[5,1307b] Μάλιστα δὲ λανθάνουσιν αἱ ἀριστοκρατίαι μεταβάλλουσαι τῷ λύεσθαι
κατὰ μικρόν, ὅπερ εἴρηται ἐν τοῖς πρότερον καθόλου κατὰ πασῶν τῶν
πολιτειῶν, ὅτι αἴτιον τῶν μεταβολῶν καὶ τὸ μικρόν ἐστιν· ὅταν γάρ τι
προῶνται τῶν πρὸς τὴν πολιτείαν, μετὰ τοῦτο καὶ ἄλλο μικρῷ μεῖζον
εὐχερέστερον κινοῦσιν, ἕως ἂν πάντα κινήσωσι τὸν κόσμον.
§ 8. Συνέβη δὲ τοῦτο καὶ ἐπὶ τῆς Θουρίων πολιτείας. Νόμου γὰρ ὄντος διὰ
πέντε ἐτῶν στρατηγεῖν, γενόμενοί τινες πολεμικοὶ τῶν νεωτέρων καὶ παρὰ τῷ
πλήθει τῶν φρουρῶν εὐδοκιμοῦντες, καταφρονήσαντες τῶν ἐν τοῖς πράγμασι καὶ
νομίζοντες ῥᾳδίως κατασχήσειν, τοῦτον τὸν νόμον λύειν ἐπεχείρησαν πρῶτον,
ὥστ' ἐξεῖναι τοὺς αὐτοὺς συνεχῶς στρατηγεῖν, ὁρῶντες τὸν δῆμον αὐτοὺς
χειροτονήσοντα προθύμως. Οἱ δ' ἐπὶ τούτῳ τεταγμένοι τῶν ἀρχόντων, οἱ
καλούμενοι σύμβουλοι, ὁρμήσαντες τὸ πρῶτον ἐναντιοῦσθαι συνεπείσθησαν,
ὑπολαμβάνοντες τοῦτον κινήσαντας τὸν νόμον ἐάσειν τὴν ἄλλην πολιτείαν,
ὕστερον δὲ βουλόμενοι κωλύειν ἄλλων κινουμένων οὐκέτι πλέον ἐποίουν οὐθέν,
ἀλλὰ μετέβαλεν ἡ τάξις πᾶσα τῆς πολιτείας εἰς δυναστείαν τῶν
ἐπιχειρησάντων νεωτερίζειν.
§ 9. Πᾶσαι δ' αἱ πολιτεῖαι λύονται ὁτὲ μὲν ἐξ αὑτῶν ὁτὲ δ' ἔξωθεν, ὅταν
ἐναντία πολιτεία ᾖ ἢ πλησίον ἢ πόρρω μὲν ἔχουσα δὲ δύναμιν. Ὅπερ
συνέβαινεν ἐπ' Ἀθηναίων καὶ Λακεδαιμονίων· οἱ μὲν γὰρ Ἀθηναῖοι πανταχοῦ
τὰς ὀλιγαρχίας, οἱ δὲ Λάκωνες τοὺς δήμους κατέλυον.
§ 10. Ὅθεν μὲν οὖν αἱ μεταβολαὶ γίγνονται τῶν πολιτειῶν καὶ αἱ στάσεις,
εἴρηται σχεδόν.
CHAPITRE VII.
§ 1. Περὶ δὲ σωτηρίας καὶ κοινῇ καὶ χωρὶς ἑκάστης πολιτείας ἐχόμενόν ἐστιν
εἰπεῖν. Πρῶτον μὲν οὖν δῆλον ὅτι, εἴπερ ἔχομεν δι' ὧν φθείρονται αἱ
πολιτεῖαι, ἔχομεν καὶ δι' ὧν σῴζονται· τῶν γὰρ ἐναντίων τἀναντία ποιητικά,
φθορὰ δὲ σωτηρίᾳ ἐναντίον.
§ 2. Ἐν μὲν οὖν ταῖς εὖ κεκραμέναις πολιτείαις, εἰπερ ἄλλο τι δεῖ τηρεῖν
ὅπως μηθὲν παρανομῶσι, καὶ μάλιστα τὸ μικρὸν φυλάττειν· λανθάνει γὰρ
παραδυομένη ἡ παρανομία, ὥσπερ τὰς οὐσίας τὸ μικρὸν δαπάνημα ἀναιρεῖ
πολλάκις γινόμενον. Λανθάνει γὰρ ἡ δαπάνη διὰ τὸ μὴ ἀθρόα γίγνεσθαι·
παραλογίζεται γὰρ ἡ διάνοια ὑπ' αὐτῶν, ὥσπερ ὁ σοφιστικὸς λόγος εἰ ἕκαστον
μικρόν, καὶ πάντα· τοῦτο δ' ἔστι μὲν ὥς, ἔστι δ' ὡς οὔ· τὸ γὰρ ὅλον καὶ τὰ
πάντα οὐ μικρόν, ἀλλὰ σύγκειται ἐκ μικρῶν.
Μίαν μὲν οὖν φυλακὴν ταύτην πρὸς τὴν ἀρχὴν δεῖ ποιεῖσθαι· ἔπειτα μὴ
πιστεύειν τοῖς σοφίσματος χάριν πρὸς τὸ πλῆθος συγκειμένοις,
| [5,1307b] Le plus souvent les révolutions dans les aristocraties s'accomplissent
sans qu'on s'en aperçoive et par une destruction insensible. On se
rappelle qu'en traitant du principe général des révolutions, nous avons
dit qu'il fallait compter aussi parmi les causes qui les amènent les
déviations de principe même les plus légères. D'abord, on néglige un point
de la constitution sans importance ; puis, on arrive avec moins de peine à
en changer un autre qui est un peu plus grave, jusqu'à ce qu'enfin on en
vienne à changer le principe tout entier.
§ 8. Je citerai de nouveau l'exemple de Thurium. Une loi limitait à cinq
ans les fonctions de général ; quelques jeunes gens belliqueux, qui
jouissaient d'une grande influence auprès des soldats, et qui, dans leur
mépris pour les hommes en place, croyaient pouvoir les supplanter
aisément, essayèrent en premier lieu de faire rapporter cette loi et
d'obtenir par les suffrages du peuple, qui était tout prêt à les leur
donner, la perpétuité des emplois militaires. D'abord, les magistrats, que
la question regardait, et qu'on nommait Cosénateurs, voulurent résister;
néanmoins, s'imaginant que cette concession garantirait la stabilité du
reste des lois, ils cédèrent comme les autres. Mais lorsque, plus tard,
ils prétendirent empêcher de nouveaux changements, ils furent impuissants
; et la république devint bientôt une oligarchie violente, aux mains de
ceux qui avaient tenté la première innovation.
§ 9. On peut dire en général de tous les gouvernements qu'ils succombent
tantôt à des causes internes de destruction, tantôt à des causes qui leur
sont extérieures; par exemple, quand ils ont à leurs portes un État
constitué sur un principe opposé au leur, ou bien quand cet ennemi, tout
éloigné qu'il est, possède une grande puissance. Voyez la lutte de Sparte
et d'Athènes : partout les Athéniens renversaient les oligarchies, tandis
que les Lacédémoniens renversaient des constitutions démocratiques.
§ 10. Telles sont à peu près les causes de bouleversement et de révolution
dans les diverses espèces de gouvernements républicains
CHAPITRE VII.
§ 1. Cherchons maintenant quels sont, pour les États en général et pour
chacun d'eux en particulier, les moyens de conservation. Un premier point
évident, c'est que, si nous connaissons les causes qui ruinent les États,
nous devons connaître aussi les causes qui les conservent. Le contraire
produit toujours le contraire, et la ruine est l'opposé de la conservation.
§ 2. Dans tous les États bien constitués, le premier soin qu'il faut
prendre est de ne point déroger, en quoi que ce soit, à la loi, et de se
garder avec la plus scrupuleuse attention d'y apporter même les plus
faibles atteintes. L'illégalité mine sourdement l'État, de même que de
petites dépenses souvent répétées finissent par ruiner les fortunes. On ne
remarque pas les pertes qu'on éprouve, parce qu'on ne les fait point en
masse, elles échappent à l'observation et dupent la pensée, comme ce
paradoxe des sophistes : « Si chaque partie est petite, le tout aussi doit
l'être ». Or c'est là une idée qui est tout à la fois en partie vraie et
en partie fausse, car l'ensemble, le tout lui-même n'est pas petit ; mais
il se compose de parties qui sont petites. Il faut donc ici d'abord
prévenir le mal dès l'origine. En second lieu, il ne faut pas se fier à
ces ruses et à ces sophismes qu'on ourdit contre le peuple ;
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