[8,8] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Η'.
§ 1. Πίνει δὲ τῶν ζῴων τὰ μὲν καρχαρόδοντα λάπτοντα· ἔνια δὲ καὶ τῶν μὴ
καρχαροδόντων, οἷον οἱ μύες. Τὰ δὲ συνόδοντα σπάσει, οἷον ἵπποι καὶ βόες. Ἡ δ´ ἄρκτος οὔτε
σπάσει οὔτε λάψει, ἀλλὰ κάψει. Καὶ τῶν ὀρνέων δὲ τὰ μὲν ἄλλα σπάσει, πλὴν τὰ μὲν
μακραύχενα διαλείποντα καὶ αἴροντα τὴν κεφαλήν, ὁ δὲ πορφυρίων μόνος κάψει. § 2. Τὰ δὲ
κερατώδη τῶν ζῴων, καὶ ἥμερα καὶ ἄγρια, καὶ ὅσα μὴ καρχαρόδοντα, πάντα καρποφάγα καὶ
ποηφάγα ἐστί, μὴ λίαν κατεχόμενα τῷ πεινῆν, ἔξω τῆς ὑός· αὕτη δ´ ἥκιστα ποηφάγον καὶ
καρποφάγον· ῥιζοφάγον δὲ μάλιστα ἡ ὗς ἐστι τῶν ζῴων διὰ τὸ εὖ πεφυκέναι τὸ ῥύγχος πρὸς
τὴν ἐργασίαν ταύτην, καὶ εὐχερέστατον πρὸς πᾶσαν τροφὴν τῶν ζῴων ἐστίν. § 3. Τάχιστα δὲ
καὶ ἐπιδίδωσιν εἰς παχύτητα ὡς κατὰ μέγεθος· πιαίνεται γὰρ ἐν ἑξήκοντα ἡμέραις· ὅσον δ´
ἐπιδίδωσιν, γινώσκουσιν οἱ περὶ ταῦτα πραγματευόμενοι νῆστιν ἱστάντες. Πιαίνεται δὲ
προλιμοκτονηθεῖσα ἡμέρας τρεῖς· σχεδὸν δὲ καὶ τἆλλα πάντα προλιμοκτονούμενα πιαίνεται.
Μετὰ δὲ τὰς τρεῖς ἡμέρας εὐωχοῦσιν ἤδη οἱ πιαίνοντες τὰς ὗς. § 4. Οἱ δὲ Θρᾷκες πιαίνουσι τῇ
μὲν πρώτῃ πιεῖν διδόντες, εἶτα διαλείπουσιν ἡμέραν μίαν τὸ πρῶτον, μετὰ δὲ ταῦτα δύο, εἶτα
τρεῖς καὶ τέτταρας μέχρι τῶν ἑπτά. Πιαίνεται δὲ τὸ ζῷον τοῦτο κριθαῖς, κέγχροις, σύκοις,
ἀκύλοις, ἀχράσι, σικύοις. Μάλιστα δὲ καὶ ταῦτα καὶ τἆλλα τὰ ἔχοντα κοιλίαν θερμὴν ἡ
ἀτρεμία πιαίνει· τὰς δ´ ὗς καὶ τὸ λούεσθαι ἐν πηλῷ. Νέμεσθαι δὲ βούλονται (596a) κατὰ τὰς
ἡλικίας. Μάχεται δ´ ὗς καὶ λύκῳ. Ἀπογίνεται δ´ ἀπὸ τοῦ σταθμοῦ, ὅσον ἕλκει ζῶσα, τὸ ἕκτον
μέρος εἰς τρίχας καὶ αἷμα καὶ τὰ τοιαῦτα. Θηλαζόμεναι δὲ καὶ αἱ ὕες καὶ τἆλλα πάντα
λεπτότερα γίνεται. Ταῦτα μὲν οὖν τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον.
| [8,8] CHAPITRE VIII.
§ 1. Les animaux qui ont les dents aiguës (en forme de scie),
boivent en lapant; il y en a aussi qui, sans avoir les dents ainsi disposées, n'en lapent pas
moins, comme le font les rats. Ceux qui ont les dents égales et continues, comme les
chevaux et les boeufs, boivent en aspirant, et hument le liquide. L'ours ne hume pas; et il
ne lape pas non plus; il happe. Parmi les oiseaux, la plupart hument l'eau; cependant
ceux qui ont un long cou s'y reprennent à plusieurs fois, en élevant la tête. Le porphyrion
seul happe l'eau.
§ 2. Les animaux à cornes, domestiques ou sauvages, et ceux qui n'ont pas les
dents aiguës, sont tous frugivores et herbivores, si ce n'est quand ils sont trop pressés de
la faim. Il faut excepter le cochon, qui ne mange ni herbe ni fruit, mais qui aime les
racines plus qu'aucun autre animal, parce que son groin est naturellement fait pour cette
besogne. Le cochon est aussi de tous les animaux celui qui s'accommode le plus
aisément de toute espèce de nourriture.
§ 3. C'est aussi l'animal qui profite et s'engraisse le plus rapidement, eu égard à sa
grosseur. Il suffit de soixante jours pour l'engraisser. Les gens qui spéculent sur cette
opération, en les prenant maigres, savent combien le cochon profite rapidement. Avant de
l'engraisser, on le fait jeûner trois jours entiers; c'est, du reste, le même procédé qu'on
adopte pour tous les animaux qu'on veut engraisser, et qu'on fait jeûner d'abord. Après
ces trois jours, les engraisseurs de cochons leur donnent une nourriture abondante.
§ 4. En Thrace, on les engraisse en leur donnant à boire le premier jour; puis on
reste, d'abord, un jour sans leur donner à boire; puis deux jours, puis trois, puis quatre, et
ainsi de suite jusqu'à sept jours. Le cochon s'engraisse avec de l'orge, du maïs, des
figues, des glands, des poires sauvages, des concombres. Ce qui engraisse le plus le
cochon, ainsi que tous les autres animaux qui ont le ventre chaud, c'est le repos; mais le
cochon s'engraisse aussi beaucoup en se vautrant dans la boue. Il faut d'ailleurs les
nourrir (596a) selon leur âge. Le cochon sait se défendre même contre le loup. Du poids
que le cochon a de son vivant, il en perd la sixième partie en poils, en sang et autres
matières de ce genre. Les truies, qui allaitent, maigrissent comme tous les autres
animaux quand ils élèvent leurs petits. Voilà ce que nous avions à dire du cochon.
|