[2,2] CHAPITRE II.
1 Ὅτι μὲν τοίνυν ἡ ἠθικὴ ἀρετὴ περὶ ἡδέα καὶ λυπηρά ἐστι, δῆλον· ἐπεὶ δ᾽ ἐστὶ τὸ ἦθος, ὥσπερ καὶ τὸ ὄνομα σημαίνει ὅτι ἀπὸ ἔθους ἔχει τὴν ἐπίδοσιν, (1220b) ἐθίζεται δὲ τὸ ὑπ᾽ ἀγωγῆς μὴ ἐμφύτου τῷ πολλάκις κινεῖσθαι πώς, οὕτως ἤδη τὸ ἐνεργητικόν, ὃ ἐν τοῖς ἀψύχοις οὐχ ὁρῶμεν -248;οὐδὲ γὰρ ἂν μυριάκις ῥίψῃς ἄνω τὸν λίθον, οὐδέποτε ποιήσει τοῦτο μὴ (5) βίᾳ-247;, 2 διὸ ἔστω <τὸ> ἦθος τοῦτο ψυχῆς κατὰ ἐπιτακτικὸν λόγον <τοῦ ἀλόγου μέν,> δυναμένου δ᾽ ἀκολουθεῖν τῷ λόγῳ ποιότης. 3 Λεκτέον δὴ κατὰ τί τῆς ψυχῆς ποιότης τὰ ἤθη. Ἔστι δὲ κατά τε τὰς δυνάμεις τῶν παθημάτων, καθ᾽ ἃς ὡς παθητικοὶ λέγονται, καὶ κατὰ τὰς ἕξεις, καθ᾽ ἃς πρὸς τὰ πάθη ταῦτα λέγονται τῷ (10) πάσχειν πως ἢ ἀπαθεῖς εἶναι. 4 Μετὰ ταῦτα ἡ διαίρεσις ἐν τοῖς ἀπηλλαγμένοις τῶν παθημάτων καὶ τῶν δυνάμεων καὶ τῶν ἕξεων. Λέγω δὲ πάθη μὲν τὰ τοιαῦτα, θυμὸν φόβον αἰδῶ ἐπιθυμίαν, ὅλως οἷς ἕπεται ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ ἡ αἰσθητικὴ ἡδονὴ ἢ λύπη καθ᾽ αὑτά. 5 Καὶ κατὰ μὲν ταῦτα οὐκ (15) ἔστι ποιότης, ἀλλὰ πάσχει, κατὰ δὲ τὰς δυνάμεις ποιότης. Λέγω δὲ (τὰς) δυνάμεις καθ᾽ ἃς λέγονται κατὰ τὰ πάθη οἱ ἐνεργοῦντες, οἷον ὀργίλος ἀνάλγητος ἐρωτικὸς αἰσχυντηλὸς ἀναίσχυντος. 6 Ἕξεις δέ εἰσιν ὅσαι αἴτιαί εἰσι τοῦ ταῦτα ἢ κατὰ λόγον ὑπάρχειν ἢ ἐναντίως, οἷον ἀνδρεία σωφροσύνη (20) δειλία ἀκολασία.
| [2,2] CHAPITRE II.
1 Évidemment, la vertu morale se rapporte à tout ce qui peut causer ou plaisir ou douleur. Le moral, ainsi que le mot seul l'indique, vient des mœurs, c'est-à-dire des habitudes ; (1120b) or, l'habitude se forme peu à peu par suite d'un mouvement qui n'est pas naturel et inné, mais qui se répète fréquemment ; et il en est de même pour les actes que pour le caractère. C'est là un phénomène que nous ne voyons point dans les êtres inanimés ; on aurait beau jeter mille fois une pierre en l'air, elle n'y montera jamais sans (5) la force qui la pousse. 2 Ainsi, la moralité, le caractère moral de l'âme, relativement à la raison qui doit toujours commander, sera la qualité spéciale de cette partie qui est que capable d'obéir à la raison. 3 Disons donc tout de suite à quelle partie de l'âme se rapporte ce qu'on appelle les mœurs, ou les habitudes. Les mœurs se rapporteront à ces facultés de passions d'après lesquelles on dit des hommes qu'ils sont capables de telles ou telles passions, et à ces états de passions qui font qu'on désigne les gens du nom de ces passions même, (10) selon qu'ils les ressentent ou qu'ils restent impassibles. 4 On pourrait pousser la division plus loin encore, et l'appliquer, pour chaque cas spécial, aux passions, aux puissances qu'elles supposent, et aux manières d'être qu'elles déterminent. J'appelle passions les sentiments tels que la colère, la peur, la honte, le désir, et toutes ces affections qui ont en général pour conséquences un sentiment de plaisir ou de douleur. 5 Il n'y a pas là de qualité de l'âme, (15) à proprement parler ; et l'âme y est toute passive. La qualité qui caractérise le sujet, se trouve seulement dans les puissances ou facultés qu'il possède. J'entends par puissances celles qui font dénommer les individus selon qu'ils agissent en éprouvant telles ou telles passions, et qui font qu'on les appelle, par exemple, colères, insensibles, amoureux, modestes, impudents. 6 Enfin, j'entends par manières d'être morales toutes les causes qui font que ces passions ou sentiments sont conformes à la raison, on y sont contraires, comme le courage, la sagesse, (20) la poltronnerie, la débauche, etc.
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