[7,2] II.
Δοκεῖ δ' ἡ οὐσία ὑπάρχειν φανερώτατα μὲν τοῖς σώμασιν (διὸ τά τε
ζῷα καὶ τὰ φυτὰ καὶ τὰ μόρια αὐτῶν (10) οὐσίας εἶναί φαμεν, καὶ τὰ φυσικὰ
σώματα, οἷον πῦρ καὶ ὕδωρ καὶ γῆν καὶ τῶν τοιούτων ἕκαστον, καὶ ὅσα ἢ
μόρια τούτων ἢ ἐκ τούτων ἐστίν, ἢ μορίων ἢ πάντων, οἷον ὅ τε οὐρανὸς καὶ
τὰ μόρια αὐτοῦ, ἄστρα καὶ σελήνη καὶ ἥλιος)· πότερον δὲ αὗται μόναι
οὐσίαι εἰσὶν ἢ καὶ ἄλλαι, ἢ τούτων τινὲς (15) ἢ καὶ ἄλλαι, ἢ τούτων μὲν
οὐθὲν ἕτεραι δέ τινες, σκεπτέον.
Δοκεῖ δέ τισι τὰ τοῦ σώματος πέρατα, οἷον ἐπιφάνεια καὶ γραμμὴ καὶ
στιγμὴ καὶ μονάς, εἶναι οὐσίαι, καὶ μᾶλλον ἢ τὸ σῶμα καὶ τὸ στερεόν. Ἔτι
παρὰ τὰ αἰσθητὰ οἱ μὲν οὐκ οἴονται εἶναι οὐδὲν τοιοῦτον, οἱ δὲ πλείω καὶ
μᾶλλον ὄντα ἀί̈δια, ὥσπερ Πλάτων (20) τά τε εἴδη καὶ τὰ μαθηματικὰ δύο
οὐσίας, τρίτην δὲ τὴν τῶν αἰσθητῶν σωμάτων οὐσίαν, Σπεύσιππος δὲ καὶ
πλείους οὐσίας ἀπὸ τοῦ ἑνὸς ἀρξάμενος, καὶ ἀρχὰς ἑκάστης οὐσίας, ἄλλην
μὲν ἀριθμῶν ἄλλην δὲ μεγεθῶν, ἔπειτα ψυχῆς· καὶ τοῦτον δὴ τὸν τρόπον
ἐπεκτείνει τὰς οὐσίας. Ἔνιοι δὲ (25) τὰ μὲν εἴδη καὶ τοὺς ἀριθμοὺς τὴν
αὐτὴν ἔχειν φασὶ φύσιν, τὰ δὲ ἄλλα ἐχόμενα, γραμμὰς καὶ ἐπίπεδα, μέχρι
πρὸς τὴν τοῦ οὐρανοῦ οὐσίαν καὶ τὰ αἰσθητά.
Περὶ δὴ τούτων τί λέγεται καλῶς ἢ μὴ καλῶς, καὶ τίνες εἰσὶν οὐσίαι, καὶ
πότερον εἰσί τινες παρὰ τὰς αἰσθητὰς ἢ οὐκ εἰσί, καὶ αὗται πῶς (30) εἰσί,
καὶ πότερον ἔστι τις χωριστὴ οὐσία, καὶ διὰ τί καὶ πῶς, ἢ οὐδεμία, παρὰ τὰς
αἰσθητάς, σκεπτέον, ὑποτυπωσαμένοις τὴν οὐσίαν πρῶτον τί ἐστιν.
| [7,2] II.
L'existence de la substance semble manifeste surtout dans les
corps ; aussi appelons-nous substances les animaux, les plantes, et les
parties des plantes et des animaux, ainsi que les corps physiques, tels
que le feu, l'eau, la terre, et chacun des êtres de ce genre, et leurs
parties, et ce qui provient d'une de leurs parties, ou de leur ensemble
comme le ciel ; enfin les parties du ciel, les astres, la lune, le soleil. Sont-ce là
les seules substances ? y en a-t-il d'autres encore ; ou bien aucune
de celles-ci n'est-elle substance, et ce titre appartient-il à d'autres êtres ?
c'est ce qu’il faut examiner.
Quelques-uns pensent que les limites du corps, comme la surface, la
ligne, le point, et avec elle la monade, sont des substances, bien plus
substances même que le corps et le solide. De plus, les uns pensent
qu'il n'y a rien qui soit substance, en dehors des êtres sensibles ; les
autres admettent plusieurs substances, et les substances, ce sont avant
tout, selon eux, les êtres éternels : ainsi Platon dit que les idées et les
êtres mathématiques sont d'abord deux substances, et qu'il y en a une
troisième, la substance des corps sensibles. Speusippe en admet un
bien plus grand nombre encore : la première, c'est, selon lui, l'unité ; puis
il y a un principe particulier pour chaque substance ; un pour les nombres,
un autre pour les grandeurs, un autre pour l'âme ; c'est ainsi qu'il multiplie
le nombre des substances. Il est enfin quelques philosophes qui regardent
comme une même nature et les idées et les nombres ; et tout le reste
suivant eux en dérive : les lignes, les plans, jusqu'à la substance du ciel,
jusqu’aux corps sensibles.
Qui a raison ; qui a tort ? Quelles sont les véritables substances ? Y
a-t-il, oui ou non, d'autres substances que les substances sensibles, et s’il
y en a d'autres, quel est leur mode d’existence ? Y a-t-il une substance
séparée des substances sensibles ; pourquoi et comment ? ou bien n'y a-t-il
rien autre chose que les substances sensibles ? Telles sont les
questions qu'il nous faut examiner, après avoir exposé d’abord ce que
c'est que la substance.
|