HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristote, Éthique à Eudème, Livre II

Chapitre 3

  Chapitre 3

[2,3] CHAPITRE III. 1 Διωρισμένων δὲ τούτων, ληπτέον ὅτι ἐν ἅπαντι συνεχεῖ καὶ διαιρετῷ ἐστιν ὑπεροχὴ καὶ ἔλλειψις καὶ μέσον, καὶ ταῦτα πρὸς ἄλληλα πρὸς ἡμᾶς, οἷον ἐν γυμναστικῇ, ἐν ἰατρικῇ, ἐν οἰκοδομικῇ, ἐν κυβερνητικῇ, καὶ ἐν (25) ὁποιᾳοῦν πράξει, καὶ ἐπιστημονικῇ καὶ ἀνεπιστημονικῇ, καὶ τεχνικῇ καὶ ἀτέχνῳ. μὲν γὰρ κίνησις συνεχές, 2 δὲ πρᾶξις κίνησις. Ἐν πᾶσι δὲ τὸ μέσον τὸ πρὸς ἡμᾶς βέλτιστον· τοῦτο γάρ ἐστιν ὡς ἐπιστήμη κελεύει καὶ λόγος. Πανταχοῦ δὲ τοῦτο καὶ ποιεῖ τὴν βελτίστην ἕξιν. Καὶ τοῦτο (30) δῆλον διὰ τῆς ἐπαγωγῆς καὶ τοῦ λόγου. Τὰ γὰρ ἐναντία (31) φθείρει ἄλληλα· τὰ δἄκρα καὶ ἀλλήλοις καὶ τῷ μέσῳ ἐναντία. Τὸ γὰρ μέσον ἑκάτερον πρὸς ἑκάτερον ἐστίν, οἷον τὸ ἴσον τοῦ μὲν ἐλάττονος μεῖζον, τοῦ μείζονος δὲ ἔλαττον. 3 Ὥστἀνάγκη τὴν ἠθικὴν ἀρετὴν περὶ μέςἄττα εἶναι καὶ (35) μεσότητα τινά. Ληπτέον ἄρα ποία μεσότης ἀρετή, καὶ περὶ ποῖα μέσα. Εἰλήφθω δὴ παραδείγματος χάριν, καὶ θεωρείσθω ἕκαστον ἐκ τῆς ὑπογραφῆς. Ὀργιλότης ἀναλγησία πραότης. Θρασύτης δειλία ἀνδρεία (1221a) Ἀναισχυντία κατάπληξις αἰδώς. Ἀκολασία ἀναισθησία σωφροσύνη. Φθόνος ἀνώνυμον νέμεσις. Κέρδος ζημία δίκαιον. (5) Ἀσωτία ἀνελευθερία ἐλευθεριότης. Ἀλαζονεία εἰρωνεία ἀλήθεια. Κολακεία ἀπέχθεια φιλία. Ἀρέσκεια αὐθάδεια σεμνότης. (Τρυφερότης κακοπάθεια καρτερία.) (10) Χαυνότης μικροψυχία μεγαλοψυχία. Δαπανηρία μικροπρέπεια μεγαλοπρέπεια. (Πανουργία εὐήθεια φρόνησις). 5 Τὰ μὲν πάθη ταῦτα καὶ τοιαῦτα συμβαίνει ταῖς ψυχαῖς, πάντα δὲ λέγεται τὰ μὲν τῷ ὑπερβάλλειν τὰ δὲ τῷ (15) ἐλλείπειν. Ὀργίλος μὲν γάρ ἐστιν μᾶλλον δεῖ ὀργιζόμενος καὶ θᾶττον καὶ πλείοσιν οἷς δεῖ, ἀνάλγητος δὲ ἐλλείπων καὶ οἷς καὶ ὅτε καὶ ὥς· καὶ θρασὺς μὲν μήτε χρὴ φοβούμενος μήθὅτε μήθὥς, δειλὸς δὲ καὶ μὴ δεῖ καὶ ὅτοὐ δεῖ καὶ ὡς οὐ δεῖ· 6 ὁμοίως δὲ καὶ () (20) ἀκόλαστος καὶ ἐπιθυμητικὸς καὶ ὑπερβάλλων πᾶσιν ὅσοις ἐνδέχεται, ἀναίσθητος δὲ ἐλλείπων καὶ μηδὅσον βέλτιον καὶ κατὰ τὴν φύσιν ἐπιθυμῶν, ἀλλἀπαθὴς ὥσπερ λίθος· 7 κερδαλέος δὲ πανταχόθεν πλεονεκτικός, ζημιώδης δὲ μηδαμόθεν, ἀλλὀλιγαχόθεν· ἀλαζὼν δὲ πλείω (25) τῶν ὑπαρχόντων προσποιούμενος, εἴρων δὲ ἐλάττω· 8 καὶ κόλαξ μὲν πλείω συνεπαινῶν καλῶς ἔχει, ἀπεχθητικὸς δὲ ἐλάττω· καὶ τὸ μὲν λίαν πρὸς ἡδονὴν ἀρέσκεια, τὸ δὀλίγα καὶ μόγις εὐθάδεια· 9 (ἔτι δ μὲν μηδεμίαν ὑπομένων λύπην, μηδεἰ βέλτιον, τρυφερός, δὲ πᾶσαν (30) ὁμοίως ὡς μὲν ἁπλῶς εἰπεῖν ἀνώνυμος, μεταφορᾷ δὲ λέγεται σκληρὸς καὶ ταλαίπωρος καὶ κακοπαθητικός·) 10 χαῦνος δ μειζόνων ἀξιῶν αὑτόν, μικρόψυχος δ ἐλαττόνων· ἔτι δἄσωτος πρὸς ἅπασαν δαπάνην ὑπερβάλλων, ἀνελεύθερος δὲ πρὸς ἅπασαν ἐλλείπων· 11 ὁμοίως (35) δὲ καὶ μικροπρεπὴς καὶ σαλάκων, μὲν γὰρ ὑπερβάλλει τὸ πρέπον, δἐλλείπει τοῦ πρέποντος· (καὶ μὲν πανοῦργος πάντως καὶ πάντοθεν πλεονεκτικός, δεὐήθης οὐδὅθεν δεῖ·) 12 φθονερὸς δὲ τῷ λυπεῖσθαι ἐπὶ πλείοσιν εὐπραγίαις δεῖ &#-248;καὶ γὰρ οἱ ἄξιοι εὖ πράττειν λυποῦσι τοὺς (40) φθονεροὺς εὖ πράττοντες&#-247;, δἐναντίος ἀνωνυμώτερος, (1221c) ἔστι δ ὑπερβάλλων (ἐπὶ) τῷ μὴ λυπεῖσθαι μηδἐπὶ τοῖς ἀναξίοις εὖ πράττουσιν, ἀλλεὐχερὴς ὥσπερ οἱ γαστρίμαργοι πρὸς τροφήν, δὲ δυσχερὴς κατὰ τὸν φθόνον ἐστίν. 13 — Τὸ δὲ πρὸς ἕκαστον μὴ κατὰ συμβεβηκὸς οὕτως ἔχειν (5) περίεργον διορίζειν· οὐδεμία γὰρ ἐπιστήμη, οὔτε θεωρητικὴ οὔτε ποιητική, οὔτε λέγει οὔτε πράττει τοῦτο προσδιορίζουσα, ἀλλὰ τοῦτἐστι πρὸς τὰς συκοφαντίας τῶν τεχνῶν τὰς λογικάς. 14 Ἁπλῶς μὲν οὖν διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον, ἀκριβέστερον δ᾽, ὅταν περὶ τῶν ἕξεων λέγωμεν τῶν ἀντικειμένων. (10) Αὐτῶν δὲ τούτων τῶν παθημάτων εἴδη κατονομάζεται τῷ διαφέρειν κατὰ τὴν ὑπερβολὴν χρόνου τοῦ μᾶλλον πρός τι τῶν ποιούντων τὰ πάθη. 15 Λέγω δοἷον ὀξύθυμος μὲν τῷ θᾶττον πάσχειν δεῖ, χαλεπὸς δὲ καὶ θυμώδης τῷ μᾶλλον, πικρὸς δὲ τῷ φυλακτικὸς εἶναι τῆς ὀργῆς, πλήκτης δὲ καὶ (15) λοιδορητικὸς ταῖς κολάσεσι ταῖς ἀπὸ τῆς ὀργῆς. 16 Ὀψοφάγοι δὲ καὶ γαστρίμαργοι καὶ οἰνόφλυγες τῷ πρὸς ὁποτέρας τροφῆς ἀπόλαυσιν ἔχειν τὴν δύναμιν παθητικὴν παρὰ τὸν λόγον. 17 Οὐ δεῖ δὲ ἀγνοεῖν ὅτι ἔνια τῶν λεγομένων οὐκ ἔστιν ἐν τῷ πῶς λαμβάνειν, ἂν πῶς λαμβάνηται τῷ μᾶλλον πάσχειν. (20) Οἷον μοιχὸς οὐ τῷ μᾶλλον δεῖ πρὸς τὰς γαμετὰς πλησιάζειν &#-248;οὐ γὰρ ἐστίν&#-247;, ἀλλὰ μοχθηρία τις αὐτὴ δὴ ἐστίν. Συνειλημμένον γὰρ τό τε πάθος λέγεται καὶ τὸ τοιόνδε εἶναι. 18 Ὁμοίως δὲ καὶ ὕβρις. Διὸ καὶ ἀμφισβητοῦσι, συγγενέσθαι μὲν φάσκοντες, ἀλλοὐ μοιχεῦσαι: ἀγνοοῦντες γὰρ (25) ἀναγκαζόμενοι καὶ πατάξαι μέν, ἀλλοὐχὑβρίσαι: ὁμοίως δὲ καὶ ἐπὶ τὰ ἄλλα τὰ τοιαῦτα. [2,3] CHAPITRE III. 1 Ceci posé, il faut se rappeler que, dans tout objet continu et divisible, on peut distinguer trois choses : un excès, un défaut et un milieu. Ces distinctions peuvent être considérées, soit dans leur rapport aux choses elles-mêmes, soit par rapport à nous; et, par exemple, on pourrait les étudier dans la gymnastique, la médecine, l'architecture, la marine, ou dans (25) tel autre développement de notre activité, qu'il soit scientifique ou non scientifique, qu'il soit suivant les règles de l'art ou contre ces règles. 2 Le mouvement en effet est un continu ; et l'action n'est qu'un mouvement. En toutes choses, c'est le milieu par rapport à nous qui est ce qu'il y a de mieux ; et c'est lui que nous prescrivent à la fois la science et la raison. Partout, le milieu a cet avantage de produire la meilleure manière d'être ; et l'on peut (30) s'en convaincre à la fois et par l'induction et par le raisonnement. Ainsi, les contraires se détruisent réciproquement; et les extrêmes sont tout ensemble et opposés entr'eux et opposés au milieu ; car ce milieu est l'un et l'autre des deux extrêmes relativement à chacun d'eux ; et, par exemple, l'égal est plus grand que le plus petit, et plus petit que le plus grand. 3 Par une conséquence nécessaire, la vertu morale doit consister dans certains milieux et dans une position moyenne. Il reste donc à rechercher quelle moyenne est précisément la vertu, et à quels milieux elle se rapporte. 4 Pour en mettre des exemples sous les yeux, tirons-les du tableau suivant, où nous pourrons les étudier. Irascibilité, impassibilité, douceur ; Témérité, lâcheté, courage ; (1221a) Impudence, embarras, modestie ; Débauche, insensibilité, tempérance ; Haine, (anonyme), indignation vertueuse ; Gain, perte, justice ; (5) Prodigalité, avarice, libéralité; Fanfaronnade, dissimulation, véracité ; Flatterie, hostilité, amitié ; Complaisance, égoïsme, dignité ; Mollesse, grossièreté, patience ; (10) Vanité, bassesse, magnanimité ; Dépense fastueuse, lésinerie, magnificence ; Fourberie, niaiserie, prudence. 5 Toutes ces passions, ou des passions analogues, se retrouvent dans les âmes ; et tous les noms qu'on leur donne sont tirés soit de l'excès, soit du défaut (15) que chacune présente. Ainsi, l'homme irascible est celui qui se laisse emporter à la colère plus qu'il ne faut, ou plus vite qu'il ne faut, ou dans plus de cas qu'il ne convient. L'homme impassible est celui qui ne sait pas s'emporter contre qui, quand, et comme il le faut. Le téméraire est celui qui ne craint pas ce qu'il faut craindre, quand il faut et comme il faut. Le lâche est celui qui craint ce qu'il ne faut pas craindre, quand il ne le faut pas, et comme il ne le faut pas. 6 Et de même pour le (20) débauché, et pour celui dont les désirs dépassent toute mesure, toutes les fois qu'il peut s'y abandonner sans frein; tandis que l'insensible est celui qui n'a pas même les désirs qu'il est bon d'avoir, et qu'autorise la nature, mais qui ne sent pas plus qu'une pierre. 7 L'homme de gain est celui qui ne cherche qu'à gagner de quelque façon que ce soit. L'homme qu'on pourrait appeler homme de perte, est celui qui ne sait gagner sur rien, ou qui du moins ne fait que les gains les plus rares. Le fanfaron est celui qui se vante d'avoir plus (25) qu'il n'a; le dissimulé est celui qui feint, au contraire, d'avoir moins qu'il ne possède. 8 Le flatteur est celui qui loue les gens plus qu'ils ne le méritent; l'homme hostile est celui qui les loue moins qu'il ne faut. La complaisance recherche avec trop de soin le plaisir d'autrui ; et l'égoïsme consiste à ne le chercher que fort peu et avec peine, 9 Celui qui ne sait jamais supporter la douleur, même quand il serait mieux de la supporter, est un homme mou. Celui qui supporte (30) toutes les souffrances sans distinction, n'a pas précisément de nom spécial, mais par métaphore on peut l'appeler un homme dur, grossier, et fait pour endurer la misère et le mal. 10 Le vaniteux est celui qui prétend plus qu'il ne mérite ; l'homme au cœur bas est celui qui s'attribue moins qu'il ne lui revient, le prodigue est celui qui est excessif dans toute espèce de dépenses ; le ladre sans libéralité est celui qui, par un défaut opposé, ne sait en faire aucune. 11 (35) Cette observation s'applique encore à ceux qu'on appelle des avares et des fastueux. Celui-ci va fort au-delà du convenable ; et l'autre reste fort en deçà. Le fourbe est celui qui cherche toujours à gagner plus qu'il ne doit; le niais est celui qui ne sait pas même gagner là où il doit gagner légitimement. 12 L'envieux est celui qui s'afflige des prospérités d'autrui plus souvent qu'il ne faut ; car on a beau être digne de son bonheur, ce bonheur même excite la douleur des envieux. Le caractère contraire à celui-là n'a pas reçu de nom particulier; (1121c) mais c'est de tomber dans cet autre excès de ne jamais s'affliger même de la prospérité des gens qui sont indignes de leurs succès, et de se montrer facile en ceci, comme les gourmands le sont en fait de nourriture. L'autre caractère extrême est implacable à cause de la haine qui le dévore. 13 Du reste, il serait bien inutile de définir ainsi chacun des caractères, et de démontrer que ces traits ne sont point en eux accidentels; car aucune science ni théorique, ni pratique, ne dit ni ne fait rien d'analogue pour compléter ses définitions ; et l'on ne prend jamais ces précautions que contre le charlatanisme logique des discussions. 14 Nous nous bornerons donc à ce que nous venons de dire ; et nous donnerons des explications plus détaillées et plus précises, lorsque nous parlerons des manières d'être morales opposées (10) les unes aux autres. Quant aux espèces diverses de toutes ces passions, elles tirent leurs noms des différences que présentent ces passions mêmes, par l'excès ou de durée, ou d'intensité ou de tel autre des éléments qui constituent les passions. 15 Je m'explique. On appelle irascible celui qui éprouve le sentiment de la colère plus vite qu'il ne faut ; on appelle dur et cruel celui qui le porte trop loin ; rancunier, celui qui aime à garder sa bile ; violent et (15) injurieux, celui qui va jusqu'aux sévices que la colère amène. 16 On dira des gens qu'ils sont gourmands, ou gloutons, ou ivrognes, lorsqu'en toute espèce de jouissances provoquées par les aliments, ils se laissent emporter à de grossiers appétits que réprouve la raison. 17 Il ne faut pas oublier de remarquer aussi que certaines dénominations de vices ne viennent pas de ce qu'on prend les choses de telle ou telle manière, ni de ce qu'on les prend avec plus d'emportement qu'il ne convient. (20) Ainsi, l'on n'est pas adultère parce qu'on fréquente plus qu'il ne faut les femmes mariées ; et ce n'est pas en ce sens qu'on entend l'adultère. Mais l'adultère lui-même est une perversité ; et il suffit d'un seul acte pour qu'on puisse flétrir de ce nom et la passion qui mène à ce crime et le caractère de celui qui s'y livre. 18 Remarque analogue pour l'insolence, qui pousse à l'outrage. Mais on trouve, même dans cette circonstance, des motifs de disculper, et l'on dit que l'on a cohabité avec la femme, au lieu de dire qu'on a commis un adultère ; on dit qu'on ne savait pas qui était la femme qu'on aimait, (25) ou qu'on a été forcé de faire ce qu'on a fait. On allègue de même pour l'insolence, qu'on a bien pu frapper quelqu'un, mais qu'on ne l'a pas outragé ; et l'on trouve des excuses analogues pour toutes les autres fautes qu'on peut commettre.


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Dernière mise à jour : 19/11/2009