[7,17] XVII.
Τί δὲ χρὴ λέγειν καὶ ὁποῖόν τι τὴν οὐσίαν, πάλιν ἄλλην οἷον ἀρχὴν
ποιησάμενοι λέγωμεν· ἴσως γὰρ ἐκ τούτων ἔσται δῆλον καὶ περὶ ἐκείνης
τῆς οὐσίας ἥτις ἐστὶ κεχωρισμένη τῶν αἰσθητῶν οὐσιῶν.
Ἐπεὶ οὖν ἡ οὐσία ἀρχὴ καὶ (10) αἰτία τις ἐστίν, ἐντεῦθεν μετιτέον.
Ζητεῖται δὲ τὸ διὰ τί ἀεὶ οὕτως, διὰ τί ἄλλο ἄλλῳ τινὶ ὑπάρχει. Τὸ γὰρ ζητεῖν
διὰ τί ὁ μουσικὸς ἄνθρωπος μουσικὸς ἄνθρωπός ἐστιν, ἤτοι ἐστὶ τὸ
εἰρημένον ζητεῖν, διὰ τί ὁ ἄνθρωπος μουσικός ἐστιν, ἢ ἄλλο. Τὸ μὲν οὖν
διὰ τί αὐτό ἐστιν αὐτό, οὐδέν ἐστι (15) ζητεῖν (δεῖ γὰρ τὸ ὅτι καὶ τὸ εἶναι
ὑπάρχειν δῆλα ὄντα - λέγω δ' οἷον ὅτι ἡ σελήνη ἐκλείπει -, αὐτὸ δὲ ὅτι
αὐτό, εἷς λόγος καὶ μία αἰτία ἐπὶ πάντων, διὰ τί ὁ ἄνθρωπος ἄνθρωπος ἢ ὁ
μουσικὸς μουσικός, πλὴν εἴ τις λέγοι ὅτι ἀδιαίρετον πρὸς αὑτὸ ἕκαστον,
τοῦτο δ' ἦν τὸ ἑνὶ εἶναι· ἀλλὰ τοῦτο (20) κοινόν γε κατὰ πάντων καὶ
σύντομον)· ζητήσειε δ' ἄν τις διὰ τί ἅνθρωπός ἐστι ζῷον τοιονδί. Τοῦτο μὲν
τοίνυν δῆλον, ὅτι οὐ ζητεῖ διὰ τί ὅς ἐστιν ἄνθρωπος ἄνθρωπός ἐστιν· τὶ ἄρα
κατά τινος ζητεῖ διὰ τί ὑπάρχει (ὅτι δ' ὑπάρχει, δεῖ δῆλον εἶναι· εἰ γὰρ μὴ
οὕτως, οὐδὲν ζητεῖ), οἷον διὰ τί (25) βροντᾷ; Διὰ τί ψόφος γίγνεται ἐν τοῖς
νέφεσιν; Ἄλλο γὰρ οὕτω κατ' ἄλλου ἐστὶ τὸ ζητούμενον. Καὶ διὰ τί ταδί, οἷον
πλίνθοι καὶ λίθοι, οἰκία ἐστίν;
Φανερὸν τοίνυν ὅτι ζητεῖ τὸ αἴτιον· τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ τί ἦν εἶναι, ὡς
εἰπεῖν λογικῶς, ὃ ἐπ' ἐνίων μέν ἐστι τίνος ἕνεκα, οἷον ἴσως ἐπ' οἰκίας ἢ
κλίνης, (30) ἐπ' ἐνίων δὲ τί ἐκίνησε πρῶτον· αἴτιον γὰρ καὶ τοῦτο. Ἀλλὰ τὸ
μὲν τοιοῦτον αἴτιον ἐπὶ τοῦ γίγνεσθαι ζητεῖται καὶ φθείρεσθαι, θάτερον δὲ
καὶ ἐπὶ τοῦ εἶναι.
Λανθάνει δὲ μάλιστα τὸ ζητούμενον ἐν τοῖς μὴ κατ' ἀλλήλων
λεγομένοις, (1041b)(1) οἷον ἄνθρωπος τί ἐστι ζητεῖται διὰ τὸ ἁπλῶς
λέγεσθαι ἀλλὰ μὴ διορίζειν ὅτι τάδε τόδε. Ἀλλὰ δεῖ διαρθρώσαντας ζητεῖν·
εἰ δὲ μή, κοινὸν τοῦ μηθὲν ζητεῖν καὶ τοῦ ζητεῖν τι γίγνεται. Ἐπεὶ δὲ δεῖ ἔχειν
τε καὶ ὑπάρχειν τὸ (5) εἶναι, δῆλον δὴ ὅτι τὴν ὕλην ζητεῖ διὰ τί ἐστιν· οἷον
οἰκία ταδὶ διὰ τί; Ὅτι ὑπάρχει ὃ ἦν οἰκίᾳ εἶναι. Καὶ ἄνθρωπος τοδί, ἢ τὸ
σῶμα τοῦτο τοδὶ ἔχον. Ὥστε τὸ αἴτιον ζητεῖται τῆς ὕλης (τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ
εἶδος) ᾧ τί ἐστιν· τοῦτο δ' ἡ οὐσία. Φανερὸν τοίνυν ὅτι ἐπὶ τῶν ἁπλῶν οὐκ
ἔστι ζήτησις (10) οὐδὲ δίδαξις, ἀλλ' ἕτερος τρόπος τῆς ζητήσεως τῶν
τοιούτων.
Ἐπεὶ δὲ τὸ ἔκ τινος σύνθετον οὕτως ὥστε ἓν εἶναι τὸ πᾶν, (ἂν) μὴ ὡς
σωρὸς ἀλλ' ὡς ἡ συλλαβή - ἡ δὲ συλλαβὴ οὐκ ἔστι τὰ στοιχεῖα, οὐδὲ τῷ
ταὐτὸ τὸ καὶ (οὐδ' ἡ σὰρξ πῦρ καὶ γῆ) διαλυθέντων γὰρ τὰ μὲν οὐκέτι ἔστιν,
(15) οἷον ἡ σὰρξ καὶ ἡ συλλαβή, τὰ δὲ στοιχεῖα ἔστι, καὶ τὸ πῦρ καὶ ἡ γῆ̓·
ἔστιν ἄρα τι ἡ συλλαβή, οὐ μόνον τὰ στοιχεῖα τὸ φωνῆεν καὶ ἄφωνον ἀλλὰ
καὶ ἕτερόν τι, καὶ ἡ σὰρξ οὐ μόνον πῦρ καὶ γῆ ἢ τὸ θερμὸν καὶ ψυχρὸν
ἀλλὰ καὶ ἕτερόν τι
- εἰ τοίνυν ἀνάγκη κἀκεῖνο ἢ στοιχεῖον (20) ἢ ἐκ στοιχείων εἶναι, εἰ μὲν
στοιχεῖον, πάλιν ὁ αὐτὸς ἔσται λόγος ̔ἐκ τούτου γὰρ καὶ πυρὸς καὶ γῆς
ἔσται ἡ σὰρξ καὶ ἔτι ἄλλου, ὥστ' εἰς ἄπειρον βαδιεῖταἰ· εἰ δὲ ἐκ στοιχείου,
δῆλον ὅτι οὐχ ἑνὸς ἀλλὰ πλειόνων, ἢ ἐκεῖνο αὐτὸ ἔσται, ὥστε πάλιν ἐπὶ
τούτου τὸν αὐτὸν ἐροῦμεν λόγον καὶ ἐπὶ τῆς (25) σαρκὸς ἢ συλλαβῆς.
Δόξειε δ' ἂν εἶναι τὶ τοῦτο καὶ οὐ στοιχεῖον, καὶ αἴτιόν γε τοῦ εἶναι τοδὶ
μὲν σάρκα τοδὶ δὲ συλλαβήν· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Οὐσία δὲ
ἑκάστου μὲν τοῦτο (τοῦτο γὰρ αἴτιον πρῶτον τοῦ εἶναι) - ἐπεὶ δ' ἔνια οὐκ
οὐσίαι τῶν πραγμάτων, ἀλλ' ὅσαι οὐσίαι, κατὰ φύσιν (30) καὶ φύσει
συνεστήκασι, φανείη ἂν (καὶ) αὕτη ἡ φύσις οὐσία, ἥ ἐστιν οὐ στοιχεῖον ἀλλ'
ἀρχή -· στοιχεῖον δ' ἐστὶν εἰς ὃ διαιρεῖται ἐνυπάρχον ὡς ὕλην, οἷον τῆς
συλλαβῆς τὸ καὶ τὸ.
| [7,17] XVII.
Qu'est-ce que la substance, et en quoi consiste-t-elle? c'est ce que
nous allons dire. De la sorte, nous ferons, pour ainsi dire, un autre
principe ; car il sortira probablement de cette recherche quelque lumière
relativement à cette substance qui existe séparée des substances
sensibles.
La substance est un principe et une cause ; c'est de ce point de
vue qu'il nous faut partir. Or, se demander le pourquoi, c'est toujours se
demander pourquoi une chose est dans un autre. En effet, si l'on cherche
pourquoi l'homme musicien est un homme musicien, ou bien l'on cherche
ce que l'on vient d'exprimer, c'est-à-dire pourquoi l'homme est musicien,
ou bien l'on cherche autre chose. Or, chercher pourquoi une chose est
elle-même, c'est ne rien chercher. Il faut que la chose dont on cherche le
pourquoi se manifeste réellement ; il faut, par exemple, qu'on ait vu que la
lune est sujette à des éclipses. Dans le cas où l'on demande pourquoi un
être est lui-même, pourquoi l'homme est homme, ou le musicien musicien,
il n'y a qu'une réponse à faire à toutes ces questions, qu'une raison à
donner ; à moins toutefois qu'on ne réponde : C'est parce que chacun de
ces êtres est indivisible en lui-même, c'est-à-dire parce qu'il est un ;
réponse qui s'applique aussi à toutes les questions de ce genre, et qui les
résout en peu de mots. Mais on peut se demander : Pourquoi l'homme
est-il tel animal ? Dans ce cas, évidemment, ce n'est pas chercher
pourquoi l'être qui est un homme est un homme, c'est chercher pourquoi
un être se trouve dans un autre être. Il faut toutefois qu'on voie bien qu'il
s'y trouve; s'il n'en était pas ainsi, la recherche n'aurait aucun but.
Pourquoi tonne-t-il? C'est parce qu'un bruit se produit dans les nuages.
Dans cet exemple, ce qu'on cherche, c'est l'existence d'une chose dans
autre chose, de même que quand on se demande : Pourquoi ceci, ces
briques et ces pierres, est-il une maison ?
Il est donc évident que ce qu'on cherche, c'est la cause. Or, la cause,
au point de vue de la définition, c'est l'essence. Dans certains cas,
l'essence est la raison d'être : ainsi, pour la maison, pour le lit
probablement ; elle est le premier moteur dans d'autres, car lui aussi il est
une cause. Mais cette dernière cause ne se rencontre que dans les faits
de production et destruction, tandis que la cause formelle agit, même
dans le fait de l'existence.
La cause échappe, surtout quand on ne rapporte pas les êtres à
d'autres êtres ; (1041b) si l'on ne voit pas pourquoi l'homme est homme,
c'est parce que l'être n'est rapporté à rien, parce qu'on ne détermine pas
qu'il est telles choses, où telle chose. Mais c'est-là ce qu'il faut dire, et dire
clairement, avant de chercher la cause ; sinon, ce serait à la fois chercher
quelque chose et ne rien chercher. Puisqu'il faut que l'être dont on se
demande la cause ait une existence certaine, et qu'il soit rapporté à un
autre être, il est évident que ce qu'on cherche, c'est le pourquoi des états
de la matière. Ceci est une maison : pourquoi ? parce que tel caractère
s'y trouve, qui est l'essence de la maison. C'est pour la même cause que
tel homme, tel corps, est telle ou telle chose. Ce qu'on cherche, c'est donc
la cause de la matière. Et cette cause, c'est la forme qui détermine l'être,
c'est l'essence. On voit donc que pour les êtres simples il n'y a pas lieu
à demande ni à réponse sur ce point, et que les questions qui se
rattachent à ces êtres sont d'une autre nature.
Ce qui a une cause est composé ; mais il y a unité dans le tout, il
n'est pas une sorte de monceau, il est un comme la syllabe. Or, la syllabe
n'est pas seulement les lettres qui la composent, elle n'est pas la même
chose que A et B. La chair non plus n'est pas le feu et la terre seulement.
Dans la dissolution, la chair, la syllabe cessent d'exister, tandis que les
lettres, le feu, la terre, existent encore. La syllabe est donc quelque chose
qui n'est pas seulement les lettres, la voyelle et la consonne ; elle est
autre chose encore ; et la chair n'est pas seulement le feu et la terre, le
chaud et le froid, mais encore autre chose.
Admettra-t-on qu'il est nécessaire que ce quelque chose soit, lui
aussi, ou bien un élément, ou bien un composé d'éléments ? Si c'est un
élément, nous répéterons notre raisonnement de tout à l'heure : ce qui
constituera la chair ce sera cet élément avec le feu, la terre, et autre
chose encore, et de la sorte on ira à l'infini. Si c'est un composé
d'éléments, évidemment il n'est pas composé d'un seul élément, mais de
plusieurs, sinon il serait l'élément composant lui-même. Nous ferons donc
pour lui le même raisonnement que pour la chair, la syllabe.
La cause en question est donc, ce semble, quelque chose qui n'est
pas élément, et qui pourtant est la cause que ceci est de la chair, ceci une
syllabe ; et pour les autres cas de même. Or, cette cause, c'est la
substance de chaque être ; car c'est là la cause première de l'existence.
Mais, parmi les choses, il en est qui ne sont pas des substances; il n'y a
de substances que les êtres qui existent par eux-mêmes, et dont rien
autre chose qu'eux-mêmes ne constitue la nature : par conséquent, c'est
évidemment une substance que cette nature qui est dans les êtres non un
élément, mais un principe. Quant à l'élément, c'est ce en quoi se divise
un être, c'en est la matière intrinsèque. Les éléments de la syllabe sont
A et B.
|