[4,2a] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Β'.
§ 1. Τὸ δὲ ὂν λέγεται μὲν πολλαχῶς, ἀλλὰ πρὸς ἓν καὶ μίαν τινὰ φύσιν καὶ
οὐχ ὁμωνύμως ἀλλ' ὥσπερ καὶ τὸ (35) ὑγιεινὸν ἅπαν πρὸς ὑγίειαν, τὸ μὲν τῷ
φυλάττειν τὸ δὲ τῷ ποιεῖν τὸ δὲ τῷ σημεῖον εἶναι τῆς ὑγιείας τὸ δ' ὅτι
δεκτικὸν αὐτῆς, (1003b)(1) καὶ τὸ ἰατρικὸν πρὸς ἰατρικήν (τὸ μὲν γὰρ τῷ
ἔχειν ἰατρικὴν λέγεται ἰατρικὸν τὸ δὲ τῷ εὐφυὲς εἶναι πρὸς αὐτὴν τὸ δὲ τῷ
ἔργον εἶναι τῆς ἰατρικῆς) , ὁμοιοτρόπως δὲ καὶ ἄλλα ληψόμεθα λεγόμενα
τούτοις,
§ 2. (5) οὕτω δὲ καὶ τὸ ὂν λέγεται πολλαχῶς μὲν ἀλλ' ἅπαν πρὸς μίαν ἀρχήν·
τὰ μὲν γὰρ ὅτι οὐσίαι, ὄντα λέγεται, τὰ δ' ὅτι πάθη οὐσίας, τὰ δ' ὅτι ὁδὸς
εἰς οὐσίαν ἢ φθοραὶ ἢ στερήσεις ἢ ποιότητες ἢ ποιητικὰ ἢ γεννητικὰ οὐσίας
ἢ τῶν πρὸς τὴν οὐσίαν λεγομένων, ἢ τούτων τινὸς (10) ἀποφάσεις ἢ οὐσίας·
διὸ καὶ τὸ μὴ ὂν εἶναι μὴ ὄν φαμεν.
§ 3. Καθάπερ οὖν καὶ τῶν ὑγιεινῶν ἁπάντων μία ἐπιστήμη ἔστιν, ὁμοίως τοῦτο
καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων. Οὐ γὰρ μόνον τῶν καθ' ἓν λεγομένων ἐπιστήμης ἐστὶ
θεωρῆσαι μιᾶς ἀλλὰ καὶ τῶν πρὸς μίαν λεγομένων φύσιν· καὶ γὰρ ταῦτα τρόπον
τινὰ (15) λέγονται καθ' ἕν. Δῆλον οὖν ὅτι καὶ τὰ ὄντα μιᾶς θεωρῆσαι ᾗ
ὄντα.
§ 4. Πανταχοῦ δὲ κυρίως τοῦ πρώτου ἡ ἐπιστήμη, καὶ ἐξ οὗ τὰ ἄλλα ἤρτηται,
καὶ δι' ὃ λέγονται. Εἰ οὖν τοῦτ' ἐστὶν ἡ οὐσία, τῶν οὐσιῶν ἂν δέοι τὰς
ἀρχὰς καὶ τὰς αἰτίας ἔχειν τὸν φιλόσοφον.
§ 5. Ἅπαντος δὲ γένους καὶ αἴσθησις μία ἑνὸς (20) καὶ ἐπιστήμη, οἷον
γραμματικὴ μία οὖσα πάσας θεωρεῖ τὰς φωνάς· διὸ καὶ τοῦ ὄντος ᾗ ὂν ὅσα
εἴδη θεωρῆσαι μιᾶς ἐστὶν ἐπιστήμης τῷ γένει, τά τε εἴδη τῶν εἰδῶν.
§ 6. Εἰ δὴ τὸ ὂν καὶ τὸ ἓν ταὐτὸν καὶ μία φύσις τῷ ἀκολουθεῖν ἀλλήλοις
ὥσπερ ἀρχὴ καὶ αἴτιον, ἀλλ' οὐχ ὡς ἑνὶ λόγῳ δηλούμενα (25) (διαφέρει δὲ
οὐθὲν οὐδ' ἂν ὁμοίως ὑπολάβωμεν, ἀλλὰ καὶ πρὸ ἔργου μᾶλλον)· ταὐτὸ γὰρ εἷς
ἄνθρωπος καὶ ἄνθρωπος, (27) καὶ ὢν ἄνθρωπος καὶ ἄνθρωπος, καὶ οὐχ ἕτερόν
τι δηλοῖ κατὰ τὴν λέξιν ἐπαναδιπλούμενον τὸ εἷς ἄνθρωπος καὶ εἷς ὢν
ἄνθρωπος
§ 7. (δῆλον δ' ὅτι οὐ χωρίζεται οὔτ' ἐπὶ γενέσεως οὔτ' (30) ἐπὶ φθορᾶς),
ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ ἑνός, ὥστε φανερὸν ὅτι ἡ πρόσθεσις ἐν τούτοις ταὐτὸ
δηλοῖ, καὶ οὐδὲν ἕτερον τὸ ἓν παρὰ τὸ ὄν, ἔτι δ' ἡ ἑκάστου οὐσία ἕν ἐστιν
οὐ κατὰ συμβεβηκός, ὁμοίως δὲ καὶ ὅπερ ὄν τι·
§ 8. ὥσθ' ὅσα περ τοῦ ἑνὸς εἴδη, τοσαῦτα καὶ τοῦ ὄντος· περὶ ὧν τὸ τί ἐστι
τῆς (35) αὐτῆς ἐπιστήμης τῷ γένει θεωρῆσαι, λέγω δ' οἷον περὶ ταὐτοῦ καὶ
ὁμοίου καὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων. Σχεδὸν δὲ πάντα ἀνάγεται τἀναντία εἰς
τὴν ἀρχὴν ταύτην· (1004a)(1) τεθεωρήσθω δ' ἡμῖν ταῦτα ἐν τῇ ἐκλογῇ τῶν
ἐναντίων.
§ 9. Καὶ τοσαῦτα μέρη φιλοσοφίας ἔστιν ὅσαι περ αἱ οὐσίαι· ὥστε ἀναγκαῖον
εἶναί τινα πρώτην καὶ ἐχομένην αὐτῶν. Ὑπάρχει (5) γὰρ εὐθὺς γένη ἔχον τὸ
ὂν (καὶ τὸ ἕν)· διὸ καὶ αἱ ἐπιστῆμαι ἀκολουθήσουσι τούτοις. Ἔστι γὰρ ὁ
φιλόσοφος ὥσπερ ὁ μαθηματικὸς λεγόμενος· καὶ γὰρ αὕτη ἔχει μέρη, καὶ πρώτη
τις καὶ δευτέρα ἔστιν ἐπιστήμη καὶ ἄλλαι ἐφεξῆς ἐν τοῖς μαθήμασιν.
| [4,2a] CHAPITRE II
§ 1. Le mot d'Être peut avoir bien des acceptions; mais toutes ces
acceptions diverses se rapportent à une certaine unité, et à une réalité
naturelle, unique pour toutes ces acceptions. Ce n'est pas un mot
simplement homonyme ; mais il en est du mot Être comme du mot Sain,
qui peut s'appliquer à tout ce qui concerne la santé, tantôt à ce qui la
conserve, tantôt à ce qui la produit, tantôt à ce qui l'indique, et tantôt
à l'être qui peut en jouir. (1003b) C'est encore le même rapport que
soutient le mot Médical avec tout ce qui concerne la médecine. Médical
peut se dire tout aussi bien, et de ce qui possède la science de la
médecine, et de ce qui est doué de qualités naturelles pour l'acquérir, et
du résultat que la médecine obtient. Nous pourrions citer bien d'autres
mots qui présentent des diversités analogues à celles-là.
§ 2. C'est absolument de cette façon que le mot d'Être peut recevoir
des acceptions multiples, qui toutes cependant se rapportent à un seul et
unique principe. Ainsi, Être se dit tantôt de ce qui est une substance
réelle, tantôt de ce qui n'est qu'un attribut de la substance, tantôt de
ce qui tend à devenir une réalité substantielle, tantôt des destructions,
des négations, des propriétés de la substance, tantôt de ce qui la fait ou
la produit, tantôt de ce qui est en rapport purement verbal avec elle, ou
enfin de ce qui constitue des négations de toutes ces nuances de
l'Être, ou des négations de l'Être lui-même. C'est même en ce dernier sens
que l'on peut dire du Non-être qu'il Est le Non-être.
§ 3. De même donc qu'il appartient à une seule science de s'occuper de
tout ce qui regarde la santé, comme nous venons de le dire, de même aussi
pour toute autre chose ; car ce ne sont pas seulement les attributs
essentiels d'un seul être que doit considérer une seule et unique science;
ce sont, de plus, toutes les relations de cette unique nature ; car,
à certains égards, ces derniers attributs s'appliquent bien aussi à ce
seul être. Il faut donc en conclure que considérer les êtres en tant
qu'êtres est l'objet d'une seule et même science.
§ 4. En toutes choses, la science s'occupe principalement du primitif,
c'est-à-dire, de ce dont tout le reste dépend et tire son appellation. Or,
si ce primitif est la substance, le philosophe a le devoir d'étudier les
principes et les causes des substances.
§ 5. Pour un genre d'êtres tout entier, quel qu'il soit, il n'y a jamais
qu'une seule manière de les percevoir et une seule science ; et par
exemple, la grammaire, tout en restant une seule et même science, étudie
tous les mots du langage. Si donc c'est à une science génériquement une,
d'étudier toutes les espèces de l'Être, chacune de ces espèces seront
étudiées par des espèces particulières de cette science.
§ 6. L'Être et l'Un sont identiques et sont une seule et même réalité
naturelle, parce qu'ils se suivent toujours l'un l'autre, comme principe
et comme cause, et non pas seulement comme étant exprimés par un seul et
même mot. Par conséquent, il n'y a aucun inconvénient à les prendre
pour semblables ; et en cela, il y a plutôt avantage. En effet, c'est bien
toujours au fond la même chose de dire : C'est Un homme, ou bien C'est un
être qui Est homme, ou simplement, Il est homme. On a beau accumuler les
mots en les redoublant, on ne dit rien de plus : Il est un homme, ou Il
est homme, ou bien C'est un être qui est homme.
§ 7. Il est clair que, dans aucun cas, on ne sépare jamais l'idée de
l'Être de l'idée de l'Unité, ni dans la production, ni dans la
destruction. Il en est tout à fait de même de la notion de l'Un, qu'on ne
sépare jamais non plus de la notion d'Être. Il faut en conclure que
l'addition d'un de ces termes a tout-à-fait le même sens, et que l'Un ne
diffère en rien de l'Être. La substance de chacun d'eux est une, et ne
l'est pas accidentellement ; c'est de part et d'autre également la réalité
d'un objet individuel.
§ 8. Voilà pourquoi autant il y a d'espèces de l'Un, autant il y en a de
l'Être. C'est à une science génériquement une d'étudier ce que sont toutes
ces espèces; je veux dire, par exemple, d'étudier ce que c'est que
l'Identité, la Ressemblance, et toutes les autres nuances de cet ordre, en
même temps aussi que les notions qui y sont opposées. Or, presque tous les
contraires peuvent se réduire à ce principe de l'unité et de la pluralité,
(1040a) ainsi que nous l'avons expliqué dans notre Choix des contraires.
§ 9. On comprend qu'il y a autant de parties distinctes dans la
philosophie qu'il y a de substances; et par conséquent, entre ces parties
diverses, l'une viendra la première, tandis que l'autre ne viendra qu'en
sous-ordre. Comme ce qu'on trouve tout d'abord, ce sont les différents
genres, qui ont tous l'Un et l'Être, les sciences doivent se partager de
la même manière, en les suivant . Le philosophe est, à cet égard, dans la
situation du mathématicien, ainsi qu'on l'appelle, puisque les
mathématiques ont également diverses parties, et qu'en elles aussi on peut
distinguer une science qui est la supérieure, une autre qui est la
seconde, et d'autres qui ne viennent qu'à leur suite.
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