HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre IX

Chapitre 6

  Chapitre 6

[9,6] CHAPITRE VI. (25) Ἐπεὶ δὲ περὶ τῆς κατὰ κίνησιν λεγομένης δυνάμεως εἴρηται, περὶ ἐνεργείας διορίσωμεν τί τέ ἐστιν ἐνέργεια καὶ ποῖόν τι. Καὶ γὰρ τὸ δυνατὸν ἅμα δῆλον ἔσται διαιροῦσιν, ὅτι οὐ μόνον τοῦτο λέγομεν δυνατὸν πέφυκε κινεῖν ἄλλο κινεῖσθαι ὑπ' ἄλλου ἁπλῶς τρόπον τινά, ἀλλὰ (30) καὶ ἑτέρως, διὸ ζητοῦντες καὶ περὶ τούτων διήλθομεν. Ἔστι δὴ ἐνέργεια τὸ ὑπάρχειν τὸ πρᾶγμα μὴ οὕτως ὥσπερ λέγομεν δυνάμει· λέγομεν δὲ δυνάμει οἷον ἐν τῷ ξύλῳ Ἑρμῆν καὶ ἐν τῇ ὅλῃ τὴν ἡμίσειαν, ὅτι ἀφαιρεθείη ἄν, καὶ ἐπιστήμονα καὶ τὸν μὴ θεωροῦντα, ἂν δυνατὸς θεωρῆσαι· (35) τὸ δὲ ἐνεργείᾳ.. Δῆλον δ' ἐπὶ τῶν καθ' ἕκαστα τῇ ἐπαγωγῇ βουλόμεθα λέγειν, καὶ οὐ δεῖ παντὸς ὅρον ζητεῖν ἀλλὰ καὶ τὸ ἀνάλογον συνορᾶν, ὅτι ὡς τὸ οἰκοδομοῦν πρὸς τὸ οἰκοδομικόν, (1048b) (1) καὶ τὸ ἐγρηγορὸς πρὸς τὸ καθεῦδον, καὶ τὸ ὁρῶν πρὸς τὸ μῦον μὲν ὄψιν δὲ ἔχον, καὶ τὸ ἀποκεκριμένον ἐκ τῆς ὕλης πρὸς τὴν ὕλην, καὶ τὸ ἀπειργασμένον πρὸς τὸ ἀνέργαστον. Ταύτης δὲ τῆς διαφορᾶς (5) θατέρῳ μορίῳ ἔστω ἐνέργεια ἀφωρισμένη θατέρῳ δὲ τὸ δυνατόν. Λέγεται δὲ ἐνεργείᾳ οὐ πάντα ὁμοίως ἀλλ' τῷ ἀνάλογον, ὡς τοῦτο ἐν τούτῳ πρὸς τοῦτο, τόδ' ἐν τῷδε πρὸς τόδε· τὰ μὲν γὰρ ὡς κίνησις πρὸς δύναμιν τὰ δ' ὡς οὐσία πρός τινα ὕλην. Ἄλλως δὲ καὶ τὸ ἄπειρον (10) καὶ τὸ κενόν, καὶ ὅσα τοιαῦτα, λέγεται δυνάμει καὶ ἐνεργείᾳ πολλοῖς τῶν ὄντων, οἷον τῷ ὁρῶντι καὶ βαδίζοντι καὶ ὁρωμένῳ. Ταῦτα μὲν γὰρ ἐνδέχεται καὶ ἁπλῶς ἀληθεύεσθαί ποτε (τὸ μὲν γὰρ ὁρώμενον ὅτι ὁρᾶται, τὸ δὲ ὅτι ὁρᾶσθαι δυνατόντὸ δ' ἄπειρον οὐχ οὕτω δυνάμει ἔστιν ὡς (15) ἐνεργείᾳ ἐσόμενον χωριστόν, ἀλλὰ γνώσει. Τὸ γὰρ μὴ ὑπολείπειν τὴν διαίρεσιν ἀποδίδωσι τὸ εἶναι δυνάμει ταύτην τὴν ἐνέργειαν, τὸ δὲ χωρίζεσθαι οὔ. Ἐπεὶ δὲ τῶν πράξεων ὧν ἔστι πέρας οὐδεμία τέλος ἀλλὰ τῶν περὶ τὸ τέλος, οἷον τὸ ἰσχναίνειν ἰσχνασία (20) αὐτό, αὐτὰ δὲ ὅταν ἰσχναίνῃ οὕτως ἐστὶν ἐν κινήσει, μὴ ὑπάρχοντα ὧν ἕνεκα κίνησις, οὐκ ἔστι ταῦτα πρᾶξις οὐ τελεία γε (οὐ γὰρ τέλοςἀλλ' ἐκείνη ἐνυπάρχει τὸ τέλος καὶ πρᾶξις. Οἷον ὁρᾷ ἅμα καὶ φρονεῖ καὶ νοεῖ καὶ νενόηκεν, ἀλλ' οὐ μανθάνει καὶ μεμάθηκεν (25) οὐδ' ὑγιάζεται καὶ ὑγίασται· εὖ ζῇ καὶ εὖ ἔζηκεν ἅμα, καὶ εὐδαιμονεῖ καὶ εὐδαιμόνηκεν. Εἰ δὲ μή, ἔδει ἄν ποτε παύεσθαι ὥσπερ ὅταν ἰσχναίνῃ, νῦν δ' οὔ, ἀλλὰ ζῇ καὶ ἔζηκεν. Τούτων δὴ τὰς μὲν κινήσεις λέγειν, τὰς δ' ἐνεργείας. Πᾶσα γὰρ κίνησις ἀτελής, ἰσχνασία μάθησις βάδισις οἰκοδόμησις· (30) αὗται δὴ κινήσεις, καὶ ἀτελεῖς γε. Οὐ γὰρ ἅμα βαδίζει καὶ βεβάδικεν, οὐδ' οἰκοδομεῖ καὶ ᾠκοδόμηκεν, οὐδὲ γίγνεται καὶ γέγονεν κινεῖται καὶ κεκίνηται, ἀλλ' ἕτερον, καὶ κινεῖ καὶ κεκίνηκεν· ἑώρακε δὲ καὶ ὁρᾷ ἅμα τὸ αὐτό, καὶ νοεῖ καὶ νενόηκεν. Τὴν μὲν οὖν τοιαύτην ἐνέργειαν (35) λέγω, ἐκείνην δὲ κίνησιν. Τὸ μὲν οὖν ἐνεργείᾳ τί τέ ἐστι καὶ ποῖον, ἐκ τούτων καὶ τῶν τοιούτων δῆλον ἡμῖν ἔστω. [9,6] CHAPITRE VI. Nous avons parlé de la puissance motrice ; occupons-nous de l'acte, et déterminons ce que c'est que 98 l'acte, et quels sont ses modes. Cette recherche nous mettra à même de montrer que puissant ne s'entend pas seulement de ce qui a la propriété de mouvoir une autre chose, ou de recevoir d'elle le mouvement, mouvement proprement dit, ou mouvement de telle ou telle nature, mais qu'il a encore d'autres significations : nous déterminerons ces significations dans le cours de cette recherche. L'acte est, pour un objet, l'état opposé à la puissance : nous disons, par exemple, que l'Hermès est en puissance dans le bois ; que la moitié de la ligne est en puissance dans la ligne entière, parce qu'elle pourrait en être tirée. On donne aussi le nom de savant en puissance même à celui qui n'étudie pas, s'il a la faculté d'étudier. On peut conclure facilement de ces différents exemples particuliers ce que nous entendons par acte; il ne faut point chercher à tout définir exactement, mais se contenter quelquefois d'analogies. L'acte, ce sera donc l'être qui bâtit, relativement à 99 celui qui a la faculté de bâtir ; (1048b) l'être qui est éveillé, relativement à celui qui dort ; l'être qui voit, par rapport à celui qui a les yeux fermés, tout en ayant la faculté de voir; l'objet tiré de la matière relativement à la matière: ce qui est fait, par rapport à ce qui n'est point fait. Donnons le nom d'acte aux premiers termes de ces diverses relations ; les autres termes sont la puissance. Acte ne s'entend pas toujours de la même manière, si ce n'est par analogie; on dit : tel objet est dans tel autre ou relatif à tel autre ; on dit aussi : tel objet est en acte dans tel autre, ou relativement à tel autre. Car l'acte signifie tantôt le mouvement relativement à la puissance, tantôt l'essence relativement à une certaine matière. La puissance et l'acte, pour l'infini, le vide, et tous les êtres de ce genre, s'entendent d'une autre manière que pour la plupart des autres êtres, tels que ce qui voit, ce qui marche, ce qui est vu. Dans ces derniers cas, l'affirmation de l'existence peut être vraie soit absolument, soit dans telle circonstance donnée. Visible se dit ou de ce qui est vu réellement, ou de ce qui peut être vu. Mais la puissance, pour l'infini, n'est pas d'une nature telle que l'acte puisse jamais se réaliser, sinon par la pensée : en tant que la division se prolonge à l'infini, on dit que l'acte de la division existe en puissance ; mais il n'existe jamais séparé de la puissance. 100 Comme toutes les actions qui ont un terme ne sont pas elles-mêmes un but, mais tendent à un but : ainsi le. but de l'amaigrissement est la maigreur; ces actions, telles que l'amaigrissement, sont, il est vrai, des mouvements, mais ne sont point le but du mouvement; on ne peut considérer ces faits comme des actes, du moins comme des actes complets, car ils ne sont pas un but, mais seulement tendent au but et à l'acte. On peut voir, on peut concevoir, penser, et avoir vu, conçu, pensé ; mais on ne peut pas apprendre et avoir appris la même chose, guérir et avoir été guéri ; on peut bien vivre et avoir bien vécu, être heureux et avoir été heureux tout à la fois : sans cela, il faudrait qu'il y eût des points d'arrêt dans la vie, comme il peut arriver pour l'amaigrissement ; mais c'est ce qui n'a jamais lieu : on vit et on a vécu. De ces différents modes appelons les uns mouvements, les autres actes ; car tout mouvement est incomplet, ainsi l'amaigrissement, l'étude, la marche, la construction ; et les différents modes dont nous avons parlé sont des mouvements et des mouvements incomplets. On ne peut point faire un pas et l'avoir fait en même temps, bâtir et avoir bâti, devenir et être devenu, imprimer ou recevoir un mouvement, et l'avoir reçu. Le moteur diffère de l'être en mouvement ; mais le même être au contraire peut en même temps voir, et avoir vu, penser, et avoir pensé : ce sont ces derniers faits que j'appelle des actes, les autres ne sont que des mouvements. Ces exemples, ou tout autre exemple du même genre, suffisent pour montrer clairement ce que c'est que l'acte, et quelle est sa nature.


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Dernière mise à jour : 3/12/2009