[4,4b] § 10. ὥστε ἓν ἅπαντα ἔσται· συνώνυμα γάῤ. Καὶ οὐκ ἔσται εἶναι καὶ μὴ εἶναι
τὸ αὐτὸ ἀλλ' ἢ καθ' ὁμωνυμίαν, ὥσπερ ἂν εἰ ὃν ἡμεῖς ἄνθρωπον (20)
καλοῦμεν, ἄλλοι μὴ ἄνθρωπον καλοῖεν· τὸ δ' ἀπορούμενον οὐ τοῦτό ἐστιν, εἰ
ἐνδέχεται τὸ αὐτὸ ἅμα εἶναι καὶ μὴ εἶναι ἄνθρωπον τὸ ὄνομα, ἀλλὰ τὸ
πρᾶγμα. Εἰ δὲ μὴ σημαίνει ἕτερον τὸ ἄνθρωπος καὶ τὸ μὴ ἄνθρωπος, δῆλον ὅτι
καὶ τὸ μὴ εἶναι ἀνθρώπῳ τοῦ εἶναι ἀνθρώπῳ, ὥστ' ἔσται τὸ ἀνθρώπω (25) ͅ
εἶναι μὴ ἀνθρώπῳ εἶναι· ἓν γὰρ ἔσται.
§ 11. Τοῦτο γὰρ σημαίνει τὸ εἶναι ἕν, τὸ ὡς λώπιον καὶ ἱμάτιον, εἰ ὁ λόγος
εἷς· εἰ δὲ ἔσται ἕν, ἓν σημανεῖ τὸ ἀνθρώπῳ εἶναι καὶ μὴ ἀνθρώπῳ. Ἀλλ'
ἐδέδεικτο ὅτι ἕτερον σημαίνει.
§ 12. Ἀνάγκη τοίνυν, εἴ τί ἐστιν ἀληθὲς εἰπεῖν ὅτι ἄνθρωπος, ζῷον εἶναι
δίπουν (30) (τοῦτο γὰρ ἦν ὃ ἐσήμαινε τὸ ἄνθρωπος)· εἰ δ' ἀνάγκη τοῦτο, οὐκ
ἐνδέχεται μὴ εἶναι τὸ αὐτὸ ζῷον δίπουν ̔τοῦτο γὰρ σημαίνει τὸ ἀνάγκη
εἶναι, τὸ ἀδύνατον εἶναι μὴ εἶναι (ἄνθρωπον)̓· οὐκ ἄρα ἐνδέχεται ἅμα
ἀληθὲς εἶναι εἰπεῖν τὸ αὐτὸ ἄνθρωπον εἶναι καὶ μὴ εἶναι ἄνθρωπον.
§ 13. Ὁ δ' αὐτὸς λόγος καὶ ἐπὶ τοῦ μὴ εἶναι ἄνθρωπον· (1007a)(1) τὸ γὰρ
ἀνθρώπῳ εἶναι καὶ τὸ μὴ ἀνθρώπῳ εἶναι ἕτερον σημαίνει, εἴπερ καὶ τὸ λευκὸν
εἶναι καὶ τὸ ἄνθρωπον εἶναι ἕτερον· πολὺ γὰρ ἀντίκειται ἐκεῖνο μᾶλλον,
ὥστε σημαίνειν ἕτερον. Εἰ δὲ καὶ (5) τὸ λευκὸν φήσει τὸ αὐτὸ καὶ ἓν
σημαίνειν, πάλιν τὸ αὐτὸ ἐροῦμεν ὅπερ καὶ πρότερον ἐλέχθη, ὅτι ἓν πάντα
ἔσται καὶ οὐ μόνον τὰ ἀντικείμενα.
§ 14. Εἰ δὲ μὴ ἐνδέχεται τοῦτο, συμβαίνει τὸ λεχθέν, ἂν ἀποκρίνηται τὸ
ἐρωτώμενον. Ἐὰν δὲ προστιθῇ ἐρωτῶντος ἁπλῶς καὶ τὰς ἀποφάσεις, οὐκ
ἀποκρίνεται (10) τὸ ἐρωτώμενον. Οὐθὲν γὰρ κωλύει εἶναι τὸ αὐτὸ καὶ
ἄνθρωπον καὶ λευκὸν καὶ ἄλλα μυρία τὸ πλῆθος· ἀλλ' ὅμως ἐρομένου εἰ ἀληθὲς
εἰπεῖν ἄνθρωπον τοῦτο εἶναι ἢ οὔ, ἀποκριτέον τὸ ἓν σημαῖνον καὶ οὐ
προσθετέον ὅτι καὶ λευκὸν καὶ μέγα. Καὶ γὰρ ἀδύνατον ἄπειρά γ' ὄντα τὰ
(15) συμβεβηκότα διελθεῖν· ἢ οὖν ἅπαντα διελθέτω ἢ μηθέν.
§ 15. Ὁμοίως τοίνυν εἰ καὶ μυριάκις ἐστὶ τὸ αὐτὸ ἄνθρωπος καὶ (17) οὐκ
ἄνθρωπος, οὐ προσαποκριτέον τῷ ἐρομένῳ εἰ ἔστιν ἄνθρωπος, ὅτι ἐστὶν ἅμα
καὶ οὐκ ἄνθρωπος, εἰ μὴ καὶ τἆλλα ὅσα συμβέβηκε προσαποκριτέον, ὅσα ἐστὶν
ἢ μὴ ἔστιν· ἐὰν (20) δὲ τοῦτο ποιῇ, οὐ διαλέγεται.
§ 16. Ὅλως δ' ἀναιροῦσιν οἱ τοῦτο λέγοντες οὐσίαν καὶ τὸ τί ἦν εἶναι.
Πάντα γὰρ ἀνάγκη συμβεβηκέναι φάσκειν αὐτοῖς, καὶ τὸ ὅπερ ἀνθρώπῳ εἶναι ἢ
ζῴῳ εἶναι μὴ εἶναι. Εἰ γὰρ ἔσται τι ὅπερ ἀνθρώπῳ εἶναι, τοῦτο οὐκ ἔσται μὴ
ἀνθρώπῳ εἶναι ἢ μὴ εἶναι ἀνθρώπῳ (25) (καίτοι αὗται ἀποφάσεις τούτου)· ἓν
γὰρ ἦν ὃ ἐσήμαινε, καὶ ἦν τοῦτό τινος οὐσία.
§ 17. Τὸ δ' οὐσίαν σημαίνειν ἐστὶν ὅτι οὐκ ἄλλο τι τὸ εἶναι αὐτῷ. Εἰ δ'
ἔσται αὐτῷ τὸ ὅπερ ἀνθρώπῳ εἶναι ἢ ὅπερ μὴ ἀνθρώπῳ εἶναι ἢ ὅπερ μὴ εἶναι
ἀνθρώπῳ, ἄλλο ἔσται, ὥστ' ἀναγκαῖον αὐτοῖς (30) λέγειν ὅτι οὐθενὸς ἔσται
τοιοῦτος λόγος, ἀλλὰ πάντα κατὰ συμβεβηκός·
§ 18. τούτῳ γὰρ διώρισται οὐσία καὶ τὸ συμβεβηκός· τὸ γὰρ λευκὸν τῷ
ἀνθρώπῳ συμβέβηκεν ὅτι ἔστι μὲν λευκὸς ἀλλ' οὐχ ὅπερ λευκόν.
§ 19. Εἰ δὲ πάντα κατὰ συμβεβηκὸς λέγεται, οὐθὲν ἔσται πρῶτον τὸ καθ' οὗ,
εἰ ἀεὶ (35) τὸ συμβεβηκὸς καθ' ὑποκειμένου τινὸς σημαίνει τὴν κατηγορίαν.
(1007b)(1) Ἀνάγκη ἄρα εἰς ἄπειρον ἰέναι. Ἀλλ' ἀδύνατον· οὐδὲ γὰρ πλείω
συμπλέκεται δυοῖν· τὸ γὰρ συμβεβηκὸς οὐ συμβεβηκότι συμβεβηκός, εἰ μὴ ὅτι
ἄμφω συμβέβηκε ταὐτῷ, λέγω δ' οἷον τὸ λευκὸν μουσικὸν καὶ τοῦτο λευκὸν (5)
ὅτι ἄμφω τῷ ἀνθρώπῳ συμβέβηκεν. Ἀλλ' οὐχ ὁ Σωκράτης μουσικὸς οὕτως, ὅτι
ἄμφω συμβέβηκεν ἑτέρῳ τινί.
| [4,4b] § 10. Par suite, tous ces attributs sans exception seraient l'individu,
puisqu'ils sont synonymes, et que la même chose ne peut jamais tout
ensemble être et n'être pas, si ce n'est par simple homonymie, comme si
l'être appelé par nous du nom d'Homme recevait des autres
l'appellation de Non-homme. Mais la question n'est pas de savoir si le mot
peut à la fois être et n'être pas Homme, mais si la chose, si l'être réel,
le peut. Si le mot Homme et le mot Non-homme ne signifient pas des choses
différentes, il est clair que n'être pas Homme a aussi le même sens
qu'être Homme, et que réciproquement être homme se confond avec
n'être pas homme. Ce ne serait alors qu'un seul et même être.
§ 11. Or, être une seule et même chose signifie que la définition est
identique et une, comme pour les deux mots de Vêtement et d'Habit. Mais si
c'était ici une seule et même chose qui fût exprimée, être homme se
confondrait avec ne pas être homme. Or, nous venons de démontrer que les
deux sens sont tout différents l'un de l'autre.
§ 12. C'est donc une nécessité, si toutefois cette définition est la
véritable, qu'être homme, c'est être Animal-bipède; car le mot
d'Homme n'avait pas un autre sens; et si c'est là une conclusion
nécessaire, il ne se peut plus dès lors qu'il ne soit pas un animal bipède
; car la nécessité d'être homme implique l'impossibilité de ne l'être
pas. Donc, il ne se peut point que le même être soit et ne soit pas homme,
en un même temps.
§ 13. Le raisonnement est le même si l'on dit que le mot en question est
Non-homme; (1007a) car être Homme et être Non-homme sont des expressions
différentes, aussi évidemment qu'être blanc est tout autre chose qu'être
Homme. Même en ceci, l'opposition est beaucoup plus forte, de façon que le
sens est encore plus différent. Mais, si l'on va jusqu'à soutenir que
le blanc et l'individu qui est blanc sont une seule et même chose, nous
répondrons, en répétant ce que nous avons déjà dit, à savoir que tout
alors sans exception se confond en une seule unité, et que ce ne sont même
plus seulement les opposés qui se confondent ainsi.
§ 14. Mais, comme cela ne se peut pas, notre objection conserve toute sa
force, pourvu qu'on veuille bien ne répondre qu'à ce qu'on demande. A une
interrogation simple et absolue, si l'on répond en ajoutant tout ce qui
n'est pas l'objet dont il s'agit, ce n'est plus là répondre à la
question; car rien n'empêche que l'être ne soit tout ensemble homme,
blanc, et mille choses de ce genre. Mais, quand on vous demande s'il est
vrai que telle chose spéciale soit ou ne soit pas Homme, il faut ne
répondre que par un terme qui indique une seule chose, et ne point ajouter
que l'objet est blanc ou qu'il est grand; car, les attributs
accidentels étant innombrables, il serait bien impossible de les parcourir
tous. Or, il faut, ou s'occuper de tous sans exception, ou ne s'occuper d'aucun.
§ 15. De même aussi, quoi qu'une même chose puisse être des milliers de
fois Homme et Non-homme, il ne faut pas répondre, quand on vous demande si
tel être est Homme, qu'il est Non-homme en même temps, puisqu'il n'est pas
possible d'énumérer tout au long, dans la réponse qu'on fait, tout ce que
l'homme est ou n'est pas; et si, par hasard, on se laisse aller à
cette énumération, il n'y a plus moyen de discuter.
§ 16. Soutenir de tels principes, c'est complètement détruire la substance
; c'est détruire ce qui fait qu'elle est ce qu'elle est. Dans ce système,
tout se réduit nécessairement à de purs accidents; la réalité de l'homme
et celle de l'animal cessent d'être et disparaissent également. Car, si
l'homme est quelque chose de réel, il n'est pas possible que ce quelque
chose soit le Non-homme, ou qu'il ne soit pas l'homme; et ce sont là
cependant les seules négations possibles de l'homme. L'être que cette
notion désignait était un et individuel; et c'était bien là exprimer
l'essence d'un certain être.
§ 17. Affirmer l'essence d'une chose revient à dire que cette chose ne
peut pas être autre chose que ce qu'elle est. Mais si cette chose est tout
ensemble l'homme, et aussi le Non-homme, ou la négation de l'homme, alors
elle est une chose tout autre. Par conséquent, les partisans de cette
théorie seront forcés de dire qu'il ne peut jamais y avoir une
définition essentielle de quoi que ce soit, mais qu'il n'y a que des
accidents et des attributs.
§ 18. En effet, voici la différence de la substance et de l'attribut. Par
exemple, la blancheur n'est qu'un accident et un attribut de l'homme,
parce que l'homme peut avoir la blancheur, c'est-à-dire peut être blanc;
mais sa substance n'est pas la blancheur.
§ 19. Si l'on ne peut jamais exprimer que des accidents et des attributs,
alors il n'y a plus de primitif auquel l'attribut puisse s'adresser. Si
l'accident indiqué toujours une attribution à un sujet, selon la
catégorie, (1007b) on se perd nécessairement dans l'infini. Mais il est
bien impossible de parcourir l'infini, puisque la combinaison ne peut
aller ici au-delà de deux, et qu'il ne se peut jamais que l'attribut soit
attribué à un autre attribut, à moins que tous les deux ne soient les
attributs d'une seule et même chose. Prenons, par exemple, les attributs
Blanc et Musicien ; je puis dire que le musicien est blanc ou que le blanc
est musicien, parce que l'un et l'autre sont des attributs possibles
de l'homme. Mais on ne peut pas dire de Socrate qu'il soit musicien en
telle sorte que ces deux termes soient l'un et l'autre les attributs de
quelque être différent de lui.
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