[5,4] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Δ'
IV. § 1 Φύσις λέγεται ἕνα μὲν τρόπον ἡ τῶν φυομένων γένεσις, οἷον εἴ τις
ἐπεκτείνας λέγοι τὸ υ, ἕνα δὲ ἐξ οὗ φύεται πρώτου τὸ φυόμενον
ἐνυπάρχοντος· § 2 ἔτι ὅθεν ἡ κίνησις ἡ πρώτη ἐν ἑκάστῳ τῶν φύσει ὄντων ἐν
αὐτῷ ᾗ αὐτὸ (20) ὑπάρχει· § 3 φύεσθαι δὲ λέγεται ὅσα αὔξησιν ἔχει δι'
ἑτέρου τῷ ἅπτεσθαι καὶ συμπεφυκέναι ἢ προσπεφυκέναι ὥσπερ τὰ ἔμβρυα·
διαφέρει δὲ σύμφυσις ἁφῆς, ἔνθα μὲν γὰρ οὐδὲν παρὰ τὴν ἁφὴν ἕτερον ἀνάγκη
εἶναι, ἐν δὲ τοῖς συμπεφυκόσιν ἔστι τι ἓν τὸ αὐτὸ ἐν ἀμφοῖν ὃ ποιεῖ ἀντὶ
τοῦ (25) ἅπτεσθαι συμπεφυκέναι καὶ εἶναι ἓν κατὰ τὸ συνεχὲς καὶ ποσόν,
ἀλλὰ μὴ κατὰ τὸ ποιόν. § 4 Ἔτι δὲ φύσις λέγεται ἐξ οὗ πρώτου ἢ ἔστιν ἢ
γίγνεταί τι τῶν φύσει ὄντων, ἀρρυθμίστου ὄντος καὶ ἀμεταβλήτου ἐκ τῆς
δυνάμεως τῆς αὑτοῦ, οἷον ἀνδριάντος καὶ τῶν σκευῶν τῶν χαλκῶν ὁ χαλκὸς ἡ
(30) φύσις λέγεται, τῶν δὲ ξυλίνων ξύλον· ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων· ἐκ
τούτων γάρ ἐστιν ἕκαστον διασωζομένης τῆς πρώτης ὕλης· § 5 τοῦτον γὰρ τὸν
τρόπον καὶ τῶν φύσει ὄντων τὰ στοιχεῖά φασιν εἶναι φύσιν, οἱ μὲν πῦρ οἱ δὲ
γῆν οἱ δ' ἀέρα οἱ δ' ὕδωρ οἱ δ' ἄλλο τι τοιοῦτον λέγοντες, οἱ δ' (35) ἔνια
τούτων οἱ δὲ πάντα ταῦτα. § 6 Ἔτι δ' ἄλλον τρόπον λέγεται ἡ φύσις ἡ τῶν
φύσει ὄντων οὐσία, οἷον οἱ λέγοντες τὴν φύσιν εἶναι τὴν πρώτην σύνθεσιν,
(1015a) ἢ ὥσπερ Ἐμπεδοκλῆς λέγει ὅτι
φύσις οὐδενὸς ἔστιν ἐόντων,
ἀλλὰ μόνον μῖξίς τε διάλλαξίς τε μιγέντων
ἔστι, φύσις δ' ἐπὶ τοῖς ὀνομάζεται ἀνθρώποισιν.
Διὸ καὶ ὅσα φύσει ἔστιν ἢ γίγνεται, ἤδη ὑπάρχοντος ἐξ οὗ πέφυκε γίγνεσθαι
ἢ εἶναι, οὔπω φαμὲν (5) τὴν φύσιν ἔχειν ἐὰν μὴ ἔχῃ τὸ εἶδος καὶ τὴν
μορφήν. Φύσει μὲν οὖν τὸ ἐξ ἀμφοτέρων τούτων ἐστίν, οἷον τὰ ζῷα καὶ τὰ
μόρια αὐτῶν· § 7 φύσις δὲ ἥ τε πρώτη ὕλη (καὶ αὕτη διχῶς, ἢ ἡ πρὸς αὐτὸ
πρώτη ἢ ἡ ὅλως πρώτη, οἷον τῶν χαλκῶν ἔργων πρὸς αὐτὰ μὲν πρῶτος ὁ χαλκός,
ὅλως δ' (10) ἴσως ὕδωρ, εἰ πάντα τὰ τηκτὰ ὕδωρ) καὶ τὸ εἶδος καὶ ἡ οὐσία·
τοῦτο δ' ἐστὶ τὸ τέλος τῆς γενέσεως. § 8 Μεταφορᾷ δ' ἤδη καὶ ὅλως πᾶσα
οὐσία φύσις λέγεται διὰ ταύτην, ὅτι καὶ ἡ φύσις οὐσία τίς ἐστιν.
§ 9 Ἐκ δὴ τῶν εἰρημένων ἡ πρώτη φύσις καὶ κυρίως λεγομένη ἐστὶν ἡ οὐσία ἡ
τῶν ἐχόντων (15) ἀρχὴν κινήσεως ἐν αὑτοῖς ᾗ αὐτά· ἡ γὰρ ὕλη τῷ ταύτης
δεκτικὴ εἶναι λέγεται φύσις, καὶ αἱ γενέσεις καὶ τὸ φύεσθαι τῷ ἀπὸ ταύτης
εἶναι κινήσεις. Καὶ ἡ ἀρχὴ τῆς κινήσεως τῶν φύσει ὄντων αὕτη ἐστίν,
ἐνυπάρχουσά πως ἢ δυνάμει ἢ ἐντελεχείᾳ.
| [5,4] CHAPITRE IV
Nature. § 1. En un premier sens, on entend par Nature la production de
tout ce qui naît et se développe naturellement; mais dans ce cas l'U du
mot grec qui signifie Nature est long.
§ 2. En un autre sens, la Nature est le principe intrinsèque par lequel se
développe (20) tout ce qui se développe.
§ 3. Nature signifie encore le mouvement initial qui se retrouve dans tous
les êtres naturels, et qui réside dans chacun d'eux, en tant que chacun
est essentiellement ce qu'il est; car on dit des êtres qu'ils se
développent naturellement, quand ils reçoivent leur croissance de quelque
autre être, soit qu'ils tiennent par contact à cet être, soit qu'ils
empruntent leur développement à leur connexion intime avec lui, soit
qu'ils y adhèrent à la manière des embryons. Il y a d'ailleurs cette
différence entre la connexion et le contact, que, dans le contact, il n'y
a, entre les deux êtres, rien absolument que le contact seul, tandis que,
entre les êtres connexes, il existe une certaine unité qui est identique
pour les deux, et qui fait que, au lieu de (25) se toucher simplement, ils
se pénètrent, et ne sont qu'un seul et même être comme étendue et
quantité, bien que leur qualité puisse être différente.
§ 4. La Nature est encore cette matière primordiale qui fait que tous les
êtres de la nature sont ou deviennent ce qu'ils sont, matière inorganisée,
et qui, par sa seule force, est incapable de se modifier, elle-même. C'est
en ce sens que l'airain (30) est appelé la Nature de la statue et de tous
les ustensiles faits de ce métal ; que le bois est appelé la Nature de
tout ce qui est fait en bois. Et de même pour tout le reste des choses;
car on dit de chacune des choses qu'elle est faite de ses éléments, tant
que subsiste cette matière initiale.
§ 5. C'est encore en ce même sens que l'on dit que les éléments sont la
Nature de tous les êtres physiques. Selon quelques philosophes, cette
Nature, c'est le feu ; pour d'autres, c'est la terre; pour ceux-ci, c'est
l'air ; pour ceux-là, c'est l'eau; pour d'autres encore, c'est tel autre
élément; les uns (35) ne combinant que quelques-unes de ces substances,
tandis que les autres les combinent toutes ensemble.
§ 6. A un autre point de vue, la Nature est la substance des êtres
physiques , au sens où l'on dit que la Nature est l'organisation
primordiale des êtres, (1015a) quoiqu'Empédocle soutienne qu'il n'y a pas
à proprement parler de Nature pour un être quelconque :
Mais ce n'est que mélange ou séparation
D'Éléments mélangés ; la vague notion
De ce qu'on croit Nature est un rêve de l'homme.
Aussi, même pour les êtres qui existent naturellement, ou qui se
développent, en ayant préalablement la matière d'où doit venir pour eux le
développement ou l'existence, nous ne disons pas (5) qu'ils aient leur
nature propre, tant qu'ils n'ont pas revêtu leur espèce et leur forme.
Tout être est naturel, en effet, quand il est composé de l'une et de
l'autre, la forme et l'espèce ; et tels sont par exemple les animaux, et
les parties diverses qui les composent.
§ 7. Nature peut signifier aussi la matière première des choses. Ces mots
mêmes de Matière première peuvent recevoir un double sens. D'abord,
Première peut s'entendre, ou relativement à l'objet même, ou d'une manière
absolue et générale. Par exemple, pour des objets en airain, l'airain est
Premier en ce qui regarde directement ces objets; mais, d'une manière
absolue et générale, il est possible (10) que ce soit le liquide qui, en
ceci, soit le terme premier, si l'on admet que tous les corps fusibles
soient du liquide. En second lieu, la matière première est encore la forme
et l'essence des choses, puisque c'est là aussi l'objet final de tout ce
qui se produit et se développe .
§ 8. Par extension métaphorique et d'une manière générale, toute substance
est appelée Nature, par analogie avec cette acception du mot Nature que
nous définissons ici, et qui, elle également, est une sorte de substance.
§ 9. D'après tout ce qui précède, la Nature, comprise en son sens premier,
et en son sens propre, est la substance essentielle des êtres qui ont en
eux-mêmes (15) le principe du mouvement, en tant qu'ils sont ce qu'ils
sont ; car, si la matière est appelée Nature, c'est uniquement parce
qu'elle est susceptible de recevoir ce principe de mouvement, de même que
toute production et tout développement naturel sont appelés Nature, parce
que ce sont des mouvements qui dérivent de ce principe intérieur. Mais le
principe du mouvement, pour tous les êtres de la nature, est précisément
celui qui leur est intrinsèque en quelque façon, soit qu'il reste à l'état
de simple puissance, soit qu'il se montre en une complète réalité.
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