν ἀρχῇ γινόμενον κακὸν γνῶναι οὐ τοῦ τυχόντος ἀλλὰ
πολιτικοῦ ἀνδρός.
§ 6. Πρὸς δὲ τὴν διὰ τὰ τιμήματα γιγνομένην μεταβολὴν ἐξ ὀλιγαρχίας καὶ
πολιτείας, ὅταν συμβαίνῃ τοῦτο μενόντων μὲν τῶν αὐτῶν τιμημάτων εὐπορίας
δὲ νομίσματος γιγνομένης, συμφέρει τοῦ τιμήματος ἐπισκοπεῖν τοῦ κοινοῦ τὸ
πλῆθος πρὸς τὸ παρελθόν, ἐν ὅσαις μὲν πόλεσι τιμῶνται κατ' ἐνιαυτόν, κατὰ
τοῦτον τὸν χρόνον,
| [5,1308a] les faits sont là pour les condamner absolument. Nous avons déjà
dit plus haut ce que nous entendons par sophismes politiques, manoeuvres
que l'on croit si habiles.
§ 3. Mais on peut se convaincre que bien des aristocraties, et même
quelques oligarchies, doivent leur durée moins à la bonté de cette
constitution qu'à la prudente conduite des gouvernants, tant envers les
simples citoyens qu'envers leurs collègues ; soigneux d'éviter toute
injustice à l'égard de ceux qui sont exclus des emplois, mais ne manquant
jamais d'en appeler les chefs au maniement des affaires se gardant de
blesser dans leurs préjugés de considération les citoyens qui y
prétendent, et les masses, dans leurs intérêts matériels; surtout
conservant entre eux et parmi tous ceux qui prennent part à
l'administration des formes toutes démocratiques; car, entre égaux, ce
principe d'égalité que les démocrates croient trouver dans la souveraineté
de la majorité, n'est pas seulement juste, il est encore utile.
§ 4. Si donc les membres de l'oligarchie sont nombreux, il sera bon que
plusieurs des institutions qui la régissent soient toutes populaires; que,
par exemple, les magistratures ne durent que six mois, pour que tous les
oligarques égaux entre eux puissent les exercer tour à tour. Par cela seul
qu'ils sont égaux, ils forment une sorte de peuple; et ceci est si vrai,
qu'il peut s'élever parmi eux, comme je l'ai déjà dit, des démagogues.
Cette courte durée des fonctions est de plus un moyen de prévenir, dans
les aristocraties et dans les oligarchies, la domination des minorités
violentes. Quand on reste peu de temps en fonctions, il n'est pas aussi
facile d'y faire le mal que quand on y demeure longtemps. C'est uniquement
la durée trop prolongée du pouvoir qui amène la tyrannie dans les États
oligarchiques et démocratiques. Ou bien, de part et d'autre, ce sont des
citoyens puissants qui visent à la tyrannie : ici les démagogues, là les
membres de la minorité héréditaire; ou bien ce sont des magistrats
investis de quelque grand pouvoir, après qu'ils en ont joui longtemps.
§ 5. Les États se conservent, non pas seulement parce que les causes de
ruine sont éloignées, mais quelquefois aussi parce qu'elles sont
imminentes; la peur alors fait qu'on s'occupe avec un redoublement de
sollicitude des affaires publiques. Aussi, les magistrats qui ont à coeur
le maintien de la constitution doivent-ils parfois, en supposant fort
proches des dangers éloignés, préparer des paniques de ce genre, pour que
les citoyens veillent comme dans une alerte nocturne, et ne désertent pas
la garde de la cité. De plus, c'est toujours par des moyens légaux qu'il
faut tâcher de prévenir les luttes et les dissensions des citoyens
puissants, et de prémunir ceux qui sont en dehors de la querelle, avant
qu'ils y prennent part personnellement. Mais reconnaître ainsi les
symptômes du mal n'est pas d'un esprit vulgaire, et cette perspicacité
n'appartient qu'à l'homme d'État.
§ 6. Pour empêcher, dans l'oligarchie et dans la république, les
révolutions que la quotité du cens peut amener, quand il reste immuable au
milieu de l'accroissement général du numéraire, il convient de réviser les
cotes en les comparant au passé, soit tous les ans, dans les États où le
cens est annuel,
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