[5,29] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΘ'.
XXIX. § 1 Τὸ ψεῦδος λέγεται ἄλλον μὲν τρόπον ὡς πρᾶγμα ψεῦδος, καὶ τούτου τὸ μὲν τῷ μὴ συγκεῖσθαι ἢ ἀδύνατον εἶναι συντεθῆναι (ὥσπερ λέγεται τὸ τὴν
διάμετρον εἶναι (20) σύμμετρον ἢ τὸ σὲ καθῆσθαι· τούτων γὰρ ψεῦδος τὸ μὲν
ἀεὶ τὸ δὲ ποτέ· § 2 οὕτω γὰρ οὐκ ὄντα ταῦτἀ, τὰ δὲ ὅσα ἔστι μὲν ὄντα,
πέφυκε μέντοι φαίνεσθαι ἢ μὴ οἷά ἐστιν ἢ ἃ μὴ ἔστιν νοἷον ἡ σκιαγραφία καὶ
τὰ ἐνύπνια· ταῦτα γὰρ ἔστι μέν τι, ἀλλ' οὐχ ὧν ἐμποιεῖ τὴν φαντασίαν)· § 3
πράγματα (25) μὲν οὖν ψευδῆ οὕτω λέγεται, ἢ τῷ μὴ εἶναι αὐτὰ ἢ τῷ τὴν ἀπ'
αὐτῶν φαντασίαν μὴ ὄντος εἶναι·
§ 4 λόγος δὲ ψευδὴς ὁ τῶν μὴ ὄντων, ᾗ ψευδής, διὸ πᾶς λόγος ψευδὴς ἑτέρου
ἢ οὗ ἐστὶν ἀληθής, οἷον ὁ τοῦ κύκλου ψευδὴς τριγώνου. § 5 Ἑκάστου δὲ λόγος
ἔστι μὲν ὡς εἷς, ὁ τοῦ τί ἦν εἶναι, ἔστι δ' ὡς (30) πολλοί, ἐπεὶ ταὐτό πως
αὐτὸ καὶ αὐτὸ πεπονθός, οἷον Σωκράτης καὶ Σωκράτης μουσικός § 6 (ὁ δὲ
ψευδὴς λόγος οὐθενός ἐστιν ἁπλῶς λόγος)· διὸ Ἀντισθένης ᾤετο εὐήθως μηθὲν
ἀξιῶν λέγεσθαι πλὴν τῷ οἰκείῳ λόγῳ, ἓν ἐφ' ἑνός· ἐξ ὧν συνέβαινε μὴ εἶναι
ἀντιλέγειν, σχεδὸν δὲ μηδὲ ψεύδεσθαι. Ἔστι (35) δ' ἕκαστον λέγειν οὐ μόνον
τῷ αὐτοῦ λόγῳ ἀλλὰ καὶ τῷ ἑτέρου, ψευδῶς μὲν καὶ παντελῶς, ἔστι δ' ὡς καὶ
ἀληθῶς, ὥσπερ τὰ ὀκτὼ διπλάσια τῷ τῆς δυάδος λόγῳ.
§ 7 (1025a) Τὰ μὲν οὖν οὕτω λέγεται ψευδῆ, § 8 ἄνθρωπος δὲ ψευδὴς ὁ
εὐχερὴς καὶ προαιρετικὸς τῶν τοιούτων λόγων, (5) μὴ δι' ἕτερόν τι ἀλλὰ δι'
αὐτό, καὶ ὁ ἄλλοις ἐμποιητικὸς τῶν τοιούτων λόγων, ὥσπερ καὶ τὰ πράγματά
φαμεν ψευδῆ εἶναι ὅσα ἐμποιεῖ φαντασίαν ψευδῆ. § 9 Διὸ ὁ ἐν τῷ Ἱππίᾳ λόγος
παρακρούεται ὡς ὁ αὐτὸς ψευδὴς καὶ ἀληθής. Τὸν δυνάμενον γὰρ ψεύσασθαι
λαμβάνει ψευδῆ (οὗτος δ' ὁ εἰδὼς καὶ ὁ φρόνιμος)· ἔτι τὸν ἑκόντα φαῦλον
βελτίω. Τοῦτο δὲ ψεῦδος (10) λαμβάνει διὰ τῆς ἐπαγωγῆς - ὁ γὰρ ἑκὼν
χωλαίνων τοῦ ἄκοντος κρείττωντ - χωλαίνειν τὸ μιμεῖσθαι λέγων, ἐπεὶ εἴ γε
χωλὸς ἑκών, χείρων ἴσως, ὥσπερ ἐπὶ τοῦ ἤθους, καὶ οὗτος.
| [5,29] CHAPITRE XXIX.
Faux. § 1. Faux se prend d'abord en ce sens où l'on dit d'une chose
qu'elle est fausse; et une chose peut être fausse de deux manières, soit
parce que la combinaison des mots qui l'expriment n'est pas d'accord avec
la réalité, soit parce qu'elle est impossible. Ainsi, il est faux que le
diamètre soit (20) commensurable, ou que vous soyez actuellement assis ;
car de ces deux assertions, l'une est toujours fausse ; l'autre ne l'est
qu'à un certain moment ; mais, dans ces conditions, ni l'une ni l'autre
ne sont vraies.
§ 2. D'autres choses, bien qu'elles soient réelles, sont appelées fausses,
parce qu'elles paraissent, à cause de leur nature propre, ou autrement
qu'elles ne sont, ou ce qu'elles ne sont pas : telle est, par exemple, une
peinture; tel est un rêve. La peinture et le rêve sont certainement
quelque chose ; mais ce ne sont pas les objets mêmes dont ils donnent une
idée tout imaginaire.
§ 3. Ainsi donc, on dit des choses (25) qu'elles sont fausses, soit
qu'elles-mêmes n'existent pas, soit qu'elles donnent l'image de quelque
chose qui n'est point.
§ 4. Une définition est fausse, en tant qu'elle s'applique, dans sa
fausseté, à des choses qui ne sont pas. C'est ainsi que toute définition
est fausse du moment qu'elle s'applique à une chose autre que celle dont
elle est vraie : et, par exemple, la définition du cercle serait fausse
pour le triangle.
§ 5. D'ailleurs, pour chaque chose, il n'y a qu'une définition, qui tantôt
est unique, et alors c'est celle qui s'adresse à l'essence de l'être ; ou
tantôt, multiple. Mais c'est toujours un être identique qui est considéré,
d'abord en lui-même, (30) et ensuite, considéré dans les modifications
qu'il présente. Tel est, par exemple, d'abord Socrate ; et ensuite,
Socrate instruit et savant.
§ 6. A vrai dire, la définition fausse n'est la définition de rien ; aussi
Antisthène était-il assez naïf, quand il soutenait qu'on ne peut jamais
appliquer à une chose que sa définition propre, une pour une, sans pouvoir
en dire autre chose. D'où la conséquence nécessaire qu'on ne peut
contredire quoi que ce soit, et qu'il y a presque impossibilité à rien
dire de faux. Le fait est qu'il est possible, (35) pour chaque chose, de
lui appliquer sa définition propre, ou la définition d'une autre chose,
cette seconde définition étant, ou absolument Fausse, ou pouvant être
vraie aussi à certains égards, comme Huit peut être appelé le double de
quelque chose, au point de vue de la définition du double.
§ 7. (1025a) Voilà donc diverses acceptions du mot Faux, pour les choses.
§ 8. En l'appliquant aux personnes, on dit que tel homme est Faux, ou
menteur, quand il accepte aisément, ou qu'il invente de son plein gré, des
propos de ce genre, (5) sans autre motif que leur Fausseté même, et qu'il
essaie de les faire croire à autrui. Il en est de lui comme des choses
dont nous disons qu'elles sont fausses, quand elles provoquent dans
l'esprit une fausse idée.
§ 9. Aussi, est-ce une grande erreur dans l'Hippias de soutenir que le
même homme est tout à la fois menteur et véridique; car on y appelle Faux
et menteur l'homme qui peut débiter des faussetés et des mensonges. Or, le
vrai menteur est celui qui sait les choses et qui se rend compte de son
mensonge. C'est par une erreur pareille qu'on soutient encore que l'homme
qui est méchant parce qu'il le veut, est supérieur à celui qui est bon
sans le vouloir. Mais c'est là une idée complètement fausse, (10) à
laquelle conduit une induction qui ne l'est pas moins. Car, dit-on, boiter
parce qu'on le veut bien, vaut mieux que de boiter sans le vouloir. Mais
ici l'on prend le mot de Boiter dans le sens de faire semblant de boiter,
puisque celui qui se rendrait réellement boiteux par un effet de sa libre
volonté, pourrait être pire en effet ; comme, par exemple, sous le rapport
de la moralité, on est plus méchant quand on l'est volontairement ; et
c'est là le cas du menteur.
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