[8,15] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙΕ'.
§ 1. Τῶν δ´ ἰχθύων οἱ μέν, ὥσπερ εἴρηται, μεταβάλλουσι πρὸς τὴν γῆν ἐκ τοῦ πελάγους
καὶ εἰς τὸ πέλαγος ἀπὸ τῆς (598b) γῆς, φεύγοντες τὰς ὑπερβολὰς τοῦ ψύχους καὶ τῆς ἀλέας.
Ἀμείνους δ´ εἰσὶν οἱ πρόσγειοι τῶν πελαγίων· πλείω γὰρ καὶ βελτίω νομὴν ἔχουσιν· ὅπου γὰρ
ἂν ὁ ἥλιος ἐπιβάλλῃ, πλείω φύεται καὶ βελτίω καὶ ἁπαλώτερα, οἷον ἐν κήποις. Καὶ ὁ θὶς --- ὁ
μέλας φύεται πρὸς τῇ γῇ, ὁ δ´ ἄλλος ὅμοιός ἐστι τοῖς ἀγρίοις. § 2. Ἔτι δὲ καὶ κεκραμένοι
τυγχάνουσι καλῶς τῷ θερμῷ καὶ τῷ ψυχρῷ οἱ τόποι οἱ πρόσγειοι τῆς θαλάττης· διὸ καὶ αἱ
σάρκες συνεστᾶσι μᾶλλον τῶν τοιούτων ἰχθύων, τῶν δὲ πελαγίων ὑγραί εἰσι καὶ κεχυμέναι.
Εἰσὶ δὲ πρόσγειοι σινόδων, κάνθαρος, ὀρφώς, χρύσοφρυς, κεστρεύς, τρίγλη, κίχλη, δράκων,
καλλιώνυμος, κωβιὸς καὶ τὰ πετραῖα πάντα· πελάγιοι δὲ τρυγὼν καὶ τὰ σελάχη καὶ γόγγροι οἱ
λευκοί, χάννη, ἐρυθρῖνος, γλαῦκος· φάγροι δὲ καὶ σκορπίοι καὶ γόγγροι οἱ μέλανες καὶ
μύραιναι καὶ κόκκυγες ἐπαμφοτερίζουσιν. § 3. Εἰσὶ δὲ διαφοραὶ τούτων καὶ κατὰ τοὺς τόπους,
οἷον περὶ Κρήτην οἱ κωβιοὶ καὶ τὰ πετραῖα πάντα πίονα γίνεται. Γίνεται δὲ καὶ ὁ θύννος ἀγαθὸς
πάλιν μετ´ Ἀρκτοῦρον· ἤδη γὰρ οἰστρῶν παύεται ταύτην τὴν ὥραν· διὰ γὰρ τοῦτο ἐν τῷ θέρει
χείρων ἐστίν. Γίνονται δὲ καὶ ἐν ταῖς λιμνοθαλάτταις πολλοὶ τῶν ἰχθύων, οἷον σάλπαι,
χρύσοφρυς, τρίγλη καὶ τῶν ἄλλων σχεδὸν οἱ πλεῖστοι. Γίνονται δὲ καὶ ἀμίαι, οἷον περὶ
Ἀλωπεκόννησον· καὶ ἐν τῇ Βιστωνίδι λίμνῃ ἔνεστι τὰ πλεῖστα γένη τῶν ἰχθύων. § 4. Τῶν δὲ
κολιῶν οἱ πολλοὶ εἰς μὲν τὸν Πόντον οὐκ ἐμβάλλουσιν, ἐν δὲ τῇ Προποντίδι θερίζουσι καὶ
ἐκτίκτουσι, χειμάζουσι δ´ ἐν τῷ Αἰγαίῳ. Θυννίδες δὲ καὶ πηλαμύδες καὶ ἀμίαι εἰς τὸν Πόντον
ἐμβάλλουσι τοῦ ἔαρος καὶ θερίζουσιν, σχεδὸν δὲ καὶ οἱ πλεῖστοι τῶν ῥυάδων καὶ ἀγελαίων
ἰχθύων. Εἰσὶ δ´ οἱ πλεῖστοι ἀγελαῖοι. Ἔχουσι δ´ οἱ ἀγελαῖοι ἡγεμόνας πάντες. § 5. Εἰσπλέουσι δ´
εἰς τὸν Πόντον διά τε τὴν τροφήν· ἡ γὰρ νομὴ καὶ πλείων καὶ βελτίων διὰ τὸ πότιμον, καὶ τὰ
(599a) θηρία δὲ τὰ μεγάλα ἐλάττω· ἔξω γὰρ δελφῖνος καὶ φωκαίνης οὐδέν ἐστιν ἐν τῷ Πόντῳ,
καὶ ὁ δελφὶς μικρός. Ἔξω δ´ εὐθὺς προελθόντι μεγάλοι. § 6. Διά τε δὴ τὴν τροφὴν εἰσπλέουσι
καὶ διὰ τὸν τόκον· τόποι γάρ εἰσιν ἐπιτήδειοι ἐντίκτειν, καὶ τὸ πότιμον καὶ τὸ γλυκύτερον ὕδωρ
ἐκτρέφει τὰ κυήματα. Ὅταν δὲ τέκωσι καὶ τὰ γενόμενα αὐξηθῇ, ἐκπλέουσιν εὐθὺς μετὰ
Πλειάδα. Ἂν μὲν οὖν νότιος ὁ χειμὼν ᾖ, βραδύτερον ἐκπλέουσιν, ἂν δὲ βόρειος, θᾶττον διὰ τὸ
τὸ πνεῦμα συνεπουρίζειν· καὶ ὁ γόνος δὲ τότε μικρὸς ἁλίσκεται περὶ Βυζάντιον ἅτ´ οὐ
γενομένης πολλῆς ἐν τῷ Πόντῳ διατριβῆς. § 7. Οἱ μὲν οὖν ἄλλοι καὶ ἐκπλέοντες καὶ
εἰσπλέοντες δῆλοί εἰσιν, οἱ δὲ τριχίαι μόνοι εἰσπλέοντες μὲν ἁλίσκονται, ἐκπλέοντες δ´ οὐχ
ὁρῶνται, ἀλλὰ καὶ ὅταν ληφθῇ τις περὶ Βυζάντιον, οἱ ἁλιεῖς τὰ δίκτυα περικαθαίρουσι διὰ τὸ
μὴ εἰωθέναι ἐκπλεῖν. Αἴτιον δ´ ὅτι οὗτοι μόνοι ἀναπλέουσιν εἰς τὸν Ἴστρον, εἶθ´ ᾗ σχίζεται,
καταπλέουσιν εἰς τὸν Ἀδρίαν. § 8. Σημεῖον δέ, ἐκεῖ γὰρ συμβαίνει τοὐναντίον· εἰσπλέοντες μὲν
γὰρ οὐχ ἁλίσκονται εἰς τὸν Ἀδρίαν, ἐκπλέοντες δ´ ἁλίσκονται. Εἰσπλέουσι δ´ οἱ θύννοι ἐπὶ
δεξιὰ ἐχόμενοι τῆς γῆς, ἐκπλέουσι δ´ ἐπ´ ἀριστερά· τοῦτο δέ φασί τινες ποιεῖν ὅτι τῷ δεξιῷ
ὀξύτερον ὁρῶσι, φύσει οὐκ ὀξὺ βλέποντες. Τὴν μὲν οὖν ἡμέραν οἱ ῥυάδες κομίζονται, τὴν δὲ
νύκτα ἡσυχάζουσι καὶ νέμονται, ἂν μὴ σελήνη ᾖ· τότε δὲ κομίζονται καὶ οὐχ ἡσυχάζουσιν.
Λέγουσι δέ τινες τῶν περὶ τὴν θάλατταν ὡς ὅταν τροπαὶ χειμεριναὶ γένωνται, οὐκέτι κινοῦνται
ἀλλ´ ἡσυχάζουσιν, ὅπου ἂν τύχωσι καταληφθέντες, μέχρι ἰσημερίας. § 9. Οἱ μὲν οὖν κολίαι
εἰσπλέοντες ἁλίσκονται, ἐξιόντες δ´ ἧττον· ἄριστοι δ´ εἰσὶν ἐν τῇ Προποντίδι πρὸ τοῦ τίκτειν.
Οἱ δ´ ἄλλοι ῥυάδες ἐξιόντες ἐκ τοῦ Πόντου ἁλίσκονται μᾶλλον καὶ ἄριστοι τότε εἰσίν· ὅταν δ´
εἰσπλέωσιν, ἐγγύτατα τοῦ Αἰγαίου πιότατοι ἁλίσκονται, ὅσῳ δ´ ἀνωτέρω, ἀεὶ λεπτότεροι.
(599b) Πολλάκις δὲ καὶ ὅταν πνεῦμα ἀντικόψῃ νότιον ἐκπλέουσι καὶ τοῖς κολίαις καὶ τοῖς
σκόμβροις, κάτω ἁλίσκονται μᾶλλον ἢ περὶ Βυζάντιον. § 10. Τοὺς μὲν οὖν ἐκτοπισμοὺς
τοῦτον ποιοῦνται τὸν τρόπον.
| [8,15] CHAPITRE XV.
§ 1. Ainsi qu'on vient de le dire, les poissons émigrent, tantôt de la
haute mer vers la terre, tantôt de la (598b) terre vers la haute mer, pour fuir l'excès du
froid ou celui de la chaleur. Les poissons qui vivent près de terre valent mieux que ceux
des eaux profondes, parce qu'ils trouvent sur les bords une pâture plus abondante et
meilleure; car là où le soleil darde ses rayons, toutes les plantes poussent plus
nombreuses, meilleures et plus tendres, comme on le voit dans les jardins. C'est ainsi
que l'algue noire pousse près de terre, tandis que l'autre algue ressemble aux plantes
sauvages.
§ 2. On peut ajouter que les lieux qui avoisinent la terre ont, bien plus que la haute
mer, un équilibre complet de chaud et de froid; et c'est là ce qui fait que la chair des
poissons vivant dans ces parages a plus de consistance; la chair des poissons de haute
mer est aqueuse et molle. Les poissons des côtes sont le sinodon, le kantharos ou
scarabée, l'orphos, la dorade, le muge, la trigle ou surmulet, la grive, le dragon, le
callionyme, le goujon et tous les saxatiles. Les poissons de haute mer sont la
pasténague, les sélaciens, les congres blancs, le serran, le rouget et le glaucus. Les
phagres, les scorpions, les congres noirs, les murènes, les coucous marins tiennent des
deux; ils sont à la fois des côtes et de la haute mer.
§ 3. Suivant les lieux, il y a de grandes différences pour ces divers poissons. Ainsi,
sur les côtes de la Crète, les goujons et les saxatiles sont plus gras; le thon redevient
meilleur après le lever de l'Arcture, parce que, dans cette saison, il n'est plus tourmenté
par les moucherons, qui le rendent beaucoup moins bon en été. On trouve une quantité
de poissons dans les étangs que forme la mer : la saupe, la dorade, le surmulet, et la
plupart des autres poissons de côtes. Les bonitons s'y trouvent aussi, comme on le voit
près d'Alopéconnèse; et c'est de même encore que dans l'étang de Biston, on rencontre
presque toutes les espèces de poissons.
§ 4. Il y a très peu de Colias qui remontent jusque dans le Pont-Euxin; ils passent
l'été dans la Propontide; ils y frayent, et ils viennent passer l'hiver dans la mer Égée. Les
thons femelles, les pélamydes et les bonitons émigrent dans le Pont au printemps; et ils y
restent l'été, comme le font aussi presque tous les poissons rapides (Ryades) et ceux qui
vont par troupe. La plupart vont par troupe; et les troupes ont toujours un chef.
§ 5. Ce qui attire tous ces poissons dans le Pont-Euxin, c'est le besoin de se nourrir;
la pâture y est pour eux plus abondante et meilleure, à cause des eaux douces que cette
mer reçoit. Les poissons (599a) voraces sont, dans cette mer, plus petits qu'ailleurs; on
n'y trouve guère que le dauphin et le phocène; le dauphin y est petit, tandis que, en
sortant du Pont, on en voit sur-le-champ de très grands.
§ 6. Ce n'est pas seulement pour la pâture que les poissons viennent dans le Pont;
c'est aussi pour le frai. Les lieux y sont très favorables à la ponte; l'eau potable et l'eau
moins saumâtre nourrissent mieux les petits. Une fois la ponte faite, et une fois les petits
devenus grands, les poissons s'en retournent aussitôt après le lever de la pléiade. Si le
vent du sud règne en hiver, ils sont plus lents à sortir; ils sortent, au contraire, plus vite
par le vent du nord, attendu que ce vent les aide à nager. Les jeunes, qu'on prend alors
dans les eaux de Byzance, sont plus petits, parce qu'ils n'ont pas séjourné beaucoup
dans le Pont.
§ 7. On voit aisément tous les autres poissons sortir ou entrer; mais le trichias est le seul
qu'on prend quand il entre, et qu'on ne voit jamais sortir. Quand, par hasard, on en prend
un près de Byzance, les pêcheurs ne manquent pas de purifier leurs filets, parce que
d'habitude le poisson ne sort pas du Pont-Euxin. Cela tient à ce que, seuls entre tous, ces
poissons remontent le cours de l'Ister, et que, là où ce fleuve se divise, ils descendent
dans l'Adriatique. Une preuve de ce phénomène, qui est ici tout le contraire de l'autre,
c'est qu'on ne prend jamais de trichias qui entrent dans l'Adriatique, et qu'on en prend qui
en sortent.
§ 8. Les thons entrent dans le Pont, en ayant la terre à droite, et ils en sortent en
l'ayant à gauche. On explique ce changement en disant, avec quelques personnes, que
les thons voient mieux de l'oeil droit et que leur vue est naturellement mauvaise. Les
poissons qui sont très rapides (les Ryades) ne voyagent que de jour; ils s'arrêtent la nuit;
et c'est alors qu'ils mangent, s'il ne fait pas de lune; si, au contraire, il y eu a, ils
continuent leur voyage et ne se reposent pas. Quelques marins prétendent qu'ils ne
bougent plus dès qu'est arrivé le solstice d'hiver; et ils s'arrêtent là où il les surprend,
jusqu'à l'équinoxe.
§ 9. On prend des Colias quand ils entrent dans le Pont; on n'en prend presque
jamais qui en sortent. Les plus délicats sont ceux de la Propontide, avant le frai.
Quant aux autres poissons qui vont en troupes, ou les pèche plutôt à leur sortie du
Pont; et c'est alors qu'ils sont les meilleurs. Quand ils entrent dans le Pont, ceux qu'on
prend le plus près du rivage sont les plus gras; et plus on s'en éloigne, plus ils sont
maigres. (599b) Souvent quand le vent du sud s'oppose à leur sortie, ils se joignent, pour
sortir, aux Colias et aux maquereaux ; et on les prend au-dessous de Byzance plutôt
qu'aux environs de cette ville.
§ 10. Voilà ce que nous avions à dire sur les déplacements et les migrations des
animaux.
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