[7,3] III.
Λέγεται δ' ἡ οὐσία, εἰ μὴ πλεοναχῶς, ἀλλ' ἐν τέτταρσί γε μάλιστα· καὶ
γὰρ τὸ τί ἦν εἶναι καὶ τὸ καθόλου (35) καὶ τὸ γένος οὐσία δοκεῖ εἶναι
ἑκάστου, καὶ τέταρτον τούτων τὸ ὑποκείμενον. Τὸ δ' ὑποκείμενόν ἐστι καθ'
οὗ τὰ ἄλλα λέγεται, ἐκεῖνο δὲ αὐτὸ μηκέτι κατ' ἄλλου· διὸ πρῶτον περὶ
τούτου διοριστέον· (1029a)(1) μάλιστα γὰρ δοκεῖ εἶναι οὐσία τὸ
ὑποκείμενον πρῶτον. Τοιοῦτον δὲ τρόπον μέν τινα ἡ ὕλη λέγεται, ἄλλον δὲ
τρόπον ἡ μορφή, τρίτον δὲ τὸ ἐκ τούτων (λέγω δὲ τὴν μὲν ὕλην οἷον τὸν
χαλκόν, τὴν δὲ μορφὴν τὸ σχῆμα τῆς (5) ἰδέας, τὸ δ' ἐκ τούτων τὸν
ἀνδριάντα τὸ σύνολον), ὥστε εἰ τὸ εἶδος τῆς ὕλης πρότερον καὶ μᾶλλον ὄν,
καὶ τοῦ ἐξ ἀμφοῖν πρότερον ἔσται διὰ τὸν αὐτὸν λόγον.
Νῦν μὲν οὖν τύπῳ εἴρηται τί ποτ' ἐστὶν ἡ οὐσία, ὅτι τὸ μὴ καθ'
ὑποκειμένου ἀλλὰ καθ' οὗ τὰ ἄλλα· δεῖ δὲ μὴ μόνον οὕτως· οὐ γὰρ ἱκανόν·
(10) αὐτὸ γὰρ τοῦτο ἄδηλον, καὶ ἔτι ἡ ὕλη οὐσία γίγνεται. Εἰ γὰρ μὴ αὕτη
οὐσία, τίς ἐστιν ἄλλη διαφεύγει· περιαιρουμένων γὰρ τῶν ἄλλων οὐ
φαίνεται οὐδὲν ὑπομένον· τὰ μὲν γὰρ ἄλλα τῶν σωμάτων πάθη καὶ
ποιήματα καὶ δυνάμεις, τὸ δὲ μῆκος καὶ πλάτος καὶ βάθος ποσότητές τινες
ἀλλ' (15) οὐκ οὐσίαι (τὸ γὰρ ποσὸν οὐκ οὐσία), ἀλλὰ μᾶλλον ᾧ ὑπάρχει
ταῦτα πρώτῳ, ἐκεῖνό ἐστιν οὐσία. Ἀλλὰ μὴν ἀφαιρουμένου μήκους καὶ
πλάτους καὶ βάθους οὐδὲν ὁρῶμεν ὑπολειπόμενον, πλὴν εἴ τί ἐστι τὸ
ὁριζόμενον ὑπὸ τούτων, ὥστε τὴν ὕλην ἀνάγκη φαίνεσθαι μόνην οὐσίαν
οὕτω σκοπουμένοις. (20) Λέγω δ' ὕλην ἣ καθ' αὑτὴν μήτε τὶ μήτε ποσὸν
μήτε ἄλλο μηδὲν λέγεται οἷς ὥρισται τὸ ὄν. Ἔστι γάρ τι καθ' οὗ κατηγορεῖται
τούτων ἕκαστον, ᾧ τὸ εἶναι ἕτερον καὶ τῶν κατηγοριῶν ἑκάστῃ (τὰ μὲν γὰρ
ἄλλα τῆς οὐσίας κατηγορεῖται, αὕτη δὲ τῆς ὕλης), ὥστε τὸ ἔσχατον καθ'
αὑτὸ οὔτε τὶ οὔτε ποσὸν (25) οὔτε ἄλλο οὐδέν ἐστιν· οὐδὲ δὴ αἱ ἀποφάσεις,
καὶ γὰρ αὗται ὑπάρξουσι κατὰ συμβεβηκός.
Ἐκ μὲν οὖν τούτων θεωροῦσι συμβαίνει οὐσίαν εἶναι τὴν ὕλην·
ἀδύνατον δέ· καὶ γὰρ τὸ χωριστὸν καὶ τὸ τόδε τι ὑπάρχειν δοκεῖ μάλιστα τῇ
οὐσίᾳ, διὸ τὸ εἶδος καὶ τὸ ἐξ ἀμφοῖν οὐσία δόξειεν ἂν εἶναι μᾶλλον (30) τῆς
ὕλης. Τὴν μὲν τοίνυν ἐξ ἀμφοῖν οὐσίαν, λέγω δὲ τὴν ἔκ τε τῆς ὕλης καὶ τῆς
μορφῆς, ἀφετέον, ὑστέρα γὰρ καὶ δήλη· φανερὰ δέ πως καὶ ἡ ὕλη· περὶ δὲ
τῆς τρίτης σκεπτέον, αὕτη γὰρ ἀπορωτάτη. Ὁμολογοῦνται δ' οὐσίαι εἶναι
τῶν αἰσθητῶν τινές, ὥστε ἐν ταύταις ζητητέον πρῶτον.
| [7,3] III.
Substance a, sinon un grand nombre de sens, du moins quatre sens
principaux : la substance d'un être, c'est, à ce qu'il semble, ou
l'essence, ou l'universel, ou le genre, ou enfin le sujet. Le sujet, c’est ce
dont tout le reste est attribut, ce qui n’est attribut de rien. Examinons donc
d'abord le sujet ; (1029a) car la substance, ce doit être avant tout le sujet
premier. Le sujet premier est, dans un sens, la matière, dans un autre
sens, la forme, et en troisième lieu, l'ensemble de la forme et de la
matière. Par matière j‘entends l’airain, par exemple ; la forme, c'est la
figure idéale ; l'ensemble, c'est la statue réalisée. D'après cela, si la forme
est antérieure à la matière, si elle a, plus qu'elle, le caractère de l'être, elle
sera antérieure aussi, par la même raison, à l'ensemble de la forme et
de la matière.
Nous avons donné une définition figurée de la substance, (10) en
disant que c’est ce qui n’est point l'attribut d’un sujet, ce dont tout le reste
est attribut. Mais il nous faut mieux que cette définition ; elle est
insuffisante et obscure, et de plus, d'après cette définition, la matière
devrait être considérée comme substance ; car si elle n’est pas une
substance, nous ne voyons pas quelle autre chose aura ce titre : si l’on
supprime les attributs, il ne reste rien, que la matière. Toutes les autres
choses sont, ou bien des modifications, des actions, des puissances des
corps, ou bien, comme la longueur, la largeur, la profondeur, des
quantités, mais non des substances. Car la quantité n`est pas une
substance : ce qui est substance, c'est plutôt le sujet premier dans lequel
existe la quantité. Supprimez la longueur, la largeur, la profondeur, il ne
reste rien absolument, sinon ce qui était déterminé par ces propriétés.
Sous ce point de vue, la matière est nécessairement la seule substance ;
et j'appelle matière ce qui n’a, de soi, ni forme, ni quantité, ni aucun des
caractères qui déterminent l'être : car il y a quelque chose dont chacun de
ces caractères est un attribut, quelque chose qui diffère dans son
existence, de l‘être selon toutes les catégories. Tout le reste se rapporte à
la substance ; la substance se rapporte à la matière. La matière première
est donc ce qui, en soi, n’a ni forme, ni quantité, ni aucun autre attribut.
Elle ne sera pas toutefois la négation de ces attributs, car les négations
ne sont des êtres que par accident.
À considérer la question sous ce point de vue, la substance sera la
matière ; mais d’un autre côté cela est impossible. Car la substance paraît
avoir pour caractère essentiel d'être séparable, et d'être quelque chose de
déterminé. D‘après cela, la forme, et l'ensemble de la forme et de la
matière, paraissent être plutôt substance que la matière. Mais la
substance réalisée (je veux dire celle qui résulte de l'union de la
matière et de la forme), il n'en faut pas parler. Évidemment elle est
postérieure et à la forme et à la matière, et d'ailleurs ses caractères sont
manifestes : la matière elle-même tombe, jusqu’à un certain point sous le
sens. Reste donc à étudier la troisième, la forme. Sur celle-là il y a lieu à
de longues discussions. On reconnaît généralement qu’il y a des
substances des objets sensibles ; c'est de ces substances que nous
allons parler d'abord.
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