[7,15] XV.
(20) Ἐπεὶ δ' ἡ οὐσία ἑτέρα, τό τε σύνολον καὶ ὁ λόγος (λέγω δ' ὅτι ἡ
μὲν οὕτως ἐστὶν οὐσία, σὺν τῇ ὕλῃ συνειλημμένος ὁ λόγος, ἡ δ' ὁ λόγος
ὅλως) ̓, ὅσαι μὲν οὖν οὕτω λέγονται, τούτων μὲν ἔστι φθορά (καὶ γὰρ
γένεσις), τοῦ δὲ λόγου οὐκ ἔστιν οὕτως ὥστε φθείρεσθαι (οὐδὲ γὰρ
γένεσις, οὐ (25) γὰρ γίγνεται τὸ οἰκίᾳ εἶναι ἀλλὰ τὸ τῇδε τῇ οἰκίᾳ) , ἀλλ' ἄνευ
γενέσεως καὶ φθορᾶς εἰσὶ καὶ οὐκ εἰσίν· δέδεικται γὰρ ὅτι οὐδεὶς ταῦτα
γεννᾷ οὐδὲ ποιεῖ. Διὰ τοῦτο δὲ καὶ τῶν οὐσιῶν τῶν αἰσθητῶν τῶν καθ'
ἕκαστα οὔτε ὁρισμὸς οὔτε ἀπόδειξις ἔστιν, ὅτι ἔχουσιν ὕλην ἧς ἡ φύσις
τοιαύτη ὥστ' ἐνδέχεσθαι (30) καὶ εἶναι καὶ μή· διὸ φθαρτὰ πάντα τὰ καθ'
ἕκαστα αὐτῶν. Εἰ οὖν ἥ τ' ἀπόδειξις τῶν ἀναγκαίων καὶ ὁ ὁρισμὸς
ἐπιστημονικόν, καὶ οὐκ ἐνδέχεται, ὥσπερ οὐδ' ἐπιστήμην ὁτὲ μὲν
ἐπιστήμην ὁτὲ δ' ἄγνοιαν εἶναι, ἀλλὰ δόξα τὸ τοιοῦτόν ἐστιν, οὕτως οὐδ'
ἀπόδειξιν οὐδ' ὁρισμόν, ἀλλὰ δόξα ἐστὶ τοῦ ἐνδεχομένου ἄλλως ἔχειν,
(1040a)(1) δῆλον ὅτι οὐκ ἂν εἴη αὐτῶν οὔτε ὁρισμὸς οὔτε ἀπόδειξις. Ἄδηλά
τε γὰρ τὰ φθειρόμενα τοῖς ἔχουσι τὴν ἐπιστήμην, ὅταν ἐκ τῆς αἰσθήσεως
ἀπέλθῃ, καὶ σωζομένων τῶν λόγων ἐν τῇ ψυχῇ τῶν (5) αὐτῶν οὐκ ἔσται
οὔτε ὁρισμὸς ἔτι οὔτε ἀπόδειξις. Διὸ δεῖ, τῶν πρὸς ὅρον ὅταν τις ὁρίζηταί τι
τῶν καθ' ἕκαστον, μὴ ἀγνοεῖν ὅτι ἀεὶ ἀναιρεῖν ἔστιν· οὐ γὰρ ἐνδέχεται
ὁρίσασθαι.
Οὐδὲ δὴ ἰδέαν οὐδεμίαν ἔστιν ὁρίσασθαι. Τῶν γὰρ καθ' ἕκαστον ἡ
ἰδέα, ὡς φασί, καὶ χωριστή· ἀναγκαῖον δὲ ἐξ ὀνομάτων (10) εἶναι τὸν λόγον,
ὄνομα δ' οὐ ποιήσει ὁ ὁριζόμενος ̔ἄγνωστον γὰρ ἔσταἰ, τὰ δὲ κείμενα κοινὰ
πᾶσιν· ἀνάγκη ἄρα ὑπάρχειν καὶ ἄλλῳ ταῦτα· οἷον εἴ τις σὲ ὁρίσαιτο, ζῷον
ἐρεῖ ἰσχνὸν ἢ λευκὸν ἢ ἕτερόν τι ὃ καὶ ἄλλῳ ὑπάρξει. Εἰ δέ τις φαίη μηδὲν
κωλύειν χωρὶς μὲν πάντα πολλοῖς (15) ἅμα δὲ μόνῳ τούτῳ ὑπάρχειν,
λεκτέον πρῶτον μὲν ὅτι καὶ ἀμφοῖν, οἷον τὸ ζῷον δίπουν τῷ ζῴῳ καὶ τῷ
δίποδι ̔καὶ τοῦτο ἐπὶ μὲν τῶν ἀϊδίων καὶ ἀνάγκη εἶναι, πρότερά γ' ὄντα καὶ
μέρη τοῦ συνθέτου· ἀλλὰ μὴν καὶ χωριστά, εἴπερ τὸ ἄνθρωπος χωριστόν·
ἢ γὰρ οὐθὲν ἢ ἄμφω· (20) εἰ μὲν οὖν μηθέν, οὐκ ἔσται τὸ γένος παρὰ τὰ
εἴδη, εἰ δ' ἔσται, καὶ ἡ διαφορά̓· εἶθ' ὅτι πρότερα τῷ εἶναι· ταῦτα δὲ οὐκ
ἀνταναιρεῖται. Ἔπειτα εἰ ἐξ ἰδεῶν αἱ ἰδέαι (23) (ἀσυνθετώτερα γὰρ τὰ ἐξ ὧν)
, ἔτι ἐπὶ πολλῶν δεήσει κἀκεῖνα κατηγορεῖσθαι ἐξ ὧν ἡ ἰδέα, οἷον τὸ ζῷον
καὶ τὸ (25) δίπουν. Εἰ δὲ μή, πῶς γνωρισθήσεται; Ἔσται γὰρ ἰδέα τις ἣν
ἀδύνατον ἐπὶ πλειόνων κατηγορῆσαι ἢ ἑνός. Οὐ δοκεῖ δέ, ἀλλὰ πᾶσα ἰδέα
εἶναι μεθεκτή.
Ὥσπερ οὖν εἴρηται, λανθάνει ὅτι ἀδύνατον ὁρίσασθαι ἐν τοῖς ἀϊδίοις,
μάλιστα δὲ ὅσα μοναχά, οἷον ἥλιος ἢ σελήνη. Οὐ μόνον γὰρ
διαμαρτάνουσι (30) τῷ προστιθέναι τοιαῦτα ὧν ἀφαιρουμένων ἔτι ἔσται
ἥλιος, ὥσπερ τὸ περὶ γῆν ἰὸν ἢ νυκτικρυφές (ἂν γὰρ στῇ ἢ φανῇ, οὐκέτι
ἔσται ἥλιος· ἀλλ' ἄτοπον εἰ μή· ὁ γὰρ ἥλιος οὐσίαν τινὰ σημαίνει) ἔτι ὅσα
ἐπ' ἄλλου ἐνδέχεται, οἷον ἐὰν ἕτερος γένηται τοιοῦτος, δῆλον ὅτι ἥλιος
ἔσται· κοινὸς ἄρα ὁ λόγος· (1040b)(1) ἀλλ' ἦν τῶν καθ' ἕκαστα ὁ ἥλιος,
ὥσπερ Κλέων ἢ Σωκράτης· § 9. ἐπεὶ διὰ τί οὐδεὶς ὅρον ἐκφέρει αὐτῶν
ἰδέας; Γένοιτο γὰρ ἂν δῆλον πειρωμένων ὅτι ἀληθὲς τὸ νῦν εἰρημένον.
| [7,15] XV.
L'ensemble et la forme définie sont des substances differentes l'une
de l'autre. J'entends par ensemble la substance qui se compose par la
réunion de la forme définie et de la matière ; l'autre substance est
purement et simplement la forme définie. Tout ce qui est substance à titre
d'ensemble est sujet à destruction, car il y a production d'une telle
substance. Pour la forme définie, eile n'est point sujette à destruction,
car elle n'est pas produite : ce qui est produit, ce n'est point la forme
substantielle de la maison, c'est telle maison particulière. Les
substances formelles existent ou n'existent pas, indépendamment de
toute production, de toute destruction. Nous avons montré que personne
ne les produit, que personne ne les fait. C'est pour cela qu'il n'y a ni
définition, ni démonstration des substances sensibles particulières. Ces
substances ont une matière, et telle est la nature de la matière qu'elle
peut ou être ou n'être pas, d'où il suit que toutes les substances sensibles
particulières sont des substances périssables. Or, la démonstration
s'applique à ce qui est nécessaire, et la définition appartient à la
science ; et de même qu'il est impossible que la science soit tantôt
science et tantôt ignorance, et que ce qui est dans ce cas n'est qu'une
opinion, de même il n'y a pas non plus de démonstration ni de
définition, mais une opinion concernant ce qui est succeptible d'être
autrement qu'il n'est. (1040a) Les substances sensibles ne doivent donc
évidemment avoir ni définition, ni démonstration. Les êtres périssables ne
se manifestent plus à la connaissance, quand ils sont hors de la portée
des sens, et dès lors, bien que les notions substantielles se conservent
dans l'âme, il ne peut plus y avoir ni définition, ni démonstration de ces
êtres. Aussi faut-il que ceux qui servent de définitions sachent bien que
toujours on peut supprimer la définition d'un être particulier, n'y ayant
pas possibilité de définir véritablement ces êtres.
Ce n'est pas tout : aucune idée n'est susceptible de définition.
L'idée, comme on l'entend, est un être particulier, et elle est
indépendante. Or, la définition se compose nécessairement de mots, et
ces mots ne doivent point être l'ouvrage de celui qui définit, car ils
n'auraient pas de signification connue. Les expressions dont on se sert
doivent être intelligibles pour tous. Il faut donc bien que celles qui
entreraient dans la déiinition de l'idée fassent partie de la définition
d'autres êtres. Si l'on te définissait, on dirait : animal, maigre, ou blanc, ou
tel autre mot, lequel peut convenir à un autre être que toi. On prétendra
sans doute que rien n'empêche que toutes les expressions ne
conviennent séparément à un grand nombre d'êtres, et qu'en même
temps ce soit à tel être, seul qu'elles conviennent. Mais d'abord animal
bipède est commun aux deux êtres, je veux dire l'animal et le bipède.
Cette observation s'applique nécessairement aux êtres éternels. Ils sont
antérieurs à tout, et sont des parties du composé. Ils sont de plus
indépendants de tout sujet : l'homme en soi est indépendant ; car ou bien
aucun être ne l'est, ou bien l'homme et l'animal le sont l'un et l'autre. Or, si
aucun ne l'était, il n'y aurait pas de genre en dehors des espèces ; et si le
genre est indépendant, la différence l'est aussi. Elle a d'ailleurs
l'antériorité d'être, et il n'y a pas réciprocité de destruction entre le genre
et la différence. Nous dirons ensuite que si les idées sont composées
d'idées, les idées les plus simples sont les idées composantes. Il faudra
donc encore que ce qui constitue l'idée, que l'animal et le bipède, par
exemple, se disent d'un prrand nombre d'êtres. Sans cela, comment
arriver à la connaissance ? Il y aurait une idée particulière qu'il serait
impossible d'appliquer à plus d'un individu. Or, dans le système, au
contraire, toute idée est susceptible de participation avec les êtres.
Ainsi donc que nous l'avons dit, on ne s'aperçoit pas qu'il y a
impossibilité de définir les êtres éternels, et surtout ceux qui sont uniques,
tels que le soleil et la lune. C'est une erreur que d'ajouter des caractères
dont la suppression n'empêcherait pas qu'il y eût encore un soleil, les
épithètes : Qui fait le tour de la terre, Qui se cache durant la nuit,
par exemple. Sans cela, le soleil s'arrêtant, ou apparaissant durant la nuit,
il n'y aurait plus de soleil ; or, il serait absurde qu'il n'y en eût plus, car le
soleil est une substance. Ensuite, ces caractères peuvent convenir à
d'autres êtres; et si un autre être le possède, cet être sera le soleil : il y
aura communauté de définition. (1040b) Or, il a été admis que le soleil
est un être particulier, comme Cléon, comme Socrate. Enfin pourquoi
aucun de ceux qui admettent les idées, n'en donne-t-il une définition? On
verrait clairement, s'ils essayaient de le faire, la vérité de ce que nous
venons de dire.
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