HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Métaphysique, livre V

Chapitre 6

  Chapitre 6

[5,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛ'. VI. § 1 Ἓν λέγεται τὸ μὲν κατὰ συμβεβηκὸς τὸ δὲ καθ' αὑτό, κατὰ συμβεβηκὸς μὲν οἷον Κορίσκος καὶ τὸ μουσικόν, καὶ Κορίσκος μουσικός (ταὐτὸ γὰρ εἰπεῖν Κορίσκος καὶ τὸ μουσικόν, καὶ Κορίσκος μουσικός), καὶ τὸ μουσικὸν καὶ τὸ (20) δίκαιον, καὶ μουσικὸς Κορίσκος καὶ δίκαιος Κορίσκος· πάντα γὰρ ταῦτα ἓν λέγεται κατὰ συμβεβηκός, τὸ μὲν δίκαιον καὶ τὸ μουσικὸν ὅτι μιᾷ οὐσίᾳ συμβέβηκεν, τὸ δὲ μουσικὸν καὶ Κορίσκος ὅτι θάτερον θατέρῳ συμβέβηκεν· § 2 ὁμοίως δὲ τρόπον τινὰ καὶ μουσικὸς Κορίσκος τῷ Κορίσκῳ ἓν ὅτι θάτερον (25) τῶν μορίων θατέρῳ συμβέβηκε τῶν ἐν τῷ λόγῳ, οἷον τὸ μουσικὸν τῷ Κορίσκῳ· καὶ μουσικὸς Κορίσκος δικαίῳ Κορίσκῳ ὅτι ἑκατέρου μέρος τῷ αὐτῷ ἑνὶ συμβέβηκεν ἕν. § 3 Ὡσαύτως δὲ κἂν ἐπὶ γένους κἂν ἐπὶ τῶν καθόλου τινὸς ὀνομάτων λέγηται τὸ συμβεβηκός, οἷον ὅτι ἄνθρωπος τὸ αὐτὸ (30) καὶ μουσικὸς ἄνθρωπος· γὰρ ὅτι τῷ ἀνθρώπῳ μιᾷ οὔσῃ οὐσίᾳ συμβέβηκε τὸ μουσικόν, ὅτι ἄμφω τῶν καθ' ἕκαστόν τινι συμβέβηκεν, οἷον Κορίσκῳ. Πλὴν οὐ τὸν αὐτὸν τρόπον ἄμφω ὑπάρχει, ἀλλὰ τὸ μὲν ἴσως ὡς γένος καὶ ἐν τῇ οὐσίᾳ τὸ δὲ ὡς ἕξις πάθος τῆς οὐσίας. § 4 Ὅσα μὲν (35) οὖν κατὰ συμβεβηκὸς λέγεται ἕν, τοῦτον τὸν τρόπον λέγεται· τῶν δὲ καθ' ἑαυτὰ ἓν λεγομένων τὰ μὲν λέγεται τῷ συνεχῆ εἶναι, οἷον φάκελος δεσμῷ καὶ ξύλα κόλλῃ· (1016a) καὶ γραμμή, κἂν κεκαμμένη , συνεχὴς δέ, μία λέγεται, ὥσπερ καὶ τῶν μερῶν ἕκαστον, οἷον σκέλος καὶ βραχίων. Αὐτῶν δὲ τούτων μᾶλλον ἓν τὰ φύσει συνεχῆ τέχνῃ. § 5 (5) Συνεχὲς δὲ λέγεται οὗ κίνησις μία καθ' αὑτὸ καὶ μὴ οἷόν τε ἄλλως· μία δ' οὗ ἀδιαίρετος, ἀδιαίρετος δὲ κατὰ χρόνον. Καθ' αὑτὰ δὲ συνεχῆ ὅσα μὴ ἁφῇ ἕν· εἰ γὰρ θείης ἁπτόμενα ἀλλήλων ξύλα, οὐ φήσεις ταῦτα εἶναι ἓν οὔτε ξύλον οὔτε σῶμα οὔτ' ἄλλο συνεχὲς οὐδέν. § 6 Τά τε δὴ ὅλως συνεχῆ (10) ἓν λέγεται κἂν ἔχῃ κάμψιν, καὶ ἔτι μᾶλλον τὰ μὴ ἔχοντα κάμψιν, οἷον κνήμη μηρὸς σκέλους, ὅτι ἐνδέχεται μὴ μίαν εἶναι τὴν κίνησιν τοῦ σκέλους. Καὶ εὐθεῖα τῆς κεκαμμένης μᾶλλον ἕν· τὴν δὲ κεκαμμένην καὶ ἔχουσαν γωνίαν καὶ μίαν καὶ οὐ μίαν λέγομεν, ὅτι ἐνδέχεται καὶ μὴ ἅμα τὴν (15) κίνησιν αὐτῆς εἶναι καὶ ἅμα· τῆς δ' εὐθείας ἀεὶ ἅμα, καὶ οὐδὲν μόριον ἔχον μέγεθος τὸ μὲν ἠρεμεῖ τὸ δὲ κινεῖται, ὥσπερ τῆς κεκαμμένης. § 7 Ἔτι ἄλλον τρόπον ἓν λέγεται τῷ τὸ ὑποκείμενον τῷ εἴδει εἶναι ἀδιάφορον· ἀδιάφορον δ' ὧν ἀδιαίρετον τὸ εἶδος κατὰ τὴν αἴσθησιν· τὸ δ' ὑποκείμενον (20) τὸ πρῶτον τὸ τελευταῖον πρὸς τὸ τέλος· καὶ γὰρ οἶνος εἷς λέγεται καὶ ὕδωρ ἕν, ἀδιαίρετον κατὰ τὸ εἶδος, καὶ οἱ χυμοὶ πάντες λέγονται ἕν (οἷον ἔλαιον οἶνος) καὶ τὰ τηκτά, ὅτι πάντων τὸ ἔσχατον ὑποκείμενον τὸ αὐτό· ὕδωρ γὰρ ἀὴρ πάντα ταῦτα. § 8 Λέγεται δ' ἓν καὶ ὧν τὸ γένος ἓν (25) διαφέρον ταῖς ἀντικειμέναις διαφοραῖς - καὶ ταῦτα λέγεται πάντα ἓν ὅτι τὸ γένος ἓν τὸ ὑποκείμενον ταῖς διαφοραῖς (οἷον ἵππος ἄνθρωπος κύων ἕν τι ὅτι πάντα ζῷα), καὶ τρόπον δὴ παραπλήσιον ὥσπερ ὕλη μία. § 9 Ταῦτα δὲ ὁτὲ μὲν οὕτως ἓν λέγεται, ὁτὲ δὲ τὸ ἄνω γένος ταὐτὸν λέγεται (30) - ἂν τελευταῖα τοῦ γένους εἴδη - τὸ ἀνωτέρω τούτων, οἷον τὸ ἰσοσκελὲς καὶ τὸ ἰσόπλευρον ταὐτὸ καὶ ἓν σχῆμα ὅτι ἄμφω τρίγωνα· τρίγωνα δ' οὐ ταὐτά. § 10 Ἔτι δὲ ἓν λέγεται ὅσων λόγος τὸ τί ἦν εἶναι λέγων ἀδιαίρετος πρὸς ἄλλον τὸν δηλοῦντα τί ἦν εἶναι τὸ πρᾶγμα (αὐτὸς γὰρ καθ' αὑτὸν (35) πᾶς λόγος διαιρετός). § 11 Οὕτω γὰρ καὶ τὸ ηὐξημένον καὶ φθῖνον ἕν ἐστιν, ὅτι λόγος εἷς, ὥσπερ ἐπὶ τῶν ἐπιπέδων τοῦ εἴδους. § 12 (1016b) Ὅλως δὲ ὧν νόησις ἀδιαίρετος νοοῦσα τὸ τί ἦν εἶναι, καὶ μὴ δύναται χωρίσαι μήτε χρόνῳ μήτε τόπῳ μήτε λόγῳ, μάλιστα ταῦτα ἕν, καὶ τούτων ὅσα οὐσίαι· καθόλου γὰρ ὅσα μὴ ἔχει διαίρεσιν, μὴ ἔχει, ταύτῃ ἓν λέγεται, (5) οἷον εἰ ἄνθρωπος μὴ ἔχει διαίρεσιν, εἷς ἄνθρωπος, εἰ δ' ζῷον, ἓν ζῷον, εἰ δὲ μέγεθος, ἓν μέγεθος. § 13 Τὰ μὲν οὖν πλεῖστα ἓν λέγεται τῷ ἕτερόν τι ποιεῖν ἔχειν πάσχειν πρός τι εἶναι ἕν, τὰ δὲ πρώτως λεγόμενα ἓν ὧν οὐσία μία, μία δὲ συνεχείᾳ εἴδει λόγῳ· καὶ γὰρ (10) ἀριθμοῦμεν ὡς πλείω τὰ μὴ συνεχῆ ὧν μὴ ἓν τὸ εἶδος ὧν λόγος μὴ εἷς. § 14 Ἔτι δ' ἔστι μὲν ὡς ὁτιοῦν ἕν φαμεν εἶναι ἂν ποσὸν καὶ συνεχές, ἔστι δ' ὡς οὔ, ἂν μή τι ὅλον , τοῦτο δὲ ἂν μὴ τὸ εἶδος ἔχῃ ἕν· οἷον οὐκ ἂν φαῖμεν ὁμοίως ἓν ἰδόντες ὁπωσοῦν τὰ μέρη συγκείμενα τοῦ ὑποδήματος, (15) ἐὰν μὴ διὰ τὴν συνέχειαν, ἀλλ' ἐὰν οὕτως ὥστε ὑπόδημα εἶναι καὶ εἶδός τι ἔχειν ἤδη ἕν· διὸ καὶ τοῦ κύκλου μάλιστα μία τῶν γραμμῶν, ὅτι ὅλη καὶ τέλειός ἐστιν. § 15 Τὸ δὲ ἑνὶ εἶναι ἀρχῇ τινί ἐστιν ἀριθμοῦ εἶναι· τὸ γὰρ πρῶτ&#[5,6] CHAPITRE VI. Un. § 1. Un se dit d'abord dans un sens accidentel, puis dans un sens essentiel et en soi. Par exemple, c'est une unité accidentelle que celle qui se forme des deux mots séparés, Coriscus et Instruction, quand on dit en les réunissant : Coriscus instruit. Car c'est une seule et même chose de dire Coriscus et Instruction, et de dire Coriscus instruit; ou de réunir encore Instruction et Justice, et de dire Coriscus instruit et est juste. Toutes ces locutions n'expriment qu'une unité purement accidentelle. D'une part, l'instruction et la (20) justice forment une unité, parce qu'elles appartiennent accidentellement à une seule individualité substantielle ; et, d'autre part, l'instruction et Coriscus forment aussi quelque chose d'Un, parce que ce sont accidentellement les attributs l'un de l'autre. § 2. De même encore, on peut aller jusqu'à dire que Coriscus instruit ne fait qu'un avec Coriscus, parce que l'une des deux parties (25) de l'expression se rapporte à l'autre comme attribut, c'est-à-dire que le terme d'instruit est l'attribut de Coriscus; de même que Coriscus instruit ne fait qu'un avec Coriscus juste, parce qu'une partie des deux expressions est l'attribut accidentel d'un seul et même sujet, qui est Un. Et en effet, il n'y a pas de différence à dire que l'instruction est l'attribut de Coriscus, ou que le second terme est, à l'inverse, l'attribut du premier. § 3. Il en est de même aussi quand l'accident est l'attribut du genre, ou d'un des termes généraux. Par exemple, l'homme est la même chose et le même être que l'homme instruit ; soit parce que l'homme qui est une substance Une, a pour attribut l'instruction, soit parce que ces deux termes, homme et (30) instruction, sont attribués à un seul individu, qui est, si l'on veut, Coriscus. Toutefois, on peut remarquer que les deux termes ne sont pas alors attribués de la même manière l'un et l'autre; car l'un est attribué, si l'on veut, en tant que genre et comme inhérent à la substance, tandis que l'autre n'est qu'un état, ou une simple qualité, de la substance individuelle. Voilà donc en quel sens il faut entendre le mot de Un, toutes les fois qu'il s'agit d'unité accidentelle. § 4. Quant à tout ce qui est Un essentiellement et en soi, on dit d'une chose qu'elle est Une, uniquement à cause de sa continuité matérielle. Ainsi, grâce au lien qui attache le fagot, on dit que le fagot est Un ; la colle forte qui rassemble les morceaux de bois fait qu'ils sont Uns. (1016a) C'est encore ainsi que la ligne, même quand elle est courbe, est dite Une, parce qu'elle est continue, comme dans le corps humain un membre est Un à la même condition, la jambe, par exemple, ou le bras. Mais, sous ce rapport, il y a plus d'unité dans les objets continus de la nature que dans les objets qui sont le produit de l'art. § 5. D'ailleurs, on entend par continu tout ce qui, essentiellement et en soi, n'a qu'un seul et unique mouvement, sans pouvoir en avoir d'autre. Le mouvement Un est celui qui est indivisible; et je veux dire, indivisible selon le temps. Les choses qui sont essentiellement continues sont celles dont l'unité ne tient pas simplement au contact. Vous auriez beau placer des bouts de bois de manière à ce qu'ils se touchassent entre eux, vous ne pourriez pas dire pour cela qu'ils forment une unité, ni comme bois ni comme corps, ni qu'ils aient non plus telle autre espèce de continuité. § 6. Les choses absolument continues (10) sont Unes, même quand elles ont une courbure, mais, à plus forte raison, quand elles n'en ont pas. Ainsi, la jambe, ou la cuisse, est plus Une que le membre tout entier, parce que le mouvement de la jambe entière, cuisse et jambe, peut n'être pas Un. Par la même raison, une ligne droite est plus Une que ne l'est une ligne courbe. Une ligne qui est courbe, et qui a des angles, peut être considérée tout à la fois comme étant Une, ou n'étant pas Une, parce que le mouvement peut tout aussi bien, (15) ou en être simultané, ou ne pas l'être. Mais, pour la ligne droite, le mouvement est toujours simultané, attendu que, parmi ses parties, ayant quelque étendue, aucune ne peut, celle-ci être en repos et celle-là se mouvoir, comme cela se peut pour la ligne courbe. § 7. En un autre sens, une chose peut être considérée comme Une, par cela seul que le sujet en question ne présente pas de différence spécifique. Les sujets sont sans différence spécifique, quand l'observation sensible n'y découvre pas de division d'espèce. Par sujet, on entend ici, (20) soit le terme primitif, soit le terme dernier, le plus rapproché de la fin de l'espèce même. Par exemple, on dit du vin qu'il est Un, et de l'eau qu'elle est Une, parce que spécifiquement ils sont indivisibles l'un et l'autre. Tous les liquides aussi peuvent être considérés comme formant une unité, l'huile, le vin et tous les corps liquéfiables, parce que pour tous les liquides le sujet dernier est le même, je veux dire, l'eau et l'air, dont tous sont formés. § 8. On dit encore de certaines choses qu'elles sont Unes, (25) toutes les fois que, le genre de ces choses restant Un, elles n'offrent néanmoins que des différences opposées. Alors, tous les objets que le genre renferme forment une unité, parce que le genre soumis à ces différences est Un et le même. Par exemple, le cheval, l'homme, le chien forment cette sorte d'unité, en tant qu'ils sont tous des animaux. Et en effet, tout cela se rapproche et se confond, de même que leur matière est Une. § 9. Parfois, ce sont les espèces comme celles-là qui forment une unité ; d'autres fois, c'est le genre supérieur qui est considéré comme identique ; (30) c'est-à-dire que quand les espèces sont les dernières du genre, c'est le genre qui est au-dessus d'elles. Ainsi, par exemple, le triangle isocèle et le triangle équilatéral sont une seule et même figure, en tant que ce sont des triangles ; mais ce ne sont pas les mêmes triangles. § 10. On attribue encore l'idée d'unité à toutes les choses dont la définition essentielle, c'est-à-dire la définition expliquant que la chose est ce qu'elle est, ne peut être séparée d'une autre définition, qui exprime aussi la véritable essence de la chose et la fait ce qu'elle est ; car toute définition (35) prise en elle-même est divisible et séparable. § 11. C'est ainsi que l'être qui se développe et l'être qui dépérit sont cependant un seul et même être, parce que la définition reste Une, de même que la définition spécifique reste Une aussi pour toutes les surfaces, puisqu'elles ont toujours longueur et largeur. § 12. (1016b) En général, on appelle éminemment Unes toutes les choses dont la pensée, s'appliquant à leur essence, est indivisible, et ne peut jamais en séparer quoi que ce soit, ni dans le temps, ni dans l'espace, ni en notion. Cette idée d'unité ainsi comprise s'adresse surtout aux substances. Ainsi, les termes généraux sont appelés Uns en tant qu'ils n'ont pas de division possible. (5) Par exemple, l'homme est Un, parce qu'il est indivisible en tant qu'homme; l'animal est Un, parce qu'il est indivisible en tant qu'animal ; la grandeur est Une, parce qu'elle est également indivisible en tant que grandeur. § 13. Le plus souvent, les choses sont appelées Unes, parce qu'elles produisent quelque autre chose en commun, ou qu'elles la souffrent, ou qu'elle la possèdent, ou parce qu'elles ont une unité relative et indirecte. Mais au sens primordial du mot, les choses sont Unes quand leur substance est identique et Une. Or, la substance est Une, soit par la continuité, soit par la forme, soit par la définition ; car (10) nous attribuons la pluralité numérique aux choses qui ne sont pas continues, ou dont la forme n'est pas la même, ou la définition n'est pas identique et Une. § 14. Parfois encore, nous disons d'une chose quelconque qu'elle est Une, par cela seul que cette chose a une certaine quantité, et qu'elle est continue. Mais parfois cela même ne suffit pas, et il faut en outre que cette chose compose un tout ; en d'autres termes, il faut qu'elle ait une forme qui soit Une. Par exemple, nous ne dirions pas également d'une chaussure qu'elle est Une, par cela seul que nous en verrions les diverses parties posées dans un ordre quelconque, (15) ces parties fussent-elles même continues ; mais la chaussure n'est Une à nos yeux que si les diverses parties représentent en effet une chaussure, et qu'elles aient une forme Une et convenable. C'est là ce qui fait que, parmi les lignes de divers genres, c'est celle du cercle qui est la plus Une, parce que cette ligne est entière et complète. § 15. C'est la notion de l'unité qui est le principe du nombre, parce que c'est la mesure primordiale qui est le principe. Dans chaque genre de choses, c'est ce qui fait primitivement (20) connaître la chose qui est la mesure première de ce genre. Or, le principe qui nous fait tout d'abord connaître les choses, c'est l'unité dans chacune d'elles. Seulement, l'unité n'est pas la même dans tous les genres sans distinction. En musique, l'unité est le quart de ton ; en grammaire, c'est la voyelle ou la consonne. Pour le poids, l'unité est autre, comme elle est différente aussi pour le mouvement. § 16. Mais, dans tous les cas, l'unité est indivisible soit en espèce, soit en quantité. Ce qui est indivisible en quantité et en tant que quantité, et est indivisible en tous sens, (25) mais sans avoir de position, c'est l'unité numérique, la monade. Ce qui est indivisible en tous sens, mais qui a une position, c'est le point. La ligne n'est divisible qu'en un sens ; la surface l'est en deux sens ; et le corps est divisible (30) dans tous les sens, c'est-à-dire dans les trois dimensions. Et en descendant selon l'ordre inverse, ce qui est divisible en deux sens, c'est la surface ; ce qui l'est en un seul, c'est la ligne ; ce qui est absolument indivisible sous le rapport de la quantité, c'est le point, et l'unité ou monade, la monade n'ayant pas de position, et le point en ayant une dans l'espace. § 17. On peut dire encore que l'unité dans les choses tient, soit à leur nombre, soit à leur espèce, soit à leur genre, soit à leur proportion relativement à d'autres. L'unité numérique résulte de ce que la matière est Une ; l'unité d'espèce, de ce que la définition est Une et la même; l'unité de genre, de ce que les choses sont comprises sous la même forme d'attribution ou de catégorie ; l'unité de proportion résulte de ce que les choses sont avec d'autres (35) dans une relation pareille. § 18. D'ailleurs, les termes postérieurs sont toujours contenus dans les. termes précédents et à leur suite. Ainsi, tout ce qui est Un en nombre est Un aussi en espèce, bien que réciproquement tout ce qui est Un en espèce ne le soit pas toujours numériquement. Tout ce qui est Un en espèce est Un aussi en genre ; (1017a) mais tout ce qui est Un en genre n'est pas Un en espèce, si ce n'est proportionnellement et par analogie ; et tout ce qui est Un par proportion relative n'est pas toujours Un en genre. § 19. Enfin, il est bien clair que la pluralité est l'opposé de l'unité. Ainsi, la pluralité pour les choses résulte, tantôt de ce qu'elles ne sont pas continues, tantôt de ce que leur matière spécifique, soit primordiale, soit dernière, est divisible, et tantôt de ce qu'il y a pour elles des définitions différentes, pour exprimer leur essence et ce qu'elles sont en elles-mêmes.


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Dernière mise à jour : 16/07/2008