[5,16] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙϚ'.
XVI. § 1 Τέλειον λέγεται ἓν μὲν οὗ μὴ ἔστιν ἔξω τι λαβεῖν μηδὲ ἓν μόριον (οἷον
χρόνος τέλειος ἑκάστου οὗτος οὗ μὴ ἔστιν ἔξω λαβεῖν χρόνον τινὰ ὃς τούτου
μέρος ἐστὶ τοῦ χρόνου), § 2 καὶ τὸ (15) κατ' ἀρετὴν καὶ τὸ εὖ μὴ ἔχον
ὑπερβολὴν πρὸς τὸ γένος, οἷον τέλειος ἰατρὸς καὶ τέλειος αὐλητὴς ὅταν κατὰ
τὸ εἶδος τῆς οἰκείας ἀρετῆς μηθὲν ἐλλείπωσιν § 3 (οὕτω δὲ μεταφέροντες καὶ
ἐπὶ τῶν κακῶν λέγομεν συκοφάντην τέλειον καὶ κλέπτην τέλειον, ἐπειδὴ καὶ
ἀγαθοὺς λέγομεν αὐτούς, οἷον κλέπτην (20) ἀγαθὸν καὶ συκοφάντην ἀγαθόν· §
4 καὶ ἡ ἀρετὴ τελείωσίς τις· ἕκαστον γὰρ τότε τέλειον καὶ οὐσία πᾶσα τότε
τελεία, ὅταν κατὰ τὸ εἶδος τῆς οἰκείας ἀρετῆς μηδὲν ἐλλείπῃ μόριον τοῦ
κατὰ φύσιν μεγέθους)· ἔτι οἷς ὑπάρχει τὸ τέλος, σπουδαῖον, ταῦτα λέγεται
τέλεια· § 5 κατὰ γὰρ τὸ ἔχειν τὸ (25) τέλος τέλεια, ὥστ' ἐπεὶ τὸ τέλος τῶν
ἐσχάτων τί ἐστι, καὶ ἐπὶ τὰ φαῦλα μεταφέροντες λέγομεν τελείως ἀπολωλέναι
καὶ τελείως ἐφθάρθαι, ὅταν μηδὲν ἐλλείπῃ τῆς φθορᾶς καὶ τοῦ κακοῦ ἀλλ' ἐπὶ
τῷ ἐσχάτῳ ᾖ· διὸ καὶ ἡ τελευτὴ κατὰ μεταφορὰν λέγεται τέλος, ὅτι ἄμφω
ἔσχατα· τέλος δὲ (30) καὶ τὸ οὗ ἕνεκα ἔσχατον.
§ 6 Τὰ μὲν οὖν καθ' αὑτὰ λεγόμενα τέλεια τοσαυταχῶς λέγεται, τὰ μὲν τῷ
κατὰ τὸ εὖ μηδὲν ἐλλείπειν μηδ' ἔχειν ὑπερβολὴν μηδὲ ἔξω τι λαβεῖν, τὰ δ'
(33) ὅλως κατὰ τὸ μὴ ἔχειν ὑπερβολὴν ἐν ἑκάστῳ γένει μηδ' εἶναί τι ἔξω· §
7 (1022a) τὰ δὲ ἄλλα ἤδη κατὰ ταῦτα τῷ ἢ ποιεῖν τι τοιοῦτον ἢ ἔχειν ἢ
ἁρμόττειν τούτῳ ἢ ἁμῶς γέ πως λέγεσθαι πρὸς τὰ πρώτως λεγόμενα τέλεια.
| [5,16] CHAPITRE XVI.
Parfait. § 1. Parfait se dit d'une chose en dehors de laquelle il n'est
plus possible de rien trouver qui lui appartienne, fût-ce même la moindre
parcelle. Ainsi, pour une chose, quelle qu'elle soit, le temps qu'elle
doit durer est Parfait, quand, en dehors de ce temps régulier, il n'est
pas possible de saisir un temps quelconque qui soit une partie de celui
qu'elle doit avoir.
§ 2. Parfait se rapporte encore au (15) mérite et au bien, qui ne peut
plus être surpassé dans un genre donné. C'est ainsi qu'on dit d'un médecin
qu'il est Parfait, ou d'un joueur de flûte qu'il est Parfait, quand rien
ne leur manque du mérite qui leur est spécialement propre.
§ 3. Par métaphore inverse, on applique le mot de Parfait même à ce qui
est mal, et l'on dit : « Voilà un Parfait sycophante ; Voilà un Parfait
voleur, » tout aussi bien que parfois on dit de pareilles gens qu'on les
trouve excellemment bons : « C'est un excellent sycophante; (20) c'est un
excellent voleur. »
§ 4. La vertu est aussi une sorte de perfectionnement; car pour toute
chose, pour toute substance, on la dit Parfaite, lorsque, dans le genre de
vertu qui lui convient, il ne lui manque rien de ce qui doit en constituer
l'étendue naturelle.
§ 5. On appelle encore (25) Parfaites les choses qui parfont et atteignent
une bonne fin ; car elles sont Parfaites, par cela seul qu'elles parfont
cette fin. Une conséquence de ceci, c'est que, la fin des choses étant une
extrême et dernière limite, on transporte métaphoriquement le mot de
Parfait aux choses les plus mauvaises, et que l'on dit d'une chose qu'elle
est Parfaitement perdue, qu'elle est Parfaitement détruite, quand il ne
manque plus rien à la ruine et au mal, et qu'on est absolument au bout.
C'est ainsi qu'en parlant de la mort, on dit, la fin dernière, parce que
la fin des choses et la mort sont l'une et l'autre des extrêmes, de même
que la fin et le pourquoi des choses sont (30) des extrêmes également.
§ 6. En résumé, les choses dites Parfaites essentiellement et en soi, sont
ainsi dénommées selon les différents sens qu'on vient de voir : les unes,
parce que, en fait de bien, rien ne leur manque, et qu'elles n'ont en
bien, ni aucun excès, ni aucun défaut ; les autres, (33) parce que, d'une
manière générale, elles ne peuvent être surpassées en leur genre, et qu'il
n'y a plus rien à demander en dehors de ce qu'elles sont.
§ 7. (1022a) Quant aux autres choses qu'on appelle Parfaites, c'est par
rapport à celles-là qu'on les nomme ainsi, soit parce qu'elles sont, ou
qu'elles présentent, quelque chose d'analogue au Parfait, soit parce
qu'elles s'accordent avec elles, soit parce qu'elles soutiennent tel ou
tel autre rapport avec les choses qui sont primitivement appelées
Parfaites.
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