| [3,9] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Θ'.
§ 1. Συμβαίνει δὲ τοὐναντίον εἶναι ἄπειρον ἢ ὡς λέγουσιν. Οὐ γὰρ οὗ μηδὲν 
ἔξω, ἀλλ' οὗ ἀεί τι ἔξω ἐστί, τοῦτο ἄπειρόν ἐστιν. 
§ 2. Σημεῖον δέ· καὶ γὰρ τοὺς δακτυλίους ἀπείρους λέγουσι τοὺς μὴ ἔχοντας 
σφενδόνην, ὅτι αἰεί τι ἔξω ἔστι λαμβάνειν, καθ' ὁμοιότητα μέν τινα 
λέγοντες, οὐ μέντοι κυρίως· δεῖ γὰρ τοῦτό τε ὑπάρχειν καὶ μηδέ ποτε τὸ 
αὐτὸ λαμβάνεσθαι· ἐν δὲ τῷ κύκλῳ οὐ γίγνεται οὕτως, ἀλλ' αἰεὶ τὸ ἐφεξῆς 
μόνον ἕτερον. Ἄπειρον μὲν οὖν ἐστιν οὗ κατὰ τὸ ποσὸν λαμβάνουσιν αἰεί τι 
λαμβάνειν ἔστιν ἔξω. 
§ 3. Οὗ δὲ μηδὲν ἔξω, τοῦτ' ἔστι τέλειον καὶ ὅλον· οὕτω γὰρ ὁριζόμεθα τὸ 
ὅλον, οὗ μηδὲν ἄπεστιν, οἷον ἄνθρωπον ὅλον ἢ κιβώτιον. Ὥσπερ δὲ τὸ καθ' 
ἕκαστον, οὕτω καὶ τὸ κυρίως, οἷον τὸ ὅλον οὗ μηδέν ἐστιν ἔξω· οὗ δ' ἔστιν 
ἀπουσία ἔξω, οὐ πᾶν, ὅ τι ἂν ἀπῇ. Ὅλον δὲ καὶ τέλειον ἢ τὸ αὐτὸ πάμπαν ἢ 
σύνεγγυς τὴν φύσιν. Τέλειον δ' οὐδὲν μὴ ἔχον τέλος· τὸ δὲ τέλος πέρας. 
§ 4. Διὸ βέλτιον οἰητέον Παρμενίδην Μελίσσου εἰρηκέναι· ὁ μὲν γὰρ τὸ 
ἄπειρον ὅλον φησίν, ὁ δὲ τὸ ὅλον πεπεράνθαι, “μεσσόθεν ἰσοπαλές”. Οὐ γὰρ 
λίνον λίνῳ συνάπτειν ἐστὶν τῷ ἅπαντι καὶ ὅλῳ τὸ ἄπειρον, 
 | [3,9] CHAPITRE IX.
   § 1. Il se trouve que l'infini est tout le contraire de ce que disent nos 
philosophes; car l'infini n'est pas du tout ce en dehors de quoi il n'y a 
rien, mais il est précisément ce qui a perpétuellement quelque chose en 
dehors.
   § 2. La preuve, c'est qu'ils qualifient eux-mêmes d'infinis les anneaux 
qui n'ont pas de chaton, parce qu'on peut toujours prendre un point en 
dehors de celui auquel on s'arrête ; mais ce n'est là qu'une espèce de 
similitude qu'ils peuvent employer à leur gré ; ce n'est pas cependant une 
expression propre. Il faut bien en effet pour l'infini que cette condition 
existe, et aussi que jamais le même point n'y soit repris: or, il n'y a rien 
de pareil dans le cercle, et le point nouveau n'est autre que parce qu'on 
le prend à la suite d'un point qui précède. Donc l'infini est ce qui peut 
toujours, en dehors de la quantité qu'on a, fournir quelque chose, qui soit 
une quantité nouvelle.
   § 3. Au contraire, ce en dehors de quoi il n'y a plus rien peut 
s'appeler le parfait, le tout, l'entier; car on entend par le tout, par l'entier, 
ce à quoi rien ne manque en fait de parties : par exemple, un homme 
complet et entier, un coffre entier et complet. Car de même que la 
définition s'applique à chaque objet particulier. elle s'applique aussi de 
même au terme propre et absolu ; et par exemple, le tout, l'entier, signifie 
ce en dehors de quoi il n'y a plus rien. Mais ce en dehors de quoi reste 
quelque chose qui lui manque, n'est plus entier, quelque soit ce qui lui 
manque. L'entier et le parfait sont des termes absolument identiques, ou 
du moins ils sont d'une nature bien voisine. Or, rien n'est parfait qui n'ait 
une fin ; et la fin, c'est la limite.
   § 4. Aussi doit-on trouver que Parménide était plus dans le vrai que 
Mélissus ; car celui-ci disait que l'infini est l'entier, tandis que celui-ci 
prétendait que l'entier est limité et fini : « De tous côtés égal, à partir du 
milieu. » Car confondre l'infini avec le tout et avec l'entier, ce n'est pas 
précisément joindre un bout de fil à un autre bout de fil.
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