[9,5] CHAPITRE V.
Ἀπασῶν δὲ τῶν δυνάμεων οὐσῶν τῶν μὲν συγγενῶν οἷον τῶν αἰσθήσεων, τῶν δὲ ἔθει οἷον τῆς τοῦ αὐλεῖν, τῶν δὲ μαθήσει οἷον τῆς τῶν τεχνῶν, τὰς μὲν ἀνάγκη προενεργήσαντας ἔχειν, ὅσαι ἔθει καὶ λόγῳ, τὰς δὲ μὴ τοιαύτας καὶ τὰς ἐπὶ τοῦ πάσχειν οὐκ ἀνάγκη. (1048a) (1) Ἐπεὶ δὲ τὸ δυνατὸν τὶ δυνατὸν καὶ ποτὲ καὶ πὼς καὶ ὅσα ἄλλα ἀνάγκη προσεῖναι ἐν τῷ διορισμῷ, καὶ τὰ μὲν κατὰ λόγον δύναται κινεῖν καὶ αἱ δυνάμεις αὐτῶν μετὰ λόγου, τὰ δὲ ἄλογα καὶ αἱ δυνάμεις ἄλογοι, κἀκείνας μὲν ἀνάγκη ἐν ἐμψύχῳ (5) εἶναι ταύτας δὲ ἐν ἀμφοῖν, τὰς μὲν τοιαύτας δυνάμεις ἀνάγκη, ὅταν ὡς δύνανται τὸ ποιητικὸν καὶ τὸ παθητικὸν πλησιάζωσι, τὸ μὲν ποιεῖν τὸ δὲ πάσχειν, ἐκείνας δ' οὐκ ἀνάγκη· αὗται μὲν γὰρ πᾶσαι μία ἑνὸς ποιητική, ἐκεῖναι δὲ τῶν ἐναντίων,
ὥστε ἅμα ποιήσει τὰ ἐναντία· τοῦτο δὲ (10) ἀδύνατον. Ἀνάγκη ἄρα ἕτερόν τι εἶναι τὸ κύριον· λέγω δὲ τοῦτο ὄρεξιν ἢ προαίρεσιν. Ὁποτέρου γὰρ ἂν ὀρέγηται κυρίως, τοῦτο ποιήσει ὅταν ὡς δύναται ὑπάρχῃ καὶ πλησιάζῃ τῷ παθητικῷ· ὥστε τὸ δυνατὸν κατὰ λόγον ἅπαν ἀνάγκη, ὅταν ὀρέγηται οὗ ἔχει τὴν δύναμιν καὶ ὡς ἔχει, (15) τοῦτο ποιεῖν· ἔχει δὲ παρόντος τοῦ παθητικοῦ καὶ ὡδὶ ἔχοντος ποιεῖν· εἰ δὲ μή, ποιεῖν οὐ δυνήσεται (τὸ γὰρ μηθενὸς τῶν ἔξω κωλύοντος προσδιορίζεσθαι οὐθὲν ἔτι δεῖ· τὴν γὰρ δύναμιν ἔχει ὡς ἔστι δύναμις τοῦ ποιεῖν, ἔστι δ' οὐ πάντως ἀλλ' ἐχόντων πῶς, ἐν οἷς ἀφορισθήσεται καὶ τὰ ἔξω κωλύοντα· (20) ἀφαιρεῖται γὰρ ταῦτα τῶν ἐν τῷ διορισμῷ προσόντων ἔνια)· διὸ οὐδ' ἐὰν ἅμα βούληται ἢ ἐπιθυμῇ ποιεῖν δύο ἢ τὰ ἐναντία, οὐ ποιήσει· οὐ γὰρ οὕτως ἔχει αὐτῶν τὴν δύναμιν οὐδ' ἔστι τοῦ ἅμα ποιεῖν ἡ δύναμις, ἐπεὶ ὧν ἐστὶν οὕτως ποιήσει.
| [9,5] CHAPITRE V.
Des puissances, les unes sont mises en nous par la nature, tels sont les sens; d'autres nous viennent d'une habitude contractée, ainsi l'habileté à jouer de la flûte ; d'autres enfin sont le fruit de l'étude, par exemple les arts. Il faut donc qu'il y ait eu un exercice antérieur, pour que nous possédions celles qui s'acquièrent par l'habitude, ou par le raisonnement; mais celles qui sont d'une autre sorte, ainsi que les puissances passives, n'exigent pas cet exercice. (1048a) Puissant, c'est ce qui peut quelque chose, dans quelque circonstance, de quelque manière; et tous les autres caractères qui entrent nécessairement dans la définition. C'est rationnellement que certains êtres peuvent produire le mouvement, et leurs puissances sont rationnelles, tandis que les autres sont privés de raison et n'ont que des puissances irrationnelles ; et parmi les puissances, celles-là résident nécessairement dans un être animé, tandis que celles-ci résident et dans les êtres animés et dans les êtres inanimés. Pour les puissances de cette dernière espèce, dés que l'être passif et l'être actif sont proche l'un de l'autre, dans les conditions requises pour l'action de la puissance, alors il est nécessaire que l'un agisse, que l'autre subisse l'action ; mais cela n'est pas nécessaire pour les puissances de l'autre espèce. C'est que les premières ne produisent, toutes sans exception, qu'un seul effet chacune, tandis que chacune de celles-ci produit les contraires.
La puissance, dira-t-on , produit donc simultanément les contraires. Or, cela est impossible.il faut bien dès lors, qu'il y ait quelque autre chose qui détermine le mode, l'action ; ce sera le désir, par exemple, ou la résolution. La chose dont on désirera l'accomplissement, sera la chose qui devra s'accomplir, quand il y aura véritablement puissance, et que l'être actif sera en présence de l'être passif. Donc, aussitôt que le désir se fera sentir en lui, l'être doué d'une puissance rationnelle fera la chose qu'il a la puissance de faire, pourvu que la condition requise soit remplie. Or, la condition de son action c'est la présence de 97 l'objet passif, et telle manière d'être de cet objet. Dans le cas contraire il y aurait impossibilité d'agir. Nous n'avons pas besoin du reste d'ajouter qu'il faut qu'aucun obstacle extérieur n'empêche l'action de la puissance. Un être a la puissance en tant qu'il a un pouvoir d'agir, pouvoir non pas absolu, mais soumis à certaines conditions, ce qui comprend cette autre condition qu'il n'y aura pas d'obstacles extérieurs ; la suppression de ces obstacles est la conséquence même de quelques-uns des caractères qui entrent dans la définition de la puissance. C'est pourquoi la puissance ne saurait produire en même temps, le voulût-on, ou le désirât-on, deux effets, ou les effets contraires. Elle n'a pas le pouvoir de les produire simultanément ; elle n'est pas non plus le pouvoir de produire simultanément des effets divers. Ce qu'elle peut faire, voilà ce qu'elle fera.
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