[7,16] XVI.
(5) Φανερὸν δὲ ὅτι καὶ τῶν δοκουσῶν εἶναι οὐσιῶν αἱ πλεῖσται
δυνάμεις εἰσί, τά τε μόρια τῶν ζῴων οὐθὲν γὰρ κεχωρισμένον αὐτῶν ἐστίν·
ὅταν δὲ χωρισθῇ, καὶ τότε ὄντα ὡς ὕλη πάντἀ καὶ γῆ καὶ πῦρ καὶ ἀήρ·
οὐδὲν γὰρ αὐτῶν ἕν ἐστιν, ἀλλ' οἷον σωρός, πρὶν ἢ πεφθῇ καὶ γένηταί τι
(10) ἐξ αὐτῶν ἕν. Μάλιστα δ' ἄν τις τὰ τῶν ἐμψύχων ὑπολάβοι μόρια καὶ τὰ
τῆς ψυχῆς πάρεγγυς ἄμφω γίγνεσθαι, ὄντα καὶ ἐντελεχείᾳ καὶ δυνάμει, τῷ
ἀρχὰς ἔχειν κινήσεως ἀπό τινος ἐν ταῖς καμπαῖς· διὸ ἔνια ζῷα διαιρούμενα
ζῇ. Ἀλλ' ὅμως δυνάμει πάντ' ἔσται, ὅταν ᾖ ἓν καὶ (15) συνεχὲς φύσει, ἀλλὰ
μὴ βίᾳ ἢ συμφύσει· τὸ γὰρ τοιοῦτον πήρωσις.
Ἐπεὶ δὲ τὸ ἓν λέγεται ὥσπερ καὶ τὸ ὄν, καὶ ἡ οὐσία ἡ τοῦ ἑνὸς μία, καὶ
ὧν μία ἀριθμῷ ἓν ἀριθμῷ, φανερὸν ὅτι οὔτε τὸ ἓν οὔτε τὸ ὂν ἐνδέχεται
οὐσίαν εἶναι τῶν πραγμάτων, ὥσπερ οὐδὲ τὸ στοιχείῳ εἶναι ἢ ἀρχῇ· ἀλλὰ
(20) ζητοῦμεν τίς οὖν ἡ ἀρχή, ἵνα εἰς γνωριμώτερον ἀναγάγωμεν. Μᾶλλον
μὲν οὖν τούτων οὐσία τὸ ὂν καὶ ἓν ἢ ἥ τε ἀρχὴ καὶ τὸ στοιχεῖον καὶ τὸ
αἴτιον, οὔπω δὲ οὐδὲ ταῦτα, εἴπερ μηδ' ἄλλο κοινὸν μηδὲν οὐσία· οὐδενὶ
γὰρ ὑπάρχει ἡ οὐσία ἀλλ' ἢ αὑτῇ τε καὶ τῷ ἔχοντι αὐτήν, οὗ ἐστὶν οὐσία.
(25) Ἔτι τὸ ἓν πολλαχῇ οὐκ ἂν εἴη ἅμα, τὸ δὲ κοινὸν ἅμα πολλαχῇ ὑπάρχει·
ὥστε δῆλον ὅτι οὐδὲν τῶν καθόλου ὑπάρχει παρὰ τὰ καθ' ἕκαστα
χωρίς. Ἀλλ' οἱ τὰ εἴδη λέγοντες τῇ μὲν ὀρθῶς λέγουσι χωρίζοντες αὐτά,
εἴπερ οὐσίαι εἰσί, τῇ δ' οὐκ ὀρθῶς, ὅτι τὸ ἓν ἐπὶ πολλῶν εἶδος (30)
λέγουσιν. Αἴτιον δ' ὅτι οὐκ ἔχουσιν ἀποδοῦναι τίνες αἱ τοιαῦται οὐσίαι αἱ
ἄφθαρτοι παρὰ τὰς καθ' ἕκαστα καὶ αἰσθητάς· ποιοῦσιν οὖν τὰς αὐτὰς τῷ
εἴδει τοῖς φθαρτοῖς (ταύτας γὰρ ἴσμεν), αὐτοάνθρωπον καὶ αὐτόϊππον,
προστιθέντες τοῖς αἰσθητοῖς τὸ ῥῆμα τὸ « αὐτό ». Καίτοι κἂν εἰ μὴ
ἑωράκειμεν τὰ ἄστρα, (1041a)(1) οὐδὲν ἂν ἧττον, οἶμαι, ἦσαν οὐσίαι ἀί̈διοι
παρ' ἃς ἡμεῖς ᾔδειμεν· ὥστε καὶ νῦν εἰ μὴ ἔχομεν τίνες εἰσίν, ἀλλ' εἶναί γέ
τινας ἴσως ἀναγκαῖον.
Ὅτι μὲν οὖν οὔτε τῶν καθόλου λεγομένων οὐδὲν οὐσία οὔτ' ἐστὶν
οὐσία (5) οὐδεμία ἐξ οὐσιῶν, δῆλον.
| [7,16] XVI.
Il est évident que parmi les choses qui semblent être substances , la
plupart ne le sont qu'en puissance; telles sont les parties des animaux
: aucune d'elles n'a une existence indépendante. Sont-elles séparées de
leur sujet, alors elles n'existent plus qu'à l'état de matière; et comme elles,
la terre, le feu, l'air; car il n'y a pas d'unité dans les éléments ; ils sont
comme un monceau avant la concoction, avant qu'ils ne composent
quelque chose qui soit un. On pourrait croire que les parties des êtres
animés surtout, et les parties de l'âme, réunissent en quelque sorte les
deux caractères, qu'elles sont en acte et en puissance. Il y a dans les
articulations des principes de mouvement, principes, il est vrai, produits
par un autre principe, mais qui font que certains animaux vivent encore
quand ils sont divisés en parties. Toutefois, il n'y a substance en
puissance que lorsqu'il y a unité et continuité naturelle; dans le cas où
l'unité et la continuité sont le résultat de la violence ou d'une connexion
arbitraire, alors ce n'est qu'une mutilation.
L'unité se prend dans le même sens que l'être, et la substance
de l'unité est une, et les êtres dont la substance est une en nombre, sont,
numériquement, un seul être. On voit, puisqu'il en est ainsi, que ni l'unité,
ni l'être ne peuvent être substance des choses, et pas plus qu'eux,
l'élément ni le principe. Quand nous demandons : Quel est le principe ?
c'est ce que nous voulons, ramener l'objet en question à un terme plus
connu. L'être et l'unité ont plus de titre à être substance des choses que le
principe, l'élément, la cause ; et pourtant eux-mêmes ils ne le sont pas.
Rien n'est substance, qui est commun aux êtres; la substance n'existe
dans aucun autre être que dans elle- même, et dans l'être auquel elle
appartient, dont elle est la substance. D'ailleurs ce ne serait pas en même
temps que l'unité serait substance dans plusieurs êtres ; or, il faut que ce
qui est commun à tous les êtres se trouve en même temps dans chacun
d'eux.
Il est donc évident que rien d'universel n'a une existence isolée des
êtres particuliers. Toutefois, ceux qui admettent les idées ont raison dans
un sens de leur donner une existence indépendante, puisque ce sont des
substances. Mais dans un autre sens ils ont tort de faire de l'idée une
unité dans la pluralité. La cause de leur erreur, c'est l'impossibilité où ils
sont de dire quelle est la nature de ces substances impérissables, qui
sont en dehors des substances particulières et sensibles. Aussi font-ils
ces substances à l'image des substances périssables, de celles que nous
connaissons : c'est l'homme en soi, le cheval en soi ; ils ne font qu'ajouter
à l'être sensible l'expression, en soi. Et pourtant, quand même
nous ne verrions pas les astres, (1041a) il n'y en aurait pas moins, je le
crois, des substances sensibles éternelles en dehors des substances que
nous connaîtrions. Ainsi , quand même nous ignorerions quelles
substances sont éternelles, toutefois il devrait encore y en avoir
nécessairement quelques-unes.
Nous avons montré que rien de ce qui s'applique à tous les êtres
n'est substance, et qu'il n'y a aucune substance composée de substances.
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