[5,27] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΚΖ'.
XXVII. § 1 Κολοβὸν δὲ λέγεται τῶν ποσῶν οὐ τὸ τυχόν, ἀλλὰ μεριστόν τε δεῖ αὐτὸ
εἶναι καὶ ὅλον. Τά τε γὰρ δύο οὐ κολοβὰ θατέρου ἀφαιρουμένου ἑνός (οὐ γὰρ
ἴσον τὸ καλόβωμα καὶ τὸ λοιπὸν οὐδέποτ' ἐστίν) § 2 οὐδ' ὅλως ἀριθμὸς
οὐδείς· καὶ (15) γὰρ τὴν οὐσίαν δεῖ μένειν· εἰ κύλιξ κολοβός, ἔτι εἶναι
κύλικα· ὁ δὲ ἀριθμὸς οὐκέτι ὁ αὐτός. § 3 Πρὸς δὲ τούτοις κἂν ἀνομοιομερῆ
ᾖ, οὐδὲ ταῦτα πάντα αὁ γὰρ ἀριθμὸς ἔστιν ὡς καὶ ἀνόμοια ἔχει μέρη, οἷον
δυάδα τριάδἀ, § 4 ἀλλ' ὅλως ὧν μὴ ποιεῖ ἡ θέσις διαφορὰν οὐδὲν κολοβόν,
οἷον ὕδωρ ἢ πῦρ, (20) ἀλλὰ δεῖ τοιαῦτα εἶναι ἃ κατὰ τὴν οὐσίαν θέσιν ἔχει.
§ 5 Ἔτι συνεχῆ· ἡ γὰρ ἁρμονία ἐξ ἀνομοίων μὲν καὶ θέσιν ἔχει, κολοβὸς δὲ
οὐ γίγνεται. § 6 Πρὸς δὲ τούτοις οὐδ' ὅσα ὅλα, οὐδὲ ταῦτα ὁτουοῦν μορίου
στερήσει κολοβά. Οὐ γὰρ δεῖ οὔτε τὰ κύρια τῆς οὐσίας οὔτε τὰ ὁπουοῦν ὄντα·
οἷον ἂν τρυπηθῇ ἡ (25) κύλιξ, οὐ κολοβός, ἀλλ' ἂν τὸ οὖς ἢ ἀκρωτήριόν τι,
καὶ ὁ ἄνθρωπος οὐκ ἐὰν σάρκα ἢ τὸν σπλῆνα, ἀλλ' ἐὰν ἀκρωτήριόν τι, καὶ
τοῦτο οὐ πᾶν ἀλλ' ὃ μὴ ἔχει γένεσιν ἀφαιρεθὲν ὅλον. Διὰ τοῦτο οἱ φαλακροὶ
οὐ κολοβοί.
| [5,27] CHAPITRE XXVII.
Mutilé. § 1. Le mot de Mutilé, ou Incomplet, ne s'applique pas à toutes
les quantités au hasard et indistinctement ; il s'applique seulement à
celles qui peuvent être divisées, et qui forment un tout. Ainsi, le nombre
Deux n'est jamais appelé un nombre Mutilé, quand on lui retranche une
quelconque de ses deux unités, puisque jamais la mutilation, dans son sens
vrai, ne peut être égale à ce qui reste.
§ 2. D'ailleurs, on ne peut pas appliquer absolument à un nombre,
quelqu'il soit, l'idée de Mutilation ; car (15) il faut, pour qu'il y ait
Mutilation, que l'essence de la chose demeure. Par exemple, pour dire
d'une coupe qu'elle est Mutilée, il faut encore qu'il subsiste une coupe ;
mais, pour le nombre, il cesse d'être le même.
§ 3. Il faut de plus, pour qu'on puisse appeler les choses Mutilées,
qu'elles aient des parties diverses. Et encore ne peut-on pas le dire de
toutes choses ; car on ne peut pas le dire du nombre, par exemple, bien
qu'il puisse avoir des parties dissemblables; et c'est ainsi que Cinq se
compose de Deux et de Trois.
§ 4. D'une manière générale, on n'applique jamais l'idée de Mutilé aux
choses où la position des parties est tout à fait indifférente, comme
l'eau et le feu ; (20) mais, pour que cette idée s'applique, il faut que
la position des parties importe à l'essence même de la chose.
§ 5. Il faut en outre que les choses soient continues, pour qu'on puisse
voire qu'elles sont Mutilées. Ainsi, par exemple, l'harmonie se forme de
parties dissemblables, qui ont une certaine position ; et cependant on ne
dit jamais d'une harmonie qu'elle est Mutilée.
§ 6. Même pour les choses qui forment une totalité, on ne dit pas qu'elles
sont Mutilées, parce qu'une de leurs parties quelconques en a été
retranchée ; car il ne faut pas que ce soient des parties essentielles, ni
des parties placées d'une façon quelconque. Ainsi, une (25) coupe n'est
pas Mutilée, parce qu'on y fait un trou ; mais elle l'est, si on lui a
brisé une anse ou un bord. L'homme n'est pas Mutilé, parce qu'on lui â ôté
un peu de chair, ou la rate ; mais il l'est, s'il a perdu une de ses
extrémités, et non pas même une extrémité quelconque, mais une extrémité
qui ne peut plus revenir une fois qu'elle a été enlevée tout entière. Et
voilà pourquoi l'on ne dit pas des gens chauves qu'ils sont Mutilés.
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