[27] XXVII.
Μετὰ δὲ ταῦτα πρὸς τὸ δημαγωγεῖν ἐλθόντος Περικλέους, καὶ πρῶτον εὐδοκιμήσαντος, ὅτε κατηγόρησε τὰς εὐθύνας Κίμωνος στρατηγοῦντος νέος ὤν, δημοτικωτέραν ἔτι συνέβη γενέσθαι τὴν πολιτείαν. καὶ γὰρ τῶν Ἀρεοπαγιτῶν ἔνια παρείλετο, καὶ μάλιστα προύτρεψεν τὴν πόλιν ἐπὶ τὴν ναυτικὴν δύναμιν, ἐξ ἧς συνέβη θαρρήσαντας τοὺς πολλοὺς ἅπασαν τὴν πολιτείαν μᾶλλον ἄγειν εἰς αὑτούς. μετὰ δὲ τὴν ἐν Σαλαμῖνι ναυμαχίαν ἑνὸς δεῖ πεντηκοστῷ ἔτει, ἐπὶ Πυθοδώρου ἄρχοντος, ὁ πρὸς Πελοποννησίους ἐνέστη πόλεμος, ἐν ᾧ κατακλεισθεὶς ὁ δῆμος ἐν τῷ ἄστει, καὶ συνεθισθεὶς ἐν ταῖς στρατείαις μισθοφορεῖν, τὰ μὲν ἑκὼν τὰ δὲ ἄκων προῃρεῖτο τὴν πολιτείαν διοικεῖν αὐτός.
ἐποίησε δὲ καὶ μισθοφόρα τὰ δικαστήρια Περικλῆς πρῶτος, ἀντιδημαγωγῶν πρὸς τὴν Κίμωνος εὐπορίαν. ὁ γὰρ Κίμων ἅτε τυραννικὴν ἔχων οὐσίαν, πρῶτον μὲν τὰς κοινὰς λῃτουργίας ἐλῃτούργει λαμπρῶς, ἔπειτα τῶν δημοτῶν ἔτρεφε πολλούς. ἐξῆν γὰρ τῷ βουλομένῳ Λακιαδῶν, καθ´ ἑκάστην τὴν ἡμέραν ἐλθόντι παρ´ αὐτὸν ἔχειν τὰ μέτρια. ἔτι δὲ τὰ χωρία πάντα ἄφρακτα ἦν, ὅπως ἐξῇ τῷ βουλομένῳ τῆς ὀπώρας ἀπολαύειν. πρὸς δὴ ταύτην τὴν χορηγίαν ἐπιλειπόμενος ὁ Περικλῆς τῇ οὐσίᾳ, συμβουλεύσαντος αὐτῷ Δαμωνίδου τοῦ Οἴηθεν (ὃς ἐδόκει τῶν πολλῶν εἰσηγητὴς εἶναι τῷ Περικλεῖ· διὸ καὶ ὠστράκισαν αὐτὸν ὕστερον), ἐπεὶ τοῖς ἰδίοις ἡττᾶτο, διδόναι τοῖς πολλοῖς τὰ αὑτῶν, κατεσκεύασε μισθοφορὰν τοῖς δικαστηρίοις· ἀφ´ ὧν αἰτιῶνταί τινες χείρω γενέσθαι, κληρουμένων ἐπιμελῶς ἀεὶ μᾶλλον τῶν τυχόντων ἢ τῶν ἐπιεικῶν ἀνθρώπων. ἤρξατο δὲ μετὰ ταῦτα καὶ τὸ δεκάζειν, πρώτου καταδείξαντος Ἀνύτου μετὰ τὴν ἐν Πύλῳ στρατηγίαν. κρινόμενος γὰρ ὑπό τινων διὰ τὸ ἀποβαλεῖν Πύλον, δεκάσας τὸ δικαστήριον ἀπέφυγεν.
| [27] CHAPITRE XXVII : La guerre du Péloponnèse et l'hégémonie maritime. Le salaire des tribunaux.
Périclès prit ensuite la direction du parti populaire. Il s'était déjà rendu célèbre en attaquant, jeune encore, Cimon, alors que celui-ci rendait ses comptes au sortir de sa stratégie. Avec lui la constitution devint encore plus démocratique. Il enleva au Sénat de l'Aréopage quelques-unes des attributions qui lui restaient et surtout il tourna l'ambition d'Athènes vers l'empire maritime, si bien que la multitude enhardie tira de plus en plus à elle tout le gouvernement (432 a. C. n.). Quarante-huit ans après la bataille de Salamine, sous l'archontat de Pythodoros, éclata la guerre du Péloponnèse, durant laquelle le peuple, enfermé dans la ville et s'habituant au salaire qui lui était fourni pour chaque expédition, se décida, bon gré, mal gré, à diriger lui-même les affaires publiques.
Périclès est aussi le premier qui établit le salaire des tribunaux, mesure populaire prise contre l'opulence de Cimon. Celui-ci, qui avait une vraie fortune de tyran, ne se contentait pas de s'acquitter avec magnificence des services publics dont il était chargé, mais il nourrissait encore bon nombre de ses démotes. Chaque jour, en effet, tout Lakiade n'avait qu'à se présenter chez lui pour être assuré de sa subsistance. Bien plus, aucun de ses domaines n'était clos de murs, et y entrait qui voulait, pour prendre sa part des fruits. La fortune de Périclès ne lui permettait pas de rivaliser avec un si grand seigneur, et il suivit le conseil de Damonidès d'Oié (le même qui, semble-t-il, lui inspira la plupart de ses mesures, et fut plus tard, pour cette raison, frappé d'ostracisme). "Puisque Périclès, disait Damonidès, n'avait pas assez de sa fortune à lui, il devait donner au peuple l'argent du peuple. " C'est ainsi que Périclès établit le salaire des juges. On lui a reproché cette mesure comme funeste : dans la suite, en effet, les premiers venus mirent plus d'empressement à se présenter aux urnes que les modérés. Alors s'introduisit la corruption dont Anytos donna le premier l'exemple après sa stratégie de Pylos : accusé d'avoir perdu Pylos, il se fit acquitter en corrompant le tribunal.
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